Notions de trypanotolérance et trypanorésistance

Notions de trypanotolérance et trypanorésistance

Races bovines trypanotolérantes et races bovines trypanosensibles

En Afrique, on distingue deux grands groupes de bovins : les bovins possédant une bosse thoraco-cervicale ou zébus (Bos indicus) et les bovins sans bosse ou taurins (Bos taurus). Ces derniers ont un format plus réduit que les premiers. Les premiers bovins africains étaient des bovins sans bosse et à longues cornes (HANOTTE et al., 2002). Ces animaux seraient issus de bovins hamitiques qui, venant du Proche-Orient, peuplèrent l’Afrique septentrionale via l’Egypte il y a 7000 ans. Ces animaux étaient les ancêtres des taurins N’Dama. La sélection naturelle, qui s’est opérée chez les taurins africains en milieu infesté de glossines, a conduit au développement de la trypanotolérance. Les descendants actuels de ce groupe sont les taurins N’Dama et le Kouri.

Les N’Dama, qui sont les plus importants en effectif, ont leur berceau fixé dans le massif du Fouta-Djallon en Guinée. Mais, en dehors de leur berceau, les N’Dama sont également présents en Gambie, à l’ouest de la Guinée Bissau, au sud du Sénégal et de la Sierra Leone, au nord-est du Liberia, au nord-est de la Côte d’Ivoire et au Mali. Les N’Dama ont également fait l’objet d’importations 17 Notions de trypanotolérance et trypanorésistance dans de nombreux pays d’Afrique occidentale (Bénin, Burkina Faso, Ghana, Nigeria et Togo) et d’Afrique Centrale (Cameroun, Congo, Gabon, République Centrafricaine et République Démocratique du Congo ex Zaïre).

En dehors des taurins à longues cornes, il existe un second groupe de bovins trypanotolérants constitué par les taurins à courtes cornes qu’on retrouve essentiellement au Sud de l’Afrique de l’Ouest et en Afrique Centrale. Ce groupe est subdivisé en deux types : – les types forestiers ou races naines représentés par les lagunaires (retrouvés au Bénin, en Côte d’Ivoire, au Ghana, en République Démocratique du Congo et au Togo), le Muturu (au Nigeria) et la race Manjaca (en Guinée Bissau). – et les types de savane qui sont de plus grande taille que les types forestiers. Ils regroupent la race Baoulé (en Côte d’Ivoire, au Burkina Faso), les races Bakosi, Kapsiki et Doayo ou Namchi (au Cameroun), le Ghana Shorthorn (Ghana) et la Somba (au Nord-Togo et au Bénin).

Malheureusement, les effectifs des races trypanotolérantes sont de plus en plus réduits (environ 5 % des effectifs bovins selon ILRAD, 1989 cité par AUTHIE, 1993) du fait de croisements non contrôlés avec les zébus qui sont préférés par les éleveurs en raison de leur grand format. Quant aux races trypanosensibles, représentées essentiellement par les zébus et les taurins exotiques, elles sont nombreuses, très variées et reparties principalement dans les zones dépourvues de glossines (le plus souvent les zones sahéliennes).

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Il existe enfin les produits de croisement entre les zébus typanosensibles et les taurins trypanorésistants qui ont le plus souvent un comportement intermédiaire vis-à-vis de la pathogénicité. Ce sont par exemple, les cas des races Borgou au Bénin, Keteku au Nigeria, Djakoré au Sénégal et Sanga au Ghana. Ce comportement variable des bovins africains face à la trypanosomose fait intervenir un certain nombre de mécanismes que nous évoquerons dans la suite de notre travail.

Mécanismes de la trypanotolérance

La trypanotolérance apparaît comme un phénomène complexe à déterminisme multifactoriel impliquant des mécanismes immunologiques et des mécanismes non immunologiqes.

 Mécanismes non immunologiques

Des adaptations physiologiques liées au milieu tropical des taurins jouent probablement un rôle non négligeable dans la tolérance à la maladie. Par exemple, une meilleure tolérance à l’humidité, une meilleure utilisation des aliments, une thermorégulation plus efficace, une meilleure conservation de l’eau et une peau plus épaisse avec moins de piqûres d’insectes en 18 challenge naturel sont autant de facteurs qui contribuent au phénomène de la trypanotolérance (PAGOT, 1974 ; MURRAY, 1988 ; CARR et al., 1974).

En ce qui concerne ce dernier aspect, il a été constaté que les zébus pourraient être plus attractifs aux glossines que les taurins. Dans les expériences menées au CRTA (actuel CIRDES) en conditions contrôlées, les zébus ont attiré 20 à 25 % de glossines plus que les taurins Baoulé ( FILLEDIER et al., 1988). Chez les espèces autres que les bovins domestiques, des facteurs sériques trypanolytiques ont également été détectés notamment chez les ruminants sauvages.

En effet, le sérum du buffle (Syncerus caffer) et de l’élan (Taurotragus sp.) contiendrait un facteur trypanotoxique (xanthine oxydase) susceptible d’agir sur les formes infectieuses du parasite dès leur pénétration dans le derme (MURANJAN et al., 1997). De même, les trypanosomes pathogènes du bétail (T. vivax, T. congolense et T. brucei brucei) sont rapidement lysés en présence du sérum humain. TRAORE-LEROUX et al (1987) ont rapporté que le sérum des taurins trypanotolérants contient une activité polyamine-oxydase (PAO) élevée qui favoriserait l’élimination des parasites. Selon NAESSENS et al. (2002), la réponse hématopoïétique, surtout l’érythropoïèse de la N’Dama, serait plus efficace que celle du zébu Boran.

La capacité de réponse de la moelle osseuse intervient ainsi dans l’efficacité du contrôle de l’anémie au cours des infections chroniques mais serait sans effet sur le contrôle de la parasitémie. En outre, la composition différente en acide sialique de la membrane des globules rouges entre la N’Dama et le zébu ralentirait l’érythrolyse chez la N’Dama (ESIEVO et al., 1986 cités par TAYLOR, 1998)

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