Résumé des résultats principaux en lien au cadre de référence

La diminution de la détresse

La crainte anticipée et provoquée par des situations impliquant des aiguilles peut contribuer à une intensité de la douleur et à une détresse émotionnelle subséquente, créant ainsi une augmentation du cycle de détresse et de douleur émotionnelle (Cavender et al., 2004). Selon Caprilli et al. (2012), le stress psychologique influence la détresse et le manque de confort ; leur étude démontre une corrélation entre la détresse, la douleur et l’âge des enfants. Les enfants plus jeunes ont ressenti un niveau de détresse et de douleur plus élevé (Caprilli et al., 2012). Les enfants d’âge préscolaire ont une capacité limitée de différencier la douleur induite par les soins invasifs et la peur causée par une personne inconnue ou un environnement peu familier. Ils expriment donc la peur et la douleur de la même façon (Yoo et al., 2011). Selon MacLaren et Lindsey (2005), une distraction suffisamment attrayante et facile d’utilisation, peut être une technique efficace pour gérer la détresse. Leur étude indique qu’un film est plus distrayant et plus efficace dans la diminution de la détresse qu’un jouet interactif lors d’une ponction veineuse en pré opératoire.

L’étude de Caprilli et al. (2012) démontre l’efficacité de la distraction par les bulles de savon avant, pendant et après une prise de sang dans la réduction de la détresse et de la douleur. Dans l’étude de Tüfekci et al. (2008), la peur est une variable significative lors de la perception de la sensation douloureuse. Les auteurs indiquent que les enfants qui exprimaient un sentiment de peur ont ressenti une douleur plus importante. Pour réduire l’inconfort, Kolcaba (2003) exprime l’importance des interventions mises en place afin que les enfants se sentent aimés et renforcés. Les mesures techniques de confort (Technical Comfort Measures) visent au contrôle de la douleur, à prévenir les complications ainsi qu’à maintenir ou retrouver le confort. Les résultats présentés ci-dessus démontrent l’efficacité de la distraction dans la diminution de l’intensité de la douleur lors de procédures invasives impliquant une aiguille. L’accompagnement (Coaching) est une mesure de confort qui vise à soulager l’anxiété, rassurer, informer et insuffler l’espoir (Kolcaba, 2003). L’étude de Inal et Kelleci (2012) relève un niveau d’anxiété plus faible chez les enfants du groupe expérimental. Les résultats des articles de Cavender et al. (2004) et de Tüfekci et al. (2009) démontrent une diminution significative de la peur perçue par les enfants exposés à une méthode de distraction.

Le positionnement parental

Dans l’ensemble des articles retenus, tous les enfants étaient accompagnés par un parent lors de la procédure. Caprilli et al. (2012) affirment que le rôle parental pendant les procédures douloureuses des enfants est crucial. Dans leur étude, lors d’un niveau élevé de douleur, les enfants demandaient beaucoup de soutien de la part de leurs parents. L’étude de Cavender et al. (2004) stipule que les parents étaient facilement disponibles et prêts à participer au soutien de leur enfant. La participation active des parents, après avoir reçu des informations précises et claires, a probablement augmenté les avantages potentiels de leur présence. L’importance du positionnement parental est appuyée par le concept de confort holistique de Kolcaba (2003). La ST démontre explicitement que la transcendance (Transcendence) du patient est atteinte lorsque le besoin d’un environnement familier et le besoin du soutien de la part de la famille ne sont pas satisfaits. La nourriture spirituelle (Food for the Soul) est une intervention de confort comprenant les adaptations de l’environnement pour améliorer la paix et la tranquillité de l’enfant. Les aspects de l’environnement du patient et de la famille peuvent être manipulés afin d’améliorer le confort (Kolcaba, 2003). Cavender et al. (2004) ont constaté une diminution de la résistance au soin et une diminution de la peur lorsque l’enfant s’assoit sur les genoux du parent. Cette position couplée à la distraction améliore les résultats cliniques et diminue la peur engendrée par les soins. Les interventions proposées par Kolcaba (2003) sont interdépendantes ; le positionnement de l’enfant proposé par l’infirmière peut être une méthode d’accompagnement (Coaching) visant à le rassurer.

Les outils d’évaluation Kolcaba et Di Marco (2005) affirment que les infirmières doivent évaluer les besoins physiques, psycho spirituels, socio-culturels et environnementaux afin d’évaluer le confort et ainsi apprécier l’efficacité de leurs interventions. Pour cette raison, Kolcaba (2010) propose des questionnaires adaptés à plusieurs milieux de soins, dont celui de la pédiatrie. Les auteurs des articles scientifiques proposent eux aussi des échelles d’évaluation de la douleur et de la détresse. Des similitudes sont présentes entre ces dernières et les propositions d’évaluation en milieu pédiatrique de Kolcaba et Di Marco (2005). Lors de l’auto-évaluation de la douleur, Caprilli et al. (2012), proposent l’utilisation de l’échelle des visages de Wong-Baker ; les enfants indiquent un des six visages de l’échelle correspondant le mieux à la douleur ressentie. Selon Sadeghi et al. (2013), cette échelle est un instrument simple d’utilisation, facilement réalisable et rapide. Une similitude ressort entre cette dernière et les Marguerites du confort de l’enfant, proposée par Kolcaba (2010).

Dans l’étude de Tüfekci et al. (2008), l’échelle visuelle analogique (EVA) est un outil d’auto-évaluation de la douleur. Sur la face présentée au patient, une extrémité de l’échelle correspond à « absence de douleur » et l’autre à « pire douleur imaginable ». Le patient indique, avec le curseur, son niveau de douleur sur la ligne. Sur la face présentée au soignant, l’intensité de la douleur est indiquée par un score de zéro à dix. Kolcaba et Di Marco (2005) suggèrent l’utilisation de la Ligne de confort, qui est une pire douleur imaginable ressemblant fortement à l’EVA. L’étude de Yoo et al. (2011) propose l’échelle des jetons utilisant quatre jetons rouges et un jeton blanc qui doivent être placé horizontalement devant l’enfant. Les jetons représentent le niveau de douleur : le blanc signifie « pas de douleur du tout » (0 point) et le rouge « un peu de douleur » (1 point) ; quatre jetons « la pire douleur ressentie » (4 points). L’enfant choisit le nombre de jeton correspondant à l’intensité de sa douleur. L’hétéro-évaluation se réfère à l’observation de l’enfant. L’échelle modifiée d’observation de la détresse comportementale (OSBD-A) peut être utilisée ; elle comprend des indicateurs spécifiques tels que les pleurs, les cris, la demande de soutien affectif, la rigidité musculaire, la contrainte physique, la résistance verbale, l’affolement, les comportements nerveux, la recherche d’information ou encore la peur et la douleur exprimée verbalement. L’évaluation de chaque item se fait sur un score de zéro (comportement absent) à trois (comportement répété) (Caprilli et al., 2012). La liste de contrôle des comportements de confort (CBC), outil similaire à l’OSBD-A, est un instrument d’hétéro-évaluation proposé par Kolcaba (2010) et utilisé lorsque l’enfant ne parle pas ou en complément à d’autres échelles d’évaluation.

Résumé des résultats principaux en lien au cadre de référence

La synthèse des résultats a permis de faire émerger les thèmes de la détresse, du positionnement parental ainsi que les outils d’évaluation. Comme vu précédemment, la détresse est indissociable de la douleur. Caprilli et al. (2012), Cavender et al. (2004) et MacLaren et al. (2005) démontrent l’efficacité de la distraction dans la diminution de la détresse. Différentes méthodes ont été utilisées. Les bulles de savons, utilisées par Caprilli et al. (2012), diminuent le niveau de détresse avant, pendant et après la prise de sang. MacLaren et al. (2005) comparent la distraction active par l’utilisation d’un jouet interactif et la distraction passive au moyen d’un film. Le soulagement a été plus important avec le film bien qu’une diminution ait été évaluée dans les deux groupes. Cavender et al. (2004) démontrent qu’une intervention multimodale composée de la participation des parents pour le positionnement ainsi que d’une méthode distractive telle que le kaléidoscope ou un livre diminuent la peur et l’anxiété lors d’une ponction veineuse. Ils rapportent également une diminution de la détresse comportementale pendant la procédure.

Les composants multidimensionnels de la détresse affectent la nature holistique du confort. Kolcaba (2003) exprime l’importance des interventions infirmières dans la réduction de la douleur, de la peur et de l’anxiété. Le positionnement de l’enfant sur les genoux des parents combiné à la distraction tel que proposé dans l’étude de Cavender et al. (2004) diminue significativement la détresse comportementale, la peur et la douleur pendant la procédure invasive. Au vu de ces résultats, la présence et le rôle actif des parents pendant l’intervention sont primordiaux au confort de l’enfant. Kolcaba (2003) stipule l’importance d’un environnement familier ainsi que du soutien des parents pour que l’enfant se sente rassuré et tranquillisé. Cet aspect important de l’adaptation de l’enfant pendant une procédure douloureuse est apparu lors de l’élaboration de cette revue partielle de littérature. Kolcaba et Di Marco (2005) précisent que le résultat immédiat de confort renforcé est atteint si l’intervention a été efficace et délivrée de façon bienveillante ; des outils d’évaluation sont donc nécessaires. Un questionnaire sur les caractéristiques générales des enfants a été utilisé dans les sept études retenues pour ce travail. Le nombre de prises de sang précédentes est un item commun à la majorité des articles et peut influencer le niveau de douleur et de détresse. Comme vu précédemment, les outils d’évaluation proposés par Kolcaba (2010) sont similaires à certains outils utilisés par les auteurs des études scientifiques. Certaines échelles d’évaluation sont proposées afin d’évaluer d’autres variables. Caprilli et al. (2005) ont créé un outil permettant d’apprécier l’interaction des parents avec leur enfant. Yoo et al. (2011) évaluent les réponses physiologiques par les mesures de la fréquence cardiaque, du taux sanguin de glucose et de cortisol. Le groupe témoin avait une fréquence cardiaque plus haute avant la ponction veineuse ; l’analyse de sang confirme l’efficacité de la distraction par l’augmentation des taux sanguin de glucose et de cortisol chez les enfants pas exposés à la distraction. La structure taxonomique de Kolcaba (2003) reflète l’importance des interventions infirmières dans la notion de confort holistique.

Implication pour la pratique et la recherche

Tous les résultats obtenus démontrent une diminution de la douleur et de la détresse lors de l’utilisation d’une méthode de distraction pendant une procédure impliquant les aiguilles. Les auteurs des articles scientifiques nomment les avantages pour la pratique infirmière ainsi que les recommandations pour les recherches futures. L’effet synergique de la présence des parents, du confort et de la distraction semble plus efficace qu’une seule de ces interventions isolées. Le rôle d’encadrement et d’orientation des parents devrait être défini par les infirmières afin de maximiser leur présence dans l’adaptation de l’enfant (Cavender et al., 2004). Les infirmières devraient trouver une distraction suffisamment attrayante et facile dans un but de gestion de la détresse (MacLaren et al., 2005). Tüfekci et al. (2009) précisent que les infirmières devraient prendre en compte certaines caractéristiques, comme l’âge, lors du choix de la méthode de distraction. La proposition des bulles de savon par Caprilli et al. (2012) ainsi que la balle molle par Sadeghi et al. (2013) sont des moyens non-pharmacologiques rapides, de faibles coûts et faciles d’utilisation. Leur efficacité devrait inciter les infirmières à privilégier les méthodes de distraction lors d’une prise de sang. L’introduction du dossier électronique permet de transporter les ordinateurs au chevet du lit du patient, un extrait de dessin animé peut donc être proposé comme méthode distractive (Yoo et al., 2011). Concernant la recherche, l’étude sur le positionnement parental couplé à la distraction devrait être poursuivi afin de prouver l’efficacité de ces interventions de confort sur des pratiques fondées (Cavender et al., 2004). Il semblerait pertinent de vérifier l’efficacité des méthodes de distraction lors d’autres procédures invasives, comme la ponction lombaire (Caprilli et al., 2012) ou lors d’injections répétées chez des enfants atteints de maladies chroniques (Yoo et al., 2011).

Table des matières

1 Introduction
2 Problématique
2.1.1 Cadre de référence : la théorie du confort de Kolcaba
2.2 Relation entre la douleur et le confort
2.3 Les interventions de confort
2.4 Les mesures d’évaluation du confort
2.5 Question de recherche
3 Méthodologie
3.1 Base de données
3.2 Stratégies de recherche documentaire
3.3 Critères d’inclusion et d’exclusion
4 Résultats
4.1.1 Article 1
4.1.2 Article 2
4.1.3 Article 3
4.1.4 Article 4
4.1.5 Article 5
4.1.6 Article 6
4.1.7 Article 7
5 Synthèse des résultats
5.1 La diminution de la détresse
5.2 Le positionnement parental
5.3 Les outils d’évaluation
6 Discussion
6.1 Résumé des résultats principaux en lien au cadre de référence
6.2 Limites du travail
6.3 Caractère généralisable des résultats
6.4 Confrontation des résultats à la question de recherche
6.5 Implication pour la pratique et la recherche
7 Conclusion
Liste de références bibliographiques
Annexes

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