VERS UNE INTEGRATION DE L’ART DANS LE PROJET URBAIN

VERS UNE INTEGRATION DE L’ART DANS LE PROJET URBAIN

Approfondissement de quelques notions Les thèmes de ce mémoire sont l’art urbain et le projet urbain. Il est donc primordial d’étudier et d’approfondir ces deux termes en s’appuyant sur le point de vue de différents auteurs.

L’Art urbain

L’art urbain a été défini dans de nombreux ouvrages par des artistes, des historiens de l’art, des urbanistes, des architectes et des élus. Cependant, il n’existe pas de véritable consensus sur une définition y compris au sein d’une même discipline. Plusieurs courants de pensées se distinguent parmi les artistes, ce qui entraine des définitions distinctes de l’art urbain.1 Les absolutistes se base sur une approche duale mais équivalente du matériel et du spirituel. Ils pensent que la généralisation de l’esthétique permettra d’abolir les coupures spatiales et les ruptures d’usage(Mondrian2 ). Selon Van Doesburg3 « il n’y plus de différence entre intérieur et extérieur. Nous avons réuni les deux. » 4 L’homme devient ainsi une partie d’un tout et heureux de vivre dans le lieu qu’il aura créé. Alors que les souverainistes refusent la préméditation rationnelle de l’espace et une quelconque révérence à l’existant (Dubuffet5 ). Ils sont opposés aux contraintes imposées par le contexte, et ne veulent pas que l’art puisse être lu comme l’affirmation d’un pouvoir politique ou des idéologies contestables. Pour R. Serra6 , « Il n’y a pas de sites neutres … Mais il y des sites où il est évident que l’art est subordonnée à/ […] /asservie à/nécessaire à/utile à. » et « Priver l’art de son inutilité, c’est lui faire perdre sa qualité d’art » 7 . Ils refusent de se voir imposer une œuvre par un commanditaire. Enfin, les autonomistes considèrent l’art comme une discipline à part entière. Il n’existerait pas peu ou pas de situation où l’art influencé par des règles extérieures aurait un effet positif. Pour eux, ce qui est utile ou qui répond à un besoin n’est pas de l’art. Il existe d’autres courants comme l’art hors sol qui édifie et ne côtoie que les grands hommes. L’esthétique de la tension, en opposition aux souverainistes, se base sur la relation à l’espace et l’urbain. Pour des artistes comme D. Buren8 , J. Kosuth9 , il est important que « le lieu fasse partie de l’œuvre » 10 . L’esthétique relationnelle s’appuie sur l’idée que l’art a une utilité sociale. Le dialogue et le travail en lien avec les gens permet de créer un lien social. Ce courant de pensée estime que l’on crée ainsi de la ville « par le lieu et par le lien » 11 (Marek12 , Wodiczko13). La légitimité des artistes pour intervenir dans l’espace public est remise en cause au sein de la profession. D. Buren estime que « peu d’artistes sont exercés pour participer à une réflexion en amont du projet.» 14 D’autres réaffirment le rôle de l’artiste dans la fabrication des villes : « L’art joue un rôle d’interaction avec l’action urbaine, c’est un instrument de mixité et d’aménagement. » 15Selon A. Peter, paysagiste spécialiste de l’insertion des tramways dans la ville. Ce dernier point de vue est partagé par certains urbanistes qui estiment que « Les artistes utilisent […] l’espace de la ville comme un lieu d’expression et de création. Ils y produisent de l’urbanité. »

Le projet urbain opérationnel

Cette partie abordera uniquement les projets urbains opérationnels qui ont pour but de réaliser une transformation physique de l’existant comme une construction, une réhabilitation ou encore une renaturation. Les projets opérationnels peuvent donner lieu à des procédures telles que les ZAC. Les projets stratégiques, qui visent à définir une stratégie pour les futurs projets opérationnels, ne seront pas traités car l’intervention d’un artiste dans le projet nécessite une intervention physique sur un espace. Les différentes phases du projet opérationnel schématisées ci-dessus sont simplifiées et théoriques. En effet, des allers-retours sont possibles entre deux étapes. De façon générale, le projet vise à transformer un état initial en un autre état. Le projet urbain doit répondre à plusieurs questions ou problèmes pour améliorer la situation d’un espace urbain. La dynamique d’un tel espace dépend de la dynamique dans le territoire mais aussi entre le territoire et les réseaux de plus grande échelle. C’est pourquoi, les conséquences d’un projet urbain peuvent être très variées (économiques, environnementales, sociales, …) et très étendues géographiquement. Le projet a donc de multiples dimensions qui nécessitent l’intervention d’acteurs variés (aménageurs, urbanistes, architectes, juristes, artistes,…). De plus en plus, il tend à se complexifier ce qui entraine des changements dans la façon de le concevoir : il nécessite simultanément « des postures théoriques et des procédures pratiques 22». Le projet se situe entre la recherche et l’action (aller-retour). Il est problématisé. Les cahiers des charges ne correspondent plus aux besoins du projet ; on s’oriente davantage vers une définition « d’intentions » et d’enjeux (fonctionnels, sociaux et sensibles) pour permettre au projet d’évoluer au cours de sa conception et de sa mise en œuvre. L’intervention de différents acteurs dans le projet urbain nécessite de définir clairement les différentes problématiques du projet de façon à ce que la dénotation et la connotation d’un objet soient les mêmes pour tous les acteurs. Comme la ville et la campagne sont de plus en plus imbriquées, de nouveaux territoires apparaissent entre ces deux entités. Ce sont des territoires de « l’entredeux » 23. Ces territoires intermédiaires peuvent se situer entre deux entités morphologiquement différentes. Ce sont souvent des territoires en friche, sans fonction, mais localisés. Le projet a pour but de leur attribuer une fonction et de les inscrire dans le temps, dans l’histoire. Cela sous-entend que la ville peut se diviser en trois catégories : « la ville permanente, la ville en mouvement et la ville émergente ; l’espace connu, l’espace vécu et l’espace sensible » 24. Le projet urbain s’articule donc en trois dimensions : « fonctionnalité », « socialité », « sensibilité ». Un aménagement urbain devient un moyen d’impulser les transformations des usages et la fonction du territoire. Chaque projet définit ses propres règles en fonction du contexte local. Le projet fait intervenir trois aspects : technique pour répondre à la fonctionnalité, social pour répondre à l’usage et sensible pour la perception. Un artiste a des compétences pour intervenir sur les dimensions d’usage et de perception du projet opérationnel. 

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