Traitement des troubles bipolaires 

Troubles bipolaires

Selon Bürli, Amstad, Schmucki et Schibli (2015), plus d’un quart de la population européenne (27 %) souffre d’une maladie psychique. Celle-ci englobe plusieurs pathologies: les troubles mentaux organiques, comme les démences, les troubles mentaux et du comportement liés à l’utilisation de substances psychoactives, la schizophrénie, les troubles de l’humeur, entre autres (Towsend, 2010). D’après l’Office fédéral de la statistique (OFS, 2014), la psychiatrie est le troisième domaine qui comporte le plus d’hospitalisations, après la chirurgie et la médecine. De plus, ce secteur représente celui où la durée d’hospitalisation est la plus longue. En effet, la moyenne d’hospitalisation en cliniques psychiatriques en 2013 était de 37 jours.

D’après Guelfi et Daria (2015), le trouble bipolaire est l’une des maladies psychiques les plus complexes et touche environ 2% de la population mondiale. Par contre, ce chiffre peut s’élever jusqu’à 6% en prenant en compte les personnes présentant des manifestations moins graves de la maladie. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) (2001, cité dans Guelfi & Caria, 2015) décrit ce trouble comme une des pathologies qui engendre le plus de coûts et de déficits.

Selon McKenzie et Chang (2015), le trouble bipolaire est une maladie mentale avec des fluctuations de l’humeur, allant de la dépression à la manie. La plupart des  personnes atteintes de ce trouble souffrent d’incapacités importantes causées par des symptômes sévères, pouvant aller jusqu’à la psychose. Les conséquences sont nombreuses, au niveau familial, professionnel, personnel et social. Selon l’American Psychiatric Association (APA, 2013), les personnes atteintes de ce trouble vivent également des épisodes euthymiques où leur humeur est stable et les symptômes sont minimes. [traduction libre] (p. 127). Il est important de préciser qu’une période où aucun symptôme n’est présent est une utopie selon Bourgeois, Gay, Henry et Masson (2014). Des déséquilibres physiologiques peuvent influencer négativement le fonctionnement global – perturbation de la réactivité émotionnelle, du sommeil ou des déficits cognitifs – même dans ces périodes d’euthymie.

Selon Hasler et al. (2011), les troubles bipolaires équivalent à une maladie psychique grave, chronique, ayant besoin d’un traitement à long terme afin de réduire des conséquences handicapantes pour la personne, influant ainsi sa qualité de vie. Ce concept est influencé par divers facteurs, comme la perception de l’adéquation entre ses valeurs et celles de la société et de la culture, l’état psychologique et physique ou les relations sociales (Bourgeois et al., 2014; Lahera et al., 2012). Ainsi, la qualité de vie d’une personne souffrant de troubles bipolaires est diminuée par sa dépendance médicamenteuse, la difficulté d’interactions sociales et de gestion de sa vie quotidienne, mais aussi par sa maladie psychiatrique et les conséquences physiques de ses traitements.

APA (2013) divise la maladie bipolaire en trouble bipolaire de type I, de type II, en trouble cyclothymique ou trouble bipolaire relatif à une substance. Le trouble bipolaire de type I ne peut être envisagé que lorsqu’il y a la présence d’un épisode maniaque, ayant été précédé soit par un épisode hypomaniaque soit par un épisode dépressif. Lors d’un épisode maniaque, différents symptômes peuvent être présents: augmentation de l’estime de soi, diminution du besoin de sommeil, logorrhée, fuite des idées, distraction accrue, augmentation des activités “directives”, comme le travail, les activités sociales ainsi que des activités ayant potentiellement des conséquences néfastes, augmentation des activités “non-directives”, comme l’agitation psychomotrice. La perturbation de l’humeur est suffisamment sévère pour nécessiter une hospitalisation afin de protéger la personne contre elle-même, ainsi que les autres. Cette altération thymique peut également causer l’apparition de symptômes psychotiques. Les personnes vivant cet épisode ne se rendent généralement pas comptent qu’elles sont malades. L’épisode hypomaniaque diffère de l’épisode maniaque car sa symptomatologie n’est pas assez sévère pour causer ces changements sociaux et occupationnels ou pour nécessiter une hospitalisation. [traduction libre] (pp. 123-129) .

Le diagnostic de trouble bipolaire de type II est posé lorsqu’il y a une alternance entre des épisodes hypomaniaques et des épisodes de dépression majeure. La dépression majeure se manifeste par une humeur déprimée presque constante, une diminution marquée de l’estime de soi, une anhédonie, une aboulie, de l’insomnie, une perte d’énergie, une perte d’appétit, une diminution de la concentration, des sentiments de culpabilité voire des pensées de mort. Ces symptômes engendrent une détérioration sociale importante, tout comme dans l’épisode maniaque. Ces derniers peuvent avoir d’importantes conséquences comme la perte de son emploi ou un sentiment de solitude. [traduction libre] (p. 132)

Le trouble cyclothymique se différencie par l’alternance rapide entre des épisodes de symptômes hypomaniaques et de symptômes dépressifs majeurs. La consommation de psychotropes augmente la probabilité de développer un des types de trouble bipolaire. Ce risque est situé entre 15% et 50%. [traduction libre] (p. 140)

Il existe des facteurs de risque liés aux troubles bipolaires, notamment d’ordre environnemental, génétique, physiologique et culturel. Les débuts peuvent se manifester dès la fin de l’adolescence, souvent à la suite d’un évènement stressant comme le divorce des parents, ou le décès d’un proche. Ces personnes sont plus susceptibles de présenter des comorbidités psychiatriques, comme les troubles paniques qui sont la principale pathologie accompagnant le trouble bipolaire, avec trois quarts des personnes qui en souffrent. Les femmes sont davantage susceptibles de traverser des épisodes dépressifs.

Les personnes suicidantes atteintes de ce trouble représentent environ 15% de la totalité des suicides. [traduction libre] (p. 130)

Traitement des troubles bipolaires 

Selon Vargas-Huicochea, Huicochea, Berlanga et Fresan (2014), le traitement des troubles bipolaires doit se faire en fonction du patient et de sa qualité de vie. Pour davantage d’efficacité, il faudrait une complémentarité d’interventions, en incluant la pharmacologie, ainsi que des approches psychosociales. Cela dit, plusieurs traitements devraient être exposés au patient afin qu’il puisse exercer son droit d’autodétermination.

Le traitement pharmacologique de prédilection pour la maladie bipolaire est le lithium qui est un stabilisateur de l’humeur. Il est utilisé pendant la phase euthymique du trouble et lors de la phase maniaque, pendant laquelle ses doses sont plus élevées. Bourgeois et al. (2014) relèvent ses multiples effets secondaires: tremblements, nausées, polyurie, polydipsie, acné. De plus, la marge thérapeutique très étroite demande des contrôles sanguins réguliers, ce qui est une contrainte supplémentaire. Les classes de neuroleptiques atypiques, ayant comme effet secondaire le syndrome extrapyramidal, sont utilisés lors d’épisode psychotique. En contrepartie, lors d’épisode dépressif, le patient peut se voir prescrire des tricycliques, des inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine ou encore des inhibiteurs de la monoamine oxydase (Townsend, 2010). Ces traitements médicamenteux ont également des effets indésirables, tels que la dépendance, la prise pondérale, des altérations des capacités cognitives, de l’anxiété, de l’insomnie ou de l’impuissance (Leclerc, Mansur et Brietzke, 2013). La totalité de ces effets a un impact sur le fonctionnement de la personne et sur son taux d’adhésion médicamenteuse.

Toutefois, d’après Vargas-Huicochea et al. (2014), la psychopharmacologie n’est pas le seul traitement du trouble bipolaire. Les personnes atteintes ont tendance à chercher des issues complémentaires aux médicaments afin d’atteindre une stabilité de la maladie. Selon Carbou, Gueudry, Legendre, Le Villain et Niel (2005), une prise en charge psychosociale en interdisciplinarité est essentielle pour que le patient reçoive du soutien dans la gestion de sa maladie et de ses symptômes. Les approches proposées sont notamment la psychanalyse, la psychothérapie d’inspiration analytique, la thérapie à médiation corporelle, l’art thérapie, la thérapie de soutien, la thérapie cognitivo-comportementale, la thérapie familiale, l’analyse transactionnelle ou l’hypnose.

D’après Depp, Moore, Patterson, Lebowitz et Jeste (2008), le travail sur les attitudes et les croyances face au traitement entrepris dans la thérapie cognitivo-comportementale réduirait le risque d’épisodes maniaques ou hypomaniaques en réduisant les comportements impulsifs. Cette approche favoriserait donc l’adhésion thérapeutique. La thérapie interpersonnelle et du rythme social consiste à améliorer la structure des activités de la vie quotidienne, y compris la prise régulière du traitement médicamenteux.

Table des matières

1. INTRODUCTION 
2. PROBLÉMATIQUE 
2.1. CONCEPTS
2.1.1. TROUBLES BIPOLAIRES
2.1.2. TRAITEMENT DES TROUBLES BIPOLAIRES
2.1.3. CHRONICITÉ
2.1.4. ADHÉSION THÉRAPEUTIQUE
2.1.5. ÉDUCATION THÉRAPEUTIQUE
2.2. CADRE THÉORIQUE
3. STRATÉGIES DE RECHERCHE DOCUMENTAIRE 
3.1. DESCRIPTEURS
3.2. RECHERCHE SUR LES BASES DE DONNÉES
3.3. CRITÈRES D’INCLUSION ET D’EXCLUSION
4. RÉSULTATS 
4.1. PRÉSENTATION DES RÉSULTATS
4.2. SYNTHÈSE DES RÉSULTATS
4.2.1. COMPORTEMENTS SPÉCIFIQUES, COGNITION ET SENTIMENTS
4.2.2. RÉSULTAT DU COMPORTEMENT
5. DISCUSSION 
6. CONCLUSION

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