Collecte des données
Inventaire systématique
Un inventaire de type opportuniste a été adopté. Il consiste à parcourir la forêt le long des sentiers existants. Ces sentiers constituent donc des transects (Blanchard et al., 2016). Si un champignon est rencontré, un inventaire systématique de toutes les espèces végétales autour du spécimen est réalisé. La prospection se fait en longeant ces cheminements suivant sa densité (dense, moyennement dense, claire). Le nombre de collecte est limité à environ 15 spécimens pour mieux les gérés ou jusqu’à ce que la découverte d’une espèce nouvelle nécessite un parcours important.
Enquête ethnomycologique
Le nombre de personnes interrogées par zone d’étude et par village dépendait de leur disponibilité et de la redondance des réponses. Il a été obtenu 29 enquêtés au total. Le questionnaire a été libellé de façon à recueillir l’identité de la personne interrogée et sa connaissance mycologique. Il a aussi porté sur l’obtention d’une liste des champignons connus par l’enquêté, sur les champignons comestibles et médicinaux et sur l’utilisation des champignons en pharmacopée et en nutrition (voir questionnaire à l’annexe 3). Les informations sont obtenues par le biais d’entretiens semi-directs. Après l’enquête, une discussion de groupe, ouverte, avec les enquêtés et autres habitants intéressés, a été animée par le chef d’équipe et les membres de la mission. Quelques photographies en couleurs du livre (Courtecuisse & Duhem, 1994) et une photothèque (recueil de différentes espèces du Sénégal récoltées depuis 2012) ont été montrées pour collecter davantage les opinions des gens sur une espèce particulière. Ces discussions de groupe ont permis de mieux comprendre les réalités du milieu et ainsi de vérifier et de compléter certaines des informations fournies par les questionnaires. Après les entretiens et/ou discussions de groupe, certains enquêtés ont servi de guide à l’équipe pour prospecter des zones où la présence de champignons est signalée.
Récolte, description et préparation du matériel biologique
Sur chaque site, les espèces végétales sont d’abord recensées et récoltées si nécessaire. La récolte est insérée dans du papier journal ou dans une presse au fur et à mesure de la prospection. Si un champignon est rencontré, pour apprécier les facteurs écologiques environnants, il est d’abord 20 photographié à l’état naturel puis est déterré suivant les recommandations de Courte cuisse & Duhem (1994), et ensuite photographié à nouveau. Les prises de photos sont réalisées en vue de dessus, de face et de dessous. Lorsque plusieurs échantillons du même spécimen sont trouvés, ils sont rangés du plus jeune au plus grand avec une disposition favorisant l’obtention de toutes les caractéristiques discriminantes du sporophore (chapeau, hyménium, pied). Néanmoins, il est laissé sur place quelques sporophores pour la pérennité de l’espèce. Chaque spécimen est codé sur une fiche d’inventaire, les caractères écologiques et les coordonnées obtenues à l’aide d’un GPS sont aussi mentionnés. Si le spécimen présente des caractères fugaces, ils sont aussi renseignés sur la fiche d’inventaire. Compte tenu des conditions difficiles de conservation, les éléments de diagnostics ont été directement pris (voir annexe 4 fiche d’inventaire) pour une description sur place la plus complète possible. Puis l’échantillon est inséré dans un sachet en papier et déposé dans un panier à fibres de palmier. Ceci afin d’éviter sa destruction et le mélange de spores avec d’autres spécimens.
Le sachet en papier absorbe un peu l’eau du champignon, il est aéré et réduit ainsi la vitesse de putréfaction de la récolte. Pour les récoltes avec plusieurs spécimens, une bonne partie a été séchée à l’aide d’un matériel de séchage que nous avons fabriqué (voir annexe 2). Il a comme source de chaleur du gaz butane. En effet ce matériel de séchage est composé de deux niveaux. Au début, le niveau inférieur était pour les champignons les plus charnus et le niveau supérieur pour les moins charnus. Mais il a été constaté que les champignons du niveau inférieur étaient trop proches du feu, et ils risquaient de cramer même à feu doux. Par la suite tous les spécimens sont déposés au niveau supérieur. Le temps minimum de séchage tourne autour de 30mn et celui maximum de 3 à 5h de temps. Après dessiccation, chaque échantillon a été étiqueté dans des sachets en papier avec des indications à savoir le numéro de récolte, la date de récolte et le lieu de récolte. L’autre partie non séchée et les spécimens avec un seul individu sont conservés dans des bocaux contenant de l’alcool (70°) pour une étude microscopique ou moléculaire ultérieure. Les mêmes éléments d’indication sont rapportés.
Le matériel a été acheminé au laboratoire de botanique et biodiversité du Département de Biologie Végétale de la Faculté des Sciences et Techniques de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Pour faire une observation microscopique, des prélèvements sur les parties fertiles (chapeau) des échantillons séchés sont trempés dans du KOH 5% (1 à 3mn) afin de dissocier les tissus et permettre la libération des spores (Gavériaux, 2003). Ainsi, ils sont examinés au microscope optique avec caméra intégrée pour apprécier la forme, la taille et les dimensions des spores, la présence ou non d’éléments particuliers tels que les cystides (forme et taille).