L’approche Déviance Positive

 L’approche Déviance Positive

Le secteur du développement a depuis toujours conçu de nombreuses approches dans le but de parvenir à une meilleure efficacité plus meilleure. L’approche Déviance Positive est parmi les récentes approches développées afin d’escompter un changement de comportement au sein de la communauté.

Historique de la déviance positive

Jerry Sternin était un des pionniers de l’approche déviance positive. Il utilisait cette approche pour améliorer la condition de vie de milliers de personnes. Le domaine de la santé publique et la nutrition servaient de premier champ de pratique de l’approche déviance positive. En 1970, les agents de développement ont pu tester le concept stipulant que des interventions en matière de santé peuvent être conçues à partir des comportements non Etat de l’art et méthodologie 48 communs mais bénéfiques que certains membres de la communauté pratiquent déjà. Le concept déviance positive a enregistré un succès pour améliorer le statut nutritionnel de milliers d’enfants dans les années 90 en Asie et Afrique (PDI, 2008). Au début des années 90, l’ONG Save the Childreen avec Sternin et son équipe ont pu constater dans son travail d’évaluation l’efficacité de l’approche Déviance positive sur la réduction de la malnutrition infantile au Viêtnam où le taux de la malnutrition sévère chez les enfants de moins de 03 ans a diminué de 74% (Marsh, 2004). Dans cette communauté, les familles ont presque les mêmes conditions de vie i.e. même contexte socio-économique mais force est de constater que certains enfants ont un poids et un taux de croissance supérieurs à la moyenne. L’étude par l’approche déviance positive a permis de savoir que les mères de ces enfants en déviance positive dispensaient plus d’attention à leur progéniture en l’allaitant et le nourrissant plus fréquemment que les autres mères le font. Le mode de préparation et la composition des aliments des enfants sont les mêmes mais le fait de les allaiter et de les nourrir plus fréquemment permettent à ces derniers d’être bien nourris. Fières de la bonne croissance de leurs enfants, ces mères positivement déviantes parlent de leur succès aux autres mères. Et c’est ainsi que le taux de malnutrition dans cette communauté vietnamienne s’est réduit considérablement (PDI, op. cit.) 

Démarche de l’approche en déviance positive

Selon Marsh (2004), la déviance positive consiste à observer les individus qui prennent le risque d’adopter des pratiques non communes. Des pratiques qui sont bénéfiques et qui engendrent pour ces derniers une condition de vie meilleure que ceux qui vivent avec eux dans la même condition de vulnérabilité. L’approche de la déviance positive identifie les individus qui ont une bonne condition par rapport à leur pair et encourage la communauté à adopter le comportement qui est à l’origine de l’émergence des individus ou des associations positivement déviants. C’est cette méthode qui fait la force de l’approche déviance positive afin d’entrainer un changement de comportement (ibid.). La déviance positive est une approche visant à un changement personnel, organisationnel et culturel basé sur l’idée qu’à l’intérieur de chaque communauté ou groupe de personnes vivant dans les mêmes conditions existent des individus qui ont adopté des attitudes, des pratiques, des stratégies ou des comportements spéciaux leur permettant d’être plus aisés et performants avec les mêmes ressources et les mêmes conditions. Ce sont les déviants positifs et une fois que ces meilleures pratiques i.e. attitude, mentalité et comportement sont identifiées, elles peuvent être utilisées pour améliorer la condition de vie des autres (Andrianaivoarimanga, 2010). Etat de l’art et méthodologie 49 L’approche permet de comparer la pratique non commune qui confère des avantages supplémentaires aux pratiquants par rapport au reste de la communauté. Un tel comportement est plus acceptable et adoptable mais aussi et surtout pérenne dans une communauté où certains individus le pratiquent déjà. L’approche déviance positive implique un partenariat avec la communauté pour entreprendre l’étude de cas, identifier 04 à 06 individus qui ont enregistré des résultats inattendus malgré le risque, interviewer et observer ces individus afin d’identifier le comportement ou la pratique qui sont à l’origine du succès, analyser les découvertes pour confirmer que la pratique n’est pas commune et qu’elle est accessible pour ce qui veut l’adopter, concevoir des activités encourageant le changement de comportement de la communauté en adoptant le nouveau comportement, faire le suivi et l’évaluation des actions et des résultats (PDI, 2008).

 Portée et limite de l’approche déviance positive

L’approche déviance positive met en valeur les ressources et la capacité locale contrairement aux autres approches qui prescrivent le top down et qui aboutissent à des résultats non pérennes. Elle, c’est-à-dire la déviance positive facilite trois importants processus du développement : – la mobilisation sociale, – la collecte d’informations nécessaires aux futures interventions, – et le changement de comportement. Cette approche dissipe la discrimination ; elle reflète plutôt une bonne équité dans la mesure où les solutions proposées à la communauté sont accessibles à tous les membres du groupe vivant dans les mêmes conditions socio-économiques. Elle permet à la population locale de trouver dans leur milieu la solution à leur problème. De surcroît, l’approche déviance positive encourage la communauté à mener des recherches pour faire face à leurs propres problèmes et de se sevrer de la mentalité d’assistanat (Andrianaivoarimanga, op.cit.). Partant d’un groupe de référence, l’approche déviance positive permet de créer des innovations sociales, techniques, institutionnelles, organisationnelles et politiques. Le groupe de référence peut être une organisation, une société ou une norme de pratique en affaire ou en normes locales. Un des cas le plus cité en matière de déviance positive en développement et organisation est le travail de Save the Children dans la lutte contre la malnutrition au Viêtnam. En travaillant dans les communautés ayant d’enfants malnutris et, qui partagent les mêmes ressources et qui vivent dans les mêmes statuts socioéconomiques, Save the Children a repéré un petit groupe de familles dont les enfants paraissent bien nourris. Après étude, Etat de l’art et méthodologie 50 force est de constater que les mères de ces enfants leur mettent des ingrédients supplémentaires dans leurs aliments habituels. Ce sont des petites crevettes collectées dans les paddy et des bourgeons de feuilles de patate douce. D’après l’opinion publique, ces aliments ne sont pas du tout commodes pour les enfants. Au lieu d’introduire de l’extérieur des complémentations nutritionnelles, Save the Children a opté pour l’amplification de cette pratique des familles positivement déviantes. Le bilan de l’approche fait état de 250 communautés et 50 000 enfants ayant pu parvenir à récupérer un bon statut nutritionnel entre 1991 et 1999 (PDI, op. cit.). L’approche traditionnelle commence par l’identification des problèmes. Par contre, l’approche déviance positive commence par l’identification de ce qui marche au sein de la communauté en vue d’intensifier la pratique pour toute la communauté et parvenir à un succès plus grand. A l’heure actuelle où les acteurs du développement suggèrent de repenser la politique des aides au développement ainsi que les conditionnalités de ces aides, les résultats obtenus par le biais de l’approche déviance positive amènent à un élément de réflexion capitale : c’est l’importance des innovations locales pour faire face aux problèmes de la communauté. Le défi est d’obtenir la reconnaissance des autorités locales et des institutions pour construire une coalition capable d’avoir une force de mobilisation suffisante (PDI, 2007). La limite de cette approche se trouve dans la non identification des exemples positifs hors du commun ou spécifiques ou probants. Elle est inappropriée dans un milieu où les services minima ne sont pas disponibles tel qu’aliment et compétence locale (Marsh, 2004). L’application de l’approche déviance positive s’est étendue dans le domaine de l’agriculture à l’instar de l’agriculture en Afrique. Elle a été suggérée pour identifier, encourager et générer les innovations locales des agriculteurs locaux. Ces innovations sont devenues des éléments clés pour le développement agricole en Afrique entre autres dans le domaine de la production fourragère, la lutte contre les ennemis de la culture, la gestion des ressources naturelles, le développement institutionnel et organisationnel (Andrianaivoarimanga, 2010). Le concept de l’acculturation permet de mieux appréhender le processus de changement de comportement des individus ou d’un groupe social. Il considère et tient en compte la différenciation à l’intérieur de ce changement. L’approche de déviance positive quant à elle est un outil permettant d’amorcer ce changement de comportement dans la communauté. Bref, l’acculturation et la déviance positive traitent le changement de Etat de l’art et méthodologie 51 comportement communautaire et peuvent servir aux projets de développement pour mieux promouvoir une meilleure condition de vie. En guise de conclusion, la conjugaison du concept de la sécurité alimentaire avec la Vulnérabilité, la Résilience, la Capabilité, l’Acculturation et la Déviance Positive permet une compréhension élargie et une analyse pluridimensionnelle plus approfondie en matière de comportement paysan et de développement dont le but ultime est de rechercher les meilleures solutions possibles et de concevoir des modèles adaptés et compatibles au besoin du développement en l’occurrence l’acculturation des innovations qui est capitale pour amorcer un maximum de déviance positive de la communauté pour réduire ainsi de façon progressivement sa vulnérabilité en sécurité alimentaire et mettre chacun de ses membres sur une trajectoire de résilience. 

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