Généralités sur les comptes écosystémiques

Généralités sur les comptes écosystémiques

Madagascar fait partie des pays pilotes engagés depuis 2011 dans le partenariat mondial pour la comptabilisation des richesses naturelles et la valorisation des services écosystémiques (WAVES, 2016). Toutefois, les comptes nationaux ne permettent pas d’observer en détail les emplacements des phénomènes observés sur les tableaux des comptes. Aussi, disposer de comptes environnementaux nationaux pour mieux gérer l’environnement n’est pas toujours possible d’une part, et d’autre part, les comptes présentent aussi un certain nombre de limites dont la perte du caractère spatial des données. Il est néanmoins possible d’utiliser les comptes du capital naturel à une échelle plus réduite. D’ailleurs, plus la zone d’étude est petite, plus il est facile d’identifier les éléments de l’environnement qui présentent des problèmes de gestion ou des anomalies dans leurs évolutions. Ainsi, on propose d’établir les comptes biophysiques du capital naturel à l’échelle des régions administratives, des écorégions ou des aires protégées.

L’objectif des comptes du capital naturel est de mesurer les ressources de l’écosystème, l’intensité réelle de l’utilisation de ces ressources par rapport à cette accessibilité et le changement dans la capacité des écosystèmes à fournir leurs services au fil du temps (Desaulty, 2014). De manière générale, les services écosystémiques réfèrent aux bénéfices que soutirent les sociétés humaines de la nature.

Contrairement aux flux monétaires qui sont évalués en unité monétaire, les flux physiques sont généralement mesurés dans différentes unités en fonction des matières (Weber, 2013). Les comptes physiques classiques utilisent des unités de base telles que tonne, joule, m3 ou ha. Ces unités ne peuvent pas être agrégées et les possibilités de conversions de l’une vers l’autre sont limitées. Dans les comptes du capital-écosystème, ces mesures sont combinées pour créer une unité spéciale appelée ECU pour « Ecosystem Capability Unit » ou Unité de Capabilité écosystémique (Weber, 2013). Le prix d’une unité physique (par exemple 1 tonne de biomasses) mesuré en ECU exprime en même temps l’intensité de l’utilisation de la ressource en termes de rendement maximal soutenable et les impacts directs et indirects sur l’état des écosystèmes (par exemple la contamination ou la perte de biodiversité) (Weber, 2013). La dégradation ou l’amélioration du capital écosystème est retranscrite dans le bilan écologique comme des dettes contractées par celui qui dégrade et inversement des crédits écologiques créés par celui qui améliore l’écosystème.

Le compte de la couverture des terres

Le compte de la couverture des terres vise à décrire les changements intervenus entre deux dates sur l’occupation et l’utilisation des terres. Ces changements, causés tant par l’activité humaine que par des phénomènes naturels peuvent avoir des implications sur la capacité des écosystèmes à fournir des services. Le compte de la couverture des terres décrit ces changements et aide à la compréhension de leurs implications (Desaulty, 2014). L’occupation des sols se réfère aux caractéristiques biophysiques de la surface de la Terre et peut être détectée directement à partir de photos aériennes ou d’images satellites. Pour les comptes d’occupation des terres, le principal objectif est de fournir une information statistique simple, homogène et renfermant une dimension spatiale de l’occupation des terres en termes de stock et de surface disponible. Étant donné que tous les comptes écosystémiques sont liés à l’occupation des terres, la carte d’occupation des terres jouera un rôle très important dans la structuration du système d’information tout entier.

Le compte d’occupation du sol donne une image des processus qui se déroulent à la surface de la Terre (Weber, 2014), qu’il s’agisse de formation ou de disparition des différentes couvertures de terre. Pour mesurer ces processus, il est essentiel de pouvoir évaluer les changements. Ces changements donnent une description des processus importants comme le développement urbain, l’extension de l’agriculture ou les changements du couvert arboré. La meilleure approche pour entamer le suivi est la détection de changement de l’occupation du sol. La détection de changement, en télédétection, est un processus permettant d’identifier les différences d’états d’un objet ou d’un phénomène à partir d’une série d’observations à différentes dates (Jensen, 2004).

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Le compte du carbone écosystémique

L’objectif du compte « biocarbone » est d’estimer les stocks de carbone dans les différents écosystèmes, la végétation et le sol (Desaulty, 2014). Il enregistre également la biomasse d’origine animale comme les poissons et les animaux d’élevage. Ce compte décrit ensuite la capacité de chaque écosystème à produire de la biomasse à partir de la productionprimaire, via la photosynthèse qui transforme l’énergie solaire en biomasse (Weber, 2014). Le biocarbone ainsi extrait entre dans le système économique. Un bilan de tous ces flux est calculé : c’est le Solde net de biocarbone. Cet élément correspond à la mesure de la séquestration du carbone du GIEC (Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat), appelé « piégeage net du carbone » (Desaulty, 2014).

La structuration du compte du carbone, selon la CECN, part d’un bilan de base du carbone écosystémique (apport total et accumulation nette), ensuite elle traite de la ressource accessible (excédent net de carbone), de l’utilisation totale de biocarbone et se conclut par le tableau des indices d’intensité d’utilisation et d’état de santé de l’écosystème (Weber, 2014). Les comptes du biocarbone fournissent les bases pour plusieurs indicateurs relatifs aux réservoirs de carbone : stocks de carbone des forêts et des sols, séquestration, combustion de biomasse et perte due aux changements de couverture des terres.

La croissance naturelle du stock de bio carbone en surface entre deux dates concerne principalement les arbres, les stocks in situ de l’agriculture pouvant être estimés comme nuls ou stables (herbe). Pour le sol, la plupart des pertes de carbone résultent de l’étanchéité du sol, par les constructions et les infrastructures (Desaulty, 2014).

Table des matières

I. Introduction
II. Généralités sur les comptes écosystémiques
II.1. Le compte de la couverture des terres
II.2. Le compte du carbone écosystémique
II.3. Le compte de la ressource en eau écosystémique
II.4. Le compte des services fonctionnels de l’infrastructure écosystémique
II.5. Le compte de la capabilité écosystémique du capital naturel
III. Matériels et Méthodes
III.1. Milieu d’étude
III.2. Données utilisées
III.3. Compte de couverture des terres
III.3.1. Le traitement d’image
III.3.2. La détection de changement
III.3.3. La nomenclature utilisée
III.3.4. Les stocks et flux
III.4. Compte de la ressource en eau écosystémique
III.4.1. Bilan de base de la ressource en eau écosystémique
III.4.2. Compte de la ressource en eau écosystémique accessible
III.4.3. Compte de l’utilisation totale de l’eau
III.4.4. Indices d’intensité d’utilisation et de santé écosystémique
III.4.5. Méthode d’établissement des comptes de l’eau
IV. Résultats
IV.1. Compte d’occupation des terres
IV.2. Comptes de la ressource en eau écosystémique
IV.2.1. Bilan de base de la ressource en eau écosystémique
IV.2.2. Compte de la ressource en eau écosystémique accessible
IV.2.3. Compte de l’utilisation totale de l’eau
IV.2.4. Indices d’intensité d’utilisation et de santé écosystémique
V. Discussion
Conclusion
Références bibliographiques
Annexes

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