Vue d’ensemble sur le Maroc et sur ses politiques de développement régional et d’éducation

Cadre théorique et préoccupations pratiques du développement local et régional

La philosophie du développement des territoires (national et infra national: régional et local) a évolué dans le temps. C’est pourquoi, il est nécessaire de saisir les grands courants nationaux, continentaux et mondiaux qui influent sur le devenir des régions, sur le développement régional et local. Après l’ institution de l’ Organisation des Nations Unies (ONU) à la suite de la Deuxième Guerre mondiale, et après l’ Indépendance politique des pays du Sud, les pays qui n’atteignent pas un certain niveau de croissance sont classés, notamment depuis la décennie 1960, comme des «pays sous-développés ou en voie de développement». La croissance économique est considérée nécessaire au décollage de ces pays. Plusieurs théories et modèles de développement so nt échafaudés.

Les grandes références traditionnelles sont d ‘ inspiration libérale et marxiste. Certaines théo ries sont influencées par l’économi e classique puis par l’économi e néo-cl ass iqu e; elles fo ndent le déve loppement principalement sur sa dimension économique. D’autres théories fond ent le déve lo ppement su r la dimension soci ale. Les pays sous-déve loppés ou en vo ie de déve loppement sont aidés par l’ extérieur (aide bilatérale des pays déve lo ppés, aide multilatérale, aide des ONG, etc.) afin d ‘avoir la poss ibilité d ‘ un développement surtout à l’ occidentale. Ils élaborent et mettent en oe uvre des politiques et programmes publics inspirés des théo ries et des modèles de développement écha faud és principalement par des théoriciens et des technocrates vivant dans les pays développés, loin des réalités géographiques, humaines et éco nomiques. Les problèmes de développement rés ultent, entre autres, de l’ ignorance des réalités de tel ou tel pays, et de telle ou telle région d ‘ un pays co nsidéré. En gé néral , la gestion du développement dans les pays en voie de développement est centrali sée. Dès la décenni e 1970, on s’aperçoit que la croissance éco nomique n’ est pas synonyme de développement. Dans les pays en vo ie de développement, la répartition des richesses par les élites est inéquitabl e.

Dans ces pays, des chercheurs (Mahdi AL MANDJRA en 1993) dénoncen t, entre autres, la respo nsab ilité des pays riches dans le sous-développement du Tiers-Monde. En outre, certai ns chercheurs (Mic hel BEAUD et Gilles DOSTALER en 1993, Wolfgang, Sachs, Gustavo et Esteva en 1996, Bernard BRET en 2006) et journalistes résidant dans les pays développés commencent à critiquer les modèles de développement adoptés par les pays en vo ie de développement, et dénoncent l’ attitude des pays développés qui s’ enrichisse nt en appauvri ssant les pays en vo ie de développement. Les pays du Sud sont dominés par ceux du No rd ; l’échange est inégal dans le cadre de la di vision internationale du trava il. Dans la déce nnie 1980, des interventions publiques sont inspirées d ‘ approches néo-class iques, notamment celles qui ont inspiré des politiques d ‘ajustement structurel. On parle de mal déve loppement dans la décennie 1980 et de non-développement dans la décennie 1990. On ass iste à un intérêt croissant pour trou ver des alternatives aux modèles de développement suivis.

Les théories et modèles de développement élaborés ont évo lué dans le temps. L’ approche de développement durable est de plus en plus utili sée depuis la décennie 1980. L’ impact de l’éducation sco laire et de la form ation profess ionne lle sur le déve loppement socio-économique est étudié principalement par l’ UNESCO Certains travaux de recherche so nt menés à l’ Institut de l’ UNESCO pour l’éducation. L’écriture et la lecture sont des outils intellectuels développant la capacité de réfléchir et de s’ exprimer. Dans une étude publiée en 1999, Amartya SEN relève que «l’ analphabétisme représente auss i un manque de liberté – no n seulement le manque de liberté de lire, mais auss i la suppress io n de to utes les autres libertés qui dépendent de la communication écrite» (p. 61). L’éducation sco laire est co nsidérée comme une solution pour une société plus égalitaire. Mais qu ell e éducatio n? Le rôle de l’ éd ucation sco laire et de la formation profess ionnelle dans le processus de déve loppeme nt est de plus en plus anal ysé en profondeur par certains chercheurs, chercheures et universitaires. Par ailleurs, le thème culture et développement est de plus en plus décortiqué. La dimension culturelle du développement est encore insuffisamment étudiée.

Situation de notre recherche dans le contexte mondial et sa pertinence

La pauvreté, la discrimination et l’oppression compromettent la sécurité huma ine. Dans les pays en vo ie de développement, la grande majorité des pauvres so nt des ruraux , et la pauvreté accab le plus les femmes qu e les hommes. Le probl ème de la pauvreté, notamment rurale, pose des défis. La réduction de la pauvreté dans ces pays est deve nu e une questi on mondiale. Dans le monde, la forme de discrimination fondée sur le sexe est accablante. La discrimination envers les filles commence très tôt. Le degré de discrimination sexuell e varie selon le pays et son niveau de développement. Les causes profondes de cette di scrimination ont des origines culturelles. Les conditions de vie de la femme rurale dans les pays en voie de développement varient selon le pays . En général , les disparités entre les sexes intensifient la pauvreté, et la perpétuent d ‘ une générati on à l’ autre. Dans les zones rurales des pays en vo ie de développement, les femmes trava ill ent un plus grand nombre d ‘ heures que les hommes. L’ amélioration de la co ndition të minine dans les zo nes rurales est une étape indispensable dans la lutte contre la pauvreté. L’ éducation est un facteur de bi en-être pour la personne bé néficiaire et de développement pour le pays. C’est un outil d’ intégration sociale, économique et politique. Elle fa vorise les valeurs démocratiques, le se ns politique, la tolérance et le respect de la perso nne humaine. Lorsqu’ un pays scolarise aussi bien ses filles, notamment des zo nes rurales, que ses garçons, l’état de santé s’ améliore, le taux de mortalité maternelle et infa ntile diminue, la productivité économique, les revenus de la population augmentent et la pa rticipation à la vie communautaire s’accroît. L’ éducati on confère des co mpétences de base aux till es, notamment aux fill es rurales. L’ alphabéti sation des fe mmes dans les zones rurales, est d’ une importance cruciale.

L’ UNESCO a la responsabilité statutaire et morale de l’avancement de l’ éducation dans le monde. Elle joue un rôle dans la po urs uite et le progrès de la lutte mondiale contre l’ analphabéti sme. Les bases de l’ action à suivre en matière d ‘ éducation des adultes, notamment de l’alphabétisation, sont jetées lors de la deuxième Confé rence internationale sur l’ éducati on des adultes de Mo ntréal ( 1960) et de la Co nférence de Tokyo (1972). La deuxième Co nférence internationale de Montréa l a reco nnu l’ alphabétisation comme la première étape d ‘ une actio n éd ucative de longue haleine pour les adultes. Depuis le Congrès mondial des ministres de l’Éducati on (Téhéran, 1965), une conception plus cohérente et équilibrée de l’ acti on à mener contre l’analphabétisme s’ est dégagée. Le symposium international pour l’alphabétisati on est organisé en septembre 1975 à Persépolis (Iran). Dans le cadre de so n programme de lu tte contre l’extrême pauvreté, l’UNESCO a lancé en 2007 un projet pilote intersectoriel : « Rompre le ce rcle vicieux de la pauvreté des femmes ». L’ une des co mposantes de ce projet est l’éducation. L’ intérêt mondial pour l’ alphabétisation s’ est affirmé dans le temps. C haque année, le 8 septembre, la communauté mondi ale célèbre la Journée internationale de l’ alphabétisation.

Lors de cette célébration, des prix internationaux sont remis aux institutions, organismes et personnes ayant mérité des récompenses pour leur co ntributi on efficace à la lutte co ntre ce fléau dans les pays en vOIe de déve lo ppement: l’ ana lphabétisme. À cette occasion, outre ces pri x, des mentions d ‘ honneur sont attribuées . Des rappo rts sur les progrès et les problèmes d ‘ alphabétisation sont élaborés en plusieurs lang ues. Par ailleurs, le droit à l’ éducation est réaffirmé à maintes reprises depuis que la Décl aration uni verse lle des Droits de l’ Homme es t proclamée en 1948. L ‘éducatio n est un dro it. Il faut ainsi garantir l’ égalité d ‘ accès à une éducation de qualité pour tous, filles et garço ns, femmes et hommes, avec des chances égales de pleinement développer leurs talents. Les récents instruments internationaux traitant l’éducation sont la Déclaration mo ndiale sur l’ éducatio n pour tous ( 1990), le Cadre d ‘ action de Dakar, les Obj ectifs de développement du milléna ire (deux obj ectifs), la Déce nnie des Nations Unies po ur l’ alphabéti sation 2003-201 2, la Décennie des Nations Uni es po ur l’ éducation en vue du développement durable (2005-2014), et le Document de l’ONU intitulé «un monde di gne des enfants». Le lancement de la Décennie des Nations unies pour l’a lphabéti sati on est le signe fo rt de l’ engagement renouvelé en faveur de l’ alphabéti satio n. L’ Initiati ve pour l’ a lpha béti sation est lancée en octobre 2005.

L’ amélio ration des co nditi ons de vie de la femme rurale, l’ égalité entre les fe mmes et les ho mmes, et la promotion de l’ éducati on de base des tilles et de l’ alpbabétisati on des femmes, notamment dans les zones rurales, so nt un enJ eu mo nd ial. La Co mmunauté internationale a pris d ‘ importants engagements en fave ur des dro its de la fe mme et de l’ égalité entre les sexes. Ces importants engagements so nt : i) la Convention internatio nale sur l’ é lim ination de toutes les fo rmes de di scrimination à l’ égard des fe mmes, ii ) le Programme de Be ijing, iii) les Obj ectifs de développement du mill énaire, iv) la Résolutio n 1305 du Co nse il de sécurité des Nations Unies concernant les femmes, la paix et la sécurité. Il est à signaler qu ‘ une fonction spécialisée dans le domaine de la violence fondée sur le genre et la désignation d ‘ unee ) rapporteur( e) est créée auprès du Secrétaire général des Nations Unies sur la violence à l’ égard des fill es et des femmes, et qu e divers Comi tés co mpétents sont institués. De son côté, l’ Orga nisatio n de coopération et de déve loppement économique (OCDE) a publié deux documents: i) le rôle de la coopérati on pour le développement à l’ aube du 21 e siècle, ii) les lignes directrices du CAO pour l’ égalité homme-femme et le renforcement du pouvoir des femme s dans le cadre de la coopération pour le développement. n ex iste l’UNIFEM, un fonds des Nations Unies administré par le PNUO, qui a pour vocation de promouvoir l’égalité des sexes et les droits des femmes. Il existe également quelques institutions internationales travaillant dans le domaine de l’ éd ucati on et de la formation des filles et des femmes. Le 8 mars chaque année , la Co mmunauté internationale célèbre la journée internationale de la femme. Le thème du Ca nada pour la Journée internationale de la femme et la Semaine internationale de la femme 2008 est «Desfemmes fortes font laforee du monde».

Table des matières

INTRODUCTION
CHAPITRE PREMIER – PROBLÉMATIQUE DE LA RECHERCHE
1-1 Démarche de recherche privilégiée
1-2 Délimitation du foyer de la recherche
1-3 Cadre théorique et préoccupations pratiques du développement local et régional
1-4 Situation de notre recherche dans le contexte mondial et sa pertinence
1-5 Objectifs de la recherche
CHAPITRE 2 – VUE D’ENSEMBLE SUR LE MAROC ET SUR SES POLITIQUES DE DÉVELOPPEMENT RÉGIONAL ET D’ÉDUCATION
2- 1 Vue d’ensemble sur le Maroc
2-2 Politique publique de développement local et régional
2-3 But principal et objectifs généraux de la politique publique générale d’éducation et de formation
2-4 Structure et organisation du système éducatif formel et non formel
2-5 Alphabétisation de masse des adultes au niveau national
3 CHAPITRE 3 – MÉTHODOLOGIE DE RECHERCHE ET CUEILLETTE DES DONNÉES
3-1 Recherche documentaire à Rabat en mai 200 7
3-2 Visites d’étude dans les administrations publiques et stages dans les assoc iati ons à AI Hoceilna
3-3 Visites d’étude aux locaux où sont donnés les cours d’alphabétisation dans les zones rurales de la province d’Al Hoceima de mai à octobre 2007
3-4 Tournées d ‘ étude dans les zones rurales de la Province d ‘A I Hoceima
3-5 Conditions dans lesquelles se sont faites les visites et les tournées d ‘étude dans les zones rurales de la province d ‘A I Hoceima
CHAPITRE 4 – PROBLÈMES DE DÉVELOPPEMENT LOCAL RURAL À ALHOCEIMA DU RIF: PROBLÈMES LIÉS À L’INSUFFISANCE DE L’ÉDUCATION ET À L’ANALPHABÉTISME DES FEMMES
4-1 Aperçu général
4-2 Femme rifaine rurale et développement dans la province d ‘ AI Hoceima
4-3 Actions en faveur de la femme rifaine rurale dans la province d ‘Al Hoceima
4-4 Appui public marocain, aide des ONG et aide extérieure au développement local rural dans la province d ‘Al Hoceima
4-5 Éducation dans la province d ‘A I Hoceima
CHAPITRE 5 – PRÉSENTATION DES RÉSULTATS DES OBSERVATIONS ET ENQUÊTES RÉALISÉES, ANALYSE ET INTERPRÉTATION DES DONNÉES
5- 1 Importance des réalisations sur le terrain
5-2 Observations participantes et directes et enquêtes réalisées portant sur l’éducation des fi Iles et l’alphabétisation des femmes rurales
5-3 Actio ns avant l’ alphabétisation
5-4 Pratiques d ‘ alphabétisation
5-5 Identité des populations face à l’éducation et à l’alphabétisation
5-6 Bienfaits de l’éducation: pratique de l’ alphabétisme
5-7 Analyse et interprétation de données issues des observations participantes et directes et des enquêtes réalisées dan s les zones rurales déterminées
CONCLUSION

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