LA CAPACITE D’ADAPTATIONAU CHANGEMENT CLIMATIQUE

LA CAPACITE D’ADAPTATIONAU CHANGEMENT CLIMATIQUE

Ce chapitre a pour objectif de justifier et de présenter le cadre analytique dont l’auteur va se servir dans la deuxième partie du mémoire. Le cadre en question doit permettre de sonder la capacité d’adaptation de l’industrie de l’hébergement.Le chapitre commence par définir les différentes traditions de recherche concernant l’adaptation au changement climatique afin de situer clairement le positionnement de la recherche effectué dans ce mémoire. Il s’attèlera ensuite à l’explication du concept de capacité d’adaptation. Le chapitre se termine sur la présentation du cadre analytique qui permet de sonder cette dernière.

Les types de recherche consacrés à l’adaptation

L’adaptation conçue comme justification de la mitigation L’évaluation des impacts potentiels du changement climatique, en termes de coûts financiers pour les acteurs sociaux ou individuels, est l’un des buts les plus communément répertoriés dans cette première catégorie de recherche. L’adaptation y joue le rôle d’ « amortisseur » visà-vis de ces impacts potentiels (Fankhauser, 1998)35. La modélisation des impacts économiques futurs des changements climatiques tient alors un rôle primordial dans ce type de recherche. Dans ce type d’études, l’adaptation est vue à partir d’un angle purement spéculatif. Aucune question n’est ainsi posée sur les acteurs, compétence, moyen et statut, qui sont chargés de mettre en œuvre l’adaptation, aucune interrogation sur les différents contextes qui en contraignent ou favorisent la mise en place, l’acceptabilité sociale ou culturelle. L’hypothèse sous-jacente à la base des modélisations qui sont effectuées est celle d’un monde futur où les ressources continuent d’être disponibles en abondance, mais pas de façon illimitée, et où les acteurs sociaux sont principalement guidés par la réduction des pertes économiques. A noter enfin que dans ce type de recherche, l’adaptation est tacitement conceptualisée comme visant quasi-exclusivement la résilience des structures et des fonctions existantes. A noter que le but des modélisations effectuées dans cette catégorie de recherche n’est pas de favoriser l’accélération de la mise en place de mesures d’adaptation, mais d’encourager les pays à avoir plus de zèle dans l’instauration de mesures de mitigation. Dans certains scénarios futurs, le changement climatique entraine des pertes tellement élevées que l’adaptation en  devient inefficace et inefficient, voire inutile. En étant prévenu clairement à travers les modélisations que certaines conséquences du changement climatique seront tellement élevées d’un point de vue économique qu’aucune mesure d’adaptation ne pourra plus les « amortir » raisonnablement, c’est-à-dire en tenant compte des ressources technologiques et financières limitées, les Etats sont incités à diminuer le plus possible et le plus rapidement possible leurs émissions de gaz à effet de serre.

L’adaptation comme recherche d’optimalité économique

Ce type de recherche se focalise quant à lui beaucoup plus sur les mesures et les options d’adaptation spécifiques. Le but de ce type d’études est de comparer les mérites relatifs de chaque mesure d’adaptation identifiée pour découvrir celle qui est optimale, c’est-à-dire celle mobilisant le minimum de ressources tout en promettant les résultats les plus élevés. La recherche d’un maximum d’efficacité incite à voir alors le processus d’adaptation comme une recherche de hiérarchisation des mesures, et donc ayant une visée de classification. Les mesures d’adaptation sont évaluées en fonction de méthodes telles que l’analyse coûtbénéfice, l’analyse d’efficacité de coûts, ou encore des analyses multicritères. Les variables les plus utilisées sont alors le bénéfice, le coût, la faisabilité, l’efficacité, l’acceptabilité, l’équité, et l’efficience (Feenstra et al., 1998)36. Les mesures ainsi sélectionnées sont censées refléter le processus de sélection des adaptations dans le monde réel. Toutefois, rarement dans le monde réel, les adaptations sont sélectionnées en fonction de variables telles que l’acceptabilité, l’équité ou l’efficience. Ces variables n’y sont certes pas totalement absentes, mais les critères finaux de décision correspondent plus à la disponibilité des moyens, qui sont limités, et d’informations imparfaites, incertaines et incomplètes. La portée des résultats issus de ce courant de recherche sur l’optimalité sociale et économique des adaptations s’avère ainsi assez limitée sur un plan pratique, bien que sur le plan théorique, elle constitue un progrès indéniable, puisqu’elle invite à penser qu’il existe des mesures qui sont plus efficientes que d’autres, en dépit du fait qu’elles ne remplissent pas la propriété d’être optimales. 2-3 L’adaptation comme recherche de ressources pour les plus vulnérables Ce type de recherche sur l’adaptation se focalise sur la vulnérabilité des communautés, des secteurs d’activités économiques, des régions ou des pays. Les recherches situées dans cette catégorie visent à comparer différents états de vulnérabilité ou de capacité d’adaptation. La  vulnérabilité est alors considérée comme un point de départ qu’il est possible de mesurer à partir de déterminants sélectionnés a priori. La finalité de ce type de recherche est de faire en sorte que les efforts et les ressources consacrés à l’adaptation soient dirigés vers la population ou le territoire considéré comme le plus vulnérable, ou ayant une capacité d’adaptation parmi les plus faibles. Les résultats issus de cette catégorie de recherche peuvent être alors d’une grande utilité lorsque les fonds d’adaptation sont rares ou peu approvisionnés. Bien que s’intéressant à la vulnérabilité, ce type d’étude ne cherche pas fondamentalement à expliquer les déterminants qui ont amené à l’état de vulnérabilité, et donc à mettre en place une adaptation transformative. Les résultats qui en sont issus peuvent en revanche suggérer des adaptations qui, même si elles ne visent pas explicitement un changement de structures et une répartition plus équitable des ressources- droits de propriété, salaires, etc.- peuvent aller, d’une façon implicite, dans ce sens-là. Ce sont ces adaptations situées à mi-chemin entre résilience et transformation que Mark Pelling nomme « adaptations réformistes » (Pelling, 2011)37 . 

L’adaptation comme recherche de mesures appropriées

La principale motivation des études qui entrent dans ce type de recherche est l’identification de ce qui peut être fait en matière d’adaptation au niveau d’un système humain ou socioécologique, par qui l’adaptation peut ou doit être faite, et de quelle manière (Eisenack et Stecker, 2013)38. Cela pour réduire la vulnérabilité du système en question aux paramètres climatiques et non-climatiques (Romanet al., 2011)39. Ce type de recherche intègre également l’étude des différentes conditions de réussite du processus d’adaptation d’un système. L’un des principaux résultats issus de cette catégorie de recherche est qu’une mesure d’adaptation est rarement prise à l’aune des seuls risques climatiques. Ce qui implique que son niveau d’acceptabilité est plus grand si elle est associée à d’autres objectifs, en particulier l’amélioration des conditions économiques et sociales. Illustration de ce fait, il existe de nombreux exemples de projets d’adaptation qui sont intégrés dans des programmes déjà en place. Ces programmes peuvent concerner par exemple l’aménagement des zones côtières, le développement durable, la gestion des risques et des catastrophes, mais aussi le développement des communautés et la gestion des ressources. Un élément essentiel qui entre dans cette catégorie de recherche concerne le renforcement de la capacité d’adaptation d’un système au changement climatique. A cette fin, il est notamment question de sonder la capacité d’adaptation du système qui fait l’objet de la réflexion de l’analyste. Cela dans le but d’identifier des mesures d’adaptation qui correspondent aux besoins du système. 

Les déterminants de la capacité d’adaptation

La capacité d’adaptation au changement climatique est définie comme le potentiel d’un système de répondre avec succès à la variabilité du climat et aux changements climatiques. Cette potentialité est de nature dynamique, et, en cela, elle peut changer avec le temps. Le fait que cette potentialité soit de nature dynamique amène à considérer les forces qui peuvent entrainer son développement ou, dans certains cas, sa diminution. Ces forces qui influencent le potentiel d’adaptation d’un système sont les déterminants de la capacité d’adaptation (Kasperson et Kasperson, 2001)40. Ces déterminants sont constitués par différents types de ressources et de processus qui permettent à un système d’élargir et d’enrichir sa panoplie d’adaptations, et donc de pouvoir mettre en œuvre des adaptations de plus en plus complexes. Toutefois, même dans le cas où une adaptation (complexe) est possible, elle peut ne pas connaître un succès. Le succès d’une adaptation dépend de plusieurs variables, entre autres : a) L’engagement, la clairvoyance et l’intégrité des acteurs qui la mettent en place et gère son exécution ; b) L’accord et le consensus des personnes qui sont censés profiter de ses bienfaits ; c) L’absence d’externalité environnementale et économique consécutive à sa mise en place ; d) Sa robustesse, autrement dit, quels que soient les scénarios climatiques considérés, elle demeure valable ; e) Sa flexibilité : elle n’empêche pas la mise en place d’autres mesures d’adaptation qui peuvent être nécessaires dans le futur ; f) Sa réversibilité ; g) Son rapport coût/bénéfice ; h) Son utilité globale, hors changement climatique ; et enfin i) L’étendue du changement climatique et de ses impacts. 

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