CAPACITÉS VISUO-SPATIALES, APPRENTISSAGE ET REPRÉSENTATIONS EXTERNES

CAPACITÉS VISUO-SPATIALES, APPRENTISSAGE ET REPRÉSENTATIONS EXTERNES

Piaget admet une construction progressive des rapports spatiaux sur un plan perceptif ou sensori-moteur puis sur un plan représentatif ou intellectuel (Piaget & Inhelder, 1977). De ce point de vue, la perception de l’espace revêt un caractère acquis et non inné, elle se construit de manière progressive durant les trois périodes du développement sensori-moteur comptant deux stades chacun. La première période allant de la naissance à 4-5 mois comprend le stade des purs réflexes et celui de l’acquisition des premières habitudes. Suit une deuxième période, s’étalant de 4-5 mois à 1 an, avec le début de manipulation des objets et l’apparition des premières conduites intelligentes. Vient enfin une troisième période, se situant entre 1 et 2 ans, où se retrouvent le stade de l’expérimentation et celui des premières coordinations intériorisées. Durant la deuxième année du développement apparaissent les premières représentations et avec elles les capacités langagières. Cette phase marque le début de la construction de représentations spatiales, qui jusqu’après 7-8 ans se nourrit des structures perceptives construites. Ainsi, Piaget considère les capacités spatiales comme primordiales dans le développement cognitif de l’enfant. Selon le postulat de la théorie des intelligences multiples (Gardner, 1997), l’intelligence spatiale est comprise comme une forme d’intelligence, parmi six autres. Cette théorie distingue donc sept formes d’intelligence : linguistique, musicale, logico-mathématique, spatiale, kinesthésique, interpersonnelle et intra personnelle. D’après Gardner (1997, p. 184), l’intelligence spatiale relève des « capacités à percevoir correctement le monde visuel, à exécuter des transformations et des modifications sur ses perceptions initiales et à être en mesure de recréer des aspects d’une expérience visuelle, même en l’absence de stimuli physiques pertinents ».

Il convient de situer les capacités visuo-spatiales par rapport à l’ensemble des capacités cognitives pour en avoir une meilleure compréhension. Les capacités cognitives ou l’intelligence en d’autres termes, ont connu une évolution dans leur appréhension, elles ont d’abord été considérées comme unidimensionnelles par Spearman, avant que leur caractère multifactoriel ne soit postulé. De ce second point de vue se réclament le modèle des capacités La théorie des capacités cognitives de Cattell-Horn-Carroll (voir tableau A.2-1 à la page 250), née de l’intégration du modèle de l’intelligence fluide et de celle cristalisée Gf-Gc de Cattell-Horn avec le modèle hiérarchique à trois strates de Carroll, rencontre un niveau de consensus important et est largement convoquée dans de nombreux travaux récents (Alfonso, Flanagan, & Radwan, 2005 ; McGrew, 2005 ; Schneider & McGrew, 2012). Cette théorie postule l’existence d’une intelligence générale notée g, cette dernière est multidimensionnelle et composée de capacités cognitives larges ou d’un niveau intermédiaire. Une structuration en capacités générales, sensori-motrices et connaissances acquises, présentée à la figure A.2-1, page 252, en permet une lecture plus aisée (Schneider & McGrew, 2012). Les capacités de la strate moyenne explicitées dans le tableau A.2-1 agglomèrent des capacités plus fines. Celles visuo-spatiales auxquelles nous nous intéressons de manière plus précise se déclinent selon le modèle CHC en 11 capacités, explicitées à la page 253 dans le tableau A.2-2, avec la visualisation (visualization Vz) comme capacité visuo-spatiale principale.

Différentes catégorisations des facteurs qui composent ces capacités visuo-spatiales ont eu cours. McGee (1979) en distingue deux : la visualisation spatiale et l’orientation spatiale. Une déclinaison en relations spatiales, orientation spatiale et visualisation spatiale est issue de Lohman (1979), une autre en perception mentale, rotation mentale et visualisation spatiale est faite par Linn & Petersen (1985). Une assez large étude sur les facteurs, conduite par Carroll (1993), identifie cinq facteurs dans le domaine de la perception visuelle : la visualisation, les relations spatiales, la vitesse de fermeture, la flexibilité de fermeture, et la vitesse de perception. Une autre logique de classification, reposant sur la nature intrinsèque ou extrinsèque des caractéristiques des objets et du dynamisme des opérations qu’elles requièrent, conduit à une classification en capacités visuo-spatiales de nature : intrinsèques- statiques, intrinsèques-dynamiques, extrinsèques-statiques et extrinsèques-dynamiques Les définitions usitées sont également assez diverses. Ainsi les capacités visuo-spatiales renvoient de manière générale à l’aptitude à représenter, transformer, générer et rappeler de l’information symbolique non linguistique (Linn & Petersen, 1985). De façon spécifique, les capacités visuo-spatiales, dans leur dimension liée à la visualisation spatiale font référence à la faculté de générer, retenir et manipuler des images visuelles abstraites (Lohman, 1979), ou à la capacité de faire pivoter mentalement, de manipuler et de tordre des objets à deux et à trois dimensions (McGee, 1979). La dimension relative à l’orientation spatiale relève quant à elle de la capacité à imaginer la manière dont un stimulus se présenterait sous un autre angle de vue (Lohman, 1979), ou à l’appréhension de la disposition de différents éléments dans un ensemble, la capacité à distinguer les différentes orientations prises par les éléments d’une situation spatiale, et la capacité à s’orienter dans l’espace (McGee, 1979).

 

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