(Semestre 3) Economie du développement

Cours économie du développement, tutoriel et exercices corrigés de marketing.

Information et institutions

Dans la mesure où l’histoire de l’essor économique de l’Europe nous renseigne assez peu sur les difficultés actuelles des PVD, il est clair que l’on ne peut se dispenser d’une approche analytique de leurs problèmes économiques tels qu’ils se présentent aujourd’hui. La première remarque est qu’après un demi-siècle de décolonisation, le constant qui s’impose est, à l’exception de quelques pays d’Asie, un constat d’échec : l’indépendance politique n’a pas amené l’essor économique anticipé. L’analyse doit donc permettre d’identifier des facteurs de blocages assez généraux pour qu’ils puissent expliquer la persistance d’un fossé entre les pays de l’OCDE et la plupart des PVD, quelque diverse que fut leur situation initiale au moment de l’indépendance.
Un point de vue largement repandu actuellement dans la profession économique est, en gros, que les gouvernements peuvent finalement assez peu pour favoriser le développement économique et que le mieux est de laisser les marchés générer les incitatifs adéquats. Ces incitatifs se développeront d’eux-mêmes dans un environnement économique et politique stable et neutre dont les éléments principaux sont résumés dans le « consensus de Washington ».
Cependant, au cours des trente dernieres années, une littérature importante sur la microéconomie des marchés en présence d’information dissymétrique a montré que les « dé…ciences de marchés » ne se limitent pas aux traditionnelles externalités et rendements croissants. En présence d’information dissymétrique, des opportunités de transactions collectivement pro…tables peuvent être bloquées par des phénomenes dits de « sélection adverse » . Le mécanisme de base est très simple : en présence de qualité hétérogène, le prix de marché sert à la fois à assurer l’équilibre de l’o¤re et de la demande et à déterminer le niveau moyen de qualité des biens mis sur le marché. Lorsque ces deux fonctions entrent en con‡it, le marché peut s’écrouler. Considérons par exemple un marché rural du crédit, dans lequel les emprunteurs peuvent utiliser le prêt soit pour investir (bons emprunteurs) soit pour leur consommation courante (mauvais emprunteurs). Si le prêteur ne peut observer l’utilisation du prêt, la créance qu’il détient est risquée. Le taux d’intérêt qu’il fait payer doit donc couvrir ce risque, et doit donc être plus élevé que le taux qu’il ferait payer aux bons emprunteurs seulement. Mais ce taux d’intérêt élevé décourage les meilleurs emprunteurs, par exemple s’ils peuvent avoir accès à des sources de financement de proches pouvant observer l’utilisation des prêts. Sachant cela, le prêteur réalise que son « portefeuille» de débiteurs est en fait pire que la population d’emprunteurs potentiels,

QUELQUES QUESTIONS DE BASE

et que le taux d’intérêt doit donc rejéter un risque plus élevé. Mais un taux plus élevé chasse une couche supplémentaire de bons risques, et ainsi de suite.
Le marché peut ainsi se dégrader jusqu’au point où seuls les risques les pires empruntent à des taux qui sont alors necessairement usuraires. Dans quelle mesure les marchés de crédit ruraux d’un pays pauvre sont-ils plus sensibles que ceux d’un pays riche à ce type de problème ? Dune part, si l’on s’en tient a cet exemple, la proportion de crédits ruraux destinés à financer la consommation courante s’accroit avec celle de ménages à revenus proches du minimum de subsistence. D’autre part, les problèmes de sélection adverse s’estompent en interaction répétée. Dans des environnements politiques et économiques instables, le taux auquel le futur est escompté tend à monter, aggravant les problèmes informationnels. En…n, les collatéraux et les institutions aptes mitiger les problemes informationnels (tribunaux, intermédiaires commerciaux, etc…) tendent a etre absents ou faibles dans les pays les plus pauvres. On reviendra plus tard dans le cours sur les problemes informationnels de ce type, qui affectent particulierement les marchés ruraux et ceux du travail, du crédit et de l’assurance.

Externalités et rendements croissants

Dans un article récent, Krugman (1992) argumentait également en faveur d’une réévaluation de l’importance des déficiences de marché, mais dans un sens différent, mettant l’accent sur la concurrence imparfaite, les économies d’échelle et les indivisibilités. Les difficultés créées par les économies d’échelle pour les nouveaux entrants sont évidentes (voir l’explication dans le chapitre 5 de Ray (1998), pp 147-152), mais elles ne sont importantes qu’en présence de déficiences des marchés du crédit. En e¤et, quelque soient les barrières à l’entrée créées par les économies d’échelle, les marchés …financiers existent précisément pour les surmonter ; ce n’est que lorsqu’ils sont trop peu liquides ou handicapés par des problèmes informationnels suffisamment sévères qu’ils ne peuvent jouer leur rôle. On en revient donc aux problèmes de la section précédente.
Les problemes créés par l’existence de complémentarités sont plus subtils, en particulier lorsque l’interaction économique prend la forme d’un « jeu de coordination » avec la matrice de payo¤s suivante:
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