Les forces au sein des domaines de l’outil d’évaluation YLS/CMI- YCA

Les forces au sein des domaines de l’outil d’évaluation YLS/CMI- YCA 

Nous allons passer en revue les domaines susceptibles de constituer une force dans l’outil d’évaluation et tenter de dégager pour chacun, différents éléments pertinents pour évaluer la présence ou non de force dans la situation du jeune. C’est à la suite de ce travail que nous avons élaboré une grille de cotation et un carnet de cotation qui serviront de base pour les entretiens avec les intervenants.

A. Domaine: Relation avec les pairs 

Les premiers agents de socialisation sont les parents. On peut partir du postulat selon lequel ils vont permettre à la personne d’acquérir des valeurs positives, pro sociales, en étant toutefois attentif à nuancer ce constat, certains parents pouvant transmettre des valeurs moins conventionnelles à leurs enfants . Les pairs n’interviendront que dans un second temps en tant qu’acteurs secondaires de socialisation. Le processus d’acquisition de la morale étant dynamique, il peut être amené à être modifié et tout particulièrement lors de l’adolescence, période critique de remise en question notamment des valeurs parentales. L’influence des pairs peut être décisive à cet égard débouchant vers des valeurs qui seraient alors moins pro sociales que celles enseignées par les parents, pour autant que ce groupe de pairs partage des valeurs antisociales ou adopte des comportements déviants. De nombreuses études ont porté sur l’influence négative qu’exercent les pairs délinquants sur le jeune. Il a été ainsi reconnu qu’une exposition forte à des pairs aux valeurs antisociales prédit des valeurs morales faibles, non conventionnelles mais qu’en est-il de l’influence des pairs dits positifs ou pro-sociaux ? Comment apprécier cette qualité ?

Globalement posséder un cercle d’amis peu impliqués dans des comportements à risque, adoptant des comportements dits de protection, réduit les risques de violence de la part de l’adolescent . C’est ainsi qu’actuellement une force sera cochée dans ce domaine si le jeune possède des « connaissances ou amis pro sociaux ». Une personne positive étant définie comme étant celle qui « n’est pas impliquée dans la délinquance depuis un an ou plus, qui réussit à l’école et ne consomme pas d’alcool ou de drogue » . Ce critère d’absence de délinquance est également retenu par d’autres auteurs qui le reconnaissent comme étant un facteur de protection particulièrement important.

Au-delà de cette absence de délinquance, il convient de revenir sur la qualité de la relation qu’entretient le jeune avec ses pairs. La relation pour constituer une force doit être une relation dans laquelle, on peut retrouver un soutien émotionnel mutuel, le jeune doit pouvoir investir cette relation et pouvoir y trouver un soutien en cas de difficultés, tout comme il doit lui aussi être capable d’offrir cette aide . Toujours dans le cadre de cette relation un sentiment plus particulier peut être décelé plus indirectement. Il s’agit du sentiment de honte anticipée à l’égard des pairs qui correspond au « niveau de honte anticipé rapporté par le répondant par rapport à un fait délinquant qu’il aurait commis ». Cette émotion agit alors comme un moyen préventif, pouvant empêcher le passage à l’acte délinquant, « l’individu cherchant à respecter les normes et les attentes des proches avec qui il partage des normes et des valeurs » . Il est important de relever que ce sentiment est présent et significatif aussi bien chez les garçons que chez les filles . Ce sentiment peut être décelé après avoir questionné le jeune, en lui demandant par exemple s’il ressentirait de la honte après s’est fait attraper lors d’un passage à l’acte délinquant si ses ami.es l’apprenaient.

La relation est marquée par l’égalité dans l’échange entre les différents individus. Si un conflit surgit, il est de préférence résolu par la négociation et le désengagement plutôt que par l’affirmation de son pouvoir. Cette bonne gestion des conflits interpersonnels est une force pour le jeune.

En conclusion, dans ce domaine il convient dans un premier temps d’investiguer si le jeune possède dans son réseau, des pairs non impliqués dans la délinquance depuis un an au moins. Une fois cette barrière franchie il conviendra alors d’envisager la relation que le jeune évalué entretient avec ce pair. Celle-ci doit être réciproque, c’est-à-dire que le jeune peut y trouver du soutien et être capable d’en apporter en retour. Dans cette relation on peut investiguer également, plus indirectement le sentiment de honte anticipée. Le mode de gestion des conflits interpersonnels envisagé par le jeune est lui aussi susceptible de constituer une force dans la situation du jeune.

Précisons également que le fait de cocher les items « connaissance/amis délinquants » n’exclut pas pour autant que le domaine puisse constituer une force. Dans une situation, risques et forces peuvent exister simultanément . La présence de personnes aux valeurs plus « antisociales » n’excluant pas la possibilité pour le jeune de fréquenter d’autres pairs aux valeurs plus conformes à celles défendues par la société.

B. Domaine: Conduites et comportement 

Dans ce domaine, comme dans le suivant d’ailleurs, c’est dans les capacités internes du jeune qu’il faut aller chercher toutes les habilités qui peuvent constituer une force pour le jeune. Nous allons nous pencher sur les traits de personnalité du jeune qui permettent au jeune de développer une réponse positive dans des conditions défavorables, de conflits . Dans ce cadre, la première notion sur laquelle il nous apparait important de s’attarder, est le contrôle de soi. De nombreuses études ont été menées et ont pu démontrer le lien entre les comportements délinquants et un faible niveau de contrôle de soi, la maitrise de soi apparaissant comme un trait de personnalité particulièrement important et efficace dans certaines catégories et notamment chez les jeunes hommes . Parmi les critères utilisés pour évaluer ce contrôle, nous pouvons utiliser les indicateurs suivants :
➤ Bon contrôle de ses humeurs face aux pairs, aux adultes.
➤ Réponses adéquates aux taquineries, pressions, agressions des pairs.
➤ Réalisation de compromis .

Un autre volet mérite une attention particulière dans ce domaine : la culpabilité. Toutefois, avant de l’aborder il convient de revenir sur la notion de honte, avec qui, elle a, au cours du temps et des études, été trop souvent confondue  . Précisons toutefois que nous allons discuter ici de la honte en tant que sentiment éprouvé et non anticipé comme nous l’avons abordé dans le domaine relation avec les pairs.

La honte fait référence à l’anxiété résultant de la dégradation sociale, de la perception négative du jugement des autres sur soi. La personne va se sentir jugée pas uniquement sur son comportement mais sur elle-même laissant apparaître un «soi » mauvais aux yeux des autres, débouchant sur des sentiments négatifs, douloureux. Pour échapper à ceux-ci, l’individu peut alors être tenté d’externaliser le problème en utilisant des techniques bien connues de neutralisatio comme le déni responsabilité, de victimes ou encore la condamnation des « condamneurs » . Si la nuance peut paraitre subtile avec la notion de culpabilité telle que l’on va l’aborder ci après elle n’est pas pour autant dénuée d’intérêt. Le sentiment de honte décrit ci dessus pouvant constituer un facteur de risque de récidive, alors que la culpabilité peut selon certaines conditions constituer un facteur de protection et donc une force dans l’outil d’évaluation.

Pour être considérée comme une force, la culpabilité doit se concentrer uniquement sur le comportement et non sur la personne elle–même ou les sentiments qu’elle éprouverait après avoir posé son acte . Pour l’évaluer nous proposons les variables suivantes basées sur la reconnaissance par l’auteur de:
➤ Sa propre responsabilité dans l’acte commis.
➤ Des conséquences négatives de son comportement pour autrui.
➤ De la violation d’une norme par son comportement.

On pourra relever la présence de la culpabilité si les trois conditions sont remplies cumulativement. Elle pourra donc être considérée comme étant positive pour le jeune, pouvant amorcer la base d’une remise en question, d’une réparation et de manière plus générale prévenir la récidive .

Dans ce domaine, une force pourra être cochée si le jeune possède soit un bon niveau de contrôle de soi, soit une culpabilité qu’on qualifiera d’adéquate ou de « positive », soit les deux.

Table des matières

1.Introduction
2.Cadre théorique
2.1 : Les forces
2.1.1 Vers une tentative de définition
2.1.2 Les forces au sein des domaines de l’outil d’évaluation YLS/CMI- YCA
A. Domaine : Relation avec les pairs
B. Domaine : Conduites et comportement
C. Domaine : Représentations et positionnement
D. Domaine : Abus de substances
E. Domaine : Loisirs/ activités récréatives
F. Domaine : Famille
G. Domaine : Scolarité/emploi
2.2 Facteurs de réceptivité
2.3 Objet de l’étude
3.Méthodologie
3.1. Participants
3.2 Procédure
4.Résultats
4.1 Forces
A. Domaine: Relation avec les pairs
B. Domaine : Conduites et comportements
C. Domaine : Représentation et positionnement
D. Domaine : Abus de substance
E. Domaine : Loisirs/ activités récréatives
F. Domaine : Famille
G. Domaine : Scolarité/emploi
4.2 Facteurs de réceptivité
5.Discussion
5.1 Forces
A. Domaine : Relation avec les pairs
B. Domaine : Conduites et comportement
C. Domaine : Représentation et positionnement
D. Domaine :Abus de substance
E. Domaine : Loisirs/activités récréatives
F. Domaine : Famille
G. Domaine : Scolarité/emploi
5.2 Facteurs de réceptivité
5.3 Limites
6.Conclusion

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