LES MEDICAMENTS INHIBANT LES HEMOSTASES PRIMAIRE ET SECONDAIRE :
PHARMACOLOGIE, TOXICOLOGIE ET APPLICATIONS THERAPEUTIQUES CHEZ LES CARNIVORES DOMESTIQUES

APPLICATIONS THERAPEUTIQUES DES MEDICAMENTS INHIBITEURS DE L’HEMOSTASE

L’utilisation de ces médicaments en médecine vétérinaire est encore mal maîtrisée à l’heure actuelle. Les principales indications sont les thrombo-embolies. Après avoir développé la pathogénie et la clinique des thromboembolies, nous nous attacherons à leur thérapie spécifique chez le chien et le chat. Enfin, nous envisagerons les autres applications thérapeutiques de cette classe médicamenteuse. Nous utiliserons pour cela la méthode de la « médecine basée sur les évidences » en nous appuyant sur les études cliniques bien conçues et non sur les recommandations générales d’ouvrages généralistes.

Affections thrombotiques des carnivores
Les affections thromboemboliques, expressions pathologiques d’une réponse hémostatique normale, sont connues de longue date pour être une contribution majeure à la morbidité et à la mortalité humaine [43]. Ces affections sont globalement sous-diagnostiquées en médecine vétérinaire. Les thrombi peuvent se former dans le cœur, les artères, les veines et les capillaires. En raison de la nature extensive du système vasculaire, les thrombi et les thromboembolies peuvent se former ou se loger à n’importe quel endroit du corps. Les accidents thromboemboliques chez le chien et le chat ont été rapportés dans différentes localisations telles que les vaisseaux pulmonaires, la veine porte, la veine cave, l’aorte, le cœur, les artères rénales et cérébrales, les vaisseaux intestinaux et mésentériques, les artères spléniques, iliaques, fémorales et brachiales, la veine fémorale ainsi que les vaisseaux de la microcirculation . Lorsque se produit un phénomène thromboembolique à l’origine d’une occlusion vasculaire, des substances vasoactives (sérotonine, thromboxane A2 principalement) sont relarguées par le thrombus et diminuent l’efficacité de la circulation collatérale par la vasoconstriction qu’elles provoquent.

Les thrombi diffèrent selon qu’ils sont artériels ou veineux : – Les thrombi artériels sont blanc-grisâtre et généralement fermement attachés à la paroi vasculaire. Ils tendent à être occlusifs mais peuvent être seulement fixés à un endroit de la paroi, ce qui autorise quand-même une circulation partielle dans les vaisseaux à gros diamètre. – Les thrombi veineux sont peu fréquents en médecine vétérinaire. Ils sont généralement occlusifs et forment souvent de longs moulages du vaisseau concerné. Leur apparence se rapproche des caillots qui se forment dans les tubes secs de prélèvement sanguin, en raison de leur richesse en érythrocytes.

Thromboembolie pulmonaire (TEP)
La TEP (Figure 15) est une complication sérieuse et souvent fatale d’une variété de désordres cliniques chez l’homme et le chien [90]. Chez le chien, elle est associée principalement à l’anémie hémolytique auto-immune (AHAI), la dirofilariose et l’hyperadrénocorticisme. Chez le chat, la TPE est très peu rapportée [72, 78, 101], et serait associée à des affections telles que la pancréatite, l’anémie, la néoplasie et les cardiopathies. Chez le chien, la TEP est fréquemment asymptomatique. Les animaux sont alors présentés en urgence lorsque l’embolisation est massive et responsable de signes sévères. Les signes cliniques les plus constants et les plus évocateurs sont la présence d’une dyspnée et d’une tachypnée. La tachycardie et l’hyperthermie sont des manifestations cliniques également très fréquentes. Le diagnostic est toutefois difficile en raison de la non-spécificité de ces signes, et du peu d’examens complémentaires intéressants et disponibles en routine..