les productions discursives de la régie SCOP

les productions discursives de la régie SCOP

Avant de passer à l’analyse du corpus des entretiens menés avec les spectateurs- abonnés de la régie culturelle, il faut prêter attention à la question des publics que soulève l’étude des programmes, et des éditoriaux, en particulier, de la régie SCOP. Il s’agit d’interroger la figure des publics qui s’inscrivent dans les pratiques discursives des entrepreneurs identitaires lorsqu’ils parlent de la pratique de sortie au théâtre. En d’autres termes, l’intérêt qui est le nôtre, à cet état d’avancée du mémoire, est de comprendre la manière dont le public-allocutaire est construit à travers les discours des élus communautaires. Pour cela, nous nous appuierons sur un corpus hétérogène composé d’un matériau de productions écrites et orales : le projet culturel et artistique de la régie culturelle, les six éditoriaux de la régie, et les notes de terrain prises par l’observation in situ des discours tenus lors de présentations de saison. Le mot d’habitant apparaît non seulement lorsque les élus justifient la politique culturelle menée à l’échelle du territoire intercommunal, mais aussi lorsqu’ils parlent de la programmation de la régie culturelle SCOP. Et, lorsqu’ils ne parlent pas d’habitant, ce sont les mots d’« administré », de « population », ou de « citoyen » qui sont utilisés.

« Par l’intermédiaire des Théâtres, des cinémas, de la scène musiques actuelles “L’Usine”, du Conservatoire intercommunal, de la Maison de la Danse, le Syndicat d’Agglomération Nouvelle Ouest Provence s’est donné les moyens, pour que ses administrés puissent bénéficier d’outils et d’opérateurs culturels qui n’ont rien Publics au pluriel : la diversité culturelle d’Ouest Provence ne permet pas une action de proximité sans que les publics puissent adhérer à un projet culturel qui prenne en considération la diversité de leurs sensibilités et leur environnement immédiat.  Il ne s’agit pas de procéder à une apologie des particularismes locaux mais bien plus à rendre palpable les attentes des habitants, quels que soient les confinements et les singularités communales afin de favoriser le décloisonnement et faire évoluer la proximité territoriale en proximité culturelle.  Les auteurs reconnaissent d’ailleurs qu’il leur arrive malgré tout d’« abuser des braves mots en faisant semblant, par lassitude, par mollesse, ou pire encore par nécessité pédagogique, d’en être dupe ? », et que ce dictionnaire a justement une fonction rédemptrice « pour tous ceux qui ne peuvent faire autrement que d’utiliser le vocabulaire convenu du débat public » (Faure, Négrier, Vanier, 2005 : 5). Voyons ce qu’ils disent par exemple du mot d’habitant :

« Habitant : espèce d’un genre singulier, manifestant une forte propension à la vie collective. De tous les personnages du jardin démocratique, il est, de loin, le plus populaire, le plus aimé, le plus choyé aussi. L’habitant est discret. Il ne proteste pas, n’exige pas, il habite. On l’associe, on le consulte, on le concerte, et jamais l’habitant ne dit mot. En ville comme à la campagne, il se loge modestement dans la parole du démocrate, peuple ses discours, et, bon bougre, le soutient sans maudire. […] Vous Mais alors, que pouvons-nous dire de cette récurrence d’invocation de la figure de l’habitant comme catégorie des publics de la régie culturelle Scènes et Cinés Ouest Provence ? Lorsqu’il est question des publics de la culture à une échelle locale, la figure de l’habitant comme catégorie de publics fait partie intégrante de la rhétorique des collectivités territoriales, et des établissements publics, si bien qu’elle apparaît comme la figure générique de leur communication institutionnelle (Gellereau, Da Lage, Laudati, 2008 : 8). En effet, le cas de la régie est loin d’être isolé, bien au contraire, elle développe une rhétorique typique du domaine de l’action publique territoriale. Ce qui nous interroge dans cette notion d’habitant, ce n’est pas la notion proprement dite, mais l’usage et les représentations que véhicule cette figure de l’habitant dans les discours institutionnels. Car, dans l’invocation systématique de la figure de l’habitant, il apparaît en creux que ce dernier constitue le public idéal des théâtres d’Ouest Provence. Ainsi, l’action mise en œuvre par la régie culturelle d’Ouest Provence s’en trouve naturellement légitimée, puisqu’elle dit avoir l’intention de prendre en compte les attentes des habitants comme cela l’est clairement exprimé dans la partie « Les Publics » du projet de la régie culturelle : « Il ne s’agit pas de procéder à une apologie des particularismes locaux mais bien plus à rendre palpable les attentes des habitants, quels que soient les confinements et les singularités communales afin de favoriser le décloisonnement et faire évoluer la proximité territoriale en proximité culturelle »

 

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