Relations sociales chez un groupe de Lemur catta (Linnaeus, 1758)

Madagascar présente la plupart des biodiversités (faunes et flores) mondiale dont 90% sont endémiques (Jolly et al. 2002). Les lémuriens constituent une forte diversité spécifique à Madagascar (Herpet, 2011) et les plus attrayantes pour les touristes et les chercheurs étrangères. Lemur catta est le plus connu et le plus étudié grâce à la présence de queue annelée, elle fréquente la partie sud du pays (Mittemeir et al., 2010). Comme tous les lémuriens, L. catta possède plusieurs rôles sur le fonctionnement de l’écosystème, comme les interactions entre proies prédateurs et la dispersion des graines. Cependant, les changements climatiques et les effets anthropiques sont les lourdes menaces pour cette espèce (Sussman, 1986) comme modifications des habitats et des niches écologiques. Ces variations peuvent avoir des effets sur les relations sociales dans la population, ainsi que dans la conservation de l’espèce.

Puisque l’espèce concernée vit en groupe (Sauther et al., 1999), ce mode de vie est basé sur des stratégies afin d’assurer leur vie au sein du groupe et qui repose sur des facteurs écologiques (habitat), démographique (structure d’âge) et biologiques (ressource alimentaire, reproduction…) de l’animal. La variation de ces facteurs au sein de la population peut provoquer des changements des relations sociales au sein du groupe. La relation sociale constitue une coopération entre les individus du groupe (Bajoit, 2009). Elle assure la communication interindividuelle, comme des échanges des informations ou des partages des activités entre les individus du groupe. Chez les Makis cette relation sociale est formée par des affinités entre les individus, de proximité, de solidarité et des différentes interactions intragroupe (Nakamiki et Koyama, 1997) qui forment le facteur de la dynamisation du groupe.

GENERALITES

La Réserve Privée de Berenty (RPB) se localise dans la partie Sud-est de Madagascar, dans la Région d’Anosy, District d’Amboasary Sud. Même si cette RPB appartient à la région d’Anosy, les peuples de la région d’Androy sont nombreux dans le village et leurs coutumes sont les plus pratiquées. Cette Réserve a été fondée et gérée par la société Henri, Alain De Heaulme « H.A.H » (Jolly et al. 2006). Depuis la fondation, en 1963, cette société s’est concentrée sur des projets comme la plantation des sisals puis a mené à la formation de la réserve et à l’accès aux chercheurs et aux touristes en 1983 (Jolly et al., 2006). La réserve est constituée par des espèces autochtones représentatives de la région. Cependant, des espèces introduites ont aussi été observées dans la RPB comme Azadirachta indica et Leucaena leucocephala (Jolly et Pride, 1999).

Les passages des différentes catastrophes naturelles (le cyclone, la famine, la sécheresse…) à Madagascar principalement dans la partie Sud ont conduit à des changements écologiques de la RPB (Jolly et al., 2006) comme la diminution des pieds des tamariniers, le changement de caractère des habitats et les variations quantitatives des ressources (Soma, 2006). Ces changements ont provoqué des impacts sur les biodiversités de la réserve (Jolly et al., 2006). C’est pour cette raison qu’actuellement, la société H.A.H organise des projets de reforestation et d’élevage des tortues, faisant partie des espèces les plus menacées du pays, pour améliorer et garder la beauté de la Réserve de Berenty.

Concernant les villageois, la population de la RPB vit dans un village à proximité de la réserve. Elle dépend des ressources issues des produits forestiers et des activités sur la protection et l’amélioration de la RPB, comme agents de la RPB. A cause du climat semiaride et une précipitation irrégulière de la région d’Androy, durant toute l’année, les habitants ont connu des difficultés sur la disponibilité de ressource en eau et en production agricole. Cette difficulté a entrainé leurs migrations vers d’autres régions y compris la RPB qui est dans la région d’Anosy. La plupart des gens du village sont des Antandroy. La vie de la population dépend de l’agriculture et de l’élevage. Les cultures les plus dominantes sont les cultures vivrières comme le manioc (Manihot esculenta), le maïs (Zea maïs), la patate douce (Ipomaea batata), et les légumineuses tels que les pois du cap (Phaseolus lunatus) et quelques espèces de famille de Cucurbitaceae. Les principaux élevages sont l’élevage du zébu et souvent des moutons, des chèvres et des volailles.

Milieu physique

Localisation géographique

La Réserve Privée de Berenty (RPB) est à 80 km de Fort-Dauphin, se localise dans la partie Sud-est de Madagascar (Jolly et al., 2006), dans la Région Anosy, District d’Amboasary Sud et inclus dans la commune de Behara. Géographiquement, elle est située entre la latitude 25°00’ à 25°02’ au Sud et les longitudes 46°17’ à 46°19’ à l’Est et une altitude environ de 58 m. La RPB est contournée au Nord par le fleuve Mandrare, au Sud par les zones des plantations des sisals de la société HAH. Elle est traversée par la RN13 qui se dirige d’Amboasary (Est) vers Ifotaka (Ouest).

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Avec une superficie de 240 ha, la RPB présente deux campements, touristique et naturaliste, elle se divise en 5 parties, la réserve d’Ankoba proche du campement naturaliste, la réserve de Malaza où il y a le campement touristique et le restaurant, la réserve d’Analamalangy, réserve d’Anefitany et d’Analalava. La RPB est gérée par la société HAH et créée en 1936 (Jolly, 2004). La société HAH est un groupe Agricole d’exploitation de sisal. Actuellement, elle élabore un projet sur la reforestation dans la RPB. La RPB est ouverte au public en 1983 et devenue un site touristique (Jolly et Pride, 1999).

Site d’étude

Dans la partie Ouest de la réserve, une portion de 40 ha est appelée réserve d’Ankoba (Jolly, 2006). Cette réserve s’étend le long du fleuve Mandrare, constituée par des forêts secondaires. Le territoire du groupe que nous avons suivi se situe dans une partie de cette réserve, au bord du fleuve, mais quelquefois la direction du groupe s’est prolongée vers une petite partie de la réserve de Malaza et s’est continuée sur la route près de l’aérodrome.

Climat

La RPB possède un climat tropical semi-aride, avec 11 à 12 mois de saison sèche et environ un mois de saison de pluie pour toute l’année. Dans la Région d’Anosy, le climat présente une alternance de saison chaude ou d’été (du mois de décembre au mois d’avril) et de saison froide ou d’hiver (du mois de juin au mois de décembre). La température annuelle varie entre 23 et 26°C en moyenne. Par ailleurs, elle a connu une augmentation en s’éloignant de la côte et dans la basse altitude essentiellement dans la partie de Behara, la température maximale de RPB peut dépasser plus de 40°C (mois de Janvier). Par contre durant l’hiver la température peut diminuer jusqu’à 10°C la nuit (mois de juillet) (Jolly 2012). La RPB se caractérise par une précipitation annuelle de 525,6 mm (Koechlin et al., 1974).

Sol

Le sol de la RPB est constitué par un terrain sédimentaire et volcanique. C’est un sol alluvial, salé et faiblement acide. Sa couleur varie du rouge au jaune. Il possède une caractéristique ferrugineuse tropicale et provient de l’altération des grès à faciès continental, de quartzite, petits galets roulés et ciment argileux. Le sol présente une nature limonosableuse, dont la plupart est constituée par du sable grossier, et argileux (Hervieu et Nalovie, 1965).

Hydrographie

Manarandra, Manambovo et Mandrare forment les réseaux fluviaux de la partie Sud de Madagascar. Mandrare limite la partie Nord de la réserve et joue un rôle plus important en assurant la vie de la population locale. A part ce réseau fluvial, RPB possède une autre source d’eau souterraine. Ce dernier est situé dans des socles cristallins offrant plus de service à la population lors de la sécheresse.

Table des matières

INTRODUCTION
GENERALITES
I. MILIEU ET SITE D’ETUDE
I.1. Milieu physique
I.2. Milieu biotique
II. MATERIELS ET METHODES
II.1. Matériel biologique
II.2. Descriptions du groupe d’étude
II.3. Période d’étude
II.4. Collecte des données
II.4.1. Proximité entre les indivudus
II.4.2. Solidarité du groupe
II.4.3. Interactions intragroupes
II.4.4. Variation des relations sociales en fonction des ressources alimentaires
II.4.5. Analyse de l’influence de l’âge sur l’entretien de la solidarité du groupe
II.5. Traitements des données et analyses statistiques
II.5.1. Traitement des données sur la proximité entre les individus
II.5.2. Calculs des fréquences sur les relations sociales effectuées dans le groupe
II.5.3. Traitement des données sur la relation entre les différents facteurs (âge et niveau de dominance) sur la solidarité du groupe
II.5.4. Traitement des données sur la variation des relations sociales en fonction des ressources alimentaires
II.5.5. Influence de l’âge sur l’entretien de la solidarité du groupe
III. RESULTATS ET INTERPRETATIONS
III.1. Proximité entre les individus
III.2. Solidarité du groupe
III.3. Interactions intra-groupes
III.4. Variation des relations sociales en fonction des ressources alimentaires
III.5. Influence de l’âge sur l’entretien de la solidarité du groupe
IV. DISCUSSIONS
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ET WEBOGRAPHIQUE
ANNEXES

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