LES ENCLAVES DE ROCHES VERTES

LES ENCLAVES DE ROCHES VERTES

 Le Craton Ouest Africain (CAO) 

Le Craton Ouest Africain occupe 20% de la superficie du continent africain. Il est limité au Nord par l’Anti – Atlas, à l’Est par la zone mobile de l’Afrique centrale comprenant les chaînes panafricaines du Hoggar et de l’Adrar des Iforas au Nord et des Dahoméyides au Sud et à l’Ouest par la zone mobile des Mauritanides et des Rockélides. Il est recouvert en grande partie par des formations sédimentaires d’âge protérozoïque supérieur et paléozoïque des bassins de Tindouf au Nord et de Taoudéni au centre. Le craton est subdivisé en trois unités (figure 2) :  la dorsale Régubat au Nord ;  la dorsale de Man au Sud ;  les boutonnières de Kédougou-Kéniaba qui est à cheval entre le Sénégal et le Mali et de Kayes situé au Mali. Les deux premiers ensembles sont constitués à la fois de terrains archéens et birimiens alors que les boutonnières ne sont formées que de terrains birimiens. Les formations archéennes sont affectées par l’orogenèse léonienne, datée entre 2,9 et 2,7 Ga (Barrère, 1967 ; Vachette et al. 1973 ; Beckinsale et al. 1980), puis par l’orogenèse libérienne datée entre 2,7 et 2,5 Ga (Barrère, 1967 ; Vachette et al. 1973 ; Camil et al., 1984). Les formations birimiennes ou paléoprotérozoïques sont affectées par l’orogenèse éburnéenne intervenant entre 2,3 et 2,0 Ga (Bassot et al., 1963, 1983 ; Feybesse et al., 1989 ; Liégeois et al., 1991). – 2017 6 Figure 2: Carte géologique de l’Afrique de l’Ouest (d’après Trompette 1973, modifiée). 1 : Archéen ; 2 : Birimien ; 3 : Bassins paléozoïques englobant localement le Précambrien supérieur ; 4 : Zones mobiles ; 5 : Terrains post-néo protérozoïques ; 6 : Terrains post-paléozoïques ; 7 : Villes. 

 La boutonnière de Kédougou-Kéniéba

 La boutonnière Kédougou-Kéniéba (BKK) constitue la partie la plus occidentale des provinces birimiennes du Craton Ouest Africain. De forme triangulaire (base orientée E-W), elle couvre une superficie d’environ 16 000 Km2 qui se répartit entre le Sud-Est du Sénégal et l’Ouest du Mali. Elle est limitée à l’Est par le plateau du Mandingue, au Sud par les formations néo protérozoïques des séries de Madina Kouta et du Mali et à l’Ouest par les ramifications sud de la chaîne des Mauritanides. La BKK est essentiellement constituée de terrains birimiens. Les formations volcaniques, volcano-sédimentaires et sédimentaires qui constituent la boutonnière de Kédougou-Kéniaba se répartissent en deux Supergroupes (Bassot, 1987): le Supergroupe de Mako à l’Ouest et le Supergroupe Dialé-Daléma à l’Est, séparés par une zone de cisaillement à l’échelle crustale, la MTZ (« Mean trancurrent zone ». Bassot (1987) subdivise les formations du Sénégal oriental en deux Supergroupes (Mako et Dialé-Daléma) disposés en bandes allongées (NNE-SSW) : – le Supergroupe de Mako (série de Mako de Bassot, 1966) situé plus à l’Ouest correspond à d’importantes coulées volcaniques basiques associées à des termes plutoniques et hypovolcaniques. Ce complexe volcanoplutonique est interstratifié avec un ensemble vo1canodétritique et sédimentaire largement dominant sur la bordure orientale du Supergroupe ; – le Supergroupe de Dialé-Daléma (séries de Dialé et de la Daléma de Bassot, 1966), à dominante sédimentaire, est constitué d’importantes formations détritiques et silicocarbonatées recoupées par un magmatisme acide très développé. A ces deux supergroupes sont associées trois suites à composantes plutoniques qui viennent recoupées les formations qui leurs sont antérieurs : la suite de Sandikounda-Soukouta, la plus âgée (2170 à 2140Ma), la suite de Saraya datée entre 2100 et 2060Ma, et la suite de Boboti d’âge allant de 2080 à 2060Ma (Théveniaut et al., 2010). Le métamorphisme des formations birimiennes de la boutonnière de Kédougou-Kéniéba est principalement dans le faciès schistes verts, mais le faciès des amphibolites peut être localement trouvé comme dans le complexe amphibolitique-gneissique de Sonfara-Sandikounda et autour de certains plutons et à l’Est de Lamé (Bassot, 1966, Dia et al. 1997 ; Dabo et al., 2017). Les études structurales distinguent généralement trois grandes phases de déformation éburnéenne (D1, D2 et D3) dans la boutonnière (Ledru et al. 1989,1991; Dabo et Aïfa, 2011): D1, tectonique de compression, D2 transcurrente ou tectonique de transpression avec des failles de décrochement senestre NE à NE-SW et D3 tectonique de transtension ou transcurente dextre. D2 est associé à deux grands contacts tectoniques NS- à NE : la faille sénégalo-malienne (SMF) dans le Supergroupe Dialé-Daléma (Bassot et Dommanget, 1986; Bassot, 1987; Dabo, 2011) et la MTZ, qui marque la limite entre les Supergroupes de Mako et de Dialé-Dalema. – 2017 8 Figure 3: Carte géologique de la boutonnière de Kédougou-Kéniéba (d’après Pons et al. 1992, modifiée par Dabo et al. 2015 ; Gm : Granite de Gamaye ; MTZ : Zone transcurente majeure ; SMF : Accident Sénégalo-Malien).

 Le Supergroupe de Mako 

C’est la partie la plus occidentale de la boutonnière de Kédougou-Kéniéba. Il est séparé du Supergroupe de Dialé-Daléma par la MTZ. Le Supergroupe de Mako est constitué par une bande de roches vertes, d’une vingtaine de kilomètres de large, allongée NNE-SSW à N-S. Il a fait l’objet de nombreux travaux qui ont contribué à une meilleure connaissance de sa lithologie, sa pétrographie, sa géochimie et sa géochronologie (Bassot, 1963 ; Ngom, 1985 ; Dia, 1988 ; Dioh 1995 ; Gueye et al. 2008 ; Delor et al. 2010 ; Dabo et al. 2017). Le Supergroupe de Mako est constitué de complexes volcano-plutoniques, volcano-sédimentaires et sédimentaires généralement métamorphisés dans le faciès épizonal, ou mésozonal au contact des intrusions. La succession lithologique des formations du Supergroupe de Mako est différemment interprétée selon les différents auteurs. Le Supergroupe de Mako est composé de séquences volcanoplutoniques bimodales (Ngom, 1995 ; Dia et al. 1997 ; Cissokho, 2010) avec des corps ultramafiques associés au volcanisme sous-marin à la base et des coulées avec des pyroclastites abondantes et des roches volcanodétritiques à la partie supérieures de la pile. Les ceintures volcaniques bimodales sont successivement des roches tholéiitiques et calcoalcalines (Dia, 1988, Ngom, 1995). Les séquences tholéiitiques en bas de ces ceintures sont principalement représentés par des basaltes en coussins et/ou des coulées basaltiques non structurées avec des affinités en N ou T-MORB et de grandes coupes de roches mafiques et ultramafiques (Dia et al., 1997; Loh et Hirdes, 1999; Delor et al., 2010). Les roches mafiques (métabasaltes et métagabbros) et les roches ultramafiques ont des caractéristiques géochimiques et lithologiques comagmatiques (Ngom, 1995). Le volcanisme calco-alcalin est composé de roches andésitiques à felsiques avec des pyroclastiques abondants interstratifiés avec du matériel volcano-détritique (Diallo, 1994, Ngom, 1995, Dia et al. 1997). L’assemblage volcanique est daté entre 2170 et 2213 ± 3Ma (Abouchami et al. 1990, Dia et al. 1997, Gueye et al. 2008). Dabo et al. (2017) proposent une lithologie des séquences ophiolitiques du secteur de Mako situé dans la partie sud du Supergroupe de Mako (figure 4). Ce secteur est une zone d’assemblage métamorphique composée principalement de roches ultramafiques, mafiques, intermédiaires et felsiques associées à des quartzites. Les roches mafiques sont les plus significatives et constituent la partie principale des collines de greenstone entre Segueko Peul au Nord et Wassadou au Sud. A côté des collines composées de roches mafiques de la ceinture de roches vertes sont également exposées des roches ultramafiques noires de Koulountou et de Manssari-Tana respectivement à l’Est et à l’Ouest du village de Mako. Les lentilles kilométriques de quartzites, orientées NW-SE et NE-SW, sont insérées localement entre les roches mafiques. Brèches andésitiques et laves felsiques occupent les couloirs tectoniques qui traversent les roches ultramafiques, mafiques et les quartzites. Toutes ces formations sont intrudées par plusieurs générations de plutons (granitoïdes et gabbros) qui constituent la partie principale des affleurements du village de Niéméniké. 

Table des matières

 RESUME
INTRODUCTION GENERALE
PROBLEMEATIQUE ET OBJECTIFS
MATERIELS ET METHODES
CHAPITRE 1 : PRESENTATION GENERALE DE LA ZONE D’ETUDE
I. CADRE GEOGRAPHIQUE
II. CONTEXTE GEOLOGIQUE
II.1. Le Craton Ouest Africain (CAO)
II.2. La boutonnière de Kédougou-Kéniéba
II.3. Le Supergroupe de Mako
II.4. Les granitoïdes à enclaves de la boutonnière de Kédougou-Kéniéba
II.4.1. La suite de Saraya
II.4.2. La suite de Boboti
II.4.3. La suite de Sandikounda-Soukouta
CHAPITRE 2 : LITHOLOGIE ET PETROGRAPHIE
I. LES ROCHES BASIQUES ET ULTRABASIQUES
I.1.Les métabasaltes
I.1.1. Les métabasaltes en pillow lavas
I.1.2. Les métabasaltes massifs
I.2. Les ultrabasites
I.3. Les métagabbros
I.4. Les métadolérites
II. LES ROCHES ACIDES ET INTERMEDIAIRES
II.1. Les laves andésitiques
II.3. La métarhyodacite
II.4. Les métatufs rhyolitiques
II.5. Les métatufs andésitiques
II.6. Les métatufs rhyolitiques silicifiés
II.7. Les filons de quartz
III. LES ROCHES SEDIMENTAIRES
IV. LES GRANITOÏDES ET LEURS ENCLAVES
IV.1. Aspect macroscopique des granitoïdes et de leurs enclaves
IV.1.1. Le granite de Niéméniké
IV.1.2. Le microgranite de Lamé
IV.1.3. La diorite à enclaves de roches vertes
IV.1.4. La diorite quartzique
IV.1.5. La granodiorite de la Bananeraie
IV.1.6. Les enclaves de roches vertes dans les granitoïdes du secteur de Mako
IV.2. Observations microscopiques
IV.2.1. La granodiorite de la Bananeraie
IV.2.2. La diorite quartzique
IV.2.3. La diorite à enclaves de roches vertes
IV.2.4. Enclave de roches vertes dans la diorite
CHAPITRE 3 : RELATIONS ENTRE LES ENCLAVES DE ROCHES VERTES ET LES GRANITOÏDES
CONCLUSION GENERALE
REFERENCES BIBLIOGRPHIQUES

 

projet fin d'etudeTélécharger le document complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *