Mise au point de protocoles d’extraction de l’azadirachtine à l’échelle du laboratoire et semi-industrielle (pilote)
Les origines de l’utilisation des produits naturels dans la lutte contre les insectes
Il nous faut remonter très loin dans l’histoire pour comprendre les raisons qui ont conduit l’humanité à se doter d’un arsenal de produits chimiques pour tenter d’assurer à l’ensemble des populations une quantité adéquate de nourriture et pour combattre un grand nombre de maladies transmises par les Arthropodes. Depuis plus de 12 000 ans, l’homme commençait à cultiver, c’est-à-dire à créer des agroécosystèmes. Ce sont des environnements simplifiés où se répète la même variété de plante, rangée après rangée. Cette concentration de la même espèce, de la même variété, rend facile le travail des insectes phytophages et accroit considérablement leur potentiel reproducteur. A ces attaques par les insectes, il faut ajouter la contamination par les pathogènes et l’envahissement des mauvaises herbes.35 Devant cette prolifération d’organismes nuisibles, et en particulier d’insectes phytophages s’attaquant aux ressources nécessaires au bien-être de l’humanité, un programme de lutte bien pensé a été entrepris. Ce programme prend en compte les équilibres biotiques et abiotiques. Cette approche prend en considération autant les besoins alimentaire et sanitaire d’une population toujours croissante que la préservation de l’environnement. En effet, l’emploi de produits insecticides naturels et en particulier ceux d’origine végétale remonte à des temps très anciens. Ces produits insecticides employés jusqu’à une période très récente, ont connu un déclin suite à la découverte de substances chimiques de synthèse répartie en trois générations de pesticides: la première génération est constituée des composés à base d’arsenic, de soufre, de chaux, des dérivés du pétrole, des substances à base de fluor. la deuxième génération regroupe les organochlorés, les organophosphorés, les carbamates. la troisième génération est celle des substances produites par les plantes elles-mêmes, soit les hormones des insectes et leurs analogues. Mais la lutte chimique, malgré ses avantages indéniables, ne tarda pas à montrer ses limites par son spectre d’action sur les écosystèmes, notamment en raison de la pollution de l’environnement et des problèmes d’intoxication à l’encontre d’une multitude d’organismes souvent non-ciblés. C’est dans ce contexte que l’on note un regain d’intérêt des substances qualifiées de « bio-pesticides » ou « pesticides écologiques » en particulier les produits insecticides d’origine végétale qui sont peu toxiques pour l’homme et pour l’ensemble des composantes de l’environnement. La capacité que possèdent les plantes à se protéger a été réexaminée en détail depuis le début du siècle36 en vue d’être exploitée à des fins agronomiques. La lutte contre les insectes entre donc dans une nouvelle phase puisque cette approche « botanique » fournit des moyens en meilleure harmonie avec l’environnement, moyens provenant des organismes à protéger eux-mêmes. Ces composés naturels et leurs dérivés devraient pouvoir réduire sensiblement les pertes subies par les plantes cultivées et la forêt. Ils devraient aussi servir de base pour la mise au point de nouvelles molécules capables d’anéantir les vecteurs de maladies. Les progrès notoires qui ont été accomplis dans ce domaine depuis le début de la présente décennie sont dus en grande partie à la collaboration étroite des phytotechniciens, des entomologistes, des chimistes et des toxicologues.On peut donc envisager la mise au point d’insecticides plus spécifiques, non toxiques pour les organismes non-visés, biodégradables, et moins susceptibles de provoquer la résistance chez les espèces cibles. Il est aussi possible d’entrevoir, dans le contexte d’un développement soutenu, la production de molécules écologiquement désirables et économiquement adaptées aux pays les moins nantis comme le Sénégal. Les plantes synthétisent de nombreux métabolites secondaires dotés de propriétés répulsives, anti-apétantes ou biocides à l’égard des herbivores. Le régne végétal constitue la plus riche source de produits insecticides naturels du monde soit plus de 400.000 substances chimiques (terpènes, alcaloïdes, phénols, tannins) ont été reporttés dans la littérature.
Utilisation de l’huile de neem dans la lutte contre les ennemis de cultures
Les produits à base d’azadrachtine sont essentiellement des poisons de l’estomac et présentent une toxicité de contact, quand ils sont appliqués à des doses plus élevées. L’huile de neem brute agit efficacement comme un poison de contact particulier contre les insectes et les acariens à corps mou47. Action systémique est possible dans le cas de l’application du sol ou de la tige d’injection48. Dans des conditions de laboratoire l’efficacité biologique et les modes d’action de phytochimiques du neem sont pour la plupart dépendant de la dose.
Effets de l’huile de neem sur les cellules de l’intestin moyen des larves prédatrices Ceraeochrysa claveri
Les effets de l’huile de neem ingérée sur les cellules de l’intestin moyen des larves prédatrices Ceraeochrysa claveri ont été analysés. C. claeri ont été nourris avec les œufs de Diatraea saccharalis traitée avec une huile de neem à une concentration de 0,5%, 1% et 2% pendant toute la durée des larves. La microscopie optique et électronique a montré des dommages graves sur les cellules colonnaires, qui ont eu de nombreuses protubérances cytoplasmiques, le regroupement des microvillosités rompus, les cellules gonflées, cellules rompues, la dilatation et la vésiculation du réticulum endoplasmique rugueux, développement de réticulum endoplasmique lisse, l’élargissement des espaces extracellulaires du labyrinthe basal, espaces intercellulaires et une nécrose. L’ingestion indirecte de l’huile de neem avec des proies peut entraîner des altérations graves montrant des effets cytotoxiques directs de l’huile de neem sur les cellules de l’intestin moyen des larves C. claveri.
Activité acaricide de l’huile et quatre de ses sous composés séparés par chromatographie sur colonne
Sarcoptes scabiei est l’un des ectoparasites vétérinaires les plus importantes chez les lapins et entraîne une perte considérable de poids, la productivité et la qualité de la fibre de laine. Les acaricides chimiques ont un effet significatif sur la maladie d’acariens; Cependant, les problèmes de résistance et la toxicité pour l’environnement sont également source de préoccupation. Les acaricides botaniques sont devenus des points focaux de la recherche en raison de leur innocuité pour l’environnement et de l’efficacité.
Extraction et fractionnement
L’huile de neem est extraite des graines avec de l’éther de pétrole. Le fractionnement est fait sur colonne de gel de silice G (100-200 mesh), l’éluant est constitué d’un mélange d’hexane et acétate d’éthyle (8 : 2 v/v). La chromatographie sur couche mince a permit de constituer quatre fractions F1 à F4.
Dosage in vitro de l’activité acaricide
L’extrait d’éther de pétrole et les quatre fractions (F1-F10) ont été dilués, selon la méthode établie par Fichi 51 avec de la paraffine liquide à 500 mL / L. Les larves d’acariens ont été placées dans de petites plaques de polystyrène (8,5 mm de diamètre et 0,3 mm de profondeur) avec 10 acariens par plaque. Les solutions de 10 µL de l’huile de neem non dilué, extrait à l’éther de pétrole le ou les fractions (F1-F4) sont directement ajoutées aux plaques de polystyrène. Les pyréthrines naturelles (500 mg / mL) ont été utilisés comme témoin positif et de la paraffine liquide en tant que témoin négatif. Toutes les plaques ont été placées dans une chambre humide à 75% d’humidité relative et à 25° C et ont été observées par microscope stéréoscopique toutes les 6 heures pendant 24 heures. Chaque plaque est observée pendant 5 minutes, et replacée dans la chambre d’essai.
Introduction générale |
