La multi-ethnicité non mélangée en Moldavie

La multi-ethnicité non mélangée en Moldavie

La Moldavie est un pays situé à l’est de l’Europe, entre la Roumanie et l’Ukraine. La superficie du pays est de 33,851 km2 1 , il n’y a aucun accès à la mer, mais à l’est du pays coule la rivière Diester dans sa dernière étape avant de déboucher sur la Mer Noire 2 . La population est de 3,583,288 d’habitants en 20143 . L’administration est répartie entre trente-deux départements, trois municipalités, un territoire autonome uni (Gagaouzie) et un territoire uni (Transnistrie)4 . Ce dernier s’est autoproclamé indépendant mais n’a pas de reconnaissance internationale. La capitale est Chisinau et elle se présente comme la zone urbaine la plus peuplée de la Moldavie et est aussi le principal centre industriel, commercial et économique du pays (Heintz, 2014 : 4). La langue la plus parlée en Moldavie est le moldave, un dialecte roumain très influencé par le slave. C’est pour cela que la langue officielle du pays est le roumain. Pourtant 58,8% de la population considèrent le moldave comme langue maternelle, contre 16,4% qui considèrent le roumain comme langue maternelle. On trouve aussi une forte présence de la langue russe (16% des locuteurs) ainsi que dans une moindre proportion l’ukrainien (3,8%), le gagauz (3,1%) et le bulgare (1,1%)5 . Ce mélange de langues et (par conséquent) d’ethnies peut se comprendre à la lecture de l’histoire nationale. La Moldavie que l’on reconnaît aujourd’hui comme pays, était traditionnellement plus large et comprenait des territoires qui aujourd’hui sont intégrés dans la Roumanie et 1Cette information est extraite de le site web de la CIA: https://www.cia.gov/library/publications/theworld-factbook/geos/md.html Consulté le 15 mars 2015. 2Idem 3Idem 4Idem 5Idem 7 l’Ukraine. Pendant environ cinq siècles (depuis le XIVe siècle) ce territoire a été disputé par l’Empire Ottoman, l’Empire Austro-hongrois et le tsar russe à plusieurs reprises. Jusqu’à 1812 la Moldavie faisait partie du groupement des principautés roumaines (avec la Transylvanie et la Valachie) en même temps qu’elle était principauté vassale de l’Empire Ottoman. Au cours de l’année 1812, l’empire tsariste abat les ottomans et annexe la partie orientale de la Moldavie historique. Cette situation durera jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale, moment auquel le territoire moldave est uni à la Roumanie moderne (état-nation depuis 1859) (Henitz, 2014 : 3). Mais cette réunification ne durera pas longtemps : en 1940 suite au pacte entre Hitler et Staline, l’URSS annexe la partie orientale de la Moldavie (l’actuelle République Moldave) en tant que République Socialiste Soviétique de Moldavie (RSSM). Durant la Deuxième Guerre Mondiale et à sa suite, la russification ainsi que la présence de l’Armée Rouge sur le territoire moldave s’intensifieront, notamment à partir de 1941 lorsque la Roumanie s’allie avec Hitler (Danero et Verschueren, 2009 : 104). Des milliers de Moldaves seront déportés en Sibérie, et beaucoup de colons russes et ukrainiens s’installeront en territoire moldave. Staline imposera un régime communiste et l’utilisation de l’alphabet cyrillique dans la langue roumaine, renommée “moldave” pour se défendre des possibles réclamations territoriales de la Roumanie (Heintz, 2014 : 400). Durant cette période, on assiste à une persécution et une épuration des intellectuels d’origine roumaine, même parmi ceux qui s’accordent avec le régime soviétique, et la majorité des postes politiques sont occupés par des personnes nonroumaines. La position du gouvernement se caractérise par la volonté de réprimer tout sentiment d’appartenance nationale roumaine ou locale moldave. En ce qui concerne l’économie, la RSSM devient l’une des exploitations agricoles les plus importantes de l’URSS. Le peu de développement industriel se concentre surtout sur la zone orientale du pays, la Transnistrie (Danero et Verschueren, 2009 : 104), zone occupée par les nouveaux colons russes et ukrainiens. Les exigences agricoles de l’URSS et la précarité engendrent la famine entre 1945 et 1947. Pendant trois décennies la situation reste tendue, marquée par les ressentiments entre la population et le gouvernement. Cette période communiste sera marquée aussi par des tentatives de rapprochement entre la Moldavie et la Roumanie (par exemple Ceaucescu en 1965), mais sans succès aucun. Ce n’est qu’avec l’accession au pouvoir de Gorbatchev en 1985 et l’application de la Perestroïka deux ans plus tard que naîtront une 8 certaine ouverture, des modifications progressives des structures politiques dans la RSS de Moldavie et un sentiment de liberté retrouvée pour la population moldave (Danero et Verschueren, 2009 : 105). En 1989 la majorité roumanophone du pays se mobilise à l’encontre de la russification et en faveur du respect de son histoire, sa culture et ses traditions (Heintz, 2014 : 400). Ainsi, cette même année, le Soviet Suprême de la RSS de Moldavie proclame le moldave (et non pas le «roumain», comme le demandaient les roumanophones) comme langue d’État et impose aussi une réintroduction de l’alphabet latin (Danero et Verschueren, 2009 : 105)

Anthropologie de la photographie

Après avoir situé notre terrain d’étude, ce deuxième point introductif propose d’élucider le lien qu’il y a entre la photographie de famille, l’anthropologie et l’ethnographie à 11Voir le site web de la CIA: https://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/geos/md.html Consulté le 2 avril 2015. 14 travers différents travaux académiques, puisque on veut cerner ce qu’on comprend quand on parle de l’anthropologie de la photographie. L’anthropologie visuelle analyse les images depuis un point de vue social et culturel, en tenant compte la relation entre image et être humain. Elle étudie les conséquences sur les relations humaines et démontre en même temps ses usages sociaux et communicationnels. Pour l’anthropologie, l’image est le résultat d’une symbolisation personnelle ou collective d’un groupe humain (Belting, 2001 : 30), c’est-à-dire que c’est l’être humain qui transforme et qui donne du sens à l’image par son regard. En même temps, selon Hans Belting (2001 : 34) l’image est bien une notion anthropologique car elle est utilisée pour comprendre le monde. Les moyens aveclesquels travaille l’anthropologie de l’image sont multiples: le cinéma ; la peinture ; le dessin ; l’art ; les médias; la photographie ; enfin tous les aspects visuels de la culture. Ces outils peuvent aider à définir l’anthropologie visuelle,mais chacun le fait depuis sa méthode (Colleyn, 1999 : 21). Laplantine (2007 : 48) affirme que faire cette distinction entre domaines est très important car on ne peut pas parler de l’image en général. Chaque image est prise dans une histoire sociale et culturelle particulière et différente du reste (Laplantine, 2007 : 48). En plus, elle dépend aussi du regard de l’individu qu’il y a en face. Alors l’existence complète de l’image ne sera accomplie que dans une rencontre et une histoire (Laplantine, 2007 : 48). Si on regarde brièvement l’histoire de l’anthropologie de la photographie, on constate que le lien entre les sciences sociales et la photographie n’a pas toujours été clair et que cela a provoqué plusieurs débats. Les premières expériences photographiques dans le domaine de l’anthropologie ont eu lieu très tôt, à partir de 1840, et coïncident avec le développement rapide de la photographie. À cette époque, la photographie est considérée comme une « copie du réel » (Conord, 2007 : 12). Mais avec le changement de siècle et la publication de nouveaux travaux théoriques, on a compris que la photographie travaille plutôt comme une transformation du réel : elle rend compte et mémorise un certain nombre de détails qui ne seraient pas perceptibles à première vue. De ce fait les anthropologues commencent à se questionner par rapport à ce que la photographie ne montre pas et mettent en évidence ses limites en face de la réalité (Colleyn, 1999 : 22). En effet, ils commencent à discerner le fait que la photo n’est pas un écran ou un miroir de la réalité, mais une reproduction d’un moment très particulier 15 dans une temporalité concrète. Bien sûr, il y a des aspects de l’image qui sont compris dans le réel, mais son appréhension se fait à travers la perspective de l’individu. Enfin, on peut dire que la multiplication de perspectives que cela comporte ne laisse pas la place à l’objectivité (Laplantine, 2007 : 51). Pourtant l’origine de la reconnaissance de l’anthropologie visuelle photographique se tyouve dans les années 40 du XXe siècle,aux États Unis avec les travaux de Margaret Mead et Gregory Bateson comme référence (Conord, 2007 : 11). Enfin, l’influence de ces chercheurs nord-américains est présente en Europe où on a commencé à appliquer les méthodes propres de l’anthropologie visuelle. Il ne faut pas oublier qu’on parle ici de la connaissance à travers le regard, une pratique de tradition européenne et occidentale très liée aux découvertes scientifiques. Il est très probable qu’on ne trouve pas les mêmes lignes de recherche dans d’autres pays ou régions en dehors des pays de tradition occidentale. Actuellement, la photographie est comprise comme un mode de représentation, de construction de l’image de soi. À cause de cela, les sciences sociales la considèrent comme un des outils essentiels pour analyser et interpréter les clichés, provoquant des interrogations par rapport à sa lecture, surtout dans le contexte de la recherche scientifique (Conord, 2007 : 18). Il n’est pas facile de définir le rôle de la photographie autour des sciences sociales. Dans l’introduction du numéro spécial de la revue Ethnographie sur la photographie Emmanuel Garrigues (1991 : 12) affirme que, pour les sciences sociales, la photographie est un langage, basé sur des images très riches en informations et avec des fonctions multiples. De nombreux auteurs sont d’accord avec l’idée que la photographie est d’un côté un objet, un produit et de l’autre, est une pratique, un moyen d’expression. Garrigues (1991 : 11) considère que, d’après ce qu’il a pu constater lors de ses enquêtes ethnographiques, la photographie est une branche de l’ethnographie. Ce langage-objet a sa propre nature iconique, laquelle serait la base d’une discipline photographique. Pourtant, cette discipline n’est pas toujours en dehors des débats et elle a du mal à s’établir en tant que telle (Garrigues, 1991 : 14). La question pour Garrigues (1991 : 14) est de savoir ce que la photographie apporte à la connaissance sur l’homme, c’est-à-dire comment l’homme s’informe de l’homme. Alors la liaison entre la 16 photographie et l’ethnologie se justifie par le fait que les deux aident à décrire la réalité sociale. L’objectif de l’ethnographie est de décrire et présenter un groupe social ou une communauté de la manière la plus détaillée possible (Garrigues, 1991 : 16). Alors, la photographie peut être traitée comme une ethnographie d’un groupe social, mais basée sur des images et non sur des mots (Garrigues, 1991 : 16). Elle est censée élargir le champ de vision de l’anthropologie. Dans ces conditions, on peut assurer que la photographie est une technique, mais qu’elle est aussi une création artistique ; elle est un moyen de communication, une écriture,mais aussi une source de mémoire (Garrigues, 1991 : 18). Cette ambivalence cause la multiplication des fonctions et des registres. Et même si d’un côté, cela aide à l’adaptation de la photographie dans plusieurs domaines et terrains, de l’autre côté, il y a toujours une ambigüité qui empêche de simplifier la relation entre les sciences sociales et la photographie (Garrigues, 1991 : 18). Un des points très importants et à la fois complexes de l’anthropologie visuelle est, Selon Conord (2007 : 12) la subjectivité du regard lorsqu’il y une production des images. Les points de vue se multiplient et les interprétations sont relatives à chaque acteur participant (soit le sujet photographiant, soit le sujet photographié, soit le sujet observateur). Et justement ce seront tous ces regards et contenus porteurs d’information qui intéressent l’anthropologie. Alors le but de la photographie n’est pas de traiter la vérité, mais plutôt d’enrichir la perspective de l’anthropologie (Conord, 2007 : 12). Par contre Laplantine (2007 : 51) n’est pas d’accord. Pour lui, la photographie n’est pas un langage, mais comme l’ethnographie, elle est une forme d’expérience et un mode de connaissance non verbal désorganisé depuis le point de vue du discursif. Alors, elle fait partie du culturel, mais pas du langage. Selon cet auteur, ni la photographie ni l’ethnographie n’analysent l’« homme » ou la « femme » en général, mais elles montrent tel homme ou telle femme dans sa spécificité (Laplantine, 2007 : 51). Par contre pour lui, le langage a beaucoup à voir avec l’anthropologie. La nature de celui-ci est tout à fait différente en cela de l’ethnographie ou de la photographie. L’anthropologie garde une distance discursive qui cherche la confrontation entre image et langage ; elle transforme la réalité sociale en langage. Donc l’anthropologie de l’image s’appuie sur l’information qui retient la photographie et l’ethnologie pour réaliser une réflexion critique (Laplantine, 2007 : 51). 

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