Les facteurs des risques suicidaires de la dépression

Dans la clinique psychiatrique courante, on est frappé par la fréquence des réactions dépressives (1, 2). Ainsi les différentes études épidémiologiques soulignent toutes ses grandes fréquences. Les estimations des prévalences varient sensiblement selon les études en fonction d’une part de la population étudiée et d’autre part des critères d’évaluation (retenues par la Classification Internationale des Maladies 10ème révision).

La dépression est une pathologie qui affecte toutes catégories d’individus de toutes tranches d’âge (1, 3), en particulier chez ceux présentant une altération des fonctions cognitives (4, 5). C’est l’une des maladies les plus répandues, souvent coexistant avec d’autres maladies graves, selon l’OMS, les troubles dépressifs unipolaires ont été classés en tant que troisième principale cause de la charge mondiale des maladies en 2004 et passera au premier plan en 2030 (6). On estime que 350 millions dans le monde sont touchées par la dépression.

Elle représente un problème de santé publique mondiale.

Par ailleurs, le pronostic varie selon l’âge. La dépression retentit de manière importante sur la qualité de vie de l’individu responsable de dépendance physique et psychologique. Le risque majeur chez les patients déprimés est le suicide (7).

L’efficacité du traitement de la dépression repose à la fois sur des moyens médicamenteux et non médicamenteux.

Selon l’OMS, la dépression est un trouble mental courant caractérisé par une humeur dépressive, une perte d’intérêt ou du plaisir, une baisse d’énergie, des sentiments de culpabilité ou de faible estime de soi, un trouble du sommeil ou de l’appétit et un manque de concentration (6). De plus, la dépression s’accompagne souvent de symptôme d’anxiété (6).

Le syndrome dépressif est fréquent (soit de 16 % de prévalence dans la population générale) aux ETATS-UNIS en 2003, en 1988 elle représentait la cinquième maladie la plus diagnostiquée dans les cabinets de médecins (7).

En 2011, une étude de l’OMS a montré que les Français sont les plus déprimés au monde juste devant les Américains dont le 21 % de la population générale reconnaissent avoir traversé durant leur vie une période de dépression (8).

Selon le dernier chiffre de l’OMS publié en mois d’octobre 2012 à l’occasion de la journée mondiale de la santé mentale, plus de 350 millions de personnes dans le monde souffrent de la dépression, soit 5% de la population mondiale (9).

Chez les sujets âgés, la prévalence en population générale pour la dépression majeure est de 1,8% à 5,5% et pour la dépression mineure 9,8% tandis que la prévalence en milieux hospitalier est de 15 à 20% en 2009 (10, 11).

Dans la littérature, la prévalence de la dépression chez l’enfant est évaluée à 0 ,6 % chez la population générale en 1989 (12). Des études plus récentes ont montré une prévalence entre 0,5 et 2 à 3 % de la population générale (13). Chez l’adolescent elle est estimée entre 0,4 et 8,3 %. Avant la puberté, le sex ratio est égal à 1, mais à l’adolescence, on note surtout une prédominance féminine avec sex ratio égal à 0,5 (14, 15).

Le handicap social (les conséquences) lié à la dépression serait aussi important aux ETATS-UNIS (7). La dépression est classée au troisième rang des maladies handicapantes après les pathologies cardiovasculaires et tumorales (16). Selon une étude de l’OMS en 2006, la maladie dépressive représente actuellement une des causes principales de handicap dans le monde (17) .

La dépression peut mener au suicide, les femmes font 2 fois plus de tentative de suicide que les hommes. Mais les hommes suicides sont 2 fois plus que les femmes (18, 19), et près de 1 million de vie sont perdues chaque année à cause de suicide.

La co-morbidité avec d’autres pathologies est fréquente (20). La prévalence des épisodes dépressifs au cours d’une maladie cancéreuse et de ses traitements est estimée aux alentours de 25% avec une majoration durant les phases avancées, jusqu’à plus de 50% (21). L’association de la pathologie neurologique avec la dépression est de 50% et pour l’état démentiel, la comorbidité avec la dépression est de 47%.

Le diagnostic de la dépression est purement clinique et repose sur un certain nombre de critères.

Type de description 

Selon le critère d’épisode dépressif majeur ou caractérisé (CIM 10) (22).

A. Critères généraux (obligatoires) :
G1. L’épisode dépressif doit persister au moins 2 semaines.
G2. Absence de symptômes hypomaniaques ou maniaques répondant aux critères d’un épisode maniaque ou hypomaniaque [F30] à un moment quelconque de la vie du sujet.
G3. Critères d’exclusion le plus couramment utilisés : l’épisode n’est pas imputable à l’utilisation d’une substance psychoactive [F10-19] ou à un trouble mental organique, selon la définition donnée en F00-F9.

B. Présence d’au moins 2 des 3 symptômes suivants :
[1] Humeur dépressive à un degré nettement anormal pour le sujet, présente pratiquement toute la journée et presque tous les jours, dans une large mesure non influencée par les circonstances, et persistant au moins 2 semaines. [2] Diminution marquée de l’intérêt ou du plaisir pour des activités habituellement agréables. [3] Réduction de l’énergie ou augmentation de la fatigabilité.

C. Présence d’au moins 1 des 7 symptômes suivants, pour atteindre un total d’au moins 4 symptômes :
[1] Perte de la confiance en soi ou de l’estime de soi.
[2] Sentiments injustifiés de culpabilité excessive ou inappropriée.
[3] Pensées de mort ou idées suicidaires récurrentes ou comportement suicidaire de n’importe quel type.
[4] Diminution de l’aptitude à penser ou à se concentrer (signalée par le sujet ou observée par les autres), se manifestant par exemple par une indécision ou des hésitations.
[5] Modification de l’activité psychomotrice, caractérisée par une agitation, ou un ralentissement (signalés ou observés).
[6] Perturbation du sommeil de n’importe quel type.
[7] Modification de l’appétit (diminution ou augmentation) avec variation pondérale correspondante.

Les dépressions primaires

Elles correspondent à un syndrome dépressif survenant chez un sujet n’ayant aucun trouble psychique dans ses antécédents (en dehors d’éventuels épisodes dysthymiques) (23).

Formes exogènes

La dépression exogène : dépressions névrotiques ou névrotico-réactionnelles Elles surviennent sur un terrain névrotique déjà connu (phobique, obsessionnel, anxieux, hystérique) (23, 24). Le patient est conscient du caractère morbide de son état. Il est capable d’en parler, de faire une demande d’aide. Il aborde spontanément sa souffrance psychologique, sans passer par le détour de trouble somatique divers (24).

En d’autre terme, la dépression psychogène est le résultat d’une réaction d’un individu à un évènement pénible, très affligeant, douloureux et semble-t-il grave, du moins pour l’entourage (23).

Les caractéristiques de la dépression :

• Intensité modérée
• Due (au moins en partie) à des traits de personnalités fragiles (hyperémotivité, manque de confiance en soi, caractère anxieux.
• Déclenchée ou entretenue par un contexte affectif ou social que le sujet n’a pas les capacités de gérer harmonieusement.
• Elle se manifeste par une humeur triste, morose, avec des pleurs fréquents. Cette humeur est très fluctuante d’un jour à l’autre. Elle est souvent aggravée en fin de journée.

Formes endogènes

La dépression endogène : il s’agit d’une dépression qui s’installe sans cause apparente (6, 23).
a) Trouble bipolaire (25, 26).
C’est une affection psychiatrique caractérisée par :
-La survenue d’un ou de plusieurs épisodes d’accès maniaques et /ou mélancoliques (16, 25).
-Une évolution cyclique.
-Une absence de trouble entre les accès

On parlera donc d’un trouble bipolaire si on retrouve au cours de l’évolution des accès maniaques (un seul suffit) et des accès mélancoliques. Les sous groupes les plus souvent retenues sont : bipolaire I, bipolaire II, bipolaire III (25, 26).
-Bipolaire I : est un syndrome comprenant, au cours de son évolution, un ensemble complet de symptômes de manie.
-Bipolaire II : se caractérise par la survenue d’épisodes dépressifs et hypomaniaques séparés par des intervalles libres.
-Bipolaire III : définis par des dépressions récurrentes surviennent dans des familles bipolaires et répondant favorablement au lithium.

Parfois, le terme bipolaire III est utilisé pour désigner les patients qui ne présentent une hypomanie ou une manie que sous l’effet d’un agent pharmacologique, en particulier antidépresseurs et jamais spontanément.
NB : – le trouble cyclothymique qui est considéré comme un trouble chronique et fluctuant de l’humeur, caractérisé par la succession d’épisode d’hypomanie et de dépression légère.

-Le trouble bipolaire à cycle rapide s’est défini par la survenue d’au moins quatre épisodes dysthymiques par an.

b) Trouble dépressif Unipolaire : entité pivot de trouble dépressif, le trouble dépressif majeur unipolaire est défini par la présence d’un ou plusieurs épisodes dépressifs majeurs dans la vie d’un sujet, et par l’absence d’épisode maniaque ou hypomaniaque (16).

L’élément essentiel des troubles dépressifs est l’épisode dépressif majeur (caractérisé). Il est défini dans le CIM 10 par une association de syndrome dépressif:
• suffisamment nombreux,
• suffisamment durables,
• à l’origine d’une souffrance cliniquement significative,
• et à l’origine d’une incapacité fonctionnelle.

Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : REVUE DE LA LITTERATURE
I. DEFINITION
II. EPIDEMIOLOGIE
III. DIAGNOSTIC CLINIQUE
III.1 Type de description
III.2 Formes cliniques
IV. DIAGNOSTIC POSITIF
V. DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL
VI. LES ECHELLES DE DEPRESSION
VII. FACTEURS DECLENCHANTS
VIII. FACTEURS DES RISQUES SUICIDAIRES DE LA DEPRESSION
IX. PRISE EN CHARGE
DEUXIEME PARTIE : NOTRE ETUDE PROPREMENT DIT
I. METHODOLOGIE
I.1 Cadre d’étude
I.2 Type et période d’étude
I.3 Matériels utilisés
a) Critères d’inclusions
b) Critères d’exclusions
c) Paramètres étudiés
d) Limite d’étude
II. RESULTATS
II.1 Résultats globaux
II.2 Résultats selon les paramètres étudiés
II.2.1 Selon l’âge
II.2.2 Répartition selon le genre
II.2.3 Répartition selon la situation matrimoniale
II.1.4 Répartition selon les professions
II.2.5 Répartition selon les motifs de consultation
II.1.6 Répartition selon les antécédents
II.2.7 Répartition selon les facteurs déclenchants
II.2.8 Répartition selon les symptômes
a) La symptomatologie principale
b) Les symptômes secondaires
II.2.9 Répartition selon les prises en charge
II.2.10 Répartition selon l’évolution à 4-6èmè semaine du traitement
DISCUSSION ET SUGGESTIONS
I. DISCUSSION
I.1. EPIDEMIOLOGIE
I.1.1 Prévalence
I.1.2 Proportion de la dépression par rapport aux autres pathologies psychiatriques
I.1.3 Age
a) Moyenne d’âge
b) Tranche d’âge
I.1.4 Genre
I.1.5 Situation matrimoniale
I.1.6 Profession
I.1.7 Motif de consultation
I.1.8 Antécédent
I.1.9 Facteurs déclenchants
I.1.10 Symptômes
I.1.11 Prise en charge
I.1.12 Evolution
II. SUGGESTION
CONCLUSION

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