Croissance economique et secteur agricole

Après son indépendance, au vu de l’importance sociale du riz dans le pays, les dirigeants politiques malgaches prennent la priorité de faire accroître la production rizicole par peur de mettre en danger leur stabilité politique. Dès 1960, des politiques comme celle de l’aménagement, la vulgarisation des techniques culturales, la diffusion de l’emploi des engrais sont pratiquées et cela a permis d’augmenter la production rizicole avec une participation de 65% à la croissance de la production .

Mais actuellement cette production diminue et n’arrive même plus à se soulever après une forte croissance de la population en 1974 et une aggravation de la situation avec le Programme d’Ajustement Structurel dans les années 80. Pourtant la proportion de la population qui pratique l’activité agricole surtout la culture rizicole représente toujours les trois quart de la population malgache soient près de 75%, le prix tend à augmenter de plus en plus sans que cela ait une conséquence directe sur le niveau de vie des producteurs qui vivent, la plupart, dans une pauvreté incessante, et les politiques agricoles qui se sont succédées n’ont pas abouti à des résultats pérennes et concrets qu’elles soient prises pour l’amélioration de la production ou pour celle du fonctionnement du marché. Le retour à une croissance économique soutenue comme celle qui a été connue dans les années 60 est presque impossible si on s’appuie sur la production rizicole. L’on se pose alors la question : « A quel niveau de croissance la filière rizicole pourrait influencer la croissance économique ? ».

APPROCHE THEORIQUE SUR LA CROISSANCE ECONOMIQUE ET L’AGRICULTURE 

La croissance économique et l’agriculture sont liées entre elles. L’agriculture est importante car elle favorise une croissance de la production nationale et aussi parce qu’elle favorise le développement des autres secteurs d’activité de l’économie non seulement par son abondance en main d’œuvre mais aussi par les apports qu’elle peut avoir dans la formation du stock de capital si elle atteint une croissance suffisamment élevée.

Louis-Julien SOURD (1972), donne une définition courte et claire de la croissance économique et de l’agriculture . La croissance économique est une augmentation de la masse des biens et des services produits par l’économie chaque année tandis que l’activité de la branche agriculture englobe la production des produits végétaux. Les théories qui vont être développées dans cette première partie sont axées sur la définition des conditions de la croissance économique et la place qu’occupe l’agriculture dans cette croissance économique.

LIEN ENTRE PRODUCTION AGRICOLE ET CROISSANCE ECONOMIQUE SELON LES THEORIES 

Les théories économiques, selon leur fondement idéologique et quelque fois selon la doctrine dans laquelle elles appartiennent, apportent différemment d’une époque à une autre, leur manière de voir et d’atteindre la croissance économique d’un pays.

Selon les théories de croissance avant l’ère classique et néoclassique 

La société humaine, tout au long de son évolution, ne peut s’acquitter de l’activité économique, bien qu’auparavant elle n’en fasse pas son but social. Du moment qu’elle se rendait compte de l’importance de la richesse, cette société s’est créée un but de la vie sociale qui était le but économique, s’enrichir.

Les théories de croissance, de leur côté, se développent et tentent d’offrir les moyens économiques pour l’atteinte du but économique.

Les faits économiques avant la physiocratie 

Dans les anciennes époques, l’activité économique est très limitée mais l’économie de l’échange a perduré aussi longtemps que la société humaine elle-même existe. Les penseurs de ces époques, les philosophes, s’intéressent à des questions d’ordre politique, moral, théologique, et se concentrent sur l’étude de l’humanité et la répartition du pouvoir. Les sujets portant sur l’économie ne font pas l’objet d’une réflexion particulière. A l’époque féodale, il y a eu même déclin extraordinaire de la pensée politique : la réglementation de la vie sociale est laissée à la tâche de l’Église, les dirigeants étatiques sont préoccupés par l’agrandissement de leur richesse personnelle et l’État se trouve ainsi subordonné à l’Église. Malgré cela, l’échange se développe de plus en plus et le commerce est devenu une activité très en vogue. Le développement de l’échange s’est accompagné d’une amélioration en quantité de la production avec la manufacture et l’industrie.  Les pensées se sont également développées, le rôle de l’État dans la vie de la société se reconnait peu à peu. Les doctrines mercantilistes qui apparaissent en Europe au milieu du XVIème siècle ont renforcé cette importance de l’État pour gérer la vie économique de la société, c’est d’ailleurs la première théorie de la société qui offre à la société son unique but, l’enrichissement de la Nation : expression de la force de l’État.

Selon les mercantilistes, « l’État accroit sa force en favorisant l’enrichissement des citoyens» . L’objectif est de détenir à l’intérieur du pays et d’attirer le plus possible de métaux précieux provenant des pays étrangers. La politique économique appliquée dépend de chaque pays : l’Espagne tente de conserver les métaux précieux déjà acquis et estime qu’il faut attirer d’autres, la France et l’Angleterre afin de poursuivre leur objectif métalliste cherchent à développer l’industrie et le commerce, afin de promouvoir les exportations, la balance commerciale étant tenue excédentaire par tous les moyens.

En tant que théorie de croissance, le mercantilisme avance des conditions nécessaires pour accroître la richesse. Ces conditions sont englobées dans les thèses sur la population et sur la monnaie.

A l’époque mercantiliste, la classe des marchands et des industriels est beaucoup plus privilégiée. Les travailleurs, qui sont les ouvriers, doivent travailler dur pour pouvoir se nourrir et survivre. Le populationnisme mercantiliste part de cette idée : une population abondante fournit un nombre important de mains d’œuvre, et plus il y a de la main d’œuvre, plus les salaires sont bas et cela procure plus de profits aux industriels et aux commerçants. L’abondance de la population et de l’argent est bénéfique pour les deux branches d’activité et par conséquent pour l’État .

Les thèses monétaires des mercantilistes se résument en la loi de Gresham et la théorie quantitative de la monnaie qui stipule que « la valeur d’une monnaie, quelle que soit sa nature, est inversement proportionnelle à sa quantité » . Ils expliquent donc la hausse des prix, phénomène marquant de l’époque par l’abondance des métaux précieux (Jean Bodin).

Du côté de l’agriculture, l’épanouissement des activités de commerce et de l’industrie a réduit l’importance économique et sociale de l’activité agricole. Le développement de ces deux activités a eu comme contrepartie le détriment de l’agriculture, les produits de la terre sortent de la sphère de l’échange, la faiblesse des prix de ces produits décourage les producteurs et favorise l’exode rural. Les paysans quittent leur petite tenure et les terrains communaux, expulsés par les marchands et industriels devenus des grands propriétaires terriens, pour aller travailler dans les villes industrielles. Cette situation marque le début de l’exploitation capitaliste dans l’agriculture avec l’apparition des rentes foncières, les terres sont facilement accaparées par les riches marchands pour qu’ils fassent fructifier les profits obtenus de leur activité de production. L’activité agricole est en déclin.

Cependant, des penseurs comme Locke(1690) et William Petty(1662) attribuent à la terre la valeur des biens même si elle ne représente qu’une « fraction négligeable » à côté du travail. Un peu plus tard, en 1712, l’agriculture revient à son importance sociale avec Boisguilbert et son affirmation d’un équilibre naturel qui marque l’avènement du libéralisme. Laisser les marchés libres pour que chaque producteur puisse vendre normalement sa production, cela permet d’accroître la production intérieure surtout la production agricole. D’autres auteurs comme Richard Cantillon ont poursuivi cette idée d’ordre naturel et accordent une grande place à l’agriculture.

François Quesnay, chef d’école des « Philosophes Économistes », s’est inspiré de ces pensées fondées sur la mise en valeur de la nature et de l’ordre qu’elle régit, le fondement de sa théorie qui est la Physiocratie.

La physiocratie et sa conception de la croissance 

L’idée d’un ordre naturel qui régit la société humaine avancée par les philosophes de l’époque est empruntée par Quesnay dans son étude des faits économiques. En se basant sur cet ordre, il définit la propriété comme un droit naturel attribué à chaque individu et il stipule que chacun exerce son droit en toute liberté, des lois naturelles se chargent de réglementer la vie sociale et que cet ordre naturel fait que, en recherchant son propre intérêt, chaque individu agira en conformité à l’intérêt général. C’est le fondement du libéralisme repris et développé par les théoriciens de l’époque classique, le rôle de l’État est limité et il se doit de se retirer de la vie économique afin que celle-ci puisse se dérouler sans entrave.

La mise en valeur de la nature s’est accompagnée d’un retour à l’agriculture comme activité principale de production au détriment du commerce et de l’industrie très développés à l’époque mercantiliste. Les physiocrates affirment qu’elle est beaucoup plus productive et elle offre un revenu national très important. Le développement de l’agriculture va avec la découverte du capital qui tient un très grand rôle dans l’accroissement des richesses à côté de l’importance de la terre dans la production agricole. Ce capital est formé des avances foncières, des avances primitives, et des avances annuelles apportées par chaque classe qui, introduites dans la sphère de production, procurent à la fin de l’activité un revenu important à son propriétaire. Le capital investi dans l’activité de production doit être reconstitué à la fin de période pour être réinvesti dans un nouveau processus de production.

Table des matières

INTRODUCTION
I . Approche théorique sur la croissance économique et l’agriculture
I.1. Lien entre production agricole et croissance économique selon les théories
I.2. Difficultés rencontrées dans l’agriculture selon les théories économiques et propositions de solution
II . Analyse de la filière rizicole malgache
II.1. Importance économique et sociale de l’activité rizicole
II.2. Contribution de la filière riz dans la croissance économique de Madagascar
II.3. Les contraintes liées au marché
III . Discussions et recommandations
III.1. Discussions
III.2. Recommandations
CONCLUSION GENERALE
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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