L’INSERTION DU PROJET DANS L’ÉCONOMIE

L’INSERTION DU PROJET DANS L’ÉCONOMIE

Le premier temps de l’analyse consiste à comprendre comment le projet modifie les activités des agents. Certains changements sont quantifiables (ventes, coûts, effets surles revenus ou sur des agrégats macroéconomiques, rentabilité des capitaux investis,etc.), d’autres sont plus qualitatifs (meilleure qualité de soins ou d’éducation, assainissement de l’environnement urbain, conservation des sols, etc.). Tous ces changements modifient les comportements, les intérêts et les stratégies des agents. Ils doivent être correctement cernés lors des études techniques et socio-économiques et faire l’objet d’un suivi durant l’exécution du projet. Il en va de la cohérence de l’intervention. Il s’agit de s’assurer que des « effets pervers » ne viendront pas réduire l’impact bénéfique du projet et d’identifier aussi tôt que possible les éventuelles « victimes » du projet, c’est-à-dire les agents dont la situation sera détériorée par La situation « sans projet » est celle qui correspond à l’évolution la plus probable en cas de non-exécution du projet. Ce n’est donc pas la « situation avant projet » qui ne tient pas compte de l’évolution dans le temps ; la différence est importante, et elle permet de ne pas attribuer abusivement certains changements au projet. Par exemples : le développement normal du cheptel existant avant projet permettrait, quelque temps après et sans intervention extérieure nouvelle, une offre supérieure en produits animaux (lait, viande, peaux…). En évaluation ex-post, il s’agit de reconstituer ce qui se serait passé sans l’intervention du projet ; en évaluation ex- ante, de décrire l’évolution future probable.

La comparaison entre les situations avec et sans projet prend en compte l’impact sur la con- sommation intérieure. Les produits du projet se substituent-ils à des biens et services exis- tants ? Divers cas peuvent apparaître selon les réponses apportées aux deux questions suivantes : Il arrive que le projet et des activités existantes soient en concurrence car ils utilisent les mêmes intrants rares. Dans ce cas le projet vient « perturber » des productions existantes et les moda- lités du remplacement des productions perdues destinées à la consommation intérieure sont examinées : importation, délocalisation, changement de technique, et – parfois – réduction de la consommation intérieure.des consommations intermédiaires dont les capacités de production sont saturées et pour lesquelles aucun accroissement des capacités de production n’est envisagé à court ou moyen terme(1) : un projet de conservation/transformation du poisson peut, par exemple, accaparer le produit de la pêche sans possibilité d’augmentation des captures, et provoquer ainsi la fermeture des installations artisanales de séchage/fumage ; un autre projet, implanté dans une région enclavée, peut accaparer des moyens de transport rares ;

des capacités (ou facteurs) de production pleinement utilisés dans la situation sans projet : par exemple dans le cas de terres qu’un projet destine à la production de coton et qui sont ainsi soustraites à la culture de maïs ou à des activités d’élevage, ou encore quand des projets de parcs marins touristiques occupent des zones littorales où se dérou- laient initialement des activités de pêche et aquacoles.Cas particulier : les projets de conservation des ressources naturelles rentrent dans ce cas de figure dans la mesure où ils interdisent l’accès de ce « stock de ressources » à des activités productives. C’est le cas des projets de réserves naturelles englobant des zones forestières où des populations se livrent à la chasse, à la cueillette et à l’exploitation du bois.La concurrence s’exerçant sur l’utilisation des ressources rares a pour conséquence de réduire certaines productions au profit de la production du projet. L’ensemble des activités analysées dans la situation avec projet doit tenir compte de ces productions perdues ou des modifications qui leur sont éventuellement apportées (délocalisation de la culture sur d’autres terres, change- ments techniques…)(1).

 Les projets relèvent parfois d’une combinaison de plusieurs de ces « cas purs ». Ainsi les nouvelles activités induites par un projet d’infrastructure (accroissement de la production de maïs dans une région du fait de son désenclavement par une route, par exemple) peuvent-elles relever d’une combinaison de ces situations : substitution aux importations et/ou augmentation de la consommation intérieure (du fait des quantités supplémentaires de maïs disponibles dans les centres urbains), augmentation des ex- portations (du fait que des quantités plus grandes atteignent le port)… et substitution à la production d’une autre région (réduction de la production de maïs dans une région moins propice à cette culture). Dans les projets productifs les agents impliqués sont, le plus souvent, ceux directement engagés dans la production en question (artisans, paysans, plantations, entreprises…) et ceux qui sont situés (immédiatement) en amont ou en aval (entreprises d’approvisionne- ment en intrants, paysans fournisseurs de matière première, offices de commercialisa- tion, commerçants, transporteurs, entreprises de transformation, sociétés de développement .

 

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