IMPACTS DE L’EXTENSION DES TANNES

Caractéristiques morphologiques des tannes 

La topographie 

Généralement la surface est plane avec une inclinaison mineure que certains auteurs minimisent dans leur définition. Bien que faible cette inclinaison joue un double rôle important : elle commande le degré de submersion et participe au processus de dessalement par les apports pluviométriques. 

La pédogenèse 

Point de rencontre du monde végétal, animal et minéral, le sol est la base d’un cycle de vie sur notre planète. C’est un système dynamique qui nait (sol jeune), évolue (sol mûr) et meurt (sol dégradé. La pédogénèse est selon Jean Tricart sous la dépendance de la morphogénèse. En effet, les sols résultent de la modification superficielle de la lithosphère sous l’effet des êtres vivants (plantes, animaux) mais aussi dépendant de l’évolution des facteurs climatiques du milieu. Ainsi dans le domaine des tannes caractérisé par une surface topographique plane laissant accueillir l’intrusion marine, les sols ne peuvent devenir que des sols salés. Cependant en fonction du degré de submersion et de la composition du sol, nous pouvons distinguer des sols sulfatés et des sols sulfatés acides. 

 Les sols sulfatés 

Un sol est dit salé si sa conductivité électrique à 25°C sur un extrait au 1/5 est de 1mmhos/cm et si les sels sont localisés à moins de 150cm de profondeur. Par simple observation nous constatons qu’ils occupent la grande partie des tannes des localités. La présence du sel dans ces sols s’explique par l’intrusion de de l’eau de mer mais également de la salinité des nappes qui par capillarité remonte en surface formant une structure poudreuse comme le nomme M D Thiam (1986). Dans ce type de sol il n’y a pas d’oxydation du sel ce qui fait qu’il est plus facile à récupérer que le sol sulfaté acide. 

 Les sols sulfatés acides 

Les sols sulfatés acides ont été décrits et étudiés pour la première fois dans les régions tempérées et plus particulièrement en Hollande par Van Bemmelen (1886) qui dès cette époque avait signalé que l’acidification des sols était due à l’oxydation des sulfures de fer avec libération d’acide sulfurique. Par contre au Sénégal, les études pédologiques menées sur ce type de sol sont récentes et ont été commencées vers 1945 avec J Vieillefon (1968) qui est le premier à parler dans cette zone de sols sulfatés acides et à cartographier les sols des mangroves de la Basse Casamance en étudiant sur une séquence particulière le rôle du souffre et ses composés dans la pédogénèse de ces sols. Ce sont des sols à dominante de souffre, qui se présent sous forme de sulfure de fer pyrite. Selon Marius (1998), c’est l’oxydation de cette pyrite qui est à l’origine de l’acidification de ces sols et le principal produit de l’oxydation étant le jarosite, sulfate basique de fer et de potassium de formule KFe (SO4)2 (0H) 6. Dans les villages, ces sols sont localisés à Ndagane Diéne et Thiangane à cause de la densité du réseau hydrographique. Selon Marius (1998), ces sols présentent trois caractéristiques principales que sont : la présence de tâche de jarosite, la consistance et le potentiel d’hydrogène (pH)  Les taches de jarosites : elles sont caractérisées par une couleur jaune, souvent localisées dans un horizon de couleur purée marron  La consistance : c’est une donnée physique essentielle pour caractériser les sols sulfatés acides. Elle a été définie par un indice n lié à la teneur de l’eau, à la texture et la matière organique selon la formule A ; teneur en eau du sol sec en % L ; teneur en argile de sol séché à l’air H ; teneur en matière organique Z ; 100 –L–H Plus n est élevé, moins le sel est développé (ou maturé). L’appréciation de la consistance permet de déterminer sur le terrain le degré de développement physique d’un sol. 40 Le potentiel d’hydrogène Il est le principal caractère chimique qui sert à définir ces sols. En effet, il est mesuré sur place (in situ) et est généralement voisin de neutralité ou légèrement acide entre 6 et 7. Mesuré sur échantillon séché à l’air, il peut s’abaisser à des valeurs inférieures à 4 ou 3,5. L’acidité développé lors du séchage des échantillons est appelée acide potentielle et correspond à la différence entre le pH mesuré sur place et le pH sec (Marius C 1998). 

La présence des formations végétales

 Elles sont conditionnées par certains facteurs dynamiques. Il s’agit de la composition chimique du sol, des apports d’eau douce du pendage de la surface des tannes.

 Les tannes nus

 Ils sont localisés à proximité du lit mineur du bras de mer et caractérisés par une certaine salinité qui ne favorise pas la mise en place d’espèces végétales. Ces surfaces dénudées accueillant des croûtes de sel. Ils sont souvent inondés en fonction des saisons et exposés face aux effets érosifs.

Les tannes herbacés 

Ils sont plus proches du continent que les tannes nus et apparaissent dans des endroits où la surface du sol est moins salée. Généralement ce sont les zones où le lessivage a gagné du terrain. Ce lessivage est assuré par les apports d’eaux douces facilitées par une pente bien que faibles. Ils sont colonisés par des espèces halotolérantes. Ils servent généralement de parcours pour le bétail du moins c’est ce que soutiennent 66,2% des enquêtés.