Optimisation des transferts de L1 à L2 dans les pratiques pédagogiques
La structure du verbe en français et en fulfulde
Dans les parlers fulfulde du Mali, l’infinitif du verbe est formellement marqué par la particule « de » jointe au radical. En général, la marque de la voix, indiquée par un suffixe,se situe entre la base verbale et la désinence de l’infinitif. Ainsi, la structure du verbe en fulfulde peut se présenter comme suit : Base verbale + Suffixe + Désinence ou Base verbale + Ø + Désinence Exemple 58 : mahude (construire) = mah (base verbale) + u (suffixe) + de (désinence) soodude (acheter) = sood (base verbale) + u (suffixe) + de (désinence) Le paradigme tempo-aspectuel de chaque verbe du fulfulde dépend de la voix du groupe auquel appartient le verbe donné. Ces groupes de voix sont au nombre de trois (3) : – Voix active : racine verbale (RV) + -u« Ø»-+ « de » suffixe de l’infinitif Exemple 59 : soodude (acheter) = sood (racine verbale) + u + de (suffixe de l’infinitif) helde (casser, briser) = hel (racine verbale) + Ø + de (suffixe de l’infinitif) – Voix moyenne : racine verbale (RV) + « aa» + « de » suffixe de l’infinitif 91 Exemple 60 : hiirtaade (dîner, manger le soir) = hiirt (racine verbale) + aa + de (suffixe de l’infinitif) – Voix passive : racine verbale (RV) + « ee» + « de » suffixe de l’infinitif Exemple 61 : neleede (être envoyé) = nel (pass. Racine verbale) + ee + de (suffixe de l’infinitif) naɓeede (être amené) = laɓ (pass. Racine verbale) + ee + de (suffixe de l’infinitif) A chaque groupe correspond un paradigme tempo-aspectuel. Le verbe fulfulde ne connaît pas de changement par personne. Contrairement en français où la conjugaison repose fondamentalement sur l’opposition temporelle, la conjugaison en fulfulde repose sur une opposition aspectuelle (accompli/inaccompli) dans laquelle la catégorie grammaticale du temps joue un rôle secondaire. Selon l’aspect et la voix des verbes en fulfulde, les suffixes de conjugaison sont les suivants : Passé général : Active : RV + u/i mi naɓ-u/i. J’ai amené. Moyenne : RV + ike mi imm-ike. Je me suis levé. Passive : RV + aama mi laɓ-aama. J’ai été rasé. Duratif non accompli Active : RV + a miɗo naɓ-a. J’emmène. Moyenne : RV + o miɗo imm-o. Je me lève. Passive : RV + e miɗo laɓ-e. 92 On me rase. Futur potentiel Active : RV + an mi naɓ-an. J’emmènerai. Moyenne : RƁ + oto mi imm-oto. Je me lèverai. Passive : RV + ete mi laɓ-ete. Je serai rasé. Parallèlement au système des formes affirmatives, il existe en fulfulde un système de forme négative qui conduit à la constitution d’une conjugaison négative spécifique, différemment exprimée dans chaque voix : Active : RV + aayi/aali mi naɓ-aali. Je n’ai pas emmené. RV + ataa mi naɓ-ataa. Je n’emmène pas. Moyenne : RV + aaki mi imm-aaki. Je ne me suis pas levé. RV + ataako mi imm-ataako. Je ne me lève pas. Passive : RV + aaka mi laɓ-aaka. Je n’ai pas été rasé. RV + ataake mi laɓ-ataake. On ne me rase pas. 93 Pour rapporter complètement l’action au passé, les suffixes aspectuels se combinent avec le morphème « -no/noo ». Exemple 62 : Active : mi naɓ-ii-no. J’avais emmené. Mi naɓ-aayi-no. Je n’avais pas emmené. Moyenne : mi imm-i-no-ke. Je m’étais levé. Mi imm-a-noo-ki. Je ne m’étais pas levé. Remarque Certes le suffixe aspectuel permet de distinguer suffisamment un temps d’un autre. Cependant, il est impossible de caractériser chaque temps sans une référence aux autres traits. Ces traits comprennent d’une part l’ensemble des pronoms-sujets, certains pronoms-objets, le radical du verbe, la place du verbe dans l’intonation de la phrase et le stop glottal final. En français, l’infinitif des verbes est marqué par des morphèmes qui permettent de les classer en trois groupes. Ainsi, les verbes du premier groupe se terminent par « er » et ceux du deuxième groupe se terminent par « ir ». Les verbes du troisième ont des terminaisons diverses : « re », « dre », « ir », « er », etc. Les verbes du français se conjuguent à des temps et à des modes variés.
La structure de l’adjectif qualificatif
La qualification est marquée dans les deux (2) langues par des mots appelés adjectifs qualificatifs. L’adjectif qualificatif est un mot que l’on juxtapose au nom pour exprimer la qualité de l’objet ou de l’être. En français, il est placé avant ou après le nom qu’il qualifie et avec lequel il s’accorde en genre et en nombre. Sa position peut avoir une incidence sur le 94 sens. En fulfulde, l’adjectif qualificatif s’accorde en classe nominale avec le nom qu’il qualifie. A cet effet, il intègre morphologiquement l’indice de classe du nom qu’il qualifie au radical. Il est toujours placé après le nom qu’il qualifie. Exemple 63 : nagge raneewe une vache blanche gorko oo yo nokko L’homme est étranger 4.2.5. La structure des pronoms Dans la proposition, le pronom joue le même rôle que le nom. Suivant le sens et certaines particularités grammaticales, on distingue plusieurs catégories de pronom : les pronoms personnels, les pronoms possessifs, les pronoms démonstratifs, les pronoms interrogatifs, les pronoms indéfinis et les pronoms relatifs. En fulfulde, les pronoms personnels se subdivisent en deux (2) grandes catégories : les pronoms personnels proprement dits qui remplacent les humains et les pronoms de classe remplaçant les non humains. Les pronoms possessifs sont des mots qui remplacent les noms en indiquant le possesseur de l’objet représenté par le nom. En fulfulde, ces pronoms sont des locutions pronominales formées par un pronom (personnel ou de classe) et un adjectif possessif. Exemple 64 : Mo am Le mien Ndi makko Le sien Ko men Le nôtre En fulfulde, les pronoms possessifs varient en fonction des classes des possédés et des possesseurs. Exemple 65 : Koyngal rawaandu ngal mayru Le pied du chien le sien Laaci ndakiire ki mayre La queue de l’âne la sienne Les pronoms démonstratifs sont des mots qui représentent le nom avec une nuance d’indication. En fulfulde, ils sont formés de l’indice de classe auquel peut être suffixée une partie locative qui indique le degré d’éloignement. Les particules locatives sont : ɗoo, too et gaa. Exemple 66 : Dewte annii : ɗee yo boɗeeje, ɗee too yo buneeje. Voici des livres : ceux-ci sont rouges, ceux-là sont gris. ɗee gaa ɲaamii, ɗee too ngaraayi. Ceux-ci ont mangé, ceux-là ne sont pas venus. Les pronoms interrogatifs servent à interroger sur la personne ou la chose qu’ils représentent. Ils s’emploient dans les questions directes ou indirectes. Sur le plan morphologique, le pronom interrogatif en fulfulde est composé de HO + IC (Indicateur de Classe).
INTRODUCTION |
