LES MICROTUBULES DU FUSEAU MITOTIQUE

LES MICROTUBULES DU FUSEAU MITOTIQUE

Les médicaments

Paradoxalement, des médicaments anticancéreux peuvent eux-mêmes provoquer des cancers chiomio-induits, comme des leucémies ou des lymphomes, car, en voulant détruire les cellules cancéreuses, ils vont léser le génome de certaines cellules saines incapables de se réparer ou de mourir. Un traitement du cancer du sein par des anti-estrogènes, comme le tamoxifène (Nolvadex®,Kessar®,Tamoxifene®), renferme un potentiel cancérigène au niveau de l’endomètre. Les hormones sexuelles sont incriminées dans la survenue de cancers au niveau des organes de la reproduction, avec un impact au niveau du sein, de l’endomètre et de la prostate. Les traitements hormonaux, que ce soient les contraceptifs oraux chez les femmes en  âge de procréer ou les traitements hormonaux substitutifs de la ménopause, seraient responsables de certains cancers, mais aucune étude ne l’atteste définitivement. La prescription de certains médicaments durant la grossesse n’est pas toujours sans conséquence sur l’embryon ou le fœtus. Par exemple, le diéthylstilbestrol (Distilbene®) [17] est tératogène et provoque des avortements spontanés, des morts fœtales et néonatales, une prématurité ou des complications graves en cas de survie de l’enfant. En ce qui concerne la première génération, les filles peuvent développer des cancers du vagin ou du col de l’utérus, des problèmes de stérilité ou de complications obstétricales, et les garçons des atteintes de l’appareil uro-génital. Une surveillance multi-générationnelle et notamment des enfants de parents exposés in utero est toujours en cours et une étude recueille actuellement des informations concernant les effets du médicament sur trois générations [18]. Enfin, les traitements immunosuppresseurs, administrés pour éviter les rejets lors de greffes d’organes, peuvent entraîner certains cancers comme des lymphomes non Hodgkiniens.

Les modes de vie

Il est démontré aujourd’hui qu’il existe une corrélation entre l’alimentation ou les habitudes de vie et la survenue de cancers, comme par exemple l’alcoolisme responsable de cancers hépatiques et des voies aéro-digestives. Toutefois, certains facteurs sont dits protecteurs vis-à-vis du développement de cancer. Par exemple, une alimentation équilibrée, pauvre en graisses et riche en fibres, protègerait du cancer du côlon. De plus, il faudrait consommer en quantité modérée de la nourriture carnée, privilégier un régime végétarien et consommer peu d’alcool. Il est important de consommer au moins cinq fruits et légumes par jour et de pratiquer une activité physique régulière 

CANCEROGENESE

Le cancer est une maladie génétique résultant d’altérations de l’ADN dans les cellules. L’apparition d’un cancer est étroitement liée à la prolifération désordonnée

LE CANCER : GÉNÉRALITÉS 19 de cellules d’un tissu ou d’un organe.

CONDITIONS D’APPARITION D’UNE CELLULE CANCEREUSE

Une cellule devient cancéreuse suite à une altération de son ADN. Il existe deux types de modifications génétiques conduisant à la formation d’une cellule cancéreuse [20] : – l’inactivation de gènes suppresseurs de tumeurs, – l’activation de proto-oncongènes en oncogènes. 

Inactivation des gènes suppresseurs

Actuellement, plus de vingt gènes suppresseurs de tumeurs sont connus. Certains codent pour des facteurs de transcription comme p53 et WTI, d’autres pour des régulateurs du cycle cellulaires comme RB et p16, ou encore pour des protéines intervenant dans des systèmes de transmission (NF-I). La plupart des protéines codées par les gènes suppresseurs de tumeurs fonctionnent comme des régulateurs négatifs de la prolifération cellulaire [20]. La mutation la plus rencontrée dans les cancers humains, est celle du gène qui code pour la protéine p53 (50% des cancers). Elle est directement impliquée dans le processus de réparation de l’ADN et dans le phénomène d’apoptose. Une protéine p53 non fonctionnelle conduit à l’accumulation d’erreurs dans le génome pouvant amener à l’apparition d’une cellule cancéreuse 

Activation de proto-oncogènes

Les cellules cancéreuses prolifèrent de manière incontrôlée. Cette propriété est liée à l’activation constitutive d’oncogènes cellulaires. A l’état physiologique, ces gènes se trouvent sous forme de « proto-oncogènes ». Ils sont impliqués dans les processus de croissance et de différenciation tissulaire. Ils sont induits en oncogènes par transformation virale, par mutation, par amplification ou translocation/dérépression génique. Les oncogènes peuvent conférer aux cellules cancéreuses leur autonomie de croissance. Ils interviennent également dans la différenciation cellulaire et génèrent des erreurs dans les programmes de maturation cellulaire.

LE CANCER : GÉNÉRALITÉS 

L’oncogène muté le plus fréquemment retrouvé dans les tumeurs humaines est Ras. Il code pour une protéine de fixation au GTP (Ras) régulatrice dans une des voies de contrôle de la prolifération cellulaire .

Accumulation des altérations génétiques

Dans les stades précoces du cancer, les cellules ne sont pas encore invasives etmétastatiques. Au fil de la progression tumorale, les altérations de l’ADN s’accumulent avec l’apparition de nouveaux clones. Certains de ces clones acquièrent la capacité à métastaser et à former des tumeurs secondaires [21]. Les cellules ayant accumulées le plus d’altérations génétiques seront donc retrouvées dans les tumeurs secondaires. Les métastases elles, se forment à la fin du processus de cancérogénèse. L’ordre d’apparition des différentes caractéristiques de la cellule tumorale est la suivante : autosuffisance en facteurs de croissance, insensibilité aux signaux antiprolifératifs, disparition du phénomène d’apoptose, apparition d’un potentiel de division cellulaire infini, induction de l’angiogenèse et capacité à former des métastases. Dans les différentes chronologies représentées (variables selon les types de cancers), la capacité à métastaser est souvent l’une des dernières caractéristiques acquises.

Table des matières

INTRODUCTION
PARTIE I. LE CANCER : GÉNÉRALITÉS
I. DEFINITION
II. HISTORIQUE DU CANCER [8]
III. EPIDEMIOLOGIE DU CANCER
III.1. ESTIMATION DU NOMBRE DE NOUVEAUX CAS DE CANCER ET DECES
III.2. TENDANCES MONDIALES DU CANCER PAR SEXE
III.3. TENDANCES MONDIALES EN FONCTION DE L’INDICE DE DÉVELOPPEMENT HUMAIN (IDH)
III.4. INCIDENCE ET MORTALITE EN AFRIQUE
III.5. INCIDENCE ET MORTALITE AU SENEGAL
IV. FACTEURS DE RISQUES
IV.1. LES FACTEURS INTRINSÈQUES
IV.1.1. L’âge
IV.1.2. L’origine génétique
IV.1.3. L’imprégnation hormonale
IV.1.4. L’obésité
IV.1.5. Les facteurs immunologiques
IV.2. LES FACTEURS EXTRINSÈQUES
IV.2.1. Les mutagènes chimiques
IV.2.2. Les radiations
IV.2.3. Les virus et l’immunité
IV.2.4. Les médicaments
IV.2.5. Les modes de vie
V. CANCEROGENESE
V.1. CONDITIONS D’APPARITION D’UNE CELLULE CANCEREUSE
V.1.2. Activation de proto-oncogènes
V.1.3. Accumulation des altérations génétiques
VI. LES ETAPES DE LA CANCEROGENESE
VI.1. INITIATION
VI.2. PROMOTION
VI.3. PROGRESSION
VI.4. L’ANGIOGENESE
VI.4.1. Invasions et disséminations tumorales
VII. LES TRAITEMENTS ANTICANCEREUX
VII.1. LA CHIRURGIE
VII.2. LA RADIOTHERAPIE
VII.3. LA CURITHERAPIE
VII.4. L’HORMONOTHERAPIE
VII.5. IV.5. L’IMMUNOTHERAPIE
VII.6. LA CHIMIOTHERAPIE
VII.6.1. Les médicaments cycle-dépendants et phase-dépendants
VII.6.1.1. Les médicaments agissant directement sur l’ADN
VII.6.1.2. Les antimétabolites
VII.6.2. Les poisons du fuseau mitotique
VII.6.3. La thérapie moléculaire ciblée (TMC)
VII.6.4. Les nouvelles molécules
VIII. STRATEGIES DE LUTTE CONTRE LE CANCER
VIII.1. STRATÉGIES DE RÉDUCTION DE LA CHARGE DES CANCERS
VIII.2. LUTTE CONTRE LES FACTEURS DE RISQUES
PARTIE II. LES AGENTS ANTICANCEREUX CIBLANT LES MICROTUBUL
I. LE CYCLE DE LA DIVISION CELLULAIRE
I.1. L’INTERPHASE
I.2. LA MITOSE
II. LES MICROTUBULES
II.1. DEFINITION
II.2. STRUCTURE DES MICROTUBULES
II.2.1. La tubuline
II.3. ASSEMBLAGE DES MICROTUBULES
II.4. DYNAMIQUE DES MICROTUBULES
II.4.1. L’instabilité dynamique
II.4.2. Protéines associées aux microtubules
II.5. FONCTION DES MICROTUBULES
II.5.1. Rôle dans le cycle cellulaire et la mitose
III. LES POISONS DU FUSEAU MITOTIQUE
III.1. AGENTS STABILISANTS LES MICROTUBULES
III.1.1. Agents se fixant dans le site du taxol
III.1.1.1. Les taxanes
III.1.1.2. Domaine de laulimalide
III.2. AGENTS DÉSTABILISANTS LES MICROTUBULES
III.2.1. Le domaine vinca
III.2.1.1. Le site de fixation des vinca-alcaloïdes
III.2.1.2. Site de fixation peptidique
III.2.2. Agents se fixant dans le site de la colchicine
III.2.2.1. La colchicine
IV. RÉSISTANCE ET TOXICITÉ DES COMPOSÉS CIBLANT LES MICROTUBULES
IV.1. RÉSISTANCE
IV.1.1. Le phénomène de résistance multiple aux anticancéreux : gènes MDR et la P-gp
IV.1.2. Résistance associée à des altérations du système tubuline/microtubule
IV.1.3. Activation des systèmes de réparase
IV.1.4. Phénomènes d’échappement à l’arrêt mitotique
IV.2. TOXICITÉ DES POISONS DU FUSEAU MITOTIQUE
IV.2.1. Toxicité aigue
IV.2.1.1. Alopécie
IV.2.1.2. Nausées, vomissements
IV.2.1.3. Les lésions de la bouche et mucites
IV.2.1.4. Modifications de le Numération Formule Sanguine
IV.2.2. Toxicité chronique
IV.2.2.1. Complications neurologiques
IV.2.2.2. Complications cutanées
PARTIE III. AVANCÉES SUR LA RECHERCHE ET LE DÉVELOPPEMENT DE NOUVEAUX AGENTS
CIBLANT LES MICROTUBULES
I. COMPOSÉS DÉVELOPPÉS À PARTIR DES TAXANES ET COMPOSÉS SE LIANT AU SITE DE FIXATION DU PACLITAXEL
I.1. COMPOSÉS DÉRIVÉS DES TAXANES
I.2. COMPOSÉS SE LIANT AU SITE DE FIXATION DU PACLITAXEL
I.2.1. Les épothilones
I.2.2. Les dictyostatines
I.2.2. Les discodermolides
I.2.3. L’éleuthérobine et les sarcodictyines
I.2.4. Le zampanolide et le dactylolide
II. COMPOSÉS DÉVELOPPÉS À PARTIR DES VINCA-ALCALOÏDES ET COMPOSÉS SE LIANT AU SITE DE FIXATION DÉRIVÉS DES VINCA-ALCALOÏDES
II.1. MOLÉCULES HYBRIDES À BASE DE VINCA-ALCALOÏDES
II.2. AUTRES COMPOSÉS SE LIANT AU SITE DE FIXATION DES VINCA-ALCALOIDES
II.2.1. Les halichondrines
II.2.2. Les maytansinoïdes
II.2.3. La rhizoxine
II.3. AGENTS SE LIANT AU « SITE PEPTIDIQUE » DU DOMAINE VINCA
II.3.1. Les dolastatines
II.3.2. Le spongistatines
II.3.3. Les cryptophycines
II.3.4. Autres agents
III. COMPOSÉS DÉVELOPPÉS À PARTIR DE LA COLCHICINE ET COMPOSÉS SE LIANT AU SITE DE FIXATION DE LA COLCHICINE
IV. SYNTHÈSE CHIMIQUE DE PETITES MOLÉCULES STABILISANTS LES MICROTUBULES
IV.1. LE GS-164
IV.2. LE SYNSTAB A
IV.3. LE 4-MÉTHOXY-2-STYRYLCHROMONE
IV.4. DÉRIVÉS DE DIÉNONE
IV.5. LES CÉTONES CONTENANT UNE CHAÎNE LATÉRALE AROMATIQUE
IV.6. LES DÉRIVÉS DE PYRANOCHALCONES
IV.7. LES a-CYANO BIS (INDOLYL) CHALCONES
IV.8. LES ANALOGUES CYCLOPROPYLAMIDE DE COMBRETASTATINE-A4
V. AUTRES PHÉNOMÈNES LIÉS AUX COMPOSÉS CIBLANT LES MICROTUBULES
V.1. EFFETS ANTIANGIOGÉNIQUES ET ANTIVASCULAIRES DES AGENTS CIBLANT LES MICROTUBULES
VI. SYNTHÈSE DES PROGRÈS RÉCENTS DANS LA RECHERCHE ET LE DÉVELOPPEMENT DES MTA
VII. PERSPECTIVES D’AVENIR DANS LA RECHERCHE ET LE DÉVELOPPEMENT DES MTA
CONCLUSION
REFERENCES

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