Education relative à l’environnement (ErE)

Face à la recrudescence des problèmes environnementaux, l’humanité a besoin d’être sensibilisé et aussi éduquer pour pouvoir vivre en harmonie avec sa nature. Historiquement en 1972, lors de la conférence des Nations unies sur l’environnement à Stockholm (UNESCO, 1972), le monde s’est réunie pour la première fois pour ce prononcé sur la nécessité de préserver et d’améliorer l’environnement. Le principe 19 de cette conférence met en exergue qu’« Il est essentiel de dispenser d’un enseignement sur les questions d’environnement pour les jeunes générations aussi bien que pour les adultes » (UNESCO, 1972). Le but, les objectifs, les principes directeurs, et aussi les cibles de ce « type » d’éducation furent stipulés par la charte de Belgrade (UNESCO, 1975). Dans cette optique, ce type d’’éducation consiste à : « Former une population mondiale consciente et préoccupée de l’environnement et des problèmes qui s’y rattachent, une population qui ait les connaissances, les compétences, l’état d’esprit, les motivations et le sens de l’engagement qui lui permettent de travailler individuellement et collectivement à résoudre les problèmes actuels, et à empêcher qu’il ne s’en pose de nouveaux. » (UNESCO, 1975). C’était alors la naissance d’un type d’éducation dit « Education relative à l’Environnement (ErE)». Lors de la conférence internationale sur l’éducation relative à l’environnement de Tbilissi en 1977, la charte de Belgrade a été étayées et les principes de base de l’ErE furent spécifiés . En 1987, à partir de l’avènement du rapport « Notre avenir à tous » (BRUNDTLAND, 1987) et la naissance du terme développement durable, la dénomination « Education relative à l’Environnement » s’est évoluée en Education relative à l’Environnement pour un Développement Durable (EEDD).

Problématique

Le projet de mise en œuvre d’ErE formel à Madagascar débutait dans les années quatre-vingt, après la promulgation de la stratégie nationale de la conservation et de développement (MINISTERE CHARGER DE L’ENVIRONNEMENT- MADAGASCAR, 1984). Diverses entités œuvrant dans le domaine de la protection de l’environnement ont apporté leur contribution dans ce domaine. Dû aux diversités de mise en œuvre de l’ErE, l’Etat Malgache a procédé à la mise en place d’un cadre général régissant dans ce domaine, le décret 2002-751 portant sur la Politique nationale de l’Education relative à l’environnement.

Ainsi historiquement, dans les années 80, WWF Madagascar en partenariat avec le ministère chargé de l’Education nationale était les pionniers dans ce domaine(RANARINIAINA, 2009) ; suivi dans les années 90 par la coopération Suisse (CABALZAR, 2012).Durant cette période, l’éducation relative à l’environnement se présentait surtout sous forme d’activité parascolaire.Divers manuels et guide tel que « ny voaary », « kit Mad’ErE » ont été ainsiproduits afin de faciliter la mise en œuvre de l’ErE dans le milieu scolaire (RAZAFINDRANAIVO, 2007). Au niveau du ministère chargé de l’Education nationale, un département chargé de l’ErE a été créé en 1984 (RAMAHAROSON, 2011). Pour ce faire, des centres culturels et éducatifs à l’environnement ont été créés au niveau de chaque direction régionale de l’éducation nationale afin de former les enseignants en matière d’ErE.De même, dans cet objectif, des cellules environnementales ont été mis en place au niveau de chaque circonscription scolaire pour suivre et évaluer la mise en œuvre de l’ErE au niveau de chaque établissement scolaire. De nos jours, diverses entités œuvrent dans le domaine de l’éducation environnementale scolaire.Pourtant, d’après le rapport national Rio +20 de Madagascar, l’effectivité de l’ErE dans la grande île est encore précaire. Sa mise en œuvre dans les établissements scolaires est imprécise, tantôt activité parascolaire tantôt projet d’école. Les entités mises en place par le ministère chargé de l’Education nationale pour la gestion de la mise en œuvre de l’ErE ne sont plus fonctionnelles. De plus, les enseignants pensent que l’ErE est une activité supplémentaire, fruit d’une coopération de projet, destinée aux environnementalistes et aux disciplines scientifiques (RAFIDIMALALA, 2006). Pour eux, ce type d’éducation ne sera qu’une activité optionnelle pour le développement intellectuel de l’élève. En fin de compte, la majorité des enseignants comprend mal l’interaction de l’enseignement scolaire à la protection de l’environnement (BOURON, 2006).

Pourtant c’est l’éducation qui est la base de tout développement (BRASSEUL, 2007). Et selon le concept de constructivisme de Piaget et de socio-constructivisme de Vygotsky (LABEDIE, AMOSSE, 2007), le savoir octroyé par l’éducation s’édifie par l’interaction de l’apprenant à son milieu physique et social; et que l’élève aura besoin d’un individu qui le guidera pour la compréhension de ce milieu . En rapport avec cette théorie, le succès d’une éducation relative à l’environnement pour le développement durable repose essentiellement sur les enseignants. L’appropriation de l’ErE par ces derniers constitue la charnière de la pérennisation d’une Education relative à l’Environnement pour le Développement Durable (EEDD).

Quelques concepts en éducation relative à l’environnement

Education relative à l’environnement (ErE)

Afin de saisir ce que c’est l’éducation relative à l’environnement, il importe de comprendre son origine, sa définition et ainsi que ses objectifs.

L’éducation relative à l’environnement a pour genèse le principe 19 de la déclaration de la conférence des nations unies sur l’environnement, Stockholm (UNESCO, 1972), de la charte de Belgrade (UNESCO, 1975), ainsi que la conférence intergouvernementale sur l’éducation relative à l’environnement, Tbilissi (UNESCO/PNUE, 1977).Elle se définit comme « un processus permanent dans lequel les individus et la collectivité prennent conscience de leur environnement et acquièrent les connaissances, les valeurs, les compétences, l’expérience et aussi la volonté qui leur permettront d’agir, individuellement et collectivement, pour résoudre les problèmes actuel et futur de l’environnement. »(UNESCO/PNUE, 1977). Lucie Sauvé (1997) ajoute que l’ErE « Au-delà de la simple transmission de connaissances, elle privilégie la construction de savoirs collectifs dans une perspective critique.» ; et selon Catherine Leininger-Frézal (2009), l’ErE «est un processus continu et global par lequel une personne s’inscrit dans un rapport au monde respectueux d’autrui, de son milieu de vie et du milieu biophysique. Ce processus permet d’acquérir des savoirs, des savoir-faire et des savoir-être qui permettent de développer un savoir-agir et un vouloir-agir propice à l’instauration d’un rapport homme/société/environnement favorable. Ce processus vise au développement personnel de l’individu mais aussi un changement social profond». Bref, l’ErE peut se définir comme un processus d’acquisition de connaissances, de compétence, d’aptitude en matière d’environnement, afin d’induire un changement de comportement pour que l’homme/ la société vive en harmonie avec son environnement. Dans la pratique, l’ErE peut se réaliser de différentes manières, ceci selon l’angle stratégique adopté par l’entité concernée. Toutefois, l’objectif reste commun à tous, le développement de conscience environnementale (MARLEAU, 2009) ; et c’est cet objectif qui est stipulé dans la Charte de l’Environnement Malgache (MINISTERE CHARGE DE L’ENVIRONNEMENT, 1991).

Depuis 1987, le monde s’est enrichie d’un nouveau concept, celui du développement durable. Il signifie « répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs » (BRUNDTLAND, 1987). En 1992, lors du sommet de la terre à Rio de Janeiro, 178 chefs d’État ont ratifié l’adoption d’un plan d’action pour le développement durable(UN, 1992). L’Agenda 21 regroupe trois points essentiels: – préservation de l’environnement et l’utilisation durable des espèces et des écosystèmes – amélioration de l’équité socio- économique; et enfin le maintien de l’efficacité économique (EFQ, 1996). Ces points devront être mis en œuvre par les Etats signataires durant le 21è siècle. Concernant l’éducation, la sensibilisation et la formation en matière d’environnement, le chapitre 36 de l’agenda 21 reprend les déclarations de Tbilissi, en 1977, sur l’éducation relative à l’environnement. Ce chapitre souligne l’importance dela réorientationde l’éducation vers l’éducation au développement durable . Ainsi, dans cette optique d’intégration du développement durable dans l’éducation, l’ErE s’est aussi développée en éducation environnementale pour un développement durable.

Vu que le fruit d’une éducation s’apprécie dans le futur, l’éducation relative à l’environnement intègre naturellement l’objectif de développement durable.

A partir de 1992, l’éducation relative à l’environnement s’est développée en incluant les objectifs du développement durable. L’ErE est devenue EEDD ; or le développement de ce sigle connaît plusieurs variantes dans la littérature : L’Education à l’Environnement et au Développement Durable (SERVICE DE VEILLE SCIENTIFIQUE, 2004), ou Education à l’Environnement pour un Développement Durable (GRAINE, 2009), et pour Madagascar, en rapport à la dénomination utilisée dans la Politique Nationale de l’Education relative à l’Environnement pour le Développement durable (MINISTERE CHARGER DE L’ENVIRONNEMENT, 2013), EEDD signifie Education relative à l’Environnement pour le Développement Durable.

Changement de comportement 

En général, l’éducation a pour objectif d’offrir aux gens les compétences nécessaires pour vivre en communauté. Elle est aussi un moyen adopté par la société pour façonner la population à des valeurs agréées par la communauté(HUNGERFORD, VOLK, 1990). De même, l’Er E a pour objectif de faire adopter un comportement dit soucieux de l’environnement à ces apprenants.

Pourtant, changer le comportement des gens ne consiste pas seulement à leur offrir des compétences. En effet, le comportement est le réflexe en réponse à un stimulus donné. Le changement de comportement consiste donc à implanter un nouvel réflexe dans un sujet face à une situation précise. Les étapes et le mécanisme de ce processus complexe sont relatés par divers psychologues.

Selon Ajzen et Fishbein, 1980, dans la théorie de l’action raisonnée, c’est la répercussion des actes des individus qui détermine l’adoption ou non d’un comportement. En 1988, ces mêmes auteurs, dans la théorie du comportement planifié, ajoutent que les individus seront favorables à l’adoption d’un nouveau comportement s’ils sont persuadés d’y parvenir et qu’ils possèdent toutes les potentialités nécessaires pour réussir. Cette théorie s’est avérée utile pour le choix stratégique de mise en œuvre de l’ErE formel. En effet, elle permet d’orienter le programme scolaire afin d’offrir aux élèves les cadres adéquats pour induire le changement de comportement (Hanna, 1995).

Table des matières

1. INTRODUCTION
2. PROBLEMATIQUE ET HYPOTHESES
2.1. Problématique
2.2. Hypothèses de recherche
3. MATERIELS ET METHODES
3.1. Quelques concepts en éducation relative à l’environnement
3.1.1. Education relative à l’environnement (ErE)
3.1.2. Changement de comportement
3.1.3. Education scolaire
3.2. Epistémologie de l’éducation relative à l’environnement formel
3.2.1. Généralités
3.2.2. Typologie d’approche en ErE
3.2.3. Analyse croisée de la typologie de Lucas (1981), de Sauvé (1991) et de Robottom et Hart (1993)
3.2.4. Echantillonnage de modèles d’approches en ErE formel
3.3. « Insertion de l’environnement dans le programme scolaire »
3.3.1. Milieu d’étude
3.3.2. Méthode d’insertion de l’environnement dans le programme scolaire
3.4. Méthodologie de la recherche
3.4.1. Echantillonnage
3.4.2. Collecte, analyse et traitement de données
3.4.3. Cadre opératoire
4. RESULTATS
4.1. Effet de la PPAS-ErE sur les notes des élèves
4.2. Corrélation aux taux de participation des élèves aux activités de bénévolat
4.3. Corrélation aux taux de fréquentation de la classe par les élèves
4.4. Effets de la PPAS-ErE sur le taux de fréquentation
5. DISCUSSIONS
5.1. Préparation pédagogique de l’année scolaire en vue d’une ErE (PPAS-ErE)
5.2. Insertion de l’environnement dans la démarche pédagogique de l’enseignement
5.3. Activités environnementales
5.4. Insertion de l’environnement dans le programme scolaire
5.5. Recommandations
6. CONCLUSION
7. BIBLIOGRAPHIE
8. ANNEXES

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