LE RAISONNABLE, CRITERE DETERMINANT DE LA DESTINATION NUTRITIVE

LE RAISONNABLE, CRITERE DETERMINANT DE LA DESTINATION NUTRITIVE

 Pour mieux cerner les exigences incontournables portant sur tout produit alimentaire il convient de nous référer à lřarticle 2 du règlement Food Law selon lequel « on entend par denrée alimentaire (ou aliment), toute substance ou produit, transformé, partiellement transformé ou non transformé, destiné à être ingéré ou raisonnablement susceptible d’être ingéré par l’être humain ». Car cette disposition nous conduit justement à nous demander de quelle manière nous pouvons décider que lřingestion dřun aliment est ou non raisonnable. Une telle question semble à priori aisée puisque le fait de manger est ancré au plus profond de tout être humain qui doit pouvoir sřappuyer sur son instinct, sur un certain nombre de données culturelles, sur des connaissances transmises de manière transgénérationnelle123 pour déterminer sřil peut ou non ingérer un aliment. Alors effectivement comme le souligne à juste titre le Professeur PERELMAN, ce raisonnable124 est dans lřabsolu une notion juridique « floue »125, comme lřexplicite Lê-My DUONG, ce raisonnable est « vague, confus, insaisissable »126. Cependant il nřen demeure pas moins que compte tenu du particularisme unique de lřaliment, il est possible dřavancer que la seule127 ingestion raisonnable est quoiquřil arrive et quel que soit le mangeur concerné, celle dřun produit ayant certes des nutriments (Section Première), et qui par la même est forcément sain (Section Deuxième). A nous de nous en expliquer.  considérable des loisirs130,…), notre rapport avec lřaliment est en pleine mutation : son mode dřachat a évolué, sa consommation est de plus en plus déstructurée131. Pourtant cette situation ne doit pas nous faire oublier que lřaliment reste encore un « tisseur » de liens sociaux. Nos repas peuvent être des instants privilégiés de partage, de communication, en permettant de nouer à table autour d’un plat ou d’un bon verre de vin132 toutes sortes de relations entre les mangeurs. Et à son tour cette dimension de lřaliment ne doit pas nous faire occulter que le fait de manger est avant toute chose physiologiquement indispensable pour lřHomme. Car ce dernier a besoin de nutriments pour vivre. Et seul lřaliment lui en offre la possibilité (§1), tout en lui permettant par la même de contribuer au fonctionnement optimal de son organisme (§2).

Dans sa pyramide de la hiérarchie des besoins, le psychologue américain Abraham MASLOW a pleinement conscience du caractère primordial des prises alimentaires. Car MASLOW considère que lřHomme ne peut atteindre sa plénitude psychique que lorsquřil a comblé tous ses besoins qui sont structurés en cinq niveaux. Au sommet, se trouve la réalisation de soi au travers notamment dřune œuvre ou dřun engagement. Cette réalisation de soi nřest possible que lorsque lřestime de soi est atteinte. Un estime de soi qui elle- même nřest permise quřen cas de satisfaction des besoins sociaux qui peuvent prendre forme autour du sentiment dřappartenance à un groupe ou de lřestime des autres. Des besoins sociaux qui à leur tour 133 En ce qui concerne les prises alimentaires, il faut constater : un cycle de 4 heures chez le nouveau-né ; un cycle pouvant aller jusqu’à 8 heures chez l’enfant de 6 ans ; l’adolescent qui ne cesse de manger pour que ses besoins soient satisfaits, tandis que parallèlement l’adolescente ne mange que trop peu par crainte de grossir ; l’adulte dont le cycle est rythmé par les repas ; les personnes âgées qui se doivent de manger régulièrement, puisquřils ne peuvent faire face à un jeûne prolongé. 134 « Le mouvement et la vie occasionnent, dans le corps vivant, une déperdition continuelle de substance ; et le corps humain, cette machine si compliquée, serait bientôt hors de service, si la Providence n’y avait placé un ressort qui l’avertit du moment où ses forces ne sont plus en équilibre avec ses besoins. Ce moniteur est l’appétit. On entend par ce mot la première impression du besoin de manger. L’appétit s’annonce par un peu de langueur dans l’estomac et une légère sensation de faim ». – BRILLAT-SAVARIN A., Physiologie du goût, op. cit., pp. 66-67 135 ▪ « Une série de symptômes manifestent la soif. Bien que très influencé par la prise d’aliments, cet état est néanmoins spécifique et distinct de la faim. Il est éveillé pas des stimuli internes différents. Pour déclencher, soutenir et rassasier le comportement d’ingestion, il rend actifs ou « récompensant » des stimuli externes spécifiques différents de ceux qui sont promus par la faim. (…) Chez l’homme adulte, les éléments gastriques et abdominaux sont absents. La composante principale est buccale : sensation de sécheresse et de constriction perçue au niveau du pharynx, de la glotte et de la langue. Le stimulus, dit naturel, éveillant la sensation de soif et conduisant à la recherche et à la consommation d’eau est constitué, en première approximation, par la privation hydrique et par le déficit qu’elle introduit dans le bilan des entrées et des pertes d’eau de l’organisme. La perte d’eau obligatoire, en l’absence d’un apport concomitant de boisson, crée donc, et de façon cumulative avec le temps, les conditions dites naturelles de la soif et d’une réponse quantitative adaptée de consommation. Toute perte supplémentaire (qui, pour les besoins de la régulation thermique, peut être massive) sera suivie d’une stimulation additionnelle se traduisant par une soif plus intense chez l’homme et une prise d’eau accrue. Jusqu’à l’achèvement de cette réhydratation, l’eau, même bue en grande quantité et dans un temps bref, ne provoque pas la diurèse aqueuse. Au-delà, l’ingestion forcée chez l’homme, entraîne la décharge rénale de surhydratation.

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