Viscoélasticité et récupération améliorée du pétrole

La production d’un gisement pétrolier comprend généralement plusieurs étapes. Après la récupération primaire (qui utilise la pression du gisement comme moteur de la production) et la récupération secondaire (qui utilise l’injection d’eau ou de gaz pour maintenir la pression dans le gisement), la récupération améliorée du pétrole ou récupération tertiaire comprend tous les différents procédés qui peuvent être employés pour modifier la mobilité et/ou la saturation des hydrocarbures dans le gisement. Ces procédés permettent d’extraire entre 5 et 20 % supplémentaires de l’huile en place dans le gisement, en plus des 30 % obtenus en moyenne après les étapes de récupérations conventionnelles.

Les procédés de récupération améliorée sont considérablement plus coûteux que les méthodes de récupération conventionnelle, mais avec le prix du brut avoisinant les 100 $/baril en 2011, beaucoup de procédés de récupération tertiaire peuvent être considérés comme rentables et le développement et l’optimisation de ces technologies sont jugés comme des investissements importants.

Après les opérations de récupération conventionnelle qui vont contribuer à récupérer l’huile « mobilisable » dans le réservoir, une certaine quantité d’huile résiduelle reste piégée dans la roche par des effets capillaires. Pour pouvoir déplacer ces hydrocarbures restants, il est nécessaire d’utiliser des procédés (et des fluides) pour contrecarrer ces effets ou les diminuer. Du fait des limitations en pression l’augmentation de la viscosité ou la vitesse d’injection pour accroître la récupération ne sont pas des solutions acceptables. Ce qui laisse le plus de marge de manœuvre est la réduction de la tension interfaciale avec l’injection de tensioactifs (surfactants), procédé qui reste relativement coûteux.

Une des autres méthodes de récupération assistée du pétrole (EOR) consiste à injecter dans les puits des solutions aqueuses de polymère comme le polyacrylamide ou le xanthane, pour améliorer le rapport de mobilité entre le fluide injecté et le pétrole qui reste dans le puits. Ce processus, connu sous le nom « polymer flooding » est communément caractérisé par la viscosité à faible gradient de vitesse du fluide injecté, bien que les solutions employées présentent une forte rhéofluidification et également des propriétés élastiques mises en évidence par l’apparition de contraintes normales. Avec l’adition des polymères la viscosité du fluide déplaçant augmente et la conséquence est une amélioration – par une augmentation des forces visqueuses -de la mobilité, effet que ne devrait pas modifier les conditions microscopiques de piégeage dans le gisement. La saturation d’huile résiduelle n’est donc pas affectée de façon appréciable dans le réservoir, mais la quantité de fluide injecté nécessaire pour déplacer l’huile mobilisable est plus faible. En théorie, il n’y a donc pas moyen de modifier la saturation d’huile résiduelle avec l’injection de polymère. Cependant, certaines observations expérimentales récentes, particulièrement des équipes du champ pétrolier de Daqing (Chine) (qui est un des seuls champs où l’injection de polymère a été réalisé à grande échelle depuis une vingtaine d’années), suggèrent que le caractère viscoélastique des solutions de polyacrylamide contribue à améliorer la mobilisation de l’huile piégée à l’échelle microscopique des pores et donc diminue la saturation résiduelle en huile.

Depuis 2000, plusieurs publications de cette équipe ont présenté des expériences de déplacement dans des micromodèles comparant fluide newtonien (glycérine) et fluide viscoélastique (polyacrylamide), des simulations mathématiques de l’écoulement dans des géométries de pore prenant en compte la viscosité, l’élasticité et le caractère rhéofluidifiant des solutions polymériques, ainsi que des analyses basées sur plusieurs années de production. L’ensemble des résultats, bien que souvent peu détaillés, suggère que l’efficacité de déplacement est plus importante pour des polymères viscoélastiques – par rapport à des fluides newtoniens – et augmente au fur et à mesure que l’élasticité augmente. Malheureusement, la complexité des écoulements présentés, ainsi que le peu de détails présentés ou l’analyse un peu confuse des résultats, rendent délicate l’identification et la modélisation des mécanismes physiques à l’œuvre en lien avec des propriétés rhéologiques bien décrites et contrôlées.

Table des matières

INTRODUCTION
CHAPITRE 1 : CONTEXTE ET ÉTAT DE L’ART
1.1 LA RÉCUPÉRATION AMÉLIORÉE DU PÉTROLE
1.1.1 ASPECT HISTORIQUE :
1.1.2 ASPECT TECHNIQUE
1.1.3 MÉCANISMES PHYSIQUES LIÉS À LA RÉCUPÉRATION TERTIAIRE
1.2 EOR CHIMIQUE, INJECTION DE POLYMÈRES (POLYMER FLOODING)
1.2.1 POLYMÈRES POUR LE POLYMER FLOODING
1.2.2 EFFICACITÉ DU POLYMER FLOODING
1.3 VISCOÉLASTICITÉ ET RÉCUPÉRATION AMÉLIORÉE DU PÉTROLE
1.3.1 EFFETS DE LA VISCOELASTICITE EN ECOULEMENT MONOPHASIQUE
1.3.2 EFFETS DE LA VISCOELASTICITE DANS UN ECOULEMENT DIPHASIQUE
1.3.3 ETAT DE L’ART
1.3.4 FORMULATION DU PROBLÈME
1.3.5 DÉMARCHE MÉTHODOLOGIQUE
CHAPITRE 2 : RHÉOLOGIE
2.1 RHÉOLOGIE. GÉNÉRALITÉS
2.1.1 TENSEUR DES CONTRAINTES
2.1.2 LE COMPORTEMENT NEWTONIEN
2.2 FLUIDES VISCOÉLASTIQUES :
2.2.1 VISCOÉLASTICITÉ LINÉAIRE :
2.2.2 VISCOÉLASTICITÉ NON LINÉAIRE (FORCES NORMALES) :
2.2.3 VISCOSITE ÉLONGATIONNELLE
CHAPITRE 3 : MATÉRIELS ET MÉTHODES
3.1 FORMULATION ET CARACTÉRISATION DES FLUIDES DE TRAVAIL :
3.1.1 FORMULATION
3.1.2 CARACTÉRISATION RHÉOLOGIQUE :
3.2 GÉOMÉTRIE D’EXPÉRIMENTATION
3.2.1 LA GÉOMÉTRIE DE HELE-SHAW
3.2.2 CONCEPTION DES GÉOMÉTRIES D’EXPÉRIMENTATION:
3.2.3 MISE EN ŒUVRE DE L’ÉCOULEMENT
3.2.4 DESCRIPTION D’UNE EXPÉRIENCE :
CHAPITRE 4 : RÉSULTATS EXPÉRIMENTAUX
4.1 ECOULEMENT DANS LA CELLULE PRINCIPALE
4.1.1 ETABLISSEMENT DE LA FORME DE L’INTERFACE
4.1.2 INFLUENCE DE LA VITESSE
4.1.3 IMPACT DE LA VISCOSITÉ DES FLUIDES
4.1.4 IMPACT DU CARACTÈRE VISCOÉLASTIQUE DU FLUIDE
4.1.5 IMPACT DE LA TENSION DE SURFACE
4.2 ECOULEMENT DANS D’AUTRES GÉOMÉTRIES
4.2.1 ECOULEMENT A TRAVERS UNE RESTRICTION
4.2.2 EXPÉRIENCES EN CANAL MICROSCOPIQUE (MICROFLUIDIQUE)
CHAPITRE 5 : ANALYSE ET DISCUSSION
5.1 ANALYSE PRÉLIMINAIRE
5.1.1 CALCUL DE LA DÉFORMATION D’UNE « LIGNE » DE FLUIDE
5.1.2 ANALYSE DE L’ÉPAISSEUR DU FILM À LA PAROI
5.1.3 QUANTIFICATION GLOBALE DE LA DÉFORMATION DE L’INTERFACE
5.2 DISCUSSION DE RESULTATS
5.2.1 ECOULEMENT EN CELLULE DE HELE-SHAW EN RÉGIME STATIONNAIRE
5.2.2 ECOULEMENT EN CELLULE DE HELE-SHAW EN RÉGIME TRANSITOIRE
5.2.3 ECOULEMENT EN CELLULE DE FLUIDES VISCOÉLASTIQUES
5.2.4 IMPACT DES CONTRAINTES NORMALES SUR LA DÉFORMATION DU PROFIL DE L’INTERFACE : GÉNÉRALISATION
5.2.5 COMPARAISON AVEC LES RÉSULTATS EXPÉRIMENTAUX
5.2.6 EFFETS ÉLONGATIONNELS
5.2.7 ECOULEMENTS À TRAVERS DES RESTRICTIONS
5.2.8 IMPLICATIONS POUR LES ÉCOULEMENTS DE FLUIDES VISCOÉLASTIQUES EN MILIEUX POREUX
CONCLUSION

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