Diagnostic anatomopathologique des pericardites

La péricardite est une inflammation des deux feuillets du péricarde, associée ou non à un épanchement péricardique [1, 2]. Sa prévalence reste sous-estimée puisqu’elle atteindrait 1 et 6% selon les séries autopsiques ; ce qui traduit une fréquence non négligeable des formes pauci ou asymptomatiques [1, 3]. Aux Etats Unis, selon une étude faite entre 2006 et 2013 ; la péricardite aiguë représentait 71,97% des pathologies diagnostiquées au service des urgences. L’incidence d’admission annuelle était de 4,9 cas pour 100000 personnes en 2006 et 5 cas pour 100000 personnes en 2013 [4]. En Europe, d’après une étude prospective italienne, l’incidence de la péricardite aiguë s’élèverait à 27,7 cas pour 100000 personnes par an [5]. Elle est responsable, de 3,32 cas d’hospitalisation pour 100000 personnes par an en Finlande et 0,20% de l’ensemble des admissions cardiovasculaires [6]. Elle serait responsable de 0,1% d’admission hospitalière et 5% aux urgences pour douleur thoracique non coronarienne [7-9]. En Afrique, peu d’études ont été réalisées sur l’incidence. Sa fréquence hospitalière serait de 4,9% en Guinée en 2014 [10] ; 2% en 2015 à Lomé [11] et 49,6% au Mali en 2015 selon les activités de la chirurgie cardiothoracique [12]. Depuis l’avènement du VIH/SIDA, on assiste à une recrudescence significative de la prévalence des péricardites. Il est responsable, des modifications des aspects classiques connus de la péricardite tant sur le plan épidémiologique que clinique et évolutif [13] et souvent associée à la tuberculose [14]. Ceci pose en milieu hospitalier un problème de diagnostic et de prise en charge thérapeutique.

L’évolution est habituellement simple, peut être marquée par deux complications graves, telles que :
➤ La tamponnade aiguë nécessitant une évacuation urgente par voie chirurgicale ou par ponction péricardique et
➤ La péricardite chronique constrictive qui nécessite une décortication péricardique .

On observe, selon une étude finlandaise, un ratio homme/femme de 2/3 ainsi qu’une mortalité intra hospitalière s’élevant à 1,10% [6]. Le diagnostic anatomopathologique des péricardites repose sur l’examen morphologique d’un prélèvement péricardique, fait lors :
➤ D’un drainage péricardique,
➤ D’une décortication péricardique.

Dans ces deux cas l’examen cytologique du liquide péricardique est le plus souvent confirmé par l’examen histologique de la biopsie péricardique.

Rappel anatomique

Le péricarde est un sac fibro-séreux qui enveloppe le cœur et les gros vaisseaux à leur origine (Aorte et artère pulmonaire).

Il est composé de deux portions :
➤ Une partie profonde, le péricarde séreux, composé de deux feuillets, en continuité l’un avec l’autre, au niveau d’une ligne de réflexion :
• Un feuillet viscéral, moulé sur le cœur et les vaisseaux et appelé épicarde.
• Un feuillet pariétal, recouvrant l’épicarde.
• Entre les deux, se trouve une cavité virtuelle, l’espace ou cavité péricardique, qui ne devient réelle qu’en cas d’épanchement liquidien. Les mouvements du cœur sont alors entravés et on peut percevoir à l’auscultation cardiaque un bruit appelé : « frottement péricardique ».
➤ Une partie superficielle, le péricarde fibreux, qui englobe le péricarde séreux sous forme d’un sac clos hermétiquement. Il est en effet solidement attaché aux gros vaisseaux (aorte, veines caves, artères pulmonaires), ainsi qu’aux parois du thorax, sternum, colonne vertébrale et diaphragme.

LIRE AUSSI :  L’apport de la cœlioscopie dans la prise en charge des testicules non palpables chez l’enfant

Rappel physiologique

Un certain nombre de fonctions « mécaniques » évidentes ont été classiquement dévolues au péricarde [19].
➤ Protection du cœur contre les infections médiastinales (et les néoplasies).
➤ Maintien dans une position grossièrement identique par rapport aux autres éléments du thorax lors des changements de position (évite les torsions du pédicule des gros vaisseaux) ;
➤ Diminution des frottements entre le cœur et les structures adjacentes, facilitation des battements cardiaques (changements brusques de volume des cavités).

D’autres propriétés « hémodynamiques » seraient aussi présentes, prouvées expérimentalement mais sans répercussion clinique notable (en fait, la présence du péricarde n’est pas indispensable à la survie).

➤ Prévention d’une dilatation excessive aiguë du cœur (en particulier du ventricule droit en cas d’œdème pulmonaire) ;
➤ Optimisation des relations volume/pression intra cavitaire du péricarde ;
➤ Effet sur les interactions des deux ventricules et leur couplage diastolique (interdépendance des ventricules, plus importante dans des cas pathologiques) ;
➤ Certains auteurs ont voulu faire jouer au péricarde un rôle régulateur (par le rythme cardiaque et la pression artérielle) grâce à des récepteurs d’origine vagale, par un mécanisme de feed-back.

Rappel histologique

Le péricarde entoure le cœur et se compose d’un sac fibreux et d’un sac séreux.
➤ Le péricarde fibreux ou pariétal enveloppe le cœur et se réfléchit sur l’aorte ascendante, le tronc pulmonaire et se termine 2 à 4 cm de la VCS, le segment distal de la VCI et les veines pulmonaires. A l’état normal, le péricarde fibreux qui entoure le cœur ne reste pas attaché au péricarde séreux (viscéral), sauf aux réflexions péricardiques.

Le péricarde pariétal est formé de fibre collagène.

Il peut contenir des quantités variables de tissu adipeux, en particulier vers l’apex du cœur. Une mince couche de cellules mésothéliales sur sa face interne recouvre le péricarde pariétal. Elle est normalement inférieure à 1 mm d’épaisseur. Les tissus hétérotopiques de cette couche comprennent des éléments thyroïdiens et thymiques.

➤ Le péricarde séreux ou viscéral est aussi appelé épicarde. Il s’agit d’une couche unique du mésothélium qui enveloppe le cœur et se trouve en continuité avec le péricarde fibreux aux réflexions péricardiques des gros vaisseaux.

Cette membrane délicate recouvrant le cœur contient des quantités variables de tissu adipeux à l’intérieur duquel se trouvent les artères et veines coronaires, les vaisseaux lymphatiques, les nerfs, les fibroblastes et les macrophages. L’épicarde normal a souvent de petits agrégats de lymphocytes qui sont présents dès la naissance. La composition histologique des deux couches du péricarde ne change pas avec l’âge et elle est similaire chez les nourrissons, les enfants et les adultes.

Table des matières

Introduction
Objectifs
I. Généralités
1. Rappels
2. Généralités sur les péricardites
3. Etude Clinique
II. Matériel et méthodes
1. Cadre et lieu d’étude
2. Période et durée d’étude
3. Type d’étude
4. Matériel d’étude
5. Echantillonnage
6. Techniques anatomopathologiques
7. Variables d’étude
8. Fiche d’exploitation
9. Gestion des données
10. Considération éthique et déontologique
III.Résultats
1. Données épidémiologiques
2. Les caractéristiques anatomopathologiques
IV. Commentaires et discussion
1. Méthodologie
2. Aspects épidémiologiques
3. Caractéristiques anatomopathologiques
Conclusion

Cours gratuitTélécharger le document complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *