De Bilbao à Saint-Jean-Pied-de-Portpréparatifs et évacuation

De Bilbao à Saint-Jean-Pied-de-Portpréparatifs et
évacuation

Les enfants d’Euzkadi Pour comprendre quelle population abrite la colonie de Saint-Jean-Piedde-Port, il est intéressant de connaître leurs caractéristiques : leurs origines géographiques, sociales, leur âge et leur nombre. Tout ceci aide à la compréhension des origines d’un tel exil mais aussi au déroulement de celui-ci. En effet, il nous faut voir si ces enfants ont des caractéristiques communes qui peuvent nous permettre de définir un profil type de l’enfant évacué. Leur origine sociale Lorsque l’idée de l’évacuation des enfants vers l’étranger a émergé, les partis politiques ont dans un premier temps décidé de répartir les places entre eux selon une proportionnelle basée sur les résultats des élections du 18 juillet 1936 dans le territoire encore sous le contrôle du gouvernement basque. Ils incluent dans cette proportionnelle les syndicats et les anarchistes. Ceci donne la répartition suivante : PNV/SOV 50%, PSOE/UGT 25%, Gauche Républicaine 12,5%, PCE 10% et FAI/CNT 2,51 . Cependant lorsque le mouvement s’est accéléré et que la situation est devenue urgente, ce plan a été mis de côté et tous ceux qui voulaient être évacués ont été acceptés. Les différents partis ne procèdent plus à la vérification de l’affiliation politique des parents. Donc, la manière de s’inscrire ne se fait plus seulement par le biais des partis politiques mais aussi dans les écoles directement. Sur l’origine sociale des enfants, il y a vraiment peu de choses à exploiter mis à part leurs propres témoignages car les renseignements dont nous disposons sont basés sur les listes des enfants qui ne contiennent que leur nom, prénom, âge et parfois la commune d’origine. Ils permettront tout de même de tirer des conclusions même si elles peuvent paraître approximatives. Tout d’abord il paraît évident que les enfants qui sont évacués ne sont pas ceux des familles les plus aisées et notamment des grands industriels qui eux ont mis leurs enfants à l’abri bien avant l’invasion de la Biscaye. D’ailleurs, beaucoup de ces familles possédaient des maisons en France et notamment dans les environs de Saint Jean de Luz. Il en est de même pour les responsables politiques les plus importants. D’autre part, il paraît logique que les sympathisants de la cause franquiste ne soient pas concernés par ces évacuations d’enfants car ils attendent l’arrivée des « libérateurs ». Mais ils peuvent toujours craindre les bombardements qui ne font pas de distinction politique et donc envoyer leurs enfants à l’étranger. De même les familles peu politisées peuvent décider de mettre leurs enfants à l’abri pour les mêmes raisons. Les parents de ces enfants sont des gens qui ont peut être des charges politiques ou qui sont engagés dans la lutte contre les fascistes, comme dans le cas de Jokin Etxebarria, troisième enfant d’une mère responsable locale du PNV et qui est âgé de 5 ans lors de son évacuation et, avec qui j’ai réalisé un entretien1 . Sa mère, craignant fortement l’arrivée des troupes franquistes, confie ses trois enfants au gouvernement basque pour les mettre à l’abri. Ce sont aussi des gens qui craignent les ravages de la guerre, des bombardements et qui veulent donc protéger leur progéniture. Mais ce sont surtout des gens des classes populaires qui n’ont pas les moyens de fuir ou de se mettre à l’abri et qui remettent leurs enfants aux autorités. 

L’âge des enfants

 Lorsque l’évacuation des enfants débute grâce à la marine anglaise, le gouvernement britannique a imposé que les enfants n’aient pas plus de 14 ans car il considère qu’au delà c’est une population qui est capable de participer à l’effort de guerre. Leur évacuation serait considérée comme une violation de leur neutralité dans le conflit2 . A partir des listes existantes, nous avons donc composé le graphique ci-dessous et on remarque clairement qu’il n’y a en effet que très peu d’enfants qui ont plus de 14 ans (seulement 4). Ces exceptions s’expliquent par le fait que le seul qui ait 18 ans vient du Sanatorium de Gorliz et est un cas vraiment à part1 . Les autres se sont embarqués en donnant de fausses identités. L’absence de papiers officiels et l’état d’urgence dans laquelle s’opère l’évacuation empêche de procéder à des vérifications à une aussi grande échelle2 . D’autre part on voit qu’il y a très peu d’enfants de moins de 5 ans alors que les Britanniques n’ont en aucun cas imposé un âge minimum pour être évacué. Cependant on conçoit facilement que les familles n’aient pas voulu envoyer les enfants en bas-âge qui ont encore besoin de leur mère. Mais tout de même il y en a un certain nombre et en observant la liste on remarque que dans la plupart des cas, ils sont accompagnés de frères ou sœurs3 . Certains parents ont donc pris la décision d’envoyer les plus petits en les confiant à leurs aînés. Il faut aussi noter que certains enfants sont orphelins et sont donc évacués d’office par le gouvernement basque.

Leurs origines géographiques

La provenance des enfants aussi permet de comprendre qui ils sont. L’analyse notamment de la liste rédigée le 13 août 1937 recensant 501 enfants1 apporte des éléments intéressants du fait qu’elle donne la commune d’origine de chacun d’entre eux. Dans un premier temps on constate que l’écrasante majorité des enfants sont originaires de Bilbao et de ses proches environs ce qui en soi n’a rien d’extraordinaire car les enfants qui s’étaient réfugiés dans la capitale biscaïenne avant la campagne de Biscaye avaient été déjà évacués. Il ne faut pas oublier que les enfants envoyés à St Jean Pied de Port sont parmi les derniers à être évacués. Donc l’évacuation se fait au fur et à mesure que les franquistes avancent et la priorité est donnée à ceux qui sont déjà en fuite.

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