La situation économique du roman
La région
Quand Étienne arrive à Montsou, il cherche déjà du travail depuis huit jours19. Le pays est affamé par le chômage et Étienne ne pense pas qu’il est possible de trouver du travail20. Les industries renvoient des hommes ou ferment, et il y a beaucoup de mendiants. Ceux qui travaillent n’ont pas toujours de la nourriture21.
« C’était un vrai deuil qui crevait le cœur du pays entier. »22
Il y a trois ou quatre ans, la situation était différente; l’industrie ne pouvait pas trouver suffisamment de main-d’œuvre et gagnait beaucoup d’argent23.
La raison pour laquelle l’industrie a des problèmes est qu’ils ont du mal à vendre leurs produits, parce que la demande a diminué, et on doit baisser les prix24. Par exemple, l’Amérique avait cessé d’acheter du fer, ce qui était dur pour les fourneaux25. Les entreprises ne veulent pas produire quelque chose qu’elles ne peuvent pas vendre, et alors elles doivent diminuer la production. Le résultat d’une production réduite est qu’elles doivent aussi renvoyer des employés.
Le grand problème pour l’industrie est que le capital investi est immobilisé26. On a trop construit, par exemple des chemins de fers et des ports, et maintenant le capital est immobilisé et dort27. Cela implique que les entreprises n’ont pas d’argent pour payer les salaires si elles ne vendent pas leurs produits, et doivent renvoyer leurs employés. Si les entreprises ont de l’argent, elles ne veulent pas payer pour produire des choses qu’elles ne peuvent pas vendre, et ferment pour ne pas perdre tout leur argent. Il y a aussi de l’argent perdu dans des spéculations folles28.
La Compagnie des mines de Montsou
Souvarine, qui pense comprendre la situation, dit que la Compagnie a des problèmes à vendre la houille à quelqu’un qui peut l’affiner, parce que la plupart des usines sont fermées29. Elle ne veut pas produire trop, et n’ose pas mettre des hommes au chômage30. Alors, les hommes de la Compagnie doivent diminuer les salaires des mineurs, ce qui n’est pas facile31. Elle a aussi peur de la nouvelle caisse de prévoyance32. Selon Souvarine, une grève serait une bonne solution pour la Compagnie ; la caisse serait vidée et les mineurs pourraient être moins payés à la fin d’une grève33.
La Compagnie, sous le prétexte du dérangement causé par la paie, avait encore, ce jour-là, suspendu l’extraction, dans toutes ses fosses. Saisie de panique devant la crise industrielle qui s’aggravait, ne voulant pas augmenter son stock déjà lourd, elle profitait des moindres prétextes pour forcer ses dix milles ouvriers au chômage. »34
Quand les usines ferment, la Compagnie ne peut pas vendre son stock et doit baisser le prix35. Il faut produire moins, et si on produit moins, les ouvriers ne doivent pas travailler autant qu’avant, et la somme payée aux ouvriers devient plus basse36.
Alors, l’avis de Souvarine me semble raisonnable ; que la Compagnie puisse gagner s’il y a une grève. Ils ne doivent pas payer pour extraire du charbon qu’ils ne peuvent pas vendre. D’une autre manière, ils peuvent perdre des clients si le stock se vend et se vide en même temps que la grève continue.
La valeur de la monnaie
Un franc valait 100 centimes, et cinq centimes constituaient un sou37. Alors, vingt sous font un franc. Un franc en 1860 valait environ 1,99 € en 200638. Cela veut dire qu’un sou en 1860 correspondait à 0,1 € en 2006.
Le cours de l’euro pendant la période 2006-01-01 – 2008-02-21 a varié entre 9 et 9,5 couronnes suédoises39. Le cours moyen pendant 2006 et 2007 était 9,25 €, et 9,4 € en janvier – avril 200840. Nous avons décidé d’utiliser le cours de 9,25 parce que c’est le cours moyen de 2006, l’année qu’on compare avec la valeur d’un franc d’autrefois.
La Compagnie des mines de Montsou
Histoire
Le grand-père de Bonnemort avait découvert une veine de charbon à Réquillart, ce qui a rabouti à la première mine de la Compagnie des mines de Montsou42. La Compagnie avait été fondée 106 ans auparavant, et depuis, la famille Maheu avait travaillé pour elle43.
Au début du XVIIIe siècle, on a commencé à chercher de la houille dans cette région, autour de Lille et Valenciennes44. Quelques-unes des personnes qui ont trouvé de la houille ont plus tard créé la Compagnie d’Anzin. Le baron Desrumaux a cherché pendant 40 années, des années de recherches infructueuses, d’éboulements, de francs perdus etc., avant de fonder une société d’exploitation à Montsou45. Les fosses donnaient un peu d’argent quand la société du baron était presque écrasée par ses deux concurrents46. Les trois compagnies ont fait une convention, et sont devenues une société ; La Compagnie des mines de Montsou47. La création de la Compagnie a eu lieu en 1760, ce qui correspond à l’information que Bonnemort a donnée.
La Régie de Montsou, aussi créée en 1760, gouverne la Compagnie48. Dans la Régie, il y a six régisseurs qui règnent dictatorialement et, selon M. Grégoire, aiment un peu trop l’argent49. Quand un membre de la Régie meurt, les cinq qui restent choisissent un nouveau parmi les actionnaires de la Compagnie50. Ils choisissent une personne qui a de l’argent et de la puissance51.
Valeur
La Compagnie était divisée en 24 sous, et chaque sou en 12 deniers52. Alors, il y avait 288 deniers, et chacun correspondait à 10 000 fr. (207 000 SEK)53. Au total, la Compagnie valait presque 3 millions de francs (62 100 000 SEK). Le baron était à l’agonie, mais a reçu six sous et trois deniers54, qui correspondaient à 75 000 fr. (1 552 500 SEK). Le baron habitait la Piolaine, et un homme nommé Honoré Grégoire travaillait pour lui comme régisseur55. Grégoire avait environ 50 000 fr. (1 035 000 SEK), et a acheté un denier pour 10 000 fr. (207 000 SEK). Son fils a gaspillé le reste de l’argent, mais la valeur du denier augmentait56.
