Chute de la personne âgée à domicile et consommation d’alcool

Les chutes

La chute, événement à l’issue duquel une personne se retrouve, par inadvertance, sur le sol ou toute autre surface située à un niveau inférieur à celui où elle se trouvait précédemment est un problème de santé publique. L’âge étant un des facteurs de risque majeur. C’est chez les personnes âgées que le risque de traumatismes graves ou de décès liés à une chute est le plus élevé . Ce niveau de risque semble être lié et attribuable aux modifications physiques sensorielles et cognitives associées au vieillissement, conjuguées à des environnements pas toujours adaptés à nos seniors. Agir sur l’ensemble de ces dimensions permet de prévenir l’événement. Si l’âge est un facteur de risque, le sexe semble en être un également. Les femmes sont plus nombreuses à chuter que les hommes. Les conséquences physiques de la chute sont extrêmement variables pouvant aller de la simple contusion aux multiples fractures notamment celle de l’extrémité supérieure du fémur. A cela s’ajoute l’impact psychologique qui peut se traduire par une perte de confiance en soi, accélérant le déclin des capacités fonctionnelles et cognitives pouvant mener jusqu’à l’institutionnalisation de la personne âgée. Le taux d’hospitalisation suite à une chute reste très élevé chez la personne âgée.

Les facteurs de risque de chute

La prise en charge du patient chuteur est complexe du fait du caractère multifactoriel de la chute intégrant des facteurs intrinsèques liés à l’état de santé du patient, sa fragilité et des facteurs extrinsèques qui lui viennent de son environnement. L’ensemble de ces facteurs est décrit dans les dernières recommandations HAS sur la prise en charge des chutes de la personne âgée (Avril 2009) .
Les facteurs intrinsèques ou prédisposant de la chute sont très nombreux:- âge ≥ 80 ans- sexe féminin-antécédents (ATCD) de fractures traumatiques- polymédication:hypotenseurs, psychotropes (benzodiazépine, neuroleptique, hypnotique, antidépresseurs)- présence d’un trouble de la marche ou de l’équilibre: timed up and go test ( ≥ 20sec) et station unipodale (anomalie si < 5 secondes)- diminution force et puissance des muscles des membres inférieurs- arthrose des membres inférieurs et du rachis- anomalies des pieds incluant déformation des orteils et durillon- trouble de la sensibilité des membres inférieurs- baisse de l’acuité visuelle- syndrome dépressif- déclin cognitif.
Les facteurs extrinsèques ou précipitant interviennent ponctuellement dans le mécanisme de la chute. Il est recommandé de rechercher les suivants:- cardiovaculaires: notion de malaise, hypotension orthostatique.- neurologique: signes de localisation, confusion.- vestibulaire: notion de vertige, troubles de l’équilibre.- métabolique: hypoglycémie, hyponatrémie.- environnementaux: examiner éclairage, encombrement et configuration du lieu de vie, chaussage.

Alcool, non usage à la dépendance

En règle générale, la consommation d’alcool est associée à un jugement moral surtout si elle est définie comme excessive et de ce fait difficile à évaluer car il faut accepter d’en parler librement sans avoir peur du jugement d’autrui y compris du corps médical. A contrario, depuis de nombreuses années, ne pas consommer d’alcool lors de festivités, rassemblement en société peut constituer une mise à l’écart de sa personne dans le sens où l’alcool fait office de phénomène d’intégration: le «bien boire».
Il n’existe pas de frontière nette entre consommation excessive et consommation à moindre risque puisque les effets et conséquences de la consommation d’alcool sont propres à chacun. Toutefois, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) définit des repères quant à la consommation d’alcool.

Physiologie, absorption de l’alcool par l’organisme

On ne traitera ici que de l’absorption de l’alcool ingéré par voie buccale. L’alcool pouvant être absorbé par voie respiratoire et cutanée (solvants).
En ce qui concerne son absorption par voie buccale, l’alcool ou éthanol ne subit aucune attaque enzymatique sécrétée par les glandes digestives, il est donc absorbé dans le sang sans aucune modification préalable.
L’alcool ingéré est principalement absorbé au niveau du duodénum et de l’intestin grêle. La présence ou non d’aliments dans l’estomac modifie son absorption. En effet, l’individu à jeun ne présentera aucun obstacle de type solide entre l’éthanol et la paroi digestive. Ainsi l’alcool est absorbé environ 30min après son ingestion dans l’organisme et jusqu’à 90 min chez l’individu estomac plein.
Une fois l’alcool passé dans le sang, il est emmené vers le foie via la veine porte. Ce dernier va métaboliser une partie de l’éthanol ingéré mais non la totalité. La partie non métabolisée remonte donc vers le cœur droit via les veines sus hépatiques et la veine cave inférieure puis est redistribuée à l’ensemble de l’organisme. L’alcool étant hydrosoluble et liposoluble, il touche l’ensemble de l’organisme. Il franchit également la barrière placentaire chez la femme enceinte. Ainsi, les concentrations amniotiques et sanguines fœtales sont sensiblement égales aux concentrations sanguines de la mère.
Comme dit précédemment, l’alcool est essentiellement métabolisé au niveau hépatique: environ 95% de l’alcool absorbé. Il subit plusieurs transformations successives en Acétaldéhyde puis Acétate et Acétyl-CoA.

Particularité du métabolisme chez la personne âgée

Chez la personne âgée, il existe une diminution de la masse maigre, au profit de la masse grasse réduisant directement le volume de diffusion d’alcool. Pour une quantité d’alcool similaire ingérée, l’alcoolémie sera plus élevée chez une personne âgée que chez un individu plus jeune et la cinétique de croissance de l’alcoolémie plus rapide. De plus, il existe une accumulation de l’alcool dans le tissu graisseux et un relargage secondaire ainsi qu’une diminution de l’efficacité des systèmes de catabolisme hépatique de l’alcool, la décroissance de l’alcoolémie est donc plus lente. Il existe également une plus grande sensibilité de l’organisme à l’alcool (notamment au niveau du système nerveux central) avec un risque majeur de décompensation. L’avancée en âge est accompagnée d’une augmentation du nombre de comorbidités mais également du nombre de traitements en cours avec lesquels l’alcool peut interagir. En effet, selon une étude réalisée par la Société Française de Médecine Générale, le nombre moyen de médicaments, entre 70 et 79 ans, est de 4,6 pour l’homme et de 4,8 pour la femme et atteint 5,2 pour les 90 ans et plus pour les deux sexes.

Table des matières

 I/INTRODUCTION 
II/PERSONNES AGEES ET CHUTES 
2.1 Les personnes âgées en France en 2018
2.2 La mortalité et les causes de décès en 2015 des personnes âgées
2.3 Les chutes
2.4 Les facteurs de risque de chutes
III/L’ALCOOL EN FRANCE 
3.1 La consommation d’alcool
3.1.1 En population générale
3.1.2 Chez la personne âgée
3.2 Alcool, non usage à la dépendance
3.2.1 Le non usage
3.2.2 L’usage simple
3.2.3 L’usage à risque
3.2.4 L’usage nocif ou l’abus
3.2.5 La dépendance
3.3 Physiologie, absorption de l’alcool par l’organisme
3.3.1 Transformation de l’ethanol en acétaldéhyde
3.3.2 Transformation de l’acétaldéhyde en acétate
3.4 Mesure de l’alcoolémie
3.5 Particularité du métabolisme chez la personne âgée
3.6 Effets de l’alcool sur l’organisme
3.6.1 Toxicité fonctionnelle ou effets aiguës
3.6.2 Toxicité lésionnelle ou complications chroniques
3.6.2.A Complications indirectes
3.6.2.B Syndrome de sevrage alcoolique
3.6.2.C Neuropathies périphériques
3.6.2.D Syndrome cérebelleux
3.6.2.E Les encéphalopathies
IV/METHODES 
4.1 Objectifs de l’étude
4.1.1 Objectifs principaux
4.1.2 Objectifs secondaires
4.2 Une étude en deux temps
4.2.1 Etude prospective sur une cohorte de patients
4.2.1.A Lieu d’étude
4.2.1.B Inclusion
4.2.1.C Paramètres recueillis
4.2.2 Etude qualitative auprès d’une population de médecins généralistes
4.2.2.A Lieu d’étude
4.2.2.B Inclusion
4.2.2.C Paramètres recueillis
V/RESULTATS 
5.1 Etude de cohorte
5.1.1 Analyse de la cohorte
5.1.1.A Généralités
5.1.1.B Données épidémiologiques
5.1.2 Alcoolémie
5.2 Interrogatoires des médecins généralistes dans l’Eure
5.2.1 Analyse de la cohorte
5.2.1.A Généralités
5.2.1.B Données épidémiologiques
5.2.2 Interrogatoire des médecins généralistes sur la consommation d’alcool de nos
seniors au décours d’une chute à domicile
VI/DISCUSSION 
6.1 Recueil prospectif sur une population de l’Eure
6.1.1 Données de la littérature
6.1.2 Limites de l’étude
6.2 Recueil qualitatif sur l’interrogatoire des médecins généralistes
6.2.1 Données de la littérature
6.2.2 Limites de l’étude
6.3 Perspectives
VII/CONCLUSION

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