Mise en mouvement du jeu d’acteurs urbains

Mise en mouvement du jeu d’acteurs urbains

L’espace urbain de la Darsena définit comme notre territoire d’étude « est appréhendé comme un territoire vécu, un milieu où vivent des ensembles humains, un espace constitué d’une mosaïque d’organisations politiques et administratives » 9 . Autour de cette mosaïque d’organisations politiques gravite un véritable complexe multi-acteurs (au sens développé dans l’ouvrage d’Aide à la décision pour l’aménagement du territoire : « caractérisé par les interactions des groupes organisés sur un territoire donné »). Or, nous avons choisi d’étudier les dynamiques de ces groupes d’acteurs autour de la Darsena pour tenter de comprendre pourquoi et comment cet espace urbain est devenu un tel objet de débat milanais. D’après Claude Giraud, dans l’ouvrage « Concepts d’une sociologie de l’action, Introduction raisonnée »  pour l’étude des dynamiques d’acteurs « ce sont les actes qui intéressent : en saisir la portée et la conséquence » or, l’acte d’engagement dans l’action nous parait être l’un des plus forts.  Commençons par comprendre la construction de ce système d’acteurs en étudiant ce qui a mené les uns et les autres à l’action. 1. Un système d’acteurs construit en réponse à la situation et selon des motifs d’engagement propres  Pour comprendre les motivations amenant à devenir « acteur », que nous dit la théorie ? D’après l’ouvrage du Certu11, « les raisons du comportement des individus sont plus que multiples, elles sont infinies. Il est donc très difficile de comprendre les raisons des comportements. C’est pourtant le passage obligé pour rendre compte de l’action. » Cet ouvrage propose une approche à travers l’analyse stratégique, se focalisant sur l’acte de construction par les acteurs. La première phase de cette analyse est l’observation de la mise en action des acteurs. Pour Weber, cela revient à comprendre le sens que l’acteur donne à son action, par l’intention qu’il confère à ses actes, c’est-à-dire saisir les raisons subjectives de l’action. Or, pour comprendre les facteurs de mise en action la théorie nous indique de multiples indices. Certains auteurs parlent de « désirs » (ce vers quoi l’acteur aspire), d’autres de « besoins supposés de la nature humaine », d’autres encore de « préférences individuelles », ou d’ « enjeu », d’« intérêts », de « normes », ou de « valeurs ». Comment y voir clair ? Il semblerait que « de façon schématique, les motifs comportementaux de l’acteur (et/ou les incitations à agir) sont de deux ordres : l’intérêt et les valeurs » 10 , dans les deux cas, l’acteur est libre de ses choix et orienté vers la seule satisfaction de ses préférences. Seule différence d’après Elster (1989) « l’un est « tiré » par la perspective d’avantages à venir tandis que l’autre est « poussé » par des forces quasi inertielles… »D’après Giraud « l’intérêt est couplé à un usage de la raison (calculatrice/rationalité de l’acteur) mais aussi d’une orientation comportementale cohérente à ce qu’entrevoit un individu dans une situation donnée ». « La relation entre l’individu et l’organisation se nouerait selon un modèle d’équivalence du type contribution-rétribution. L’individu ou acteur attend des rétributions de l’organisation et ne s’impliquera dans sa contribution que si les rétributions le satisfont. »  Pour Weber, les motifs de comportement des individus seraient ainsi guidés par « une projection téléologique et d’un usage instrumental des ressources d’action ». Dans les faits, « s’il est vrai que l’individu prend en compte ses aspirations et ses projets, ses comportements sont liés aux opportunités que lui offre la situation d’action dans laquelle il est engagé. Il est donc indispensable de partir non des aspirations ou besoins mais des secondes, les opportunités » 12. En effet, l’acteur a rarement des objectifs clairs ni des projets cohérents, « son comportement est actif, rationnel mais sa rationalité se définit plus par rapport aux opportunités que lui offre l’organisation et aux comportements des autres acteurs que par rapport à des objectifs ou des projets cohérents. Il ne choisit jamais la solution optimale, mais il décide de façon séquentielle et choisit pour chaque problème qu’il a à résoudre la première solution qui correspond pour lui à un seuil minimal de satisfaction. Il peut être offensif, cherchant des opportunités pour améliorer sa situation, ou défensif, maintenant sa marge de liberté et sa capacité à agir. » .

Des relations délicates au sein d’un réseau d’acteurs dont la dynamique a été très individualiste

A. Des acteurs urbains multiples et en interactions Pour comprendre pourquoi et comment l’espace urbain de la Darsena est devenu un tel objet de débat milanais, nous avons choisi d’étudier les dynamiques d’acteurs. Or, même si nous ne pouvons pas à proprement parler d’organisation ou de système puisque l’ensemble de ces acteurs n’est pas un « construit » 19, nous nous référerons aux sociologies de l’action et des organisations pour aborder des notions telles que l’interdépendance, le pouvoir ou le conflit. L’acteur (désigné par certains géographes sous le terme de communauté ou de société locale) est l’élément de base du territoire « puisqu’en s’appropriant concrètement ou abstraitement un espace, l’acteur territorialise l’espace » Raffestin Claude. 20 . Il peut être une personne, un groupe d’individus, une organisation ou une institution, avec un ou plusieurs porte-parole. Pour observer le réseau d’acteurs gravitant autour de la Darsena, au sens de « complexe multiacteurs » définit précédemment, différentes méthodes sont proposées par la théorie ; dont notamment, les méthodes A4D et MACTOR qui sont respectivement présentées dans les ouvrages de l’ « Aide à la décision pour l‘aménagement du territoire » et dans l’exposé de Jean-Yves Bion sur « Les systèmes d’action collective organisés »  . Or, même si le but recherché par ces méthodes diffère du nôtre (puisqu’il ne s’agit pas d’évaluer les possibilités d’évolution des relations entre acteurs d’un territoire dans le but de construire une aide à la décision, mais d’étudier une opération effective autour de laquelle un débat informel s’est développé) ces deux méthodes ont des éléments, des étapes utiles pour notre étude, donc nous nous les réapproprierons en les adaptant à nos besoins. 

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