Le pétrole est le moteur de notre monde moderne. Avec lui se développe aux quatre coins du Monde le transport, l’énergie et avec lui émerge des produits devenus indispensables à notre vie quotidienne (plastique, textile, médicaments). Le pétrole est devenu un enjeu fondamental pour l’humanité. Pourtant, les découvertes de nouveaux gisements se font rares. Notre dépendance au pétrole nous oblige à aller toujours plus loin. Actuellement, les analystes internationaux estiment que le pic pétrolier mondial sera atteint et qu’on assistera à un déclin des réserves mondiales dans quelques années. Pourtant, le cas des bassins sédimentaires de Madagascar échappe à cette situation vu qu’ils ne sont qu’en phases d’exploration.

Plusieurs sociétés pétrolières internationales y mènent des travaux d’exploration depuis 1945 [1] à nos jours. La zone d’Ankaramibe dans le bassin sédimentaire d’Ambilobe fait partie des endroits où l’onpourrait, d’après des études effectuées ultérieurement, trouver des gisements d’hydrocarbures. En 2004, la compagnie pétrolière EAX/CANDAX sous contrat avec l’OMNIS étudie et interprète les travaux de prospection aéromagnétique réalisés par Fugro Ltd. En octobre et novembre 2010, l’OMNIS y a effectué des études supplémentaires ayant pour but d’améliorer les connaissances sur les structures géologiques de cette région et de trouver des zones favorables à l’exploration pétrolière. C‘était une campagne de mesures géophysiques au sol (gravimétrique et magnétique) destinée à former principalement son jeune équipe de géophysiciens aux travaux et aux réalités de terrain.

Contexte géologique et travaux antérieur

Le contexte géologie de la zone d’étude permet de distinguer les différents types des formations et la reconnaissance des éléments structuraux marquants comme les failles majeurs.

Contexte géologique de la zone d’étude

La zone d’étude fait partie du bassin sédimentaire d’Ambilobe, plus précisément du groupe Ampasindava – Manongarivo. Les terrains sédimentaire sont en discordance sur le socle et sont formés de couche faiblement inclinées vers l’Ouest. Les pendages varient de 20 à 30° en contact du socle pour être un degré seulement au voisinage de la côte (discordance angulaire).

Le complexe d’Ampasindava est encaissé dans les formations sédimentaires de l’Isalo, d’âge Jurassique moyen et Lias supérieur (Donnot, 1963). D’après De Saint Ours (1957), le Lias et le Jurassique moyen sont caractérisés par des faciès mixtes formés par une alternance de grès, de schistes, et de marnes. Au sommet de ces formations affleurent parfois des bancs calcaires discontinus.

La carte tectonique générale de Madagascar montre que les massifs volcanoplutoniques d’Ampasindava sont alignés le long d’une grande faille de direction SE-NO. A propos de cette direction, Noizet 1973, Nicollet 1984, Arthaud et al 1990, Piquet et al 1993 ont exprimé la présence de rift récent ou rift africain qui correspond à la réactivation des failles anciennes de bordure et des bassins sédimentaires de la côte Ouest de Madagascar au Miocène terminal et actuel. Ceci entraîne le développement d’un système de failles ayant cette direction NNE-SSO. Les grès en alternance avec les marnes ou schistes représentent les formations dominantes. Les grès forment également des bancs réguliers de 1 à 2m d’épaisseur, en intercalation avec des filons de granites. Ils sont à matrice siliceuse ou calcaire, le plus souvent à grains fins.

Le complexe magmatique de Manongarivo forme une allure de trèfle qui regroupe trois appareils éruptifs : Bekolosy, Andaipotsy, et Antsatrotro dominés par différents types de syénites et elles affleurent dans toutes les parties du massif éruptif. Elles se sont basculées à cause de l’abondance des failles radiales. Les granites occupent la zone de bordure mais ils peuvent également s’associer avec les syénites dans la partie centrale du massif. Les brèches volcaniques se trouvent au centre et les basaltes affleurent les zones de bordure.

Dans la partie Ouest de Manongarivo, les formations encaissantes sont représentées par des grès (grès conglomératiques, grès calcaires à grains fins ou grains grossiers) de forte puissance allant de 1 à 4m. Quelque fois, ils sont intercalés par des calcaires ou par des sils de granite. Dans la partie Est de Manongarivo, les roches encaissantes sont représentées par des grès et des schistes noirs.

Karoo Malagasy et Karoo de la zone d’étude

Le groupe Sakamena se rencontre dans le bassin d’Ambilobe. Elle est entièrement marine avec une épaisseur totale de l’ordre de 600m. A la partie inférieure, on observe des grès Productus et Siprifer et des grès argileux à Cycloglobus (fossile d’ammonite). La partie moyenne renferme des schistes à poisson et ammonite et aussi des calcaires à Flémingites. Ce schiste renferme également des nodules marnocalcaires ellipsoïdes et aplatis facilement clivable. Ces nodules montrent très fréquemment des empreintes de poisson entier qu’on peut penser l’ancêtre de la Cœlacanthe. Dans ces nodules, on peut trouver également des empreintes d’ammonites et des fossiles d’amphibiens (Protobatrahcus).

Du point de vue paléontologie, ce Sakamena moyen offre un extrême intérêt (cas de poisson fossile d’Ambilobe). La partie supérieure renferme de schiste et calcaire à Flémingites (espèce d’ammonite à côte radiale) et des Aspidites (espèce d’ammonite à côte lisse).

Le tiers de la superficie de la zone d’étude est recouverte de l’Isalo I continental âgé du Néotrias jusqu’au Lias inférieur. Ce Karoo Malagasy se rencontre dans la partie Sud-Est du site d’étude aux environs d’Ankaramibe, d’Analanantsoa et de Beraty. Il recouvre la Sakamena en discordance et est constitué de grès blanc grossier conglomératique avec des stratifications obliques bien marquées qui indiquent un régime climatique à forte pluie. La sédimentation a été puissante avec transport de grosse masse de sable déposée dans des plaines deltaïque (épaisseur pouvant atteindre 3000m).

L’Isalo III âgé du Jurassique moyen au niveau de Bajocien est constitué d’une alternance de grès à stratification oblique et d’argiles [5]. Les intercalations marines sont plus abondantes avec d’épaisse alternance de faciès mixte (grès, lits calcaires) dans la majeure partie de la zone d’étude. L’Isalo III continental (grès, argiles) est rencontre aux environs d’Antafiabe où se présentent aussi les calcaires du niveau de Jangoa du Lias supérieur.

Au niveau du Lias supérieur, au fond de la baie d’Ampasindava, à Jangoa, sur la ligne de base de la presqu’île marquée par une fracture et l’arête rocheuse AnkaramyJangoa, on trouve dans une zone faillée rapidement recouverte par la mangrove, un banc calcaire épais d’une quarantaine de mètres, qui fournit à VILLIAUME la première faune liasique.

Il existe une microfaune mais sans éléments caractéristiques. Ce niveau calcaire est intercalé dans des grès et schistes, peu visibles à Jangoa mais qui se développent en direction Sud- Ouest sur les flancs et au bas de la grosse arête faillée Ankaramy- Jangoa. Les environs d’Ankaramy où un vieux sondage de VILLIAUME en 1900 a rencontré des grès bitumineux qui sont bien connus. On y voit une alternance de grès plus ou moins grossiers, des pélites grises, ocres, noires, localement de lignite en lits de plusieurs centimètres. Les grès sont soit massifs, soit en bancs de quelques centimètres à quelques décimètres, régulièrement stratifiés. Les pélites, en général schisteuses, renferment fréquemment des lits limonitiques.

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