La formation professionnelle des jeunes en situation de handicap mental léger

Le développement

Trajectoire antérieure et formation de l’encadrant

Le plan d’études cadre
Pour commencer, la méthode utilisée pour vérifier cet indicateur est documentaire. J’ai cherché le plan d’études cadre(PEC) pour former des MSP en Suisse romande, ainsi que le programme des cours donnés durant les trois années de formation à Sion. J’en ai fait de même avec la formation de travailleur social en Grèce, qui se fait au sein des TEI à Athènes, Patras ou Héraklion. Il faut savoir que celle-ci se rapproche le plus de celle de MSP en Suisse. Il existe aussi une école pédagogique pour formateurs dans les ateliers, c’est l’école ASPETE, mais les exigences sont beaucoup plus faibles et les cours sont limités à une vingtaine d’heures de théorie hebdomadaire pendant six mois et une centaine d’heures de travail personnel. Cette formation est donnée en cours d’emploi pendant un ou deux semestres, mais elle ne débouche pas sur un travail avec les mêmes responsabilités que celles du MSP en Suisse, le formateur en atelier restant sous la houlette de l’éducateur social.

En comparant les deux plans d’études cadre, la première différence est que la Suisse conçu le sien. La version grecque en vigueur dans les écoles TEI est internationale . Elle est également plus générale, moins précise. Une grande divergence est l’absence du processus 3 du PEC suisse concernant la gestion d’atelier. Il définit les compétences de contacts avec la clientèle, la réalisation de devis, la planification du travail, la production, la facturation et enfin la comptabilité de l’atelier. Le processus 7 qui demande de savoir analyser les résultats de son atelier, d’étudier les possibilités d’évolution, de développement de nouveaux produits et de promouvoir les prestations offertes est également absent. La version grecque exclut donc la partie la plus pratique du PEC suisse, ce qui me permet de dire qu’elle est plus théorique. Les autres parties sont plus semblables et ne permettent pas de trouver de différences significatives.

Au niveau des cours dispensés, certaines divergences sont également visibles et permettent de tirer des conclusions. On remarque une différence intéressante avec les cours de sociologie. Si, dans les deux écoles des cours d’introduction à cette branche sont dispensés, des cours de sociologie du travail font partie du programme à Sion, alors que ce sont des cours de sociologie de la famille, de l’éducation et des déviances qui sont enseignés en Grèce. Cette différence permet de voir que l’axe du travail est très important en Suisse, celui de la famille est lui, prépondérant en Grèce. Les thèmes de l’éducation et des déviances sont en lien direct avec les ateliers, mais sous un angle théorique. Les programmes concernant les maladies psychiques sont plus développés en Grèce, avec des cours de psychologie clinique et de psychologie sociale qui n’existent pas à Sion, ainsi qu’un cours sur les méthodes psychothérapeutiques. Au niveau de la gestion de l’atelier, on ne trouve pas de cours de gestion financière, de sécurité et de santé sur le poste de travail en Grèce, ni d’enseignement sur les mesures environnementales. Une autre grande différence est la formation pratique qui commence au quatrième semestre en Grèce sous forme de workshop et se termine par un stage de six mois en fin de cursus. À Sion, il faut au minimum un travail à 50 % tout au long des trois ans de formation en plus des cours pratiques.

En conclusion, aussi bien au niveau du PEC que des cours, on peut affirmer que la formation est plus axée sur la pratique en Suisse qu’en Grèce. Elle est également plus en lien avec le monde du travail du fait que la partie qui se déroule sur le terrain se fait en emploi et non pendant un stage de six mois en fin de cursus. Par contre, la formation en Grèce est plus pointue dans des domaines comme la sociologie, la famille et la connaissance des maladies et des thérapies.

La formation antérieure à l’école ou à l’engagement

L’enquête menée sur le terrain fait apparaître de grandes divergences entre les institutions grecques étatiques et privées. Dans les institutions étatiques, les EEEEK, il est possible d’avoir une trajectoire d’enseignant classique pour ensuite faire une spécialisation avec les personnes handicapées. La branche horticole est enseignée par des ingénieurs agronomes, dont le directeur, qui a complété sa formation par une licence pédagogique à Patras, suivie de deux masters en éducation spécialisée et encore d’une spécialisation sur le handicap. Un autre ingénieur agronome suit actuellement une formation en éducation spécialisée. Enfin, une employée d’un autre secteur est enseignante avec trois ans de spécialisation sur les personnes handicapées. On remarque donc que dans cette institution étatique, le personnel encadrant a fait des études supérieures et s’est spécialisé ensuite. Le personnel ne vient pas des écoles de travailleurs sociaux, mais de l’université. Pour les deux autres institutions, privées, la trajectoire antérieure du personnel est différente. Comme indiqué plus haut, le responsable des ateliers est l’éducateur social. Il doit suivre la formation dans l’école TEI et aura peu de bagage auparavant. Le formateur en atelier doit avoir dans les deux institutions une expérience antérieure du métier enseigné. Par exemple M. Kaperonis de la Fondation Théotokos m’a indiqué «Un formateur en menuiserie doit avoir une expérience professionnelle pratique et connaître la menuiserie». Concernant l’institution Panagia Eloussa, il faut un diplôme du métier enseigné s’il existe. Dans le cas contraire, une formation sur mesure pour formateurs de personnes handicapées, par exemple dans les écoles ASPETE sera mise sur pied. Ce sont des cours pédagogiques et pratiques en cours d’emploi liés au métier enseigné dans l’atelier. Concernant les formations antérieures nécessaires afin de travailler à l’Orif Sion, si je prends par exemple mon domaine du paysagisme, un CFC de paysagiste est l’exigence minimale, un brevet fédéral ou une maîtrise sont souhaités. Il faut donc avoir une expérience professionnelle pratique avant de pouvoir exercer la profession de MSP à l’Orif Sion. Le diplôme de MSP est lui, considéré comme un atout, mais il peut être effectué en cours d’emploi. L’autre méthode de recherche, documentaire, montre les différences pour accéder à l’école TEI pour la Grèce et la filière ES de la HES-SO VS. Concernant l’entrée dans l’école grecque, il faut être en possession d’un diplôme d’une école supérieure de type secondaire supérieur (lycée) ou d’un titre du niveau supérieur. Aucune expérience professionnelle n’est requise et il n’y a pas de sélection. Pour suivre la formation de MSP à Sion, un CFC ou un titre jugé équivalent est nécessaire. Il est également possible de ne pas avoir de CFC, mais de faire une reconnaissance des acquis et pouvoir attester d’une expérience professionnelle d’une année pour les personnes ayant une formation purement scolaire. De plus, la HES-SO VS procède à une sélection avec un examen accompagné d’un stage probatoire. Il faut donc avoir une expérience pratique avant de se former. En conclusion, on peut souligner que selon cet indicateur, la trajectoire antérieure du personnel encadrant est plus orientée pratique en Suisse romande qu’en Grèce. En effet, aussi bien pour entrer en formation que pour se faire engager à l’Orif Sion, une expérience antérieure pratique est exigée, ce qui n’est le cas ni dans les institutions grecques, ni pour être admis dans les écoles TEI, qui demandent un bagage et un diplôme purement scolaire avant de commencer la formation. Je peux néanmoins nuancer un peu ce constat par le fait que le formateur dans les ateliers possède, lui, une expérience professionnelle, sans toutefois avoir le même rôle ni les mêmes responsabilités que le MSP à l’Orif Sion. Une autre nuance vient des institutions étatiques EEEEK, qui elles ont du personnel responsable d’atelier avec une formation supérieure dans le domaine enseigné, mais elle reste plus théorique que la formation CFC en Suisse.

Les conditions d’engagement

Afin de pouvoir travailler au sein de l’EEEEK, il faut être engagé par l’Etat et avoir en général un titre universitaire qui permet d’enseigner. Ensuite, il est requis d’avoir suivi ou de suivre en cours d’emploi une formation en éducation spécialisée de niveau master universitaire. Il convient de noter que dans les EEEEK le personnel n’est pas fixé géographiquement et peut changer chaque année suivant les besoins. Dans les autres institutions, les responsables d’atelier, soit les éducateurs sociaux, doivent avoir un diplôme d’une école TEI (bac + 3) ou un titre universitaire avec une spécialisation en éducation spécialisée. Ils doivent également être en possession d’un permis de travail dans le domaine social, délivré par la région et enfin avoir un casier judiciaire vierge. Si le travailleur se voit retirer son permis de travail, par exemple en cas de problèmes judiciaires dans des domaines pouvant provoquer des risques pour les personnes fragilisées, il perd son emploi. L’engagement se fait ensuite par un comité, qui pour l’institution Panagia Eloussa est constitué de neuf membres, cinq administratifs et quatre pour la morale et la déontologie. Les formateurs en atelier doivent eux avoir des  connaissances du sujet enseigné, une bonne morale, présenter une lettre de recommandation (par exemple un certificat de travail) et être à l’aise avec les personnes en situation de handicap. Pour eux, la formation pédagogique peut se faire en cours d’emploi. On remarque que la plupart du personnel doit avoir fait des études supérieures pour travailler dans les institutions grecques. Les formateurs en atelier constituent l’exception, mais leur niveau de responsabilités est nettement plus bas que les autres membres du personnel comme le souligne M. Chiamariotis, directeur de l’institution Panagia Eloussa «Il faut combiner un éducateur et un formateur pour assurer le suivi des objectifs selon les capacités de chacun. C’est l’éducateur qui fixe les objectifs qui sont ensuite appliqués par le formateur». Des offres d’emploi permettent de compléter les informations recueillies lors des entretiens. Ce sont des annonces qui proviennent de l’office du chômage grec, les exigences pour les postes dans une institution d’Athènes y sont détaillées. On constate que deux types de personnes sont recherchés, soit des éducateurs sociaux qui ont suivi une formation dans une école TEI et des formateurs en atelier. Pour ces derniers, un certificat d’études dans le métier enseigné est demandé (niveau CFC), de même qu’une expérience professionnelle et qu’une expérience éducative de 200 heures reconnues. Des critères sociaux sont également pris en compte, comme une famille nombreuse à charge, monoparentale ou l’existence d’un handicap favorisent les candidats. Concernant les éducateurs sociaux ayant une formation supérieure, les critères sont l’expérience qu’ils ont avec les personnes handicapées (didactique ou professionnelle), le niveau d’études pédagogiques, par exemple avoir ou non un master, et la situation familiale. Pour ce qui est des conditions d’engagement à l’Orif Sion, un CFC est nécessaire avec une expérience professionnelle dans le métier enseigné. Une formation supérieure est souhaitée, mais pas nécessaire, de même avec la formation de MSP . Celle-ci est par contre obligatoire en cours d’emploi, ce qui fait qu’à terme tout le personnel, y compris les MSP, ont une formation au minimum d’une école supérieure (ES) pour travailler à l’Orif Sion.

Table des matières

1. Introduction
1.1. Cadre de recherche
1.1.1. Illustration
1.1.2. Thématiques traitées
1.1.3. Intérêt présenté par la recherche
1.2. Problématique
1.2.1. Question de départ
Le handicap mental léger se définit selon ces critères selon CIM
1.2.2. Précisions, limites posées à la recherche
1.3. Cadre d’analyse
1.3.1. Terrain de recherche et échantillon retenu
1.3.2. Méthodes de recherche
1.3.3. Méthodes de recueil des données et résultat de l’investigation
2. Le développement
2.1. Trajectoire antérieure et formation de l’encadrant
2.1.1. Le plan d’études cadre
2.1.2. La formation antérieure à l’école ou à l’engagement
2.1.3. Les conditions d’engagement
2.1.4. Conclusion
2.2. La pratique professionnelle est plus proche du rôle de l’éducateur social en Grèce que de celui du MSP en Suisse
2.2.1. La gestion de chantiers
2.2.2. Les compétences techniques du métier demandées au personnel encadrant
2.2.3. Le niveau de formation technique à atteindre par les apprentis
2.2.4. Le but social à atteindre
2.2.5. Conclusion
2.3. Le réseau est plus important avec les familles qu’avec les entreprises en Grèce
2.3.1. Le responsable de la recherche des stages et du placement en entreprises
2.3.2. Les interactions entre le MSP et la famille
2.3.3. Les interactions entre le MSP et les entreprises
2.3.4. Conclusion
2.4. Le milieu socioculturel dont est issu l’apprenti est plus homogène en Grèce
2.4.1. La catégorie socioprofessionnelle à laquelle appartient sa famille
2.4.2. La culture
2.4.3. L’origine, ville ou campagne
2.4.4. L’âge et le sexe
2.4.5. Conclusion
2.5. Le degré de handicap est plus élevé en Grèce
2.5.1. Les critères d’admission dans l’institution
2.5.2. Les catégories de diagnostic des personnes en formation
2.5.3. Conclusion
2.6. Les moyens économiques de l’institution
2.6.1. La structure et les équipements
2.6.2. Le financement
2.6.3. Conclusion
3. La conclusion 

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