LES ASPECTS SOCIAUX DE LA REUTILISATION DES EAUX USEES TRAITEES

IMPACTS ET ENJEUX DE LA REUTILISATION DES EAUX USEES TRAITEES DANS LA CULTURE MARAICHERE A CAMBERENE

Selon Seydou Niang c’est en 1937 que le maraîchage est initié au Sénégal. Il portait sur 2400 hectares (ha)23. Depuis cette date, cette pratique a connu une évolution aussi bien sur le plan des surfaces cultivées (atteignant 8876 ha en 1990) que sur le plan de la productivité : les rendements estimés en 1960 à 10,8 t/ha ont atteint en 1990 17,9 t/ha (soit une hausse de 2,4%) selon la même source. Ce secteur, qui présageait d’un avenir meilleur, se heurte aujourd’hui à plusieurs contraintes. Par ailleurs, les Niayes qui englobent la zone d’étude, constituent l’une des poumons verts de la région de Dakar sinon le seul. Elle peut être considérée à ce titre comme un vivier qui contribue de façon notable à la lutte contre la pauvreté. Les maraîchers se sont regroupés au sein de l’UPROVAN (Union des Producteurs de la Vallée des Niayes), structure chargée de l’organisation du secteur. C’est un regroupement de plusieurs Groupements d’Intérêt Economique ou GIE (6 GIE de production maraîchère et 1 GIE de pêcheurs). Ainsi, avec le programme pour l’utilisation d’une eau saine dans l’agriculture urbaine, initié par la FAO en 2008, le maraîchage s’oriente de plus en plus vers la réutilisation des eaux usées traitées. A ce niveau nous allons montrer les aspects socio-économiques de la réutilisation des eaux usées dans le maraîchage. Ce secteur qui augurait d’un lendemain meilleur rencontre de nos jours plusieurs problèmes.

LES ASPECTS SOCIAUX DE LA REUTILISATION DES EAUX USEES TRAITEES

Les maraîchers sont constitués par plusieurs groupes de personnes ayant des caractéristiques diverses. entre [35-45] (soit 39%) et [25-35[ (30% du total). Elles regroupent 61 personnes ciblées sur 91, soit 68% donc plus de la moitié. Le reste est constitué d’un groupe de maraîchers dont l’âge se situe entre [15-25[et [45 et plus [ ; 29 personnes sur 91 sont concernées, soit 32%. Cette relative jeunesse de la population des agriculteurs peut constituer une richesse pour la pérennité du métier d’agriculteurs qui est généralement perçu par les jeunes comme très rude et très peu rémunérateur, mais surtout pour l’aptitude à l’innovation. La majorité des maraîchers est âgée entre [25-45], soit 57% (Tab.12). Parmi ceux-ci, il y’a 84% d’hommes et 16% de femmes. Ensuite arrive la tranche d’âge [15-25[, avec 16,5% du total des maraîchers dont 86% d’hommes et 14% de femmes. Enfin il y’a les 45 ans et plus soit 15,4% des cibles, constitués uniquement d’hommes.

La majorité des ethnies est constituée de Wolofs avec 35% de la population étudiée. Il y’a ensuite les Sérères qui représentent 30% des maraîchers. Il y’a enfin d’autres ethnies tels que les Lébous (10%), les Peuls (9,0%), les Socés (6%), les Toucouleurs (5%), les Diolas (3%), les Bambaras et les Soninkés avec 1% pour chaque entité. Il laisse apparaître plusieurs faits. Les maraîchers qui n’ont pas fréquenté l’école sont plus nombreux dans la tranche d’âge comprise entre [25-35[, 10 maraîchers sur 29 sont concernés par ce constat soit 34%. Cependant les personnes concernées par cette situation, dans les autres tranches d’âge ne sont pas négligeables, notamment au niveau des [35-45[et [45 et plus [, avec respectivement 31% et 21%. Pour la tranche d’âge [15-25[, ils ne sont que 14%. Ceux qui ont fait l’école primaire sont plus nombreux au niveau des maraîchers dont l’âge est compris entre 15 et 45 non révolus, soit 88% pour l’ensemble. Toutefois trois (3) personnes, soit 12% sur le total des maraîchers ciblés et qui ont 45 ans et plus, ont fait l’école primaire. Ceux qui ont le niveau secondaire sont plus nombreux entre [15-25[et [35-45[. Sur l’ensemble des personnes ciblées 10 sur 14 sont concernées, soit 71% et 4 personnes seulement ont entre [25-35[et [45 et plus [ (soit 29%) et aucun n’a le niveau supérieur.

PROCESSUS ET COÛT FINANCIER DE LA REUTILISATION DES EAUX USEES TRAITEES

D’après l’étude menée sur le terrain, la totalité des eaux usées réutilisée par les maraîchers du site provient des différents quartiers de Cambérène après traitement au niveau d’une station d’épuration. Il s’agit donc pour l’ensemble, des eaux usées épurées. Cette situation est possible parce que depuis quelques années plusieurs campagnes de sensibilisation sont menées par l’ONAS et les ONG pour montrer les dangers que peuvent provoquer l’usage des eaux usées brutes pour irriguer les cultures. De plus la proximité du site avec les stations d’épuration constitue un autre élément justificatif. Personne ne réutilise des eaux usées brutes mais plutôt des eaux usées traitées et plusieurs explications sont fournies pour justifier cette pratique (usage des eaux usées épurées). Certains soulignent la qualité et la disponibilité, d’autres la gratuité et la rentabilité etc. Ceux qui réutilisent le mélange avouent l’avoir fait pour réduire la teneur en sel de l’eau de « céanes » (issue de la nappe phréatique) (Photo.2). Car, cette eau douce, reposant sur une loupe d’eau salée ne peut être exploitée que de façon limitée sous peine de pollution des nappes par intrusion saline (Niang, 1997).

Les eaux usées réutilisées pour irriguer les parcelles sont issues des stations d’épuration. C’est à ce niveau que s’effectue le traitement de ces effluents. La collecte au niveau des maisons se fait suivant deux méthodes ; soit par des camions de vidange qui acheminent les eaux usées directement à la station d’épuration, soit par des canaux de collecte installés au niveau des stations de pompage. Ces stations sont localisées dans les quartiers. Une fois arrivées à la station d’épuration, les eaux usées subissent un traitement spécifique. Elles sont d’abord séparées du sable et de l’huile par un dégrilleur (c’est le pré- traitement ou la première phase du traitement) (Photo 3). Elles passent ensuite au niveau du décanteur (photo 4), avant de subir les effets du réacteur biologique (photo 5), pour déterminer la teneur en oxygène (c’est la deuxième phase du traitement). Enfin les eaux usées arrivent au niveau du clarificateur classique ou lamellaire, flottateur ou tamisage (photo 6), avant d’être recueillies au niveau d’un bassin d’épuration proprement dit où elles sont javellisées (c’est la dernière phase du traitement) (photo 7). Enfin les boues issues des eaux usées sont recueillies au niveau des lits de séchage (photo 8). Elles sont très riches en décomposeurs et sont très fertilisantes à ce qu’il paraît.

LES ASPECTS SOCIAUX DE LA REUTILISATION DES EAUX USEES TRAITEESTélécharger le document complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *