Les différentes séries du continental-intercalaire du Sahara

BREF RAPPEL HISTORIQUE

Il est judicieux de donner un bref rappel historique sur les différentes étapes qui marquent l’évolution du terme et la subdivision du ˝Continental-Intercalaire˝ du Sahara occidental et oriental. Les premiers renseignements qui ont été rapportés sur le Crétacé des environs du Gourara et de Meguidene-Samani, remontent à 1890. Ils seraient dus au capitaine M. Almand (in Flamand, 1911) qui a signalé la présence du Crétacé dans ces régions. En 1896, GBM. Flamand a effectué des missions dans ces mêmes régions, puis dans le Tidikelt (1899-1900) où il a décrit les grès à bois silicifiés qu’il attribue à l’Eocrétacé. En 1904, E. Haug, a signalé des grès albiens à Dinosauriens dans la vallée du Djoua, falaise de Tinrhert. Une année plus tard, E.F. Gautier et R. Chudeau (in Mazrou, 2010) attribuaient les grès éocrétacés du Tidikelt à l’Albien en continuité avec ceux que G.B.M. Flamand a signalé dans les régions du Gourara et du Touat. En 1931 C. Killian, a défini pour la première fois sous le terme du ˝Continental Intercalaire˝, les formations continentales qui s’intercalent entre les grands épisodes marins du Namurien et du Cénomanien. Le même auteur en 1946 avec M. Lelubre fournissent une description assez détaillée des couches du ˝C-I˝ de Fezzan, où ils distinguent les formations de Tiguentourine (Carbonifère), Zarzaitine (Trias), Taouratine et Djoua (Jurassique et Crétacé). A.F. Lapparent (1947a) et A.F. Lapparent et M. Lelubre (1948) ont étudié les ossements de vertébrés, et ils proposent un découpage stratigraphique des séries continentales mésozoïques du Sahara occidental et du Sahara oriental. J.P. Lefranc (1963), dans sa thèse affina le découpage de ces formations dans le Fezzan occidental (à la limite Algérie-Libye).

Trois années plus tard, G. Conrad, dans sa thèse, à partir des données de sondages et des déblais de forages a pu établir des logs lithologiques détaillés des formations du ˝C-I˝ des environs de Reggan. En 1971, F. De Broin et al., (1971) puis J.P. Lefranc et N. Toutin (1997) proposent un découpage du ˝C-I˝ de la Gara Samani en quatre termes correspondant à des âges différents. Sur la base des sondages et de la faune marine et continentale dans l’Est et le Sud Est du Sahara, et en s’appuyant sur leurs équivalents dans l’Atlas et dans le Sahara occidental, G. Busson (1972), a établi une synthèse stratigraphique, sédimentologique et géodynamique du Mésozoïque saharien. J.P. Lefranc (1983), proposa un nouveau découpage de ces formations mésozoïques dans le Sahara occidental (Gourara, Touat, Tidikelt) en corrélant les dépôts du Crétacé inférieur avec leurs équivalents de la bordure atlasique. Par conséquent, des synthèses du ˝C-I˝ du Sahara et des régions voisines sont publiés par ces mêmes auteurs (Busson et Cornée, 1991) ; Lefranc et Guiraud, 1990).

DEFINITION DU STRATOTYPE ET SERIE EQUIVALENTE

1- La série de Tiguentourine. Epaisse de 200m à 250m de couches rouges plongeant doucement vers le Nord. Elle est subdivisée en deux formations séparées par un banc de gypse blanc (Fabre, 2005). La Formation inférieur (Stéphano-Auturien) épaisse d’une centaine de mètre qui attient 155m à l’Est, son épaisseur se réduit vers le prolongement du môle de Tihemboka et la flexure d’Edjeleh ; elle est comprise entre la dalle calcaire moscovienne et une barre de gypse. Cette formation est surtout argileuse, avec de minces bancs gréseux et carbonatés. La Formation supérieure (Permien ou Permo-Trias) est discordante sur le Tiguentourine inférieur qu’elle déborde largement et vient, au Nord Ouest, reposer directement sur les calcaires moscoviens. Le gros banc de gypse qui couronne la formation précédente montre une continuité remarquable, avec une épaisseur varié de 1 ou 2 m à près de 10 m. Au-dessus viennent des argiles et des grès argileux rouges, à stratifications obliques, typiquement fluviatiles. Les grès contiennent une forte proportion des grains ronds-mats caractéristiques d’un matériel éolien.

2- La série de Zarzaïtine. Reposant en discordance angulaire sur la série de Tiguentourine, cette série comprend 120m de grès clairs, rosâtres, assez tendres et généralement massifs disposant en chenaux emboîtés. Ils contiennent des débris de végétaux hématitisés et d’ossements de vertébrés emballés dans le sédiment avec des galets d’argiles. On distingue deux termes dans le Zarzaïtine (Achab, 1970 ; Busson, 1972) : (i) un terme inférieur, formé par des grès à galets de quartz et d’argiles alternant avec des lits d’argiles rouges et vertes qui renferment, surtout au sommet, des dents et des épines de poissons (Sélaciens), des amphibiens (Stégocéphales) et des reptiles (platéosauridés). N.E. Jalil et Ph. Taquet (1994) (in Fabre, 2005) ont distingué dans ce terme, des grès épais de 50 m, fossilifères, à Stégocéphales et surmontés par des argiles et des grès supérieurs peu fossilifères de 110m d’épaisseur ; (ii) un terme supérieur, gréseux dont les chenaux contiennent des troncs d’arbres hématitisés, des épines de squales, des ossements de Stégocéphales et des dinosauriens (tératosauridés) apparentés à des formes de l’Afrique australe.

ATTRIBUTION STRATIGRAPHIQUE

Dans le secteur de Tit, les terrains du ˝Continental Intercalaire˝ sont connus depuis longtemps dans la région de Gourara, Touat et Tidikelt grâce aux fossiles qui ont permis d’attribuer un âge Crétacé inférieur (Lapparent, 1947 ; Boureau, 1954 ; Lefranc, 1963 ; Conrad, 1963…). La présence des ossements brisés mal conservés des vertébrées et des bois roulés indéterminés influent directement sur la datation précise. L’attribution de ces formations s’est contentée uniquement sur certains repères lithologiques du Crétacé, utilisés comme marqueurs stratigraphiques à l’échelle locale ou régionale telles que la barre carbonatée de l’Aptien et les argiles à gypses du Cénomanien inférieur…). La datation de ces formations est aussi basée sur la comparaison et la corrélation topographique locale avec d’autres coupes régionales datées sur la base du contenu faunistique et les faciès semblables. Ainsi, les formations de Tit ont été attribuées à l’Albien (Lapparent, 1960 ; De Broin et al., 1971 ; Fabre, 1976, 2005). Cette attribution est faite par la comparaison tant par corrélation lithostratigraphique que par l’aspect topographique des ensembles étudiés. A titre d’exemple, le secteur de Tit est comparé avec les ˝Grès tendres à dragées de quartz de Gara Samani˝, situés à mi-distance entre Timimoun et El Goléa, à larges stratifications obliques et des paléosols enregistrant des empreintes de racines.

En plus, l’ensemble affleure sous les argiles et la dalle carbonatée du Cénomanien. Cet âge est confirmé également par les ossements de dinosaures (théropodes et sauropodes), de crocodiles, de tortues et de poissons (Onchopristis) connus dans la région et dans toute la plate-forme saharienne, ainsi par les Bivalves (Desertella foureaui). Topographiquement, les formations de Tit s’affleurent au-dessus de la dalle quartzitique. Elles sont attribuées à l’Aptien supérieur et le début de l’Albien fondé sur le gisement de vertébrés trouvé en place dans la coupe d’Aïn Cheikh à l’est de Reggane (Taquet, 2007, in. Mazrou). Elles sont également comparées à celles trouvés dans le groupe de l’Aïn el Guettar (˝Formation de Chenini˝) dans le sud-tunisien. Par contre, ces formations affleurent sous les ˝Argiles d’el Goléa˝ du Cénomanien inférieur (Plateau du Tademaït). Elles sont considérées comme étant du Crétacé inférieur et indirectement d’âge Albien. Dans le secteur d’Aougroute, la formation des ˝Argiles à gypses d’el Goléa˝ a été attribuée au Cénomanien inférieur (Karpoff, 1952 ; Flandrin, 1953 ; in Bouregaâ, 2000).

Cette attribution est confirmée par les récoltes de Busson (1964) qui a trouvé dans cette formation des oursins Pseudodiadéma sp. dans la région de Fort Flatter, ce qui exclu son attribution au ‘‘Continental Intercalaire’’ sous-jacent. Les travaux anciens de Amard et al, (1981) (in Bouregaâ, 2000) au bord sud du plateau de Tademaït ont permis d’attribuer la ˝Formation de la corniche calcaires˝ au Cénomanien supérieur-Turonien inférieur basé sur la faune d’ammonite et de bivalves récoltée dans le terrain de l’Aïn Guettara. Les récoltes faunistiques au sud de Tademaït dans la coupe de l’Aïn el Hadjaj ont permis d’attribuer la formation d’Argiles à gypse d’El Goléa au Cénomanien inférieur et la formation de la corniche calcaires au Cénomanien supérieur (Fabre, 1976, 2005). Cette datation est basée surtout sur les ammonites Neolobites et complétée par des huîtres (Exogera otisiponensis, E. jiabellata), des pectens (Neithea acquicostata) associées à des oursins et des gastéropodes. Les fossiles récoltés à la base de la corniche calcaires sont des huîtres (Ceratostreon flabellatum, Rynchostreon suborbiculatum) et des oursins (Cidaris aff. touazensis) ressemblent bien aux faunes trouvées à l’est de Tadmaït par Amard et al. (1981) et à Tinrhert oriental par Busson et al. (1999) qui caractérisent la zone II du Cénomanien supérieur.

Table des matières

AVANT-PROPOS
Résumé
Première Partie : GENERALITES
I- INTRODUCTION
II-PROBLEMATIQUE
III- OBJECTIFS
IV- METHODOLOGIE DU TRAVAIL
Deuxième Partie : CONTEXTE GENERAL
I- INTRODUCTION
II- CONTEXTE GEOGRAPHIQUE
A-SITUATION GENERAL DE LA CUVETTE DE SBAA
B- SITUATION DE LA REGION D’ETUDE
III- CONTEXTES CLIMATIQUES ET MORPHOLOGIQUE
IV- CONTEXTE GEOLOGIQUE GENERALE
A- APERÇU STRATIGRAPHIQUE
B- APERÇU STRUCTURAL
C- CADRE PETROLIER
V- HISTORIQUE DES RECHERCHES
Troisième Partie : GENERALITES SUR LE ˝CONTINENTAL INTERCALAIRE˝
I- DEFINITION ET EXTENSION GEOGRAPHIQUE
II- BREF RAPPEL HISTORIQUE
III- LES DIFFERENTES SERIES DU ˝CONTINENTAL-INTERCALAIRE˝ DU SAHARA
A- DEFINITION DU STRATOTYPE ET SERIE EQUIVALENTE
B- LE ˝CONTINENTAL INTERCALAIRE˝ DU SAHARA OCCIDENTAL
C- LE ˝CONTINENTAL INTERCALAIRE DANS L’ATLAS SAHARIEN
III- CONCLUSION

Cours gratuitTélécharger le document complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *