Restauration écologique et intégration paysagère de la carrière de Campagne

Restauration écologique et intégration paysagère de la carrière de Campagne

Diagnostic

Localisation, historique et activité

 La carrière étudiée lors de ce projet se situe sur le territoire de la commune de Campagne (Dordogne), le long de la départementale D703 (Annexe 1). Cette dernière dont l’exploitation débutât en 1987 est exploitée par l’entreprise Héraut Carrières, devenue en 2000 filiale du Groupe Colas. En tant que site soumis au régime légal des carrières [2] la carrière de Campagne est classée comme Installation Classée Pour l’Environnement soumise à déclaration. La carrière de Campagne est aujourd’hui toujours en activité et s’est vu attribuer en 2011 un arrêté d’autorisation d’extension de 3 hectares et un renouvellement d’arrêté d’autorisation d’exploiter pour encore une dizaine d’années. Cependant pour cet exercice nous considérons que les activités de la carrière sont arrivées à leurs termes et qu’il est maintenant question de réaménager la carrière et ce, en respectant les impératifs fixés par la législation. La carrière de Campagne est un site d’exploitation de roche massive (matériaux calcaires). Lors de cette exploitation l’horizon humifère est d’abord décapé en défrichant le terrain qui recouvre la masse rocheuse. La roche est ensuite abattue à l’aide d’explosifs insérés le long de puits creusés à une profondeur similaire à la hauteur du front de taille. Ainsi après l’explosion, des fragments de roche sont libérés de la masse calcaire puis concassés avant d’être transformé en granulat et utilisés dans de nombreux domaines. Ce type d’exploitation est ici appliqué selon la méthode dite « à flanc de relief », en abattant progressivement par le flanc le relief calcaire. Il en résulte une zone d’extraction sur laquelle on extrait la roche et une zone de traitement sur laquelle les matériaux extraits peuvent être concassés et traités. Cette dernière zone est plus communément appelée le carreau et correspond au plancher défini par l’avancée du front de taille [3]. Aujourd’hui la surface exploitée de la carrière est de 12,3 Ha et s’étage de +65 m NGF pour son point le plus bas à +155 m NGF pour son point le plus élevé. Cette élévation de presque 100 m et l’orientation ouest/sudouest de la plupart de ses fronts de taille en font un site particulièrement visible depuis la route départementale D703 entre Le Bugue et Campagne comme on peut le voir sur la photographie 1 (le point d’où a été prise la photographie est précisé en Annexe 1) Fig. 1 : Exploitation en gradins, enchaînement de fronts de taille et de replats (banquettes) à flanc de relief . Cet aspect visuel a longtemps été sujet de controverse lors des demandes concernant les demandes d’autorisation d’exploiter sur la carrière. D’autant plus que cette dernière, située sur une zone entourée par la forêt de Campagne (245 Ha de site naturel sensible), est au cœur du site classé « La vallée de la Vézère et sa confluence avec les Beunes » et est couverte par le projet du Réseau des Grands Sites de France « Grand site vallée Vézère », dont les objectifs sont de préserver les paysages ainsi que le caractère historique et pittoresque de la vallée de la Vézère. 

Une carrière en fin d’exploitation

 Le site de la carrière de Campagne est visible à plusieurs kilomètres à la ronde à cause de l’exploitation à flanc de relief dont elle fait l’objet et de la blancheur du minéral exposé, contrastant avec la verdure de la forêt de campagne alentour. Bien que la carrière soit toujours en activité nous établissons que le site ne produit plus et qu’il ne produira plus puisque qu’aucune demande de renouvellement de permis d’exploiter n’a été formulée. Nous considérerons aussi que la carrière n’est pas destinée à un usage particulier mais simplement laissée à la nature pour qu’elle puisse reconquérir cet espace. Ainsi, dans toute carrière en fin de vie et comme le précisent les articles R.512-30 et R.512-35 du code de l’environnement, l’exploitant est tenu de réaliser une remise en état de sa carrière. Cette remise en état doit se faire en respectant l’Article 12 de l’Arrêté du 22 Septembre 1994 relatif aux exploitations de carrières et aux installations de premier traitement des matériaux de carrière (modifié par Arrêté du 24 Avril 2017 – art. 2). Dans cette réglementation l’exploitant de tout site d’extraction est tenu de « remettre en état le site affecté par son activité, compte tenu des caractéristiques essentielles du milieu environnant » [1] et « comporte au minimum : -la mise en sécurité des fronts de taille ; -le nettoyage de l’ensemble des terrains et, d’une manière générale, la suppression de toutes les structures n’ayant pas d’utilité après la remise en état du site ; -l’insertion satisfaisante de l’espace affecté par l’exploitation dans le paysage, compte tenu de la vocation ultérieure du site. » L’exploitant est donc tenu de limiter l’impact principalement visuel de son ancien site d’exploitation en essayant au maximum de l’intégrer au paysage, tout en assurant la sécurité et la propreté de son site. En plus de cette obligation liée à l’intégration paysagère vient s’ajouter l’intérêt pour le potentiel écologique du site. La carrière de Campagne, de par l’exploitation dont elle a fait l’objet est un espace endommagé, formé d’un ensemble de falaises et de replats exclusivement minéraux et quasi stériles, où la vie végétale ou animale n’a pu se développer en raison des nombreux passages d’engins et de personnel. Or, l’intégration paysagère du site passe généralement par la mise en place d’un couvert végétal capable de masquer les traces de l’ancienne activité. Ainsi, afin d’atteindre un l’objectif énoncé, il est commun de mettre en place des stratégies visant à permettre une évolution efficace de la végétation. L’objectif de ce projet est donc multiple : réaliser un travail de restauration écologique sur le territoire de la carrière afin d’assister la régénération d’un écosystème fonctionnel capable de réaliser les objectifs de remise en état énoncés précédemment tout en suivant les consignes de la loi de 1994 relatif aux exploitations de carrières. 7 VERVYNCK Louis PIND 2016/2017 C’est pour pouvoir réaliser ces objectifs que la suite de ce diagnostic cherchera à déterminer les paramètres biotiques et abiotiques caractéristiques de la carrière de Campagne après son exploitation. 

Le substrat rocheux 

Premièrement nous chercherons à déterminer les paramètres abiotiques caractéristiques de la carrière. Parmi ces paramètres le substrat sera déterminant pour le développement d’une communauté végétale sur la carrière. Le minéral exploité sur la carrière est un calcaire correspondant à l’étage coniacien (-89,8 ± 0,3 et -86,3 ± 0,5 millions d’années) [4], [5] et représente la roche la plus exposée sur le site aujourd’hui (une surface marginale de calcaire turonien a certainement été exposée lors des activités d’extraction mais reste minoritaire). Ce calcaire issu des dépôts sédimentaires retrouvés sur l’ensemble du troisième gradin géologique en Dordogne [6] est dur, pauvre en argiles entre dans la catégorie des roches calco-magnésiennes dont les carbonates s’altèrent lentement au contact de l’eau chargée en CO2 et des acides organiques, libérant Calcium et Magnésium favorable au développement des végétaux selon : 𝐶𝑎𝐶𝑂3 + 𝐶𝑂2 + 𝐻2𝑂 ⇌ 𝐶𝑎(𝐻𝐶𝑂3)2 [7] et offrant un milieu basique. En temps normal ce procédé est efficace et facilité par l’humidité des couches supérieures du sol. Mais dans le cas de notre carrière et comme dit précédemment nous sommes face à une situation où le sol n’existe plus et n’est donc plus capable de participer à cette action. Ainsi seule la pluie est pour le moment capable de réaliser la dissolution de ces roches alors que sa concentration en CO2 est jusqu’à 100 fois inférieure à celle de l’eau du sol [7] P54. Cette rupture édaphique avec le milieu alentour aboutit dans les conditions actuelles à la formation d’un milieu oligotrophe et relativement compact impropre au développement d’une communauté végétale capable de masquer la présence de la carrière dans le paysage (voir Photographie 2). 

Table des matières

II. Avertissement
III. Remerciements
IV. Introduction
V. Diagnostic
1. Localisation, historique et activité
2. Une carrière en fin d’exploitation
3. Le substrat rocheux
4. Le relief issu de l’exploitation
5. Le climat
6. La faune et la flore sur, et autour du site
7. Pollutions diverses
VI. Le Projet d’aménagement
1. Les aménagements sur la carrière
a. Les fronts de taille
b. Le substrat
c. L’implantation de végétaux
2. Les évolutions dans la carrière
a. Le sol
b. La flore
c. La faune
VII. Conclusion
VIII. Bibliographie
IX. Annexes.

projet fin d'etude

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