L’anorexie mentale, à la croisée des mondes médical et social

L’anorexie mentale est une maladie psychiatrique qui se manifeste principalement par un besoin obsessionnel de maigrir, une importante perte de poids pouvant aller jusqu’à la dénutrition ainsi qu’une résistance à la faim. (FONTE A., 2011, p.21) Ces conduites alimentaires déviantes adoptées par les personnes anorexiques sont destructrices. En effet, elles sont ancrées dans un mode de vie néfaste pour leur santé physique (malaises, carences, troubles cardiaques, dénutrition, …), pour leur santé psychologique (mauvaise estime de soi, pensées suicidaires, dépression, …) ainsi que pour leur équilibre environnemental (conflits familiaux, privations de sorties avec les pairs, déscolarisation, retrait social, …). Selon Alain Fonte, infirmier général, « Dans tous les cas, le pronostic vital peut être menacé. Selon le professeur Rigaud, les TCA équivalent à un cancer de l’âme ; nous rajoutons : qui ronge le corps. » (FONTE A., 2011, p.22). Au sein de la problématique de l’anorexie mentale, la santé des personnes est donc au cœur des préoccupations. Mais que signifie le terme « santé » ? Pour beaucoup d’entre nous, la définition de cette dernière se résume par l’absence d’une maladie. (MAUTUIT D., 2009, p.34) Cependant, cette représentation a évolué suite à la définition proposée par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) en 1946.

Selon l’OMS : « La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité. » (OMS, 2015). Cette définition regroupe donc la satisfaction des besoins physiques mais également des besoins mentaux et sociaux. En effet, selon Dominique Mautuit, docteur en sciences sociales et consultant dans les établissements du champ médicosocial, sanitaire et éducatif, « Aujourd’hui, et de plus en plus, la santé tend à se définir dans une vision holistique de l’homme. » (MAUTUIT D., 2009, p.35). Il est vrai que la définition de la santé proposée par l’OMS intègre la notion de « bien-être social ». À ce propos, le sous-directeur général de l’OMS, le docteur Nikolai P. Napalkov, a déclaré en 1991 que « Les mesures de la qualité de vie sont un indicateur de l’état de santé dont on reconnaît progressivement l’importance. » (NIKOLAI P. NAPALKOV in MAUTUIT D., 2009, p.35). La dimension sociale étant particulièrement représentée par les professionnel-le-s issu-e-s du travail social, nous pouvons nous questionner sur les rôles et la place des TS dans l’accompagnement des personnes souffrant d’anorexie mentale.

Effectivement, ce questionnement nous conduit directement à la pratique et aux interventions des professionnel-le-s issu-e-s du travail social. Car les ouvrages consultés et mon expérience concernant l’hospitalisation montrent que la majorité des professionnel-le-s concerné-e-s proviennent de formations médicales. Des médecins, des infirmiers et des infirmières, des diététicien-ne-s, des psychologues, des psychiatres, des physiothérapeutes ou encore des ergothérapeutes sont au cœur des pratiques. Les professions médicales sont donc particulièrement actives dans le suivi des patient-e-s. C’est également un constat de Dominique Mautuit qui déclare : « Le système de santé est d’ailleurs dominé par le corps médical dont l’essentiel de la mission reste la lutte contre la maladie. » (MAUTUIT D., 2009, p.34). Il est intéressant de souligner la mission poursuivie par les professionnel-le-s de la santé. En effet, celle-ci se caractérise par la lutte contre la maladie et non pas le maintien de la santé. La santé se définit donc davantage par l’absence d’une maladie que par les enjeux globaux cités par l’OMS, à savoir « un bien-être physique, mental et social » (OMS, 2015).

Cette conception de la santé a évolué suite à la définition préalablement citée de l’OMS. Car la qualité de vie est progressivement reconnue. « Après avoir mis l’accent sur la mortalité, l’évaluation de l’état de santé est passée par une phase où l’on insistait davantage sur la morbidité pour atteindre finalement un stade d’évolution où l’on accorde plus d’importance à des critères positifs de la santé comme le bien-être et la qualité de vie. » (MAUTUIT D., 2009, p.35). Nous pouvons alors nous demander quel-le-s sont les professionnel-le-s qui représentent cette dimension sociale de la santé.

Par conséquent, c’est bien la prise en charge bio-psycho-sociale qui nous intéresse. Cela nous amène à formuler la question de départ ainsi : « Dans le cadre de l’anorexie mentale, quelle est la place des travailleurs et travailleuses sociales au sein du réseau interdisciplinaire et quels sont leurs outils pour assurer un accompagnement ? ». La place des TS au sein du réseau interdisciplinaire est un questionnement fondamental de ce Travail de Bachelor. Ont-ils un rôle à jouer et de quelle nature ? Le domaine de l’anorexie mentale relève-t-il uniquement de la psychologie et de la diététique ? Si les TS ont un rôle à jouer, alors comment travaillent-ils avec les souffrances éprouvées par les patient-e-s et dans quel contexte ? Quelle posture adoptent-ils ? En résumé, de quelle manière interviennent les différent-e-s professionnel-le-s et comment ces derniers et dernières se mobilisent au travers de la relation d’aide proposée à la personne souffrant du trouble de l’anorexie mentale ? Ce sont effectivement des questionnements initiaux et fondamentaux de ce Travail de Bachelor.

Table des matières

1 Introduction
2 La problématique
2.1 L’anorexie mentale, à la croisée des mondes médical et social
2.2 Anorexie mentale et bien-être social
2.3 Les objectifs de la recherche
2.4 Les hypothèses
3 L’anorexie mentale
3.1 Définition
3.2 Description
3.3 Prévalence
3.4 Différentes formes d’anorexie mentale
3.5 Signes cliniques
3.6 Causes
3.7 Conséquences
3.8 Prises en charge
4 Le travail en réseau
4.1 La multidisciplinarité ou la pluridisciplinarité et l’interdisciplinarité
4.2 Le travail en réseau
5 L’accompagnement
5.1 La nébuleuse de l’accompagnement
5.2 La posture d’accompagnement
6 La prise en charge de l’anorexie mentale
6.1 Les lieux de prise en charge en Suisse romande
6.2 Les interventions des éducateurs et éducatrices sociales
6.3 Les interventions des assistants et assistantes sociales
7 La démarche méthodologique
7.1 Terrain de recherche
7.2 L’échantillon
7.3 La technique de recueil des données
7.4 Éthique
8 L’analyse
8.1 La représentation de la santé
8.2 La prise en charge de l’anorexie mentale
8.3 Le travail en réseau
8.4 L’interdisciplinarité
8.5 Apports complémentaires des entretiens exploratoires
9 Conclusion

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