Caractéristiques des étudiants délinquants

Caractéristiques des étudiants délinquants

Pour minimiser les fautes de leurs étudiants, les avocats de l’université mettaient fréquemment en avant leur jeune âge, comme dans l’exemple ci-dessus extrait d’une plaidoirie faite devant le Parlement de Paris en 1446. Le fait d’être jeune constituait un argument utilisé également par ceux-là même qui avaient commis un délit, ou par leurs « amis charnels », lorsqu’ils sollicitaient une lettre de rémission auprès du roi. Ainsi, l’une des excuses utilisée dans celle de Germain Barrant, qui avait pénétré dans des maisons toulousaines pour y voler de la nourriture et divers objets, était qu’il avait agi « par Ce critère de l’âge peut être considéré, avec celui du sexe toujours masculin, comme l’élément qui caractérise le mieux, l’ensemble de tous ceux qui fréquentèrent l’université, encore que, nous l’avons vu à plusieurs reprises, cet âge pouvait varier entre environ quatorze ans pour les plus jeunes, et une trentaine d’années, voire beaucoup plus parfois. Cette tranche d’âge correspondait à deux des sept âges de la vie, tels que les découpaient les médiévaux à l’époque qui nous intéresse : adulescentia de quatorze à vingt-et-un ans, et  juventus de vingt-et-un à trente-cinq ans632, et qui présentaient tous deux une connotation de jeunesse. Contrairement à une idée largement répandue liée au fait que l’âge moyen de la mort arrivait alors beaucoup plus tôt qu’aujourd’hui, un homme de trente cinq ans était encore un jeune homme.

Outre les critères d’âge et de sexe, nous avons tenté de cerner le milieu social et l’origine géographique des universitaires délinquants. Si les étudiants, dans leur ensemble, étaient issus de toutes les classes de la société et venaient de toutes les régions de l’Occident chrétien, en était-il de même pour ceux qui se mirent en marge de la loi et si c’est le cas, y a-t-il eu des voies de délits différentes entre pauvres et riches, entre locaux et « estrangers » ? Nous avons vu enfin que dans de nombeuses affaires, la présence d’armes constitua un des facteurs aggravants de la violence homicidaire en particulier. Beaucoup d’étudiants étaient armés mais cet état de fait fut-il pour autant une des caractéristiques lié à leur état ou bien était-ce une pratique commune à l’ensemble de la population médiévale ?  « Il estoit en jeune aage »633 Si donc, l’étudiant médiéval pouvait être qualifié de « jeune homme », nous avons tenté de retrouver, dans l’ensemble de nos sources les éléments permettant d’affiner cette notion d’âge. La première remarque qui s’impose est que, dans la majorité des cas, l’âge exact ou même approximatif n’apparaît pas. Lorsqu’il est indiqué, il est généralement accompagné de la formule « ou environ » mais cela reste une indication positive que nous retiendrons comme fiable puisqu’elle est celle qui était fréquemment utilisée à cette époque où ni carte d’identité ni fiche d’état civil ne permettaient de connaître avec précision ce genre de donnée. Seule, l’Eglise répertoria très tôt les enfants que ses prêtres baptisaient, avec, comme indication, la date de la cérémonie qui, il est vrai, était relativement proche de celui de la naissance, dans la mesure où elle avait lieu très tôt dans l’existence, afin de faire de l’enfant un fils de Dieu et de lui éviter ainsi, en cas de décès prématuré, de se retrouver à errer dans les limbes et à rester ainsi exclu du paradis. Une seconde remarque nous semble importante quant à cette mention de l’âge : Ceux qui étaient les plus jeunes avaient tout intérêt à la faire apparaître, dans la mesure où elle était associée, au Moyen Âge comme aujourd’hui – même si les critères n’étaient pas les mêmes – à une notion d’ « irresponsabilité ». Nous pouvons donc en déduire que bien souvent, le fait que l’âge ne soit pas mentionné, dans les lettres de rémission par exemple, laisse une forte présomption que le délinquant avait atteint cette fameuse majorité. Mais là encore, il nous faut être très prudent sur cette notion particulièrement fluctuante d’une période à une autre et d’un pays à un autre. Si aujourd’hui l’âge légal est le plus couramment de dix-huit ans, il existe bien des exceptions, et il peut en réalité, varier entre quinze et vingt et un ans. Certains pays comme le Canada voient même des différences d’une province à une autre. En France, il n’y a pas si longtemps, avant 1974 et depuis le code napoléonien, il était encore de vingt et un ans. Auparavant, pendant la période Moderne, cet âge avait été fixé à vingt cinq ans par une ordonnance promulguée en 1579. Qu’en était-il au Moyen Âge ? Rien de très précis n’apparaît vraiment, mais nous possédons cependant quelques éléments indicateurs sur le sujet. Si nous nous référons au droit romain, celui-ci considérait que le fils demeurait mineur tant qu’il dépendait de son .

 

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