LES RENCONTRES DE L’A.M.E. 2003 à VENISSIEUX

LES RENCONTRES DE L’A.M.E. 2003 à VENISSIEUX

L’autonomie est une notion à la mode… Nous la trouvons souvent que ce soit dans les textes pédagogiques (livres, IPMC…), dans les directives ministérielles, ou même dans les différents projets d’établissements. Et pourtant nous avons parfois du mal à bien voir en quoi elle se matérialise dans l’école de musique. C’est pourquoi l’association avait proposé aux enseignants intéressés de se pencher sur cette question. Une équipe s’est ainsi rencontrée à 5 reprises au cours de l’année 2003 et a travaillé à partir de mémoires, de livres sur la question. Il faut bien avouer qu’au début de notre réflexion, nous n’avons pas eu trop de mal à nous accorder sur la nécessité de faire accéder nos élèves à l’autonomie ! Une des qualités et pas la moindre de cette notion est qu’elle dégage un consensus absolu. Comme l’indique Daniel Hameline : « Sauf à se vouloir réactionnaire, il est très difficile d’être contre. Ainsi, ce serait aller à l’inverse des idées en faveur que d’assigner explicitement à l’éducation la finalité de diminuer l’autonomie des éducables, même si la réalité donne tous les jours la preuve que, si un tel effet négatif n’est ni recherché ni prescrit, il est souvent obtenu. » En effet, nous ne voyons personne revendiquer l’endoctrinement de ses élèves, ni le flétrissement de ceux-ci ! Aussi cette notion a-t-elle le mérite de relever un grand consensus tout en permettant de ne pas trop se poser de questions.

Elle fait partie de ces notions qui permettent une cohésion du groupe tout en le dispensant de grandes explications. Au risque de rentrer dans le débat, nous aller pourtant tâcher ici d’aller un peu plus loin. Car cette notion s’avère être une parfaite enthymème. En effet, exhorter une éducation à et par l’autonomie est de l’ordre de l’évidence partagée. Il peut sembler à certains que l’autonomie est toujours et a toujours été une des données qui aille de soi dans le processus d’éducation. Or l’étude des sociétés primitives nous montre déjà que la relation entre autonomie et éducation ne va pas toujours de soi. Par exemple, dans certaines sociétés, le rite initiatique qui pourrait faire croire à l’accès d’une certaine autonomie des jeunes qui pourront enfin décider de leur sort ne relève en fait que de l’inscription de ceux-ci dans un cadre traditionnel prédéfini par les anciens et qu’il ne s’agit pas de remettre en cause. En effet, on pourrait voir dans l’initiation, un passage qui permette la sortie de la dépendance de l’enfance et la signification de la légitimité de sa libre circulation dans le groupe, de son appartenance au monde adulte. En y regardant de plus près, il s’avère que dans les sociétés communautaires traditionnelles, l’initié n’a pas gagné en autonomie sauf à la réduire à la signification de simples allées et venues. Car la loi n’a pas changée et reste celle reçue des ancêtres et, s’il va et vient à sa guise, c’est dans le pas, dans les traces des anciens. Cette conception va à l’encontre d’une définition classique de l’autonomie que l’on trouve dans tous les dictionnaires, comme « capacité de se donner ses propres lois ».

Ainsi, cette notion qui nous apparaît donc aujourd’hui une sorte d’attribut universel concernant l’éducation ne se laisse pas facilement appréhender. Nous pouvons voir au travers de cet exemple que la définition de cette notion s’avère mouvante, d’autant plus qu’elle glisse souvent vers d’autres termes proches comme, l’indépendance, l’émancipation, l’initiative, la responsabilité, l’accomplissement de soi…, ce qui brouille quelque peu notre réflexion. Mais notre perplexité devant les résultats obtenus, notre interrogation devant les moyens à mettre en œuvre et notre désir, notre détermination d’arriver à la faire émerger chez nos élèves nous obligent malgré tout à pousser la réflexion un peu plus loin. Plan du propos : Pour éclairer un peu ce sujet très vaste qui paraît rejoindre toutes les problématiques de l’éducation, nous allons donc essayer dans un premier temps de débroussailler un peu et d’étudier la nature de l’autonomie tout en observant les différentes définitions, les différentes facettes de la notion. Nous nous intéresserons ainsi aux notions de Poïesis et Praxis qui permettent d’éclairer un peu le débat. Nous poursuivrons, plus pragmatiquement en étudiant différents questionnements qui peuvent permettre de la favoriser quand nous élaborons nos dispositifs d’enseignement. Nous nous intéresserons ainsi au transfert des connaissances, à la question du sens, aux moyens de responsabiliser les élèves et enfin à la manière de permettre l’émancipation des élèves. Nous nous poserons enfin la question de l’évaluation de l’autonomie, évoquerons les différents enjeux que nous avons pu dégager, et enfin résumerons rapidement nos propos.

 

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