Comment l’industrie pharmaceutique accompagne le pharmacien pour garantir l’efficience hospitalière ?

Efficience hospitalière

L’efficience provenant de l’anglicisme « efficiency » désigne la capacité à parvenir à un maximum de résultats avec un minimum de ressources. Elle se distingue de l’efficacité, définie comme la capacité à obtenir le résultat souhaité quelles que soient les ressources mobilisées. Une action peut donc être efficace mais pas efficiente si elle utilise des moyens disproportionnés. L’efficacité et l’efficience sont deux leviers complémentaires pour atteindre la performance. Les innovations thérapeutiques permettent de produire des soins plus efficaces et idéalement moins chers. Leur mise à disposition engendre des enjeux d’accès et de financement avec la « générification » progressive des médicaments et la production de thérapies biologiques, moléculaires ou géniques aux coûts élevés.
L’amélioration de la survie qu’elles engendrent entraine une chronicisation des pathologies et des coûts associés.
Face à la chronicisation de ces dépenses, la seule manière de générer des économies est d’optimiser l’organisation des soins.
L’accès à ces innovations résulte d’une longue phase de recherche réalisée en collaboration entre industriels, hôpitaux et patients. Afin de les mettre à disposition rapidement aux patients, le système de soins doit mieux anticiper leur arrivée et faire évoluer les modalités d’évaluations. Pour l’hôpital, l’efficience repose sur la performance de l’organisation des soins médicotechniques tout en diminuant le recours aux soins et les récidives .
La structuration de l’offre de soins au sein d’un territoire permet de proposer au patient, une offre de soins graduée et répondant à ses besoins tout en optimisant les ressources hospitalières mobilisées.
La coopération entre les établissements de santé pour l’achats des produits de santé, pour l’optimisation logistique et la préparation de traitements génère des économies d’échelle et permet à certains établissements d’investir dans des équipements technologiques tels que des automates.

Développement de la pharmacie clinique

Afin d’améliorer la prise en charge du patient, le pharmacien et son équipe mènent des actions de promotion du bon usage des produits de santé, ils forment le personnel et informent les malades. Depuis 2016, la pharmacie clinique a été reconnue comme l’une des missions essentielles des pharmaciens hospitaliers . A ce titre, la conciliation médicamenteuse est une activité obligatoire depuis 2018 car elle permet d’éviter des catastrophes liées aux erreurs médicamenteuses (11% des erreurs évitées auraient eu des conséquences majeures pour les patients) .
La pharmacie clinique contribue à la pertinence et à l’efficience du recours aux produits de santé dispensés en adéquation avec les besoins du patient. La dispensation des produits de santé repose sur l’analyse de l’ordonnance, la préparation des doses à administrer et la mise à disposition d’informations et de conseils nécessaires au bon usage du médicament . L’analyse pharmaceutique de l’ordonnance s’inscrit dans une démarche d’expertise clinique. Partie intégrante de l’acte de dispensation, elle permet de vérifier les posologies, les rythmes d’administration, l’absence de contre-indications et d’interactions. Le pharmacien peut émettre un avis pharmaceutique sous forme de synthèse mettant en évidence une problématique liée au traitement. Cette action permet d’ajouter à la dispensation pharmaceutique, deux autres types
d’actes pharmaceutiques :
Le bilan de médication est une synthèse des interventions pharmaceutiques intégrant l’anamnèse clinique et pharmaceutique du patient. Il reprend les points critiques médicamenteux notamment l’automédication et les points critiques physiopathologiques (interactions, contre-indications,
posologies). Il repose sur la conciliation médicamenteuse qui vise à recueillir les informations au sujet des médicaments pris par le patient et sur les entretiens pharmaceutiques permettant d’évaluer l’adhésion du patient à son traitement. Afin de renforcer le lien avec le patient, l’équipe pharmaceutique utilise des outils pédagogiques tels que des jeux de cartes ou des jeux de rôles pour repérer et corriger des erreurs de suivi et de prises de leur traitement médicamenteux. Le plan pharmaceutique personnalisé consiste à réaliser le suivi du patient au travers d’une synthèse de préconisations pour éviter les situations à risque. Le pharmacien peut réaliser des actions d’éducation thérapeutique afin de garantir l’efficacité, la tolérance et l’adhésion médicamenteuse tout au long du parcours.

Comment le pharmacien contribue à l’efficience hospitalière ?

Face au vieillissement de la population, à la chronicisation d’un grand nombre de pathologies, les acteurs du système de santé doivent se réorganiser pour prendre en charge un nombre de patients grandissant. Afin de sécuriser le circuit des produits de santé et la prise en charge des patients, l’automatisation de certaines tâches pharmaceutiques permet de dégager du temps humain dédié à des tâches à plus forte valeur ajoutée. Face aux contraintes financières, les établissements de santé se regroupent pour créer des Groupements Hospitaliers de Territoire (GHT) leur permettant de mutualiser leurs ressources.
Dans un même temps, l’amélioration des connaissances médicales conduit au développement de Médicaments de Thérapies Innovantes (MTI) de plus en plus coûteux. Leur commercialisation nécessite des évaluations de plus en plus longues et complexes, non adaptées aux besoins médicaux. Depuis le 1er juillet 2021, une réforme permet de simplifier le dispositif pour garantir l’accès rapide aux médicaments présumés innovants pour le patient. Ces nouvelles thérapies imposent plus que jamais, une coordination des acteurs de santé pour la prise en charge du patient et de son parcours de soins ambulatoires ou à domicile

Sécurisation du circuit pharmaceutique des produits de santé

La réception des produits livrés et leur mise en stock constitue une étape importante car elle correspond à l’entrée en stock des produits livrés. Afin d’améliorer la traçabilité et la qualité du contrôle, les quantités de produits reçus sont saisies informatiquement.
L’échange de données informatisé (EDI) permet de réduire les coûts en automatisant un processus qui était jusque-là exécuté manuellement. Il réduit les temps et le nombre d’erreurs, il formate les données avant de les entrer dans le processus ou les applications métier. Les produits sont entrés en stock en fonction de leur aspect qualitatif, de leur poids, de leur volume et de leur taux de rotation. Une réflexion logistique conduit à gérer le stockage des articles selon leur date d’expiration : les produits ayant une date d’expiration la plus proche sont prélevées en premier, on parle du principe FEFO « First Expired, First Out ». Les emplacements de stockage sont identifiés par des étiquettes à Code-Barres afin de faciliter leur rangement. De plus, il existe des logiciels métiers permettant de géolocaliser les produits en stocks, facilitant leur distribution. L’utilisation de robots de stockage, interfacés aux logiciels métiers géolocalisant les produits en stocks, améliorent la gestion des commandes.
Le pharmacien hospitalier analyse la prescription médicale réalisée par un prescripteur (médecin, sage-femme ou infirmier), vérifie que la forme galénique, la voie d’administration et le dosage prescrit soient disponibles et adaptés au patient.
L’informatisation des prescriptions permet de produire un planning d’administration individualisé connecté aux différents logiciels métiers. Le vieillissement de la population, l’amélioration des méthodes diagnostiques et de traitements en cancérologie, entraînent une augmentation du nombre de patients atteints de cancer. Cette évolution, véritable défi pour le système de santé français, entraîne de nouvelles modalités de prise en charge des patients en Hôpital de Jour (HDJ) ou en hospitalisation à domicile (HAD). Ces modalités, encouragées par les autorités de santé, réduisent la durée de séjour à l’hôpital, offrant ainsi davantage de confort pour le patient.

Intervention pharmaceutique et éducation thérapeutique du patient

Le pharmacien est l’un des contributeurs majeurs à la prise en charge du patient. A ce titre, ses missions se sont élargies avec la loi HPST (Hôpital, Patients, Santé et Territoires) de 2009 . Expert reconnu des produits de santé, il participe : À la définition des protocoles de prise en charge en fonction des options pharmaco-thérapeutiques.
Au choix des thérapies en fonction de leurs modes d’administration, de leurs potentielles interactions ou de leurs effets indésirables. Au partage les bonnes pratiques d’utilisation des produits auprès des soignants.
À la résolution des problèmes liés à la disponibilité des produits (ruptures d’approvisionnement, contingentement…) en proposant des équivalents thérapeutiques.
Dans le cadre du développement de la pharmacie clinique, il mène des actions d’éducation pour la santé, de prévention, et d’accompagnement auprès des patients.  De plus, il participe aux actions de veille et de protection sanitaire transmises par les autorités de santé.
Les trois prestations dépendent de l’accès aux données du patient et de la complexité des cas à traiter :
La dispensation nécessite l’accès du pharmacien au Dossier Pharmaceutique (DP) pour analyser l’ordonnance et proposer les produits de santé disponibles. L’accès aux données du patient peut amener à la formulation d’interventions pharmaceutiques telles que l’adaptation des posologies, l’arrêt de certains médicaments ou la mise en place de nouveaux médicaments.
Le bilan de médication requiert la connaissance du contexte clinique et thérapeutique du patient tel que l’historique médicamenteux ou l’adhésion du patient. Il permet d’identifier d’éventuels problèmes et situations à risque dont les issues ne sont pas établies.
Le plan pharmaceutique personnalisé, quant à lui, est réalisé pour un patient ciblé, connu, pour lequel la situation thérapeutique est jugée à risque et non maîtrisée. Le pharmacien réalise alors un entretien pharmaceutique au cours duquel il recueille les données environnementales et psycho-sociales du patient (comportements de santé, volonté à se soigner, aidants…).

Table des matières

Introduction
Partie I : Quelles évolutions de l’écosystème hospitalier ? 
Le paysage hospitalier en France
1. Contexte et état des lieux
2. Dépenses liées aux soins
3. Régulations économiques
4. Mécanismes de financement
5. Efficience hospitalière
Rôle et Responsabilités du Pharmacien Hospitalier
1. Gestion du circuit logistique
2. Sécurisation du circuit clinique
3. Développement de la pharmacie clinique
Partie II : Comment le pharmacien contribue à l’efficience hospitalière ?
A) Garantir l’accès aux produits de santé innovants pour le patient
1. Gestion des essais cliniques
2. Inclusion des patients éligibles à un accès dérogatoire
B) Limiter les coûts de prise en charge grâce aux économies d’échelle
1. Coopération régionale via les Groupements Hospitaliers de Territoire
2. Mutualisation des achats hospitaliers
C) Assurer une prise en charge médicamenteuse sécurisée pour le patient
1. Sécurisation du circuit pharmaceutique des produits de santé
2. Authentification des unités sérialisées
3. Informatisation des données pharmaceutiques
D) Intervenir tout au long du parcours de soins
1. Anticipation de la prise en charge du patient
2. Intervention pharmaceutique et éducation thérapeutique du patient
3. Digitalisation des soins et du suivi pharmaceutique
Partie III : Comment l’industrie pharmaceutique accompagne le Pharmacien Hospitalier dans la transformation des pratiques ?
Rôle et Responsabilités des industries du médicament 
1. Le marché du médicament en France
2. Investissement en Recherche et Développement
3. Accompagnement des établissements de santé
Accompagnement du pharmacien dans la transformation de ses pratiques 
A) Commercialiser des produits innovants
1. Réalisation de la recherche et du développement des médicaments
2. Démonstration de la valeur clinique du produit pour sa mise à disposition .
B) Optimiser l’approvisionnement des produits
1. Elaboration d’une politique commerciale personnalisée
2. Accompagnement dans l’optimisation logistique
C) Sécuriser la production et améliorer la traçabilité des produits
1. Mise en place d’un système de management de la qualité
2. Sérialisation des médicaments produits
D) Optimiser le parcours de soins grâce aux outils digitaux
1. Accompagnement des établissements
2. Développement de solutions digitales
Conclusion
Bibliographie

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