L’étude de Demuth et al 2012

Grille de lecture utilisée

Nous avons utilisé la grille de lecture PEDro afin d’évaluer la qualité méthodologique des études incluses.[38]
Cette évaluation permet de mettre en évidence la présence éventuelle de biais pouvant impacter les résultats des études et informe sur le degré de qualité de ces études thérapeutiques.
La grille de lecture est consultable en annexe n°4.

Effet de l’intervention

L’étude d’Adar et al 2017

Dans cette étude, la qualité de vie a été mesurée par l’échelle « Pediatric Quality of Life Inventory Cerebral Palsy module » (PedsQL-CP). Cette échelle a été remplie par les enfants (Child Self Report-PedsQL-CP) et par les parents (Parent Report-PedsQL-CP).
Il est a noté que le groupe contrôle de cette étude exerce lui aussi une activité physique mais de façon terrestre. Ainsi, étudier les différences intergroupes reviendrait à comparer si une activité physique a un impact plus positif que l’autre.
Il est donc tout à fait possible pour cette étude de se concentrer sur les différences intragroupes pour connaître de façon indépendante l’effet de l’activité physique aquatique et l’effet de l’activité physique terrestre sur la qualité de vie des enfants atteints de paralysie cérébrale.
L’auteur a présenté ses résultats en médiane, nous ne pouvons donc pas calculer la différence intergroupe avec un intervalle de confiance à 95%. De plus, l’auteur ne donne que les valeurs de « p » intragroupes. Nous ne pouvons donc pas comparer si l’activité physique aquatique a plus d’impact sur la qualité de vie des enfants atteints de PC que l’activité physique terrestre.
Nous allons donc présenter les résultats intragroupes de façon indépendante pour les deux groupes et à l’issu, nous pourrons voir si l’un d’eux a plus de résultats significatifs que l’autre.

Synthèse des résultats 

Nous obtenons un grand nombre de différences intragroupes (inscrites entre les parenthèses) significatives avec p < 0,05.
Dans le rapport des enfants :
• Dans le groupe aquatique, les activités de la vie quotidienne (9,7), les activités scolaires (12,5), le mouvement et l’équilibre (6), la douleur (12,5) et les activités alimentaires (5) sont améliorés.
• Dans le groupe terrestre, les activités scolaires (3,1), le mouvement et l’équilibre (7,5) sont améliorés, la douleur (-84,1) est nettement altérée et la fatigue (0) inchangée.
Dans le rapport des parents :
• Dans le groupe aquatique, les activités de la vie quotidienne (9,7), les activités scolaires (15,7), le mouvement et l’équilibre (7,5), la douleur (15,8), la fatigue
(12,5) et les activités alimentaires (7,5) sont améliorés.
• Dans le groupe terrestre, le mouvement et l’équilibre (5) sont améliorés mais la douleur est altérée (-10,4). Ainsi, l’activité physique aquatique a un impact positif sur toutes les dimensions de la qualité de vie ci-dessus mises à part la parole et la communication sur lesquelles aucun effet significatif n’a été perçu.
L’activité physique terrestre a un impact positif sur les activités scolaires, le mouvement et l’équilibre ; mais, elle a également un impact négatif notable sur la douleur ainsi qu’un impact neutre sur la fatigue.
Nous aurions tendance à dire que l’activité physique aquatique améliore de façon plus importante la qualité de vie des enfants atteints de paralysie cérébrale que l’activité physique terrestre cependant cette constatation est insuffisante. La différence intergroupe et nécessaire pour affirmer ou infirmer cette tendance, ce qui est impossible ici.

L’étude de Demuth et al 2012

Dans cette étude, la qualité de vie a été mesurée par deux échelles différentes d’une part le « Pediatric Quality of Life Inventory SF15 » (PedsQL) rempli par les enfants et d’autre part le « Pediatric Outcomes Data Collection Instrument » (PODCI) rempli par les parents.
Les tailles d’effet que nous allons présenter seront les différences intergroupes des évolutions au sein de chaque groupe avec un intervalle de confiance à 95%. Les résultats seront donnés selon les différentes sections des échelles.

Synthèse des résultats 

Sur le PedsQL, nous obtenons un résultat intergroupe statistiquement significatif pour le fonctionnement émotionnel. En effet, après l’intervention, on observe une taille d’effet de 8,9 points avec un IC à 95% se situant entre 0,2 ; 17,7 en faveur du groupe cycliste.
La section fonctionnement émotionnel comportait les questions sur les sentiments de peur etde colère. Ces derniers ont été améliorés dans le groupe cycliste : les réponses sont passées de « souvent » à « pas du tout » ou « presque jamais » Les résultats montrent que les enfants semblent ressentir une amélioration sur le plan émotionnel après la pratique du vélo.
Les autres sections de l’échelle ainsi que le score total ne nous apportent pas de résultats significatifs.
Sur le PODCI, nous obtenons un résultat intergroupe statistiquement significatif pour la satisfaction vis-à-vis du traitement. En effet, après l’intervention on observe une taille d’effet de 17,7 points avec un IC à 95% se situant entre 5,2 ; 30,0 en faveur du groupe cycliste.
Cet item interroge les parents sur leurs attentes concernant les performances de l’enfant avant l’intervention. Après l’intervention, ils sont interrogés sur les changements dans les capacités de leur enfant, et ces réponses sont comparées à leurs attentes au départ.
Les résultats montrent que la pratique du cyclisme semble satisfaire les attentes des parents en matière de qualité de vie.

L’étude de Mak et al 2018

Dans cette étude, la qualité de vie a été mesurée par deux questionnaires selon l’âge de l’enfant le « Cerebral Palsy Quality of Life Questionnaire for Children » (CP QOL-Child) pour les enfants de moins de 12 ans et le « Cerebral Palsy Quality of Life Questionnaire for Adolescents » (CP QOL-Teen) pour les enfants de 13 ans ou plus. Les questionnaires pouvaient être remplis par les enfants ou les parents.
L’auto-évaluation du CP QOL-Child n’a pas été analysée. Il en est de même pour l’autoévaluation et l’évaluation parentale du CP QOL-Teen. Ainsi, nous avons uniquement les résultats du CP QOL-Child rempli par les parents.
Les tailles d’effet que nous allons présenter seront les différences intergroupes après l’intervention avec un IC à 95%. Les résultats seront donnés selon les différentes sections du questionnaire.

L’étude de Withers et al 2019

Dans cette étude, la qualité de vie a été mesurée par le « Pediatric Outcomes Data Collection Instrument » (PODCI) rempli par les parents. L’auteur a présenté ses résultats sous forme narrative. Les tailles d’effet que nous allons présenter seront les différences intergroupes après l’intervention avec un intervalle de confiance à 95%. Les résultats seront donnés selon les différentes sections de l’échelle.

Discussion

Analyse des principaux résultats

Cette revue de littérature étudie l’impact de l’activité physique adaptée sur la qualité de vie des enfants atteints de paralysie cérébrale.
Après application des critères d’inclusion, 5 études ont été sélectionnées pour participer à cette revue. Ces études regroupent 199 enfants atteints de paralysie cérébrale âgés de 4 à 18 ans.
La pratique d’une activité physique est comparée à divers groupes contrôles (autres activités physique, rééducation classique).
Il est intéressant de calculer la taille d’effet avec un IC à 95% quand cela est possible pour déterminer précisément l’efficacité de l’intervention et son intérêt thérapeutique. L’IC permet d’estimer l’effet de la variable dans une population et donne ainsi des renseignements sur la pertinence clinique.
Les résultats obtenus sur l’ensemble des études sont partagés. Une amélioration est constatée dans certaines sections de la qualité de vie ; d’autres résultats ne sont pas significatifs, dans ce cas l’extrapolation à la population est impossible.

Analyse des résultats par étude

– L’étude d’Adar et al évalue l’impact de l’activité physique aquatique et terrestre adaptée sur la qualité de vie des enfants atteints de PC. Comme vue dans la partie 3.3.1. « L’étude d’Adar et al 2017 » la pratique d’une activité physique n’est pas comparée à une non pratique d’activité physique. En effet, cette étude compare une pratique d’activité physique aquatique à une pratique d’activité physique terrestre. Nous ne pouvons donc pas véritablement parler de groupe intervention et de groupe contrôle. Il est donc non négligeable de dire que si l’activité physique influe sur la qualité de vie, celleci peut être augmentée dans les 2 groupes. Ainsi, pour cette étude uniquement nous allons étudier les résultats de chaque groupe de façon indépendante en utilisant la différence intragroupe et les valeurs de p associées.
Un grand nombre de différences intragroupes sont significatives avec un p < 0,05.
L’activité physique aquatique a un impact positif sur la majorité des dimensions de la qualité de vie : les activités de la vie quotidienne, les activités scolaires, le mouvement et l’équilibre, la douleur, la fatigue et les activités alimentaires.
L’eau offre un environnement désirable pour les enfants atteints de paralysie cérébrale. En effet, les exigences de port de poids, la charge articulaire et les effets de la gravité sont réduits dans l’eau.
De plus, le fait de réussir à réaliser des habiletés motrices dans l’eau renforce la confiance en soi et permet de réaliser des tâches plus difficiles que celles sur terre.

L’étude de Demuth et al

Une des limites de cette étude réside dans le fait que le groupe témoin n’a subi aucune intervention. L’utilisation d’un groupe témoin sans intervention ne nous permet pas d’exclure d’autres explications de l’amélioration, comme l’attention positive des adultes. En effet, il est prouvé que les perceptions des parents peuvent contribuer positivement ou négativement au bien-être de leur enfant. Dans cette étude, une amélioration significative n’a pas été trouvée pour la section du fonctionnement physique du PedsQL ainsi que du fonctionnement global et des symptômes du PODCI. Il se peut que les enfants et les parents n’aient pas perçu ou pas atteint une amélioration fonctionnelle.
Une autre explication possible est le faible niveau de sensibilité de ces questions pour les enfants souffrant de handicaps physiques. Par exemple, on a demandé aux jeunes enfants dans quelle mesure une activité physique particulière leur avait posé problème au cours des dernières semaines. Ils avaient le choix entre « pas du tout », « parfois » ou « beaucoup ». Comme beaucoup des activités physiques sont difficiles pour les enfants atteints de PC, une activité peut rester « parfois » difficile plutôt que « pas du tout » difficile malgré l’existence d’une amélioration. Étant donné la nature chronique de la PC, une évaluation de la qualité de vie avec de plus petites unités de changement pour la santé physique aurait pu faire preuve d’une plus grande sensibilité.
De plus, le PODCI a été conçu pour saisir les résultats après une intervention orthopédique, qui est souvent chirurgicale. La santé physique d’un enfant peut s’améliorer à la suite d’une intervention physique telle que le cyclisme, mais peut ne pas correspondre à l’impact d’une chirurgie, qui implique souvent une période de réhabilitation prolongée et une thérapie physique intensive. Par conséquent, le PODCI n’est peut-être pas la meilleure échelle de résultat pour examiner le changement dû à une intervention à court terme.

L’étude de Mak et al

L’utilisation du questionnaire CP-QOL-Child pourrait être remise en question car les deux études pour lesquelles nous n’obtenons pas de résultats significatifs utilisent ce questionnaire.
De plus, cette étude comprenait 42 participants, et uniquement 23 enfants ont apportés leurs réponses sur la qualité de vie. En effet, l’auto-évaluation du CP QOL-Child n’a pas été analysée.
Il en est de même pour l’auto-évaluation et l’évaluation parentale du CP QOL-Teen. Seuls les résultats du CP QOL-Child rempli par les parents ont été communiqués. Ceci réduit grandement la taille de l’échantillon et contribue à la diminution de la puissance de l’étude d’autant plus si l’effet recherché est peu important.

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