Caractéristiques socio-démographiques des femmes

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Cadre d’étude

Notre étude s’est déroulée dans la maternité du Centre de Santé Philippe Maguilen Senghor.
 Les locaux
La Maternité du Centre de santé Philipe Maguilen Senghor est composée de :
 une salle d’accueil des urgences ;
 une salle de travail dotée de six lits et une salle d’accouchement dotée de quatre tables ;
 trois salles de grossesses pathologiques avec un total de douze lits et de deux cabines individuelles ;
 un bloc chirurgical comprenant : deux salles où se font les urgences obstétricales et chirurgie gynécologique programmée (l’une des salles étant exclusivement réserve aux urgences) ;
 une salle de petite chirurgie et un espace de réanimation néonatologie ;
 une de suivi post-opératoire (sept lits) ;
 une unité de suites de couches de seize lits ;
 une unité de Néonatologie et de prématurités de dix berceaux et trois couveuses ;
 une salle dédiée à la prise en charge des nouveaux nés prématurés par méthode Kangourou avec trois lits ;
 une unité de consultations externes avec cinq salles : où se font les consultations pré et post-natales, les consultations pour nourrissons, les consultations gynécologiques et pré-anesthésiques et la planification familiale ;
 une salle de réunion.
 Les activités
Y sont menées, des activités de soins et de recherche : la recherche en santé de la reproduction a fait de l’objet de plusieurs mémoires de spécialisation et des thèses de doctorat en médecine.

Type et durée d’étude

Il s’agit d’une étude de cohorte rétrospective analytique sur une période de 4 ans : Janvier 2016 à Décembre 2019.

Echantillon d’étude

 Critères d’inclusion
Etaient incluses toutes les patientes admises au Centre de Santé Philipe Maguilen Senghor durant la période d’étude, chez qui le diagnostic de prééclampsie était posé.
 Critères de non inclusion
N’étaient pas incluses les patientes présentant une prééclampsie surajoutée, une hypertension artérielle chronique ou une hypertension artérielle gravidique.
 Critères d’exclusion
Les patientes dont l’âge gestationnel était déterminé par une échographie entre 11 et 13 SA 6 jours ou par une date des dernières règles étaient exclues.

Recueil et analyse des données

 Recueil des données
Les informations étaient extraites d’une base de données. Les données étaient enregistrées quotidiennement dans un logiciel filemaker nommé E_perinatal. Un contrôle qualité était fait au cours des staffs.
 Les données recueillies étaient les suivantes :
 Les paramètres socio-démographiques des patientes et liés à la grossesse : âge, parité, gestité, âge gestationnel, type de grossesse et la voie d’accouchement ;
 Les complications maternelles : sévérité de la prééclampsie ; HRP, HELLP syndrome, éclampsie;
 Les complications fœtales : RCIU et mort fœtale in utéro.
 Saisie et analyse des données
Les données étaient extraites de E_perinatal via le logiciel Excel. L’analyse des données était faite avec les logiciels SPSS version 20.0 et R Studio. Nous avions calculé les proportions pour les variables qualitatives et les paramètres de dispersion pour celles quantitatives. Nous avions comparé 2 groupes : celui de patientes dont la prééclampsie s’est déclarée précocement avant 34 SA et celui de femmes ayant été admises pour une prééclamspie à 34 SA ou plus. Les tests statistiques ont été réalisés selon la taille de l’échantillon et les variables étudiées. Le risque d’erreur alpha était fixé 0,05.
 Définitions opérationnelles
La prééclampsie est définie par l’association hypertension artérielle (pression artérielle systolique supérieure ou égale à 140mmHg et diastolique supérieure ou égale à 90mmHg) et une protéinurie significative à 300mg/24 ou 2 croix à la bandelette urinaire.
Prééclampsie tardive : elle survient à partir de 34 SA.
Prééclampsie précoce définie par une survenue avant 34 SA.
Nullipare : dans notre étude nous retenons comme nullipare les patientes admises pour leur 1er accouchement.

RESULTATS

Statistiques descriptives

Au total, sur la période d’étude, 2225 patientes correspondaient à l’échantillon d’étude.
Dans notre étude, l’âge moyen des femmes était de 28,4 avec des extrêmes de 15 et 50. La parité moyenne était de 1,5 (Tableau I).
Tableau I : Caractéristiques socio-démographiques des patientes.
Plus de 7 femmes sur 10 étaient âgées de moins de 35 ans (76,2%) dans notre échantillon. Les multipares prédominaient dans l’échantillon avec une prévalence de 55%.
Dans notre cohorte on notait 5,6% de grossesses multiples (Tableau II).
Tableau II : Données liées à la grossesse et aux caractéristiques socio-démographiques.

Statistiques analytiques

Facteurs associés à une prééclampsie tardive

Nous ne retrouvions pas d’association significative entre âge maternel et période de survenue d’une prééclampsie. Pour les patientes de 35 ans et moins, la prévalence de la prééclampsie tardive était de 78,9%. Cette prévalence était presque similaire dans le groupe des femmes de plus de 35 ans (p=0,05).
Nous retrouvions plus de prééclampsie tardive dans le groupe des nullipares avec 79,6% versus 77,5% pour les multipares. La différence était significative.
A contrario, nous retrouvions une association entre prééclampsie précoce et grossesse multiple. Le quart des prééclampsies survenait précocement au cours des grossesse multiples (25,6), alors que c’était le cas pour 1 grossesse singleton sur 5 (21,4%). La différence était significative (Tableau III).
Tableau III : Association entre période de la prééclampsie et caractéristiques maternels et de la grossesse.

Complications associées à une prééclampsie tardive

Dans notre échantillon, la prééclampsie était sévère pour plus de 8 femmes sur 10 si celle-ci se déclarait avant 34 SA. Au-delà de 34 SA une prééclampsie sévère était notée dans 65% des cas. La différence était statistiquement significative. Le taux de césarienne était moins élevé dans le groupe prééclampsie tardive : 62,9 versus 70,3% (p=0,000). Une crise d’éclampsie compliquait l’évolution de la grossesse chez 6,3% des femmes avec prééclampsie tardive et 8,5 de celles dont la pathologie s’est déclarée avant 34 SA. Les mêmes tendances étaient observées concernant le HELLP syndrome avec des prévalences moindres : 0,4 versus 1,7 (p=0,000).
L’hématome rétroplacentaire était plus fréquente en cas de prééclampsie précoce. En effet près de 40% des femmes avec une prééclampsie précoce se compliquaient d’un hématome rétroplacentaire contre 19,3 % en cas de prééclampsie tardive (p=0,000).
Par ailleurs le RCIU était plus observé dans les prééclampsies tardives. Cependant la mortinaissance était de 10‰ en cas de prééclampsie tardive. Dans le groupe prééclampsie précoce, elle était de 87‰ (Tableau IV).
Tableau IV : Complications associées à la prééclampsie tardive et celles précoce.

DISCUSSION

Caractéristiques socio-démographiques des femmes

L’âge moyen des patientes était de 28,4 et la parité moyenne de 1,5. Sène et al. retrouvent une parité moyenne plu élevée à 3 [33]. En général, la proportion de patientes nullipares est plus importante dans beaucoup d’études. C’est le cas pour les auteurs suivants :
– Samaké [34] 54,62% de nullipares ;
– Koual [35] 63,2% de nullipares ;
– Guerrier [36] 56% de nullipares.
Cette tendance s’explique par le fait que la nulliparité a été identifiée comme un facteur de risque de la prééclampsie sévère/éclampsie avec un OR de 2,5 (p=0,001).
Catov et al. lors d’une enquête de cohorte portant sur 70924 grossesses au Danemark estiment une incidence de 4,2% chez les nullipares contre 1,3 % chez les multipares [37]. Hernández-Díaz et al. [38] dans une étude sur 763795 grossesses en Suède, montrent que l’incidence diminue avec l’augmentation du nombre de grossesses. Elle est de 4,1 % au premier accouchement, de 1,1 % au second, 1,08 % au troisième et 0,96 % au quatrième accouchement.
Pour la plupart des chercheurs, la PE chez les nullipares est principalement le résultat d’une mauvaise adaptation du système immunitaire parental à la « greffe semi-allogénique » que représente la grossesse. Cette hypothèse explique pourquoi une nouvelle paternité chez les multipares peut également augmenter le risque de développer une PE [39,40]. La réduction du risque de prééclampsie lors d’une deuxième grossesse et des grossesses suivantes, lorsqu’elles impliquent le même partenaire, serait liée à une adaptation immunologique de la mère aux antigènes du père [38,40,41].

Prévalence de la prééclampsie tardive

D’après nos résultats, la prééclampsie tardive est plus fréquente (76,9%) que celle précoce. D’après les données de Sogoba et al., seules 37,8% des prééclampsies se déclarent avant 36 SA [42]. Abeke et al. [43] trouvent les mêmes résultats avec 34,6% de prééclampsie après 34SA et 15, 4 % avant 34SA.
Ces résultats sont contradictoires à ceux de Traoré et Goita et al. avec respectivement 66% [44] et 77% [45].
Dans tous les cas la prééclampsie tardive est fréquente et justifie un dépistage actif au 3ème trimestre. L’initiation des 8 contacts de suivi, au cours de la grossesse, par l’Organisation Mondiale de la Santé trouve ainsi un justificatif.

Facteurs de risque de préécampsie tardive

Nous ne retrouvons pas de lien entre âge maternel et prééclampsie tardive. Par contre d’après nos résultats, la nulliparité est associée à la survenue de prééclampsie tardive.
D’autres auteurs rapportent des conclusions similaires. La PE tardive serait une pathologie des nullipares. D’après Chaoui et Ragheb 70% des prééclampsies chez la nullipare sont tardives [12,46].
D’après nos résultats, la prééclampsie tardive est plus fréquente en cas de grossesse monofoetale : 78,6 versus 75, 3%. Phupong et al., en 2013 démontrent la relation entre grossesses multiples et les prééclampsies tardives [47].

Complications associées à la prééclampsie tardive

 Lien entre le mode d’accouchement et prééclampsie tardive La césarienne représente 70,3% avant 34 SA et 62, 9% après 34SA de la voie d’accouchement.
D’après, Iacobelli et al., en 2017 affirment que la prééclampsie précoce est associée à l’accouchement par césarienne [48]. Par contre, Phupong et al en 2012 affirment que la prééclampsie précoce et tardive sont tous les deux associées à la voie d’accouchement par césarienne. Les travaux de Bhadarka et al, en 2016 vont dans le même sens [49].
La césarienne bien que couramment réalisée est pourvoyeur d’une morbidité supérieure à la voie basse. Un taux plus faible de césarienne pour se justifier par des complications moindres en cas de prééclampsie tardive. Si tel est le cas, il serait donc important de promouvoir l’induction du travail afin d’obtenir des taux encore inférieurs.
 Lien entre complications maternelles et prééclampsie tardive D’après nos résultats, les patientes se compliquent plus fréquemment d’éclampsie ou de HELLP syndrome ou de prééclampsie sévère lorsque la pathologie se manifeste avant 34 SA. Les différences sont significatives. Selon Randrianarivony et al, 13,3% des patientes avec une pré-éclampsie précoce présentent des crises éclamptiques sans démontrer une association entre la pré-éclampsie précoce et l’éclampsie (OR= 0,5) [50]. Simsek et al rapportent un taux était élevé avec 20,9%. D’après certains auteurs, le bas niveau socio-économique et une grossesse mal suivie augmentent le risque de prééclampsie précoce et de crise d’éclampsie.
Dans notre étude, L’hématome rétroplacentaire survient plus à un terme inférieur à 34 SA (39,5%). D’après l’étude de Akpadza, et al., l’HRP est plus fréquent après 34SA (98,1%) [51].
Nous avons retrouvé une plus forte prévalence du HELLP syndrome avant 34 SA avec une différence significative. Nisrine. M et al retrouvent les mêmes résultats avec un âge moyen de 33, 6 SA [52].
L’on pourrait conclure que la prééclampsie tardive est moins pourvoyeur de complications paroxystiques. Il est donc possible après 34 SA, d’envisager une prise en charge conservatrice basée sur un monitoring materno-fœtal drastique et visant un accouchement au-delà de 37 SA tel que recommandé par l’International Society of Ultrasound in Obstetric and Gynecology (ISUOG). Cette prise en charge permet d’obtenir une maturité néphronique chez le fœtus.
 Lien entre complications fœtales et prééclampsie tardive
La mortinaissance est presque nulle en cas de prééclampsie tardive selon nos résultats.
Cette tendance justifie encore une surveillance jusqu’à 37 SA.

Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE
DEUXIEME PARTIE
1.1. Objectifs de l’étude
1.2. Cadre d’étude
1.3. Type et durée d’étude
1.4. Echantillon d’étude
1.5. Recueil et analyse des données
2.1. Statistiques descriptives
2.2. Statistiques analytiques
2.2.1. Facteurs associés à une prééclampsie tardive
2.2.2. Complications associées à une prééclampsie tardive
3. DISCUSSION
3.1. Caractéristiques socio-démographiques des femmes
3.2. Prévalence de la prééclampsie tardive
3.3. Facteurs de risque de préécampsie tardive
3.4. Complications associées à la prééclampsie tardive
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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