L’engagement des élèves face au développement de compétences 

De la motivation élève … 

La question de la réussite scolaire est aujourd’hui un enjeu sociétal majeur, et avec elle, la question de la motivation des élèves (Vallerand et al., 1989). En effet, Ryan et Deci (2000) ont montré que la motivation chez les élèves est corrélée à d’autres variables telles que l’apprentissage, la performance et la persévérance. Ces variables ont bien évidemment de lourdes conséquences en éducation, notamment pour la réussite des élèves. Ainsi, les récentes réformes de l’Ecole et du Collège vont dans le sens d’améliorer la motivation, et donc la réussite des élèves, via notamment l’utilisation de plus en courante du numérique et la modification de la place des élèves au sein de leur apprentissage (voir la loi de la refondation de l’école de la République du 8 juillet 2013, Ministère de l’éducation nationale, 2015a et 2015b). La motivation peut être définie comme un ensemble de désir et de volonté́ poussant un apprenant à viser un objectif correspondant à un besoin (par exemple, accomplir une tâche, Legendre, 2005). Pour Tardif (1991) : «Dans le cadre de la psychologie cognitive, la motivation scolaire est essentiellement définie comme l’engagement, la participation et la persistance de l’élève dans une tâche ». Viau va plus loin dans sa définition de la motivation scolaire en s’intéressant plus précisément aux sources et aux conséquences de cette motivation. Pour cela, il propose une définition plus complète de la motivation scolaire, qui peut être considérée comme «un phénomène qui tire sa source dans les perceptions qu’a l’apprenant de lui-même et de son environnement, et qui a pour conséquence qu’il choisit de s’engager à accomplir l’activité́ pédagogique qu’on lui propose et de persévérer dans son accomplissement, et ce, dans le but d’apprendre » (Viau, 1994). En effet, dans un contexte de classe traditionnelle, les élèves n’ont pas connaissance (du moins de manière explicite) de ce qui sera vu en cours. Par exemple, en début d’année les élèves de seconde doivent apprendre à travailler de façon plus autonome par rapport au cycle 4, notamment pour s’approprier la méthodologie que l’on attend d’eux au lycée et qu’ils développeront tout au long du cycle 5. Ainsi, il apparait compliqué d’attendre d’eux à la fois un savoir-faire et des savoirs requis pour le bon déroulement de la séance. C’est à contexte que nous avons été confrontés en début d’année. En effet, les élèves ne participaient que très peu aux phases de contextualisation, car ils étaient focalisés sur la compréhension des notions nouvelles (ou 7 enrichies d’après leurs acquis du collège). Ces observations ont été réalisées par l’ensemble des auteurs, et ce, indépendamment des activités proposées. Cet exemple montre bien que l’engagement des élèves dans une tâche requiert donc une compréhension globale des attentes du professeur, en lien avec un contexte motivant pour eux. En fonction des tâches à accomplir et de leurs circonstances, la motivation des élèves est variable. Elle repose sur la perception de soi, l’estime de soi, la perception de sa compétence et de son efficacité, le sentiment d’efficacité personnelle et les buts d’accomplissement (Lieury & Fenouillet, 2013). La motivation scolaire inciterait donc les apprenants « à s’engager, à participer et à persister dans une tâche scolaire » (Barbeau, 1993). La motivation est donc un concept intégré dans le cadre de référence de l’apprentissage. On distingue deux types de motivations (Bourgeois, 2011, Deci et Ryan, 1985): – la motivation intrinsèque représente l’engagement des élèves dans une activité par intérêt ou pour le plaisir de pratiquer l’activité en elle-même. – la motivation extrinsèque représente l’engagement des élèves dans l’activité qui est subordonné à des buts ultérieurs (réussir en classe pour avoir un bon métier plus tard, avoir une bonne note, donc un classement au sein de la classe satisfaisant …). Ainsi, ces deux niveaux de motivation sont essentiels pour s’engager dans un processus d’apprentissage. Ce processus est composé de deux grandes phases : l’engagement de l’élève dans une tâche, puis le maintien de cet engagement dans cette tâche. La situation professionnelle décrite précédemment met en lumière les difficultés des jeunes professeurs à engager les élèves dans une tâche. La motivation peut être perçue par un état dans lequel les apprenants sont en début de cours : ils sont prêts à cheminer avec le professeur, à s’appliquer et à s’impliquer dans le cours. La motivation serait donc le premier pas qui peut mener à l’engagement. Par conséquent, la motivation est un facteur primordial de la réussite scolaire (Vezeau & Bouffard, 2009). De plus, de nombreuses études ont démontré son rôle dans l’engagement des apprenants dans une tâche cognitive (Boisvert & Paradis, 2008 ; Vezeau & Bouffard, 2009 ; Viau, 2009). Motivation et engagement semblent donc intimement liés. 

. …A son engagement dans l’apprentissage

 Si la motivation semble un phénomène assez bien défini, il n’en est pas de même pour l’engagement. Il est apparemment courant de lire un article ou un compte rendu de projet portant sur l’engagement sans y trouver une définition claire de ce concept (Parent, 2014). L’engagement est défini par Séverine Parent (2014) comme « la force qui propulse l’apprenant, l’amène à faire le deuxième pas et les suivants » (en parallèle avec la motivation qui est la force amenant l’apprenant à faire le premier pas vers l’action). Cette définition est en accord avec celle de Connell (1990), cité par Bernet (2010) qui définissent l’engagement comme «le déclenchement de l’action, la quantité́ d’effort et la qualité́ de la persistance face aux tâches scolaires, tout autant que l’état émotif de l’élève» (Connell, 1990 ; Bernet, 2010). La motivation et l’engagement sont donc intimement liés. La motivation constitue donc le déclenchement du processus d’engagement, la disposition et la préparation à l’action, tandis que l’engagement possède, lui, un attribut qualitatif que la motivation n’a pas : il implique la participation active. Il existe trois types d’engagement qui ont été recensés dans la littérature sur le sujet (Figure 1, Bé langer et al., 2005 ; Bernet, 2010 ; Parent, 2014). Figure 1: Pyramide schématisant les trois niveaux d’engagement des élèves (Parent, 2014) 9 1°/ l’engagement comportemental : ce type d’engagement fait partie des dimensions les plus souvent étudiées, notamment dans les recherches sur le décrochage scolaire. Il se traduit par l’engagement de l’élève dans ses activités scolaires et du respect des règles. Un comportement positif peut être illustré par la capacité de l’élève à s’investir activement dans ses apprentissages, sa persistance, sa concentration et son désir de participer aux discussions en classe, étudier, terminer les devoirs et participer aux activités. Pour Fredricks et al. (2004), c’est la capacité de l’élève à être autonome dans son travail, en ajustant son comportement et son attitude judicieusement, afin d’améliorer sa performance. 2°/ l’engagement cognitif : dans un contexte scolaire, ce type d’engagement peut être défini comme la capacité de l’élève à s’impliquer psychologiquement dans ses apprentissages avec un effort et une persévérance, voire un désir d’aller au-delà des exigences et de préférer les défis. L’engagement cognitif englobe également l’emploi et le développement de stratégies de résolution face à un problème. 3°/ L’engagement affectif intègre l’aspect attractif d’une tache d’apprentissage. En d’autres termes et de manière plus générale il réfère aux intérêts, aux réactions émotionnelles positives ou négatives et à l’attrait pour l’école, les enseignants, les pairs, les contenus et les activités scolaires (tout ce qui influence le désir d’apprendre)