Les compétences développées par les jeunes en difficulté d’insertion dans le cadre du Semestre de Motivation

DÉVELOPPEMENT

À présent, voici le développement des entretiens et questionnaires, des nouveaux et anciens jeunes, réparti selon les trois axes de compétences : professionnelles, personnelles et relationnelles, puis décomposé en vingt-trois items et rattaché ensuite selon leurs axes.

Compétences professionnelles

Pour cet axe, le SeMo a défini huit items comme compétences de « base » que le jeune doit travailler pour lui permettre d’intégrer le premier marché du travail. À savoir : organisation du travail, application des consignes, compréhension des consignes, qualité d’exécution, utilisation des matières et du matériel, rythme de travail, ordre et propreté et force et résistance. Pour le SeMo, toutes ces compétences sont travaillées dans les ateliers pratiques , mais trois d’entre elles sont également requises : dans l’atelier recherche d’emploi pour l’organisation du travail et l’atelier appuis-renforcement scolaire pour l’application et la compréhension des consignes.

Organisation du travail
Pour ce premier item, il n’y a pas de grande différence entre ceux qui ont commencé la mesure et ceux qui l’ont terminée car leurs propos se coordonnent. Pour eux, cette compétence est acquise ou acquise sans pour autant l’affirmer objectivement, comme l’exprime Nathan, « je ne sais pas trop si je suis organisé au travail mais pour moi je le suis. Je sais ce que je fais pour moi donc y a aucun problème, c’est toujours après selon l’autre personne [collègue, responsable…] qui pense si c’est organisé ou pas ». Il est vrai qu’en terme d’organisation du travail, je peux estimer qu’il y a différentes façons d’organiser son travail et que chacun choisit la façon qui lui convient le mieux, comme le relève Le Boterf (2002), « ce n’est pas parce qu’on fait différemment qu’on fait forcément moins bien » (p.125). Cette citation formule parfaitement la conclusion de ce premier item, à savoir que si cette compétence particulière qui est l’organisation du travail est donc acquise au SeMo, la manière dont elle est acquise varie selon les perceptions de chacun.

Application des consignes
Pour ce second item, il y a une différence entre ceux qui ont commencé la mesure et ceux qui l’ont terminée. Pour les nouveaux, l’application des consignes passe avant tout par le « type » d’activité qui s’y rapporte, c’est-à-dire qu’elles sont généralement appliquées, mais il faut y trouver du sens, comme le dit Nina, « je suis les règles en général car il faut faire ce que l’on nous demande de faire alors je fais, mais après c’est vrai qu’aller, des fois je n’ai pas envie. Ça dépend de ce que sait, mais bon, c’est comme tout le monde je pense, non ? ».

Pour les anciens, cette compétence s’est améliorée au fur et à mesure de leur parcours au SeMo. Abu raconte d’ailleurs que les responsables étaient toujours derrière eux et qu’ils ne lâchaient surtout pas l’affaire ; ce qui n’était pas forcément le cas durant leur scolarité obligatoire. Ensuite, plusieurs jeunes présentent une motivation dite « extrinsèque ». Ce qui veut dire qu’elle permet aux jeunes d’agir non pas pour le plaisir et la satisfaction qu’elle leur procure sur le moment, mais plutôt pour les récompenses auxquelles elle est censée conduire pour construire leur avenir. Arthur renforce ce constat lorsqu’il dit « quand j’ai commencé, tu dois juste venir et faire ce qu’ils [les responsables d’ateliers] demandent, mais après j’ai pensé différemment car j’ai senti de l’aide ici [au SeMo]. Alors si c’est ça que je voulais pour ma vie : travailler, avoir un bon CV, mon futur garage, mon permis de voiture, etc., alors là j’ai fait ce qu’on m’a demandé. Pas comme je faisais avant, au début ». Les propos d’Arthur démontrent que progressivement les consignes données ont alors pris du sens.

En définitive, cette compétence n’est donc que partiellement acquise par les nouveaux. Ils ne trouvent pas d’intérêt aux activités proposées et peuvent alors ne pas appliquer les consignes. Néanmoins, cette compétence est acquise au SeMo par les anciens. Dès lors, je peux considérer que petit à petit les jeunes perçoivent les activités proposées par la structure comme ayant du sens pour eux et pour leur avenir professionnel.

Compréhension des consignes
Pour cette compétence, les nouveaux et les anciens formulent que l’atelier recherche d’emploi, l’atelier appuis-renforcement scolaire et les ateliers pratiques permettent de demander si une tâche n’est pas comprise. Ils disent avoir le temps de compréhension nécessaire pour ensuite pouvoir l’accomplir « sans erreur ». Après quelques semaines dans la structure, Nadia remarque déjà ceci « les maths ici, ça va bien, le français aussi, ça va, c’est tranquille. Tu fais de la grammaire, tu fais des dictées, tu lis, bah ça va, ça se passe bien ». Pour elle, comme pour les nouveaux et les anciens, une comparaison flagrante est apparue entre l’école et/ou leurs anciennes structures d’insertion et la structure du SeMo. Car selon eux, si une consigne n’était pas comprise, personne, en l’occurrence ici leurs anciens profs et/ou responsables, n’y prêtait attention. En conclusion, je déduis que cette compétence n’est donc que partiellement acquise, par les nouveaux et ce principalement avant leur entrée dans la mesure, mais qu’elle est acquise au SeMo, par les anciens. Les jeunes disent avoir le temps nécessaire pour assimiler les consignes car les responsables y sont plus présents et attentifs. À la différence de leurs expériences vécues antérieurement.

Qualité d’exécution
En ce qui concerne la qualité d’exécution, il y a une différence entre les nouveaux et les anciens. Les nouveaux déclarent ne pas fournir un travail de qualité, soit parce qu’ils sont fatigués ou simplement parce qu’ils n’ont pas envie d’exécuter les tâches demandées. Ce qui peut porter préjudice au résultat final, mais, qu’ils essaient tout de même de la faire, le mieux possible, pour ne pas décevoir les responsables des ateliers pratiques. Par contre, pour Noah et Nathan, cette compétence est acquise car ce sont deux jeunes méticuleux, précis et qu’ils aiment les choses bien faites, comme en témoigne le rapport du référent que j’ai pu consulter.

Pour les anciens, le fait de changer d’atelier chaque deux mois leur a permis de gagner en maturité et d’acquérir de l’expérience. Ils évoquent que les ateliers pratiques, mais également les stages effectués, en parallèle, dans diverses entreprises, permettent d’apprendre différentes façons de travailler, ce qui a renforcé leurs compétences manuelles et leurs qualités de travail. D’ailleurs, Andy, qui suit actuellement une formation de menuisier, fait une comparaison à ce sujet en expliquant que l’atelier bois du SeMo est quasi équipé de machines semblables à celles utilisées dans son entreprise. Ceci lui a permis de répéter et de maîtriser des gestes techniques pour développer cette compétence en lien avec son projet professionnel. Les anciens disent aussi avoir eu passablement de temps, au SeMo, pour faire les tâches demandées et donc le temps pour bien les faire .

En définitive, cette compétence n’est donc que partiellement acquise par les nouveaux qui n’ont pas encore d’objectif bien défini à leur entrée dans la mesure. Ils ne trouvent pas d’intérêt aux activités proposées et peuvent alors fournir un travail de mauvaise qualité. Toutefois, en prenant en considération leurs propos discordants, il est difficile de l’affirmer catégoriquement. Il faut donc prendre la conclusion de cette compétence, pour les nouveaux, avec pondération. Pour les anciens, cette compétence est acquise au SeMo. Dès lors, je peux considérer que petit à petit les jeunes perçoivent les activités proposées par la structure comme ayant du sens pour eux et pour leur avenir professionnel.

Utilisation des matières et du matériel
Suite à l’analyse des données récoltées, il y a une différence entre les nouveaux et les anciens. Les nouveaux n’ont pas de représentation bien définie de cette compétence et mentionnent que la structure va leur apporter « quelque chose » mais ne savent pas encore bien l’argumenter, comme l’exprime Nadia, « je pense que le SeMo va m’aider. Bah déjà les cours et les ateliers qu’on a en vue du futur métier qu’on veut faire. Par exemple, là moi je suis en atelier médiacom, pis ils [les responsables d’ateliers] nous apprennent tout ce qui est l’administration. Pis bah pour tous ceux qu’ils veulent faire employé de commerce c’est bien car ils sont déjà quelques choses. Tu apprends à utiliser l’ordinateur et ça c’est important. Parce que bah moi je ne sais pas vraiment très bien utiliser l’ordinateur et ici [au SeMo] ils nous l’apprennent, donc c’est bien ». Pour les anciens, l’atelier recherche d’emploi, qui n’est pourtant pas un atelier pratique à proprement parler, est cité par la majorité d’entre eux comme l’atelier où l’utilisation du matériel leur a été bénéfique, comme le dit Abu « ici [au SeMo] on m’a donné des pistes pour faire de bon CV, de bonne lettres de motivation, trouver des employeurs, c’était trop bien ! ».

Et Andy d’ajouter « les recherches, c’est vraiment ça qu’on faisait quoi. Parce que ici [au SeMo] t’es là pour trouver une place alors tu as que ça en tête. Ça t’aide à, par exemple, faire des traitements de texte, à utiliser l’ordinateur, à faire des appels téléphoniques aussi, ça c’était cool ». Il y a différentes façons de percevoir les outils mis à disposition mais chacun repère ceux qui l’ont le mieux convaincu. Les nouveaux ont donc peut argumenté sur cette compétence et les anciens, qui ont obtenu il y a quelques mois une place d’apprentissage, ont mentionné principalement l’atelier recherche d’emploi. Pourtant, en reprenant les propos d’Andy, énoncé dans la compétence qualité d’exécution (cf. supra p.11), les ateliers pratiques permettent d’utiliser des matières et du matériel et que ceux-ci sont bénéfiques dans leur parcours professionnel. En conclusion, je déduis que cette compétence n’est donc que partiellement acquise par les nouveaux, mais qu’elle est acquise au SeMo par les anciens. Cependant, comme le signal Noah « tout s’apprend et la vie n’est qu’un apprentissage ». Ainsi comme le relève Le Boterf (2002) « c’est en entraînant régulièrement les capacités d’apprentissage et en mettant à jour périodiquement les connaissances qu’on assurera leur bon fonctionnement » (p.126). Cette citation formule parfaitement la conclusion de cet item, à savoir que si cette compétence particulière qui est l’utilisation des matières et du matériel est donc acquise au SeMo, la manière dont on l’acquière s’obtient à force de pratiquer.

Table des matières

1. INTRODUCTION
1.1 Cadre de recherche
1.1.1 Illustration
1.1.2 Contexte professionnel
1.2 Problématique
1.2.1 Question de départ
1.2.2 Concepts de base
– Les adolescents
– La formation professionnelle
– La compétence
1.3 Méthodologie
1.3.1 Terrain
1.3.2 Outils
1.3.3 Contexte
2. DÉVELOPPEMENT
2.1 Compétences professionnelles
2.1.1 Organisation du travail
2.1.2 Application des consignes
2.1.3 Compréhension des consignes
2.1.4 Qualité d’exécution
2.1.5 Utilisation des matières et du matériel
2.1.6 Rythme au travail
2.1.7 Ordre et propreté
2.1.8 Force et résistance
2.1.9 Résumé des compétences professionnelles
2.2 Compétences personnelles
2.2.1 Ponctualité
2.2.2 Concentration
2.2.3 Volonté d’insertion
2.2.4 Assiduité
2.2.5 Intérêt au travail
2.2.6 Adaptation aux règles
2.2.7 Autonomie
2.2.8 Capacité à évaluer le travail
2.2.9 Disponibilité
2.2.10 Résumé des compétences personnelles
2.3 Compétences relationnelles
2.3.1 Capacité d’écoute
2.3.2 Respect d’autrui
2.3.3 Mode d’expression
2.3.4 Relation au groupe
2.3.5 Attitude envers le responsable
2.3.6 Capacité à communiquer ses rendez-vous/absences
2.3.7 Résumé des compétences relationnelles
3. CONCLUSION

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