Structure et distribution spatiale de la communaute herpetofaunique de la reserve speciale

La forêt humide orientale de Madagascar est bien connue pour sa richesse en biodiversité faunique (Andreone, 1996) et en herpétofaune en particulier (Andreone et al., 2008). La découverte de nouvelles espèces d’amphibiens et de reptiles dans ce type d’écosystème ne cesse d’augmenter (Köhler et al., 2011) et d’enrichir la connaissance sur cette diversité en particulier la richesse spécifique. L’inventaire de l’herpétofaune malgache est alors loin d’être complète (Pabijan et al., 2011 ; Raselimanana et al., 2014). Dans cet écosystème forestier humide, nombreuses sont les espèces qui ont une aire de distribution restreinte avec un microendémisme remarquable (Raselimanana, 2008 ; Raselimanana et al., 2009 ; Townsend et al., 2009 ; Vences et al., 2009 ; Vieites et al., 2009 ; Köhler et al., 2010). Ce type de forêt est surtout représenté par la forêt pluviale de basse et moyenne altitude de l’Est et du Nord (Moat & Smith, 2007).

Les paysages naturels, en particulier les écosystèmes forestiers pluviaux et humides ont subi une dégradation importante au fil des années (Harper et al., 2007). En effet, il ne reste plus que le tiers de la superficie de toutes les couvertures forestières originelles (Dufils, 2008). Cette déforestation ne cesse pas de prendre de l’ampleur, entrainant la perte d’habitats et de l’intégrité écologique des écosystèmes forestiers (D’Cruze & Kumar, 2011). Le risque de disparition de la faune qui s’y trouve est à craindre (Ratsoavina et al., 2013), alors que bon nombre d’espèces ne sont pas encore répertoriées ou ne sont même pas décrites. C’est également le cas pour la faune herpétologique. Face à une telle situation alarmante, Madagascar a pris l’initiative de tripler la superficie de ses aires de conservation, afin que toute la biodiversité représentative de l’île soit bien protégée, car il s’avère que ce système est mondialement connu comme le meilleur moyen d’assurer la protection du patrimoine naturel (Defries et al., 2005 ; Rabearivony et al., 2010).

La meilleure approche pour bien gérer une aire protégée nécessite cependant la disponibilité des données scientifiques et de connaissance sur la biodiversité et leur intégration dans la conception de la stratégie de gestion et de conservation (Kremen et al., 1998, 1999). Les travaux d’inventaires biologiques figurent parmi les moyens les plus efficaces pour avoir de telles informations (Nussbaum et al., 1999). Malgré les nombreux inventaires déjà menés dans la partie Est de l’île, plusieurs blocs de forêts et même des aires protégées n’ont pas encore fait l’objet d’un inventaire biologique complet. Tel est le cas de la Réserve Spéciale (RS) de Mangerivola dont la connaissance sur sa faune herpétologique demeure lacunaire. La distribution de la plupart des amphibiens et des reptiles hautement endémiques de la région orientale est encore mal connue (Andreone & Randrianirina, 2007). Il s’avère alors nécessaire de conduire une recherche sur le terrain pour explorer la diversité biologique d’une telle zone où il subsiste encore des forêts.

GENERALITES

Diversité de l’herpétofaune malgache et écosystème forestier 

Actuellement, 290 espèces d’amphibiens (Raselimanana et al., 2014) et 437 espèces de reptiles (Uetz & Hallermann, 2016) sont connues à Madagascar et tant d’autres nouvelles formes sont déjà identifiées et attendent leur description (Köhler et al., 2015). La découverte de nouvelles espèces pour la science s’accroit de plus en plus grâce aux inventaires biologiques menés par les chercheurs sur le terrain et les différentes révisions taxinomiques intégrant les données moléculaires (Nagy et al., 2012 ; Miralles & Vences 2013).

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La Classe des Amphibia à Madagascar regroupe cinq clades phylogénétiques (Crottini et al., 2012), à savoir : les Mantellidae, les Microhylidae avec la sous-famille des Discophinae, les Microhylidae avec la sous-famille des Cophylinae et Scaphiophryninae, les Hyperoliidae et les Ptychadenidae. En plus, la grenouille introduite Hoplobatrachus tigerinus appartient à la Famille des Dicroglossidae. La majorité des espèces fréquente la forêt humide et pluviale de basse et de moyenne altitude. Une distribution suivant le gradient d’humidité et d’altitude pour la batrachofaune malgache est bien illustrée (Nussbaum et al., 1999 ; Raselimanana et al., 2000 ; Ramanamanjato, 2008). Par ailleurs, de nombreuses espèces d’amphibiens présentent une spécialisation remarquable en termes de biotope comme celles qui utilisent un biotope végétal (Glaw & Vences, 2007). Outre ces espèces appartenant aux familles citées ci-dessous, la présence d’une espèce introduite a été signalée sur l’île en 2014 (Moore et al., 2015). Il s’agit d’un crapaud (Duttaphrynus melanostictus) d’origine asiatique. Des inquiétudes sur son comportement invasif ont été soulevées où elle pourrait devenir un danger pour la faune malgache.

Connaissance antérieure sur l’herpétofaune de la RS de Mangerivola 

Comme la RS de Mangerivola n’a pas encore fait l’objet d’une investigation complète de sa faune herpétologique, la connaissance sur les espèces d’amphibiens et de reptiles qu’elle héberge est pauvre. Toutefois, il y a quelques espèces qui sont connues de la Réserve (MNP, 2008, rapport non publié). En effet, cette Réserve héberge 21 espèces herpétofauniques dont 10 amphibiens et 11 reptiles. Il s’agit du côté des amphibiens : Boophis boehmei, B. marojezensis, B. reticulatus, B. rufioculis, Boophis sp., Blommersia blommersae, Cophyla sp., Mantella madagascariensis, Mantidactylus sp. et Platypelis pollicaris. En ce qui concerne les reptiles, il y a cinq serpents (Acrantophis madagascariensis, Compsophis laphystius, Leioheterodon madagascariensis, Liophidium sp. et Sanzinia madagascariensis), trois lézards (Phelsuma lineata, Trachylepis gravenhorstii et Zonosaurus aeneus) et trois caméléons (Brookesia superciliaris, Calumma furcifer et C. gallus). Or, depuis cette date d’obtention (2008) de la liste d’espèces, il y a des changements au niveau de la taxinomie et de nombreuses découvertes de nouvelles espèces pour la science, alors il est nécessaire de mettre à jour l’information sur l’herpétofaune de cette Réserve et de faire une investigation complète.

Table des matières

INTRODUCTION
I. GENERALITES
II. METHODOLOGIE
II.1. Description générale du milieu
II.1.a. Localisation géographique
II.1.b. Climatologie
II.1.c. Sol
II.1.d. Réseau hydrographique
II.1.e. Végétation
II.2. Présentation des sites d’étude
II.2.a. Description physique et période de visite
II.2.b. Description des lignes de transect ou itinéraires échantillons
II.3. Méthodes d’inventaire
II.3.a. Observation directe le long d’un itinéraire échantillon
II.3.b. Fouille systématique
II.3.c. Système de trou-piège
II.4. Préparation et identification des spécimens
II.5. Méthodes d’analyses et de traitements des données
II.5.a. Analyse de la structure de la communauté
II.5.b. Analyse statistique de la distribution
II.5.c. Affinité biogéographique
II.6. Méthodes de caractérisation de l’habitat
II.6.a. Relevé dans des placeaux
II.6.b. Relevé linéaire
III. RESULTATS ET INTERPRETATIONS
III.1. Structure de la communauté herpétofaunique
III.1.a. Richesse spécifique
III.1.b. Abondance relative
III.1.c. Composition du groupe taxinomique
III.1.d. Statut et endémicité des espèces
III.1.e. Diversité spécifique et équitabilité
III.2. Distribution spatiale des espèces
III.2.a. Distribution des espèces par rapport à la topographie
III.2.b. Distribution des espèces par rapport à la distance à un point d’eau
III.3. Affinité biogéographique
III.4. Caractéristiques de l’habitat
III.4.a. Structure de la végétation
III.4.b. Profil de la végétation
IV. DISCUSSION
CONCLUSION
REFERENCES
ANNEXES

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