L’apprentissage des voyelles orales

L’apprentissage des voyelles orales 

Analyse acoustique comparative des productions des apprenants à T2 par rapport aux productions natives

Dans cette section, nous allons étudier les structures formantiques des voyelles produites par nos apprenants à T2. Nous allons les comparer d’une part à celles relevées à T0 et d’autre part à celles des natifs (enfants du même âge que nos apprenants). Les résultats de classification rendus par le modèle nous ont guidés dans l’analyse acoustique de nos voyelles. Le tableau 21 représente les résultats d’une Anova à un seul facteur testant l’effet « test » (T0 vs. T2) sur les formants pour les apprenants (F1, F2, F3 pour toutes les voyelles et F4 pour /i/). Ensuite sur le tableau 22 nous avons présenté les résultats d’une Anova à un seul facteur testant l’effet de « origine du locuteur » (Apprenants vs. natifs) à T2, toujours sur les formants F1, F2, F3 et F4 pour /i/

La voyelle /i/ : A T2, les apprenants produisent un /i/ avec un F2 significativement plus élevé et un écart F1-F2 plus grand que ceux observés à T0 comme illustré sur la figure 62 et le tableau 21. L’amélioration se fait aussi sur F3 et F4 qui ne diffèrent plus des cibles natives à T2. En regardant les patrons individuels des apprenants, illustrés ci-dessous sur la figure 63, nous observons que certains apprenants tentent à T2 soit d’élever le F3 et d’abaisser le F4 (App 1, App 13, App6) soit de maintenir F3 à la même fréquence en abaissant le F4 (App 5,App16) , ce qui leur permet alors de réduire la distance F3-F4 dont la valeur moyenne s’avère à T2 significativement proche de celle calculée pour les natifs. D’autres apprenants garde à T2 une distance réduite entre F2-F3 (App2, App15). Leurs réalisations peuvent être à l’origine des classements par le modèle de certains /i/app dans la catégorie /y/natif. 

Voyelle /e/ : A T2, nous n’observons pas d’amélioration sur la prononciation du /e/ par les apprenants sur aucun formant. Les apprenants produisent de ce fait un /e/ avec un F3 significativement plus élevé que les natifs et un écart F2-F3 significativement plus grand. L’observation des patrons individuels des apprenants (figure 64) montre à T2 un rapprochement entre les formants F3 et F4 chez certains apprenants (App3, App4, App15) ce qui peut expliquer les classements par le modèle de certains /e/ comme /i/ ou encore un rapprochement entre F2 et F3 (App1, App 9 et app 13) expliquant ainsi les classements en /y/.

La voyelle /ɛ/ : D’abord, les apprenants réalisent à T2 des /ɛ/ qui diffèrent de ceux produits à T0 de par l’écart moyen entre F1-F2 (tableau 21). Ensuite, la comparaison entre les réalisations des apprenants à T2 et celles des natifs (tableau 22, figure 62) montre une différence significative sur les deux premiers formants ainsi que pour les écarts F1-F2 et F2- F3. La figure 65, montre des réalisations chez certains apprenants avec un F1, un F2 et/ou un F3 plus bas que celui chez les natifs. Certains apprenants présentent des réalisations avec un rapprochement notable entre F2-F3 (App 9, App11) ou F3-F4 (App8, App12). Ces variations formantiques peuvent justifier les classements des /ɛ/app dans des catégories /i/ et /y/ avec des scores relativement élevés (23% et 17% respectivement).

Le voyelle /a/ : nous relevons à T2, des valeurs F1 et F2 et un écart F1-F2 significativement meilleurs que ceux enregistrés à T0 (Tableau 21), ce qui peut être à l’origine de l’amélioration du score des classifications correctes pour cette voyelle qui passe de 39% à T0 à 77% à T2. Toutefois, les /a/app enregistrent des valeurs moyennes F3, F1-F2 et F2-F3 significativement différentes de celles des natifs. La figure 66 présentant les patrons individuels des apprenants témoigne de ces variations formantiques où nous observons chez certains apprenants des réalisations où les trois premiers formants sont plus bas que ceux des natifs (App 2, App11, App13 par exemple). Ces réalisations peuvent expliquer le classement par le modèle de 14% des /a/app dans la catégorie /ɛ/.

La voyelle /y/ : La production de la voyelle /y/ par les apprenants à T2 s’avère significativement améliorée de celle enregistrée à T0 (tableau 21). Nous observons en effet, des valeurs F2 et F3 significativement plus élevées et un écart F2-F3 moins important (figure 62). Ceci étant, la production des apprenants reste pourtant différente de celle des natifs avec un F1 plus bas, un F3 plus élevé et un écart F2-F3 plus important. L’observation des patrons individuels des apprenants (figure 67) révèle à T2 des tentatives de rapprochements des F2 et F3 chez certains apprenants : les apprenants 2, 10, 13 vont élever leur F2 le rapprochant du F3. Les apprenants 6, 11 et 15 abaissent eux leur F3. D’autres apprenants maintiennent un F3 considérablement élevé (App3, App4, App7, App12, App14, App 16) ce qui peut expliquer les 73% des /y/app classés par le modèle comme des /i/.

La voyelle /ø/ : La voyelle /ø/ n’enregistre pas d’amélioration à T2. La comparaison des productions des apprenants à T2 à celles des natifs donne le même résultat qu’à T0 avec des réalisations différentes au niveau des formants F1, F3 et de l’écart F2-F3. Les patrons individuels des apprenants (figure 68) montrent en outre, une grande disparité entre apprenants dans la réalisation de cette voyelle. Nous remarquons une instabilité sur les formats F2 et F3 suggérant des réalisations vers /y/ (un écart F2-F3 réduit : App 6, App13) ou encore vers /e/ (F2 et F3 élevé : App3, App12, App16). 

 

La voyelle /œ/ : les apprenants trouvent des difficultés à produire cette voyelle. Les /œ/app présentent des formants F1, F3 ainsi qu’un écart F2-F3 significativement différents des /œ/natif (tableau 22). De plus, la figure 69 illustrant les patrons individuels des apprenants indique une forte variabilité inter-apprenants sur les formants F1, F2 et F3.

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