Caractérisation des systèmes de production maraichère pratiques dans la forêt classée

La situation de la FCM

La Forêt Classée de Mbao, située dans le département de Pikine, région de Dakar, a été immatriculée au nom de l’Etat en 1908 et plus tard classée le 7 mai 1940 par Arrêté 979 SE/F sur 800 ha 16a 48ca. Réduit à 771 ha en 1972 pour la création de la zone industrielle de Dakar, elle couvre actuellement une superficie de 722,5 hectares.
La forêt classée de Mbao est limitée au Nord par les villages traditionnels de Boune, Darou Misseth et Médina Kell, au Sud par Petit Mbao et Grand Mbao, à l’Est par Kamb et Keur Mbaye Fall, et à l’Ouest par la Route Nationale N°1 et les bretelles de Petit Mbao et Fass Mbao.
D’une situation de forêt péri-urbaine, la Forêt Classée de Mbao est progressivement devenue une forêt urbaine. Ainsi, elle fait l’objet de convoitise de la part des villageois et des promoteurs immobiliers. De surcroît, l’extension des routes lui fait subir des empiétements et des risques de saignées pouvant compromettre son existence. C’est le cas du projet d’autoroute à péage dont le tracé passe par la Forêt Classée de Mbao et qui constitue de ce fait une lourde menace pour sa préservation.
Aujourd’hui, elle est devenue moins naturelle et écologiquement fragmentée. Sa sauvegarde est à la fois urgente et indispensable pour qu’elle puisse continuer à remplir pleinement ses fonctions et que la population puisse bénéficier de son potentiel précieux en termes de biens et services. C’est dans ce cadre qu’un plan d’aménagement élaboré en 2008 est en train d’être mis en œuvre. Le peuplement naturel a presque disparu. Il ne reste plus que des individus isolés: Faidherbia albida (Kad), Parinari macrophylla (Neew), Adansonia digitata (Baobab), Maytenus senegalensis, Ximenia americana, Eleais guineensis (Palmier à huile) en bordure des Niayes.
Les essences exotiques ont pris la relève grâce aux plantations effectuées, qui concernent essentiellement Anacardium occidentale (Darcassou), Eucalyptus camaldulensis et Casuarina equisetifolia (Filao) (PAFCM 2008).

L’historique de la FCM

L’arrêté général portant classement du périmètre de reboisement de Mbao a été pris le 7 mai 1940 mais l’immatriculation au nom de l’Etat date de novembre 1908. De cette époque à 1917, on ne sait pas grand-chose de leur histoire, sans nul doute les populations continuaient à exercer librement leurs droits d’usage de l’activité maraîchère. En 1917, lors de la création d’une station de pompage des eaux de « ceanes », l’administration décida de limiter, sinon de supprimer, les droits d’usage des populations et de procéder au reboisement du terrain.
Débutées en 1918 avec le filao (Casuarina equisetifolia), les plantations avaient pour objectifs la fixation et la protection des sols.
Entre 1940 et 1955, plusieurs autres espèces furent introduites dans la forêt : Eucalyptus camaldulensis, Prosopis juliflora, Anacardium occidentale etc.
La forêt est aujourd’hui sérieusement menacée par la forte pression urbaine : L’autoroute à péage qui a entrainé d’une partie de la végétation, les pratiques d’une agriculture traditionnelle sous pluie.

Les ressources végétales

La végétation : Les formations végétales présentes dans la forêt classée de Mbao peuvent être classées en deux catégories : les formations naturelles et les formations artificielles. Jadis constituée d’essences locales jugées peu productives par les autorités coloniales, cette végétation a été en grande partie remplacée par des peuplements de filao, d’anacardiers, d’eucalyptus, de prosopis etc. Aujourd’hui, la divagation du bétail et l’exploitation abusive à des fins de pharmacopée devenue très lucrative, compromettent la survie des espèces locales avec la disparition de la majeure partie de la jeune régénération.
Les produits forestiers non ligneux (PFNL) : L’inventaire forestier donne la liste des espèces classées « Fruitiers ». Anacardium occidentale et Ziziphus mauritiana sont les espèces fruitières les plus fréquentes. Sur un total de 57 espèces arbustives ou arborées recensées, au moins 13 peuvent être considérées comme des espèces forestières et fruitières (PAFCM 2008).
Les ressources hydriques : La FCM dispose de ressources en eau. En plus du marigot qui longe Kamb pour passer dernière Keur Mbaye Fall et sous la RN1 pour aller à la mer, il y a des mares et des zones dépressionnaires à inondation temporaire. Il y a également un réseau de puits hérité du système de captage des eaux de pluies, celui de Kamb est valorisé.

Les facteurs de production

La terre : La terre de la Forêt Classée de Mbao fait partie du domaine classé de l’Etat. Elle est vertu de l’article R14 du décret 98-164 du 20 février 1998 et la Loi 98-03 portant Code forestier. « L’élaboration du plan d’aménagement d’une forêt classée relève du Service forestier qui définit les règles de gestion, les exécute ou les fait exécuter par un tiers ».
Dans le cadre de la FCM, le service forestier a privilégié une cogestion compte tenu de la complexité de la problématique de sa conservation. C’est ainsi qu’il a initié une collaboration avec les collectivités locales intéressées. Le protocole d’accord signé entre le service des Eaux et Forêts et l’ancien Conseil régional de Dakar entre dans ce cadre (FCM). Les règles d’accès à la terre voir : Règles et mesures consensuelles par domaine.
Accession à L’eau : Malgré la pression sur les mares, l’accès à l’eau pose un problème au double plan qualitatif et quantitatif. La diminution des stocks d’eau souterraine éloigne la nappe phréatique et diminue l’efficacité des puits et la possibilité de se limiter à l’utilisation des « céanes » (puits traditionnelle). On remarque également une extension des eaux salées (ISRA, 2000) qui se traduit par une salinisation des sols. La progression de ce phénomène a un effet néfaste sur certaines plantes. En effet, elle peut ralentir la maturité de la plante, certains producteurs cultivent sur ces surfaces des plantes qui tolèrent le sel, telles que la tomate, le gombo, la betterave et voire même le chou etc….

L’usage des pesticides

L’usage des pesticides est l’un des facteurs clés du développement du maraîchage dans la FCM. En effet, utilisées depuis des décennies, ces substances toxiques permettent de détruire les rongeurs, les insectes, les mauvaises herbes etc… qui constituent une réelle menace pour les producteurs maraîchers. Encore appelées produits phytosanitaires , elles englobent les fongicides, les insecticides, les herbicides en fonction des organismes ciblés par la substance active. Cependant, utilisés de manière abusive, ces pesticides peuvent être à l’origine de pollution pouvant altérer la qualité de l’environnement.
Ainsi, les enquêtes menées dans la FCM ont montré que pratiquement 97,2% des producteurs maraîchers utilisent les pesticides pour lutter contre les mouches blanches, chenilles et toutes forme d’insectes qui peut nuire à la bonne croissance des végétaux, ce qui occasionnent d’importantes pertes. Parmi les pesticides utilisés on peut citer entre autre : diméthoate, dicofol etc… Cependant, il se pose un problème de non-respect des normes d’utilisation de ces produits auquel on peut ajouter l’absence de mécanismes de contrôle, ceci qui favorise l’usage de quantités excessives de pesticides susceptibles d’entrainer des problèmes de santé publique. Selon les maraîchers enquêtés, les pesticides peuvent être utilisés plusieurs fois, à plusieurs étapes (avant le repiquage, au stade végétatif et au moment de l’attaque de la plante). Le dosage des pesticides constitue l’une des difficultés à laquelle sont confrontés les producteurs.
Les volumes utilisés ne sont généralement pas quantifiés et plusieurs peuvent être mélangé sans tenir compte ni du dosage indiquées généralement sur l’emballage, ni de la compatibilité. Les maraîchers enquêtés confirment utiliser les instruments de mesure tels que les bouchons de flacons contenant les produits phytosanitaire pour les pesticides liquides et les boites d’allumettes pour les pesticides solides. Ainsi, les « doseurs paysans » sont principalement des bouchons de flacons ou bouteilles. Leur contenance varie de 100 à 250ml.
Par ailleurs, les producteurs maraîchers utilisent la balance pour les poudres et granulés. Les boites d’allumettes vides de contenance comprise entre 15 et 20g sont également utilisées comme des «doseurs paysans»pour les poudres et les granulés.

Table des matières

INTRODUCTION 
CHAPITRE 1 : PROBLEMATIQUE ET JUSTIFICATION DU CHOIX DU SUJET
1.1.PROBLEMATIQUE
1.2. Justification du choix du sujet
1.3 .Les Objectifs
1.3.1 .Objectif général
1.3.2. Objectifs spécifiques
1.4. Hypothèse de Recherche
1.5. Définition des concepts
CHAPITRE 2: PRÉSENTATION DE LA ZONE D’ÉTUDE
2.1. Généralités
2.1.1. La situation de la FCM
2.1.2 L’historique de la FCM
2.1.3. Le cadre juridique de la FCM
2.2. Milieu biophysique
2.2.1 Les facteurs climatiques
2.2.2 Les températures et les précipitations
2.2.3 L’évaporation
2.2.4 Les vents
2.2.5 Les sols
2.2.6 Les ressources végétales
2.2.6.1 La végétation
2.2.6.2 Les produits forestiers non ligneux (PFNL)
2.2.6.3 Les ressources hydriques
2.3. Milieu humain
CHAPITRE 3 : MATERIEL ET METHODES 
3.1. Recherche documentaire
3.2. La collecte des données sur le terrain
3.2.1 Echantillonnage
3.2.2 Les entretiens semi structurés individuels
3.2.3. Entretiens semi-structurés de groupe
3.3. Traitement des données
3.4. Les difficultés de l’enquête du terrain
CHAPITRE 4: CARACTÉRISATION DES SYSTÈMES DE PRODUCTION
4.1. Les systèmes de production maraîchère dans la Forêt Classée de Mbao
4.2. Les acteurs de la production
4.3. Les types d’exploitations
4.4. Les facteurs de production
4.4.1 La terre
4.4.2. Accession à L’eau
4.4.3. Les équipements
4.4.4. Les intrants
4.6. Les techniques et les opérations culturales
4.6.1. Les techniques de conduite des plantes
4.6.2. La lutte contre les ravageurs
4.7. La commercialisation
4.7.1. Les acteurs impliqués dans la commercialisation
4.7.2. Les circuits de commercialisation
4.8. La rentabilité des systèmes de production maraîchère
4.8.1 La contribution à la sécurité alimentaire
4.8.2 La lutte contre le chômage
4.8.3 Apport économique à l’éducation, la santé et aux dépenses quotidiennes
4.8.4. L’amélioration des conditions de vie
4.8.5 Les frais de voyage
4.9. Les contraintes des systèmes de production
4.9.1. Les problèmes environnementaux liés au maraîchage
4.9.2. L’usage des pesticides
CHAPITRE 5 : DISCUSSION 
CONCLUSION GENERALE
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES

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