Le syndrome d’apnées hypopnées obstructives du sommeil

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L’insomnie

La prévalence de l’insomnie dont la définition est basée sur les critères du DSM 5 (58) ou de l’ ICSD (53) varie suivant les études. Elle est située en population générale entre 7 et 21% (92). En 2000, la prévalence de l’insomnie en France était de 19 % (93). Notre étude a précisé des critères pour les sujets pouvant présenter une insomnie. Ils sont les suivants :
 Toute personne ayant une difficulté à s’endormir dépassant 30 minutes ;
 Des réveils nocturnes plus de 3 fois, des réveils trop tôt avec difficultés à se rendormir ;
 A ces questions, les personnes répondaient à « souvent » ;
 Ces troubles sont associés à un trouble qualitatif du sommeil (sensation d’avoir mal dormi au réveil)

Prévalence de l’insomnie

Les professeurs avaient une prévalence de 18,20% et les élèves de 21%. Une méta analyse sur 3 études utilisant le PSQI trouvait une prévalence de 26,8% et dans celle de 4 autres études la prévalence de l’insomnie était de 13,6% (94). En France (2010), 12 % des adolescents de [15–19] ans avaient une insomnie (95). Ces différences montrent que la variabilité des résultats obtenus dépend des critères utilisés. Il existe aussi un écart entre nos résultats et la prévalence obtenue en 2015 à Dakar avec le PSQI qui était de 37,1%. Il est difficile au-delà de la méthode utilisée, d’incriminer d’autres facteurs à savoir l’urbanisation, l’usage d’internet, etc. Une étude réalisée en 2005 chez 1 056 adolescents chinois de 12 à 18 ans avait montré une prévalence de 16% (96) . En 2008, parmi 4 175 adolescents âgés de 11 à 17 ans de la région de Houston (Etats-Unis), la prévalence de l’insomnie était de 14% (97). Nous pouvons considérer que les différentes prévalences obtenues entrent dans la fourchette de 7 à 21% décrite dans le DSM 5. La prévalence de l’insomnie dans sa globalité semble similaire aux études internationales. Cependant, les prévalences des insomnies d’endormissement, de réveils multiples et de réveil précoce étaient différentes. Toutefois les études s’accordent sur la plus grande fréquence des difficultés d’endormissement et de fatigue matinale (33 ; 90).

Typologie des insomnies

Dans nos observations, les difficultés d’endormissement étaient de 42,2%, les difficultés de maintien du sommeil 11,2% et les plaintes qualitatives étaient retrouvées chez 58% des élèves. Les professeurs présentaient des difficultés d’endormissement et de maintien du sommeil moindres par rapport aux élèves. Cependant, ils se plaignaient plus d’une insatisfaction qualitative (68,8%). Tahiri trouvait que 19,8% des lycéens se plaignaient de difficultés d’endormissement (90). La somnolence en classe était de 14,8% chez ces lycéens et la prise de somnifères concernait 3%. Il existait une différence dans la durée du sommeil entre des jours de cours et les vacances (90). Bailly trouvait dans ses études que 21,5 % des adolescents se plaignaient de difficultés à s’endormir, 30,3 % avaient des difficultés à se réveiller le matin, 12,8 % se réveillaient tôt le matin sans pouvoir se rendormir, 6,2 % faisaient des cauchemars, et 8,2 % ressentaient le besoin de dormir au cours de la journée (98).

L’insomnie et les caractéristiques sociodémographiques

L’insomnie était présente chez 24% des femmes contre 17% des hommes. Au niveau des élèves, elle était de 23,9% pour filles et 16,1% pour les garçons. Des études affirmaient une plus grande fréquence de l’insomnie chez les femmes (6 ; 9). Les élèves ne vivant pas avec leurs parents avaient plus de risque d’avoir une insomnie (OR=1,93) avec des prévalences de 30,6% contre 18,6%. Les facteurs qui influencent ces résultats n’ont pas pu être déterminés. La dette de sommeil (OR=1,79) ainsi que la somnolence diurne (OR= 2,46) étaient beaucoup plus importantes chez les insomniaques. Jaussent trouvait en 2017 que l’insomnie est liée à la survenue de somnolence diurne excessive (99).

Le temps de sommeil

Le TST lors des jours avec classe le lendemain était de 8,72 heures. Il était inférieur au besoin de 9 heures des adolescents avec une augmentation de 1 heure lors des vacances ou des weekends. De plus les élèves disaient vouloir dormir en moyenne 10,1 heures s’ils n’avaient aucune contrainte. Pour les professeurs les heures de sommeil étaient pratiquement stables. La durée du sommeil était légèrement plus longue lors des vacances et des week-ends. Une réduction du temps de sommeil est plus marquée la veille des jours de classe avec une somnolence diurne (90 ; 97; 98).
Une étude réalisée en février 2005 par l’Institut national du sommeil et de la vigilance (INSV), en partenariat avec la société française d’enquêtes et de sondages (SOFRES) auprès de 502 adolescents français de 15 à 19 ans, avait montré que près de 70 % des adolescents présentaient une dette de sommeil en semaine c’est-à-dire un TST inferieur à leur besoin de sommeil estimé à 9 h 02 min par nuit avec une récupération de deux heures par nuit le week-end (10). Le même constat était fait par Mants et al. en 2000 chez 386 lycéens français de 15 à 20 ans (36). Dans une méta-analyse de Bat-Pitault , la réduction du temps de sommeil était plus accentuée dans les autres continents qu’en Europe et plus importante chez les garçons (10). La réduction du temps de sommeil lors des jours avec classe le lendemain serait liée aux horaires très matinaux des cours (10). Nous avions trouvé qu’au-delà des heures de cours que certains élèves se réveillaient entre 5h 30min et 6h pour la prière de l’aube selon le rite musulman. D’autres devaient parcourir près de 7 kilomètres à pied pour rejoindre leurs établissements. Des élèves déclaraient dormir souvent en classe (7,2%).

La somnolence diurne et les dettes de sommeil

La somnolence diurne avait une prévalence 6,9% chez les élèves et de 4 % chez les professeurs. Dans l’étude faite à Dakar en 2015, la somnolence diurne excessive était de 8,9% et l’hypersomnie 12,1% chez les élèves (37). Au Cameroun en 2017, Simo-fotso trouvait une prévalence de somnolence diurne excessive de 8,5 % (101). Dans la littérature les taux pour l’hypersomnie variaient de 3,9 à 16% chez les plus de 65 ans (17). Ces prévalences sont superposables dans la mesure où l’outil d’évaluation était le même.

Le SAHOS

Le SAHOS était retrouvé chez 6,1% des professeurs et 17,2% des élèves. Ces résultats sont comparables aux données obtenues à Dakar par Ba et al qui trouvaient une prévalence de 17,45% (9). The American Thoracic Society trouvait en 2007 une prévalence de 3% à 7% en population générale (18). A Bruxelles, entre 2007 et 2009, Escourrou et al. avaient fait un enregistrement du sommeil chez 26,8% d’une population qui avaient une suspicion de SAHOS et la sévérité du trouble variait entre 20% et 80% (19). Notre étude n’avait pas pu déterminer les causes du SAHOS. Les données de la littérature faisaient le lien entre ce trouble, l’obésité, le diabète et les maladies cardiovasculaires. La consommation de substances psychoactives jouait aussi un rôle dans la survenue du SAHOS (21).

Les parasomnies

La prévalence des parasomnies était de 27,3% chez les professeurs et 28,6% chez les élèves. Ces résultats étaient supérieurs à ceux trouvés en 2015 à Dakar (15,7%) (37). La prévalence des cauchemars était plus élevée que celle des autres parasomnies. Elle était plus fréquente chez les femmes (30,6%) que chez les hommes (25,5). Concernant les élèves les fréquences étaient sensiblement égales (garçons 27,2% et filles 27,6%).

L’usage des somnifères

La consommation de somnifères était de 3% chez les professeurs et de 4,2% chez les élèves. Elle rejoint les résultats d’une étude à Dakar avec Okpeyemi et au Maroc avec Tahiri avec des fréquences respectives de 3,2% et 3% (37 ; 90). Par contre, Beck en 2009 trouvait une prévalence de 7,2% en population générale (1).

Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE
1. Epidémiologie des troubles du sommeil
1.1. Le temps de sommeil
1.2. Les insomnies
1.3. La somnolence diurne
1.4. Le syndrome d’apnées hypopnées obstructives du sommeil
1.5. Le syndrome des jambes sans repos
1.6. La narcolepsie
1.7. Les parasomnies
1.8. Les troubles du sommeil et l’usage de somnifères
1.9. Les troubles du sommeil et les caractéristiques sociodémographiques
1.10. Les troubles du sommeil et les maladies psychiatriques
1.11. Les troubles du sommeil et la scolarité
2. Physiologie du sommeil
2.1. Les bases neuroanatomiques
2.1.1. Dans le tronc cérébral
2.1.2. Dans le diencéphale
2.1.2.1. L’hypothalamus
2.1.2.2. Le thalamus et ses noyaux réticulaires
2.1.3. Dans le télencéphale
2.1.4. Les connexions
2.2. Les bases neurobiologiques
2.3. Les caractéristiques électrophysiologiques des états de veille et de sommeil
2.3.1. La veille
2.3.2. Le sommeil lent
2.3.2.1. Le stade 1
2.3.2.2. Le stade 2
2.3.2.3. Les stades 3 et 4
2.3.3. Le sommeil paradoxal
2.4. La régulation du sommeil
2.4.1. La régulation homéostasique
2.4.2. La régulation circadienne
2.4.3. La régulation humorale
2.4.4. Les facteurs génétiques
2.5. Le rôle du sommeil
3. Les troubles du sommeil
3.1. Typologie des troubles du sommeil
3.1.1. Les insomnies
3.1.1.1. L’insomnie primaire
3.1.1.2. Les étiologies de l’insomnie primaire
3.1.1.3. Les insomnies secondaires
3.1.1.3.1. Les insomnies liées à une maladie psychiatriques
3.1.1.3.2. Les insomnies liées à une pathologie organique
3.1.1.3.3. Les insomnies dues à une cause toxique et iatrogène
3.1.2. Les hypersomnies
3.1.2.1. Le syndrome d’apnées-hypopnées obstructives du sommeil
3.1.2.1.1. Les étiologies du SAHOS
3.1.2.1.2. Les critères diagnostics du SAHOS
3.1.2.2. Le syndrome des jambes sans repos
3.1.2.2.1. Les critères diagnostics du SJSR
3.1.2.2.2. Les étiologies du SJSR
3.1.2.2.2.1. Les facteurs génétiques
3.1.2.2.2.2. Le rôle du fer
3.1.2.2.2.3. Les noyaux gris centraux
3.1.2.2.2.4. Les médicaments
3.1.2.3. La narcolepsie
3.1.2.3.1. Les critères diagnostiques de la narcolepsie
3.1.2.3.2. Les étiologies de la narcolepsie
3.1.2.4. Les mouvements périodiques des jambes au cours du sommeil
3.1.2.5. L’hypersomnie essentielle permanente
3.1.3. Les troubles du rythme circadien
3.1.3.1. Le syndrome de retard de phase
3.1.3.2. Le syndrome d’avance de phase
3.1.3.3. Syndrome d’absence de synchronisation sur les 24 heures
3.1.3.4. Le changement de fuseau horaire
3.1.4. Les parasomnies
3.1.4.1. Les parasomnies au cours du sommeil lent
3.1.4.1.1. Le somnambulisme :
3.1.4.1.2. Les terreurs nocturnes :
3.1.4.1.3. Les éveils confusionnels :
3.1.4.2. Les parasomnies au cours du sommeil paradoxal
3.1.4.2.1. Les troubles du comportement
3.1.4.2.2. Les paralysies du sommeil isolées
3.1.4.2.3. Les cauchemars
3.1.4.3. Les autres parasomnies
3.1.4.3.1. L’énurésie nocturne
3.1.4.3.2. Le bruxisme
3.1.4.3.3. Somniloquie
3.2. Examen du sujet présentant un trouble du sommeil
3.2.1. Anamnèse
3.2.2. Examen physique
3.2.3. Outils d’aide au diagnostic
3.2.3.1. Les échelles ou questionnaires
3.2.3.2. Agenda de sommeil
3.24. Examens paracliniques
3.2.4.1. La polysomnographie
3.2.4.2. L’actimétrie
3.3. Le traitement des troubles du sommeil
3.3.1. Le traitement des insomnies
3.3.1.1. La chimiothérapie
3.3.1.1.1. Les hypnotiques
3.3.1.1.2. Les apparentés aux benzodiazépines
3.3.1.1.3. Les benzodiazépines
3.3.1.1.4. Les limites de la chimiothérapie
3.3.1.2. Les autres méthodes
3.3.1.2.2. Le contrôle par le stimulus
3.3.1.2.3. La restriction du sommeil
3.3.1.2.4. La relaxation
3.3.1.3.5. Les mesures d’hygiène
3.3.2. Le traitement des hypersomnies
3.3.2.1. Le traitement du SAHOS
3.3.2.1.1. La chimiothérapie
3.3.2.1.1.1. Les hypnotiques
3.3.2.1.1.2. Les benzodiazépines
3.3.2.1.2. La respiration à pression continue
3.3.2.1.3. La chirurgie
3.3.2.1.4. Les mesures d’hygiène
3.3.2.2. Le traitement du SJSR
3.3.2.2.1. Les benzodiazépines
3.3.2.2.2. Les agonistes dopaminergiques
3.3.2.3. Le traitement de la narcolepsie
3.3.2.3.1. Les promoteurs d’éveil
3.3.2.3.2. Traitement anti-cataleptique
3.3.2.3.3. Les antidépresseurs
3.3.2.3.4. Les psychostimulants
3.3.3. Le traitement des parasomnies
3.3.3.1. Le traitement du somnanbulisme
3.3.3.2. Le traitement des troubles du comportement en sommeil paradoxal
3.3.3.3. Les mesures d’hygiène
3.4. Le retentissement des troubles du sommeil
DEUXIEME PARTIE
1. Cadre d’étude : le département de Thiès
1.1. Situation géographique
1.2. Situation démographique et économique
1.3. Organisation de l’enseignement du moyen-secondaire
2. Méthodologie
2.1. Type d’étude
2.2. Population d’étude
2.3. Echantillonnage
2.3.1. Type de sondage
2.3.2. Calcul de la taille de l’échantillon
2.4. Collecte des données
2.4.1. Outils de collecte
2.4.2. Organisation de la collecte
2.5. Définitions opérationnelles des variables
2.6. Saisie et analyse des données
2.7. Considérations éthiques
3. Résultats
3.1. Résultats descriptifs
3.1.1. Chez les professeurs
3.1.2. Chez les élèves
3.2. Résultats analytiques
3.2.1. Chez les professeurs
3.2.2. Chez les élèves
4. Discussion
4.1. Les troubles du sommeil
4.1.1. Prévalence des troubles du sommeil
4.1.2. Les troubles du sommeil et l’âge
4.1.3. Les troubles du sommeil et le genre
4.1.4. Les troubles du sommeil et travail
4.1.5. Les troubles du sommeil et les répercussions psychosociales
4.1.6. Les conséquences physiques et socioprofessionnelles des troubles du sommeil
4.1.7. Les troubles du sommeil et la somnolence diurne
4.1.8. Lien entre les troubles du sommeil et les antécédents
4.1.9. Les troubles du sommeil et la prise de somnifères
4.1.10. Les troubles du sommeil et les stratégies adaptatives
4.2. L’insomnie
4.2.1. Prévalence de l’insomnie
4.2.2. Typologie des insomnies
4.2.3. L’insomnie et les caractéristiques sociodémographiques
4.3. Le temps de sommeil
4.4. La somnolence diurne et les dettes de sommeil
4.5. Le SAHOS
4.6. Les parasomnies
4.7. L’usage des somnifères
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
REFERENCES
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES

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