Effets managériaux du référentiel émergence de la figure de l’architecte et limites d’un outil de diagnostic pour sortir de l’innovation orpheline

Effets managériaux du référentiel émergence de la figure de l’architecte et limites d’un outil de diagnostic pour sortir de l’innovation orpheline

La partie 3 a présenté comment construire un diagnostic d’une situation d’innovation orpheline, pour faire apparaître les effets de fixation collective au sein d’une situation empirique d’innovation orpheline. La question de la sortie de l’innovation orpheline reste ouverte. Nous proposons dans le présent chapitre de découvrir les modalités organisationnelles de la levée de la fixation collective pour permettre la sortie de l’innovation orpheline. Une démarche de recherche-intervention sera donc adoptée sur un premier cas empirique. Nous décrirons un acteur souhaitant agir sur un blocage d’une dynamique industrielle (X.1). Cette approche permettra d’étudier l’association ARIEL qui cherche, sur le secteur de la valorisation énergétique de la biomasse, à susciter des projets innovants pour insuffler une dynamique industrielle à un secteur qui semble en situation de blocage. L’étude de cet acteur se saisissant d’un référentiel C-K pour diagnostiquer la qualité des processus d’innovation du secteur permettra de déceler l’action d’un nouvel acteur, que nous nommerons « architecte » (X.2). Nous discuterons en particulier du choix de la terminologie « architecte » en resituant l’étymologie de cette notion. Puis les limites de l’action d’un acteur comme ARIEL seront exposées, afin de souligner les difficultés à mobiliser le seul référentiel C-K pour amorcer une relance de la dynamique industrielle dans un cas d’innovation orpheline (XI.3).

Une première empirie d’un acteur se saisissant d’un outil de diagnostic de l’innovation orpheline

Nous proposons d’explorer une situation d’innovation orpheline où un acteur souhaite prendre en charge le diagnostic des blocages sous-jacents et mettre en place des moyens d’action pour lever lesdits blocages. Pour ce faire, l’écosystème franco-ukrainien des bioénergies et l’action de l’association ARIEL au sein de la dynamique industrielle seront étudiés. Nous montrerons tout d’abord en quoi le secteur de la valorisation énergétique de la biomasse est une innovation orpheline, au moyen des critères de description de cette situation de blocage (1.1). L’association ARIEL sera alors présentée (1.2). L’explicitation de son rôle au sein d’un écosystème binational des bioénergies permettra de décrire le contexte de son action, qui s’est opérée tout d’abord au travers d’un séminaire de rencontre entre les différents membres de l’écosystème (1.3), puis de la constitution d’un référentiel C-K permettant diagnostiquer la fixation collective sous-jacente à l’innovation orpheline (1.4). La bioénergie est l’énergie stockée par la biomasse, i.e. l’ensemble des matières organiques d’origine végétale, animale ou fongique pouvant devenir source d’énergie par combustion, après méthanisation ou après de nouvelles transformations chimiques. La bioénergie recouvre des réalités diverses, depuis le bois au biocarburant en passant par les algues. L’utilisation de cette source d’énergie est connue depuis de nombreuses années : le premier moteur utilisant du biodiésel fut conçu par Rudolf Diesel au début du XXe siècle. Les préoccupations contemporaines quant à la recherche de sources énergétiques alternatives aux énergies fossiles ont conduit à un regain d’activités de recherche et d’innovation sur les bioénergies, dans le but de relever plusieurs défis décrits dans les textes d’application du Grenelle de l’Environnement : réduire le changement climatique (et notamment l’impact des gaz à effet de serre), sécuriser l’approvisionnement énergétique (et dépendre dans une moindre mesure des énergies fossiles), développer les zones rurales (diversifier les débouchés pour les agriculteurs par exemple) (Jarry, 2009 ; Ballerini & Alazard-Toux, 2006 ; Pellecuer, 2007). Selon le Commissariat Général au Développement Durable, en 2006, les énergies renouvelables représentaient 7% des sources énergétiques françaises, dont 60% provenant de la biomasse (54% du bois). Cette biomasse sert à la production de chaleur, à la production d’électricité et au développement des biocarburants. Aujourd’hui, la France est le 4e pays producteur de biocarburants, et le 2e pays européen. La France est le premier producteur d’éthanol, devant l’Allemagne, et 5,7 tonnes de biodiesel sont aujourd’hui consommées en Europe. Depuis 1992, l’Etat français a soutenu la création d’une agro-industrie lourde pour le développement des bioénergies, par des exonérations de taxe par exemple (Ballerini & Alazard-Toux, 2006).

 

Cours gratuitTélécharger le document complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *